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Partie I : Cadre théorique

Chapitre 1 : Considérations générales actuelles sur la sclérose en plaques

IV. Psychothérapies et sclérose en plaques

La maladie chronique vient bousculer l’existence de l’individu. Elle amène son lot de ruptures dans son histoire de vie, de souffrance, douleurs physiques ou fantasmatiques, souffrance préexistante à la survenue de la maladie, et réactualisée face à la projection implicite d’une mort possible ou présumée, elle aussi fantasmée. Même subodorée, la mort reste en suspens, silencieuse mais bien présente, hors d’atteinte du temps.

1. Une première approche psychothérapeutique : la thérapie de soutien

La maladie engendre un certain nombre de remaniements psychiques, d’autant plus importants lorsqu’elle se chronicise et que l’état de santé du patient ne cesse de se dégrader. Outre les problématiques relatives à l’entrée dans la maladie, les symptômes physiques, thymiques et cognitifs inhérents à la sclérose en plaques et leur répercussion sur le quotidien des patients, la question du handicap, de l’impact psychique de l’annonce du diagnostic ou encore du retrait émotionnel et des éventuels troubles relationnels, engendrés par un désinvestissement pulsionnel massif par le patient de son environnement, qui s’installent progressivement peuvent faire l’objet d’un accompagnement psychologique de soutien d’orientation psychanalytique (Montreuil, 2000). Qu’il s’agisse du travail d’acceptation de la maladie, ou encore de l’élaboration psychique des sentiments d’impuissance, de culpabilité et de honte, de dévalorisation ou de perte de confiance qui se manifestent chez les patients, la prise en charge psychologique de ces personnes s’avère fondamentale, cette maladie à l’évolution insidieuse s’inscrivant dans le temps. Le vécu de la maladie va également cristalliser et révéler l’ensemble des blessures et traumas antérieurs non élaborés, renforçant encore la une souffrance psychique déjà latente.

En plus du vécu perturbant inhérent à la maladie chronique, rappelons que l’évolution de la sclérose en plaques peut être influencée par le vécu émotionnel de l’individu qui en est atteint. Ainsi, comme nous l’avons explicité un peu plus tôt dans notre propos, la survenue d’un événement stressant ou la présence d’émotions négatives peuvent contribuer au déclenchement d’une ou plusieurs nouvelles poussées, entrainant l’apparition de symptômes invalidants. L’intérêt de la prise en charge psychothérapeutique réside alors également dans la proposition d’un travail de gestion permanente des émotions.

2. Autres propositions psychothérapeutiques

Ainsi, l’utilisation d’une thérapie cognitivo-comportementale auprès de 94 patients atteints de sclérose en plaques a montré des effets significatifs sur la qualité de vie de ces derniers, leur détresse, l’acceptation de la maladie, leurs croyances dysfonctionnelles et leurs émotions, et ce jusqu’à 12 mois après la fin de l’intervention (Moss-Morris et al., 2009). Le

protocole initial comporte huit séances de thérapie centrées sur l’adaptation à la maladie, la résolution des problèmes et l’atteinte de ses buts, une meilleure gestion des symptômes, le stress et les relations sociales, mais également sur la qualité du sommeil et les stratégies d’ajustement à adopter face aux pensées négatives. Une méta-analyse systématique de Hind et al. (2014), portant sur 7 études, vient conforter les bénéfices de l’utilisation des thérapies TCC dans la sclérose en plaques, plus précisément dans le cadre du traitement de la dépression. Précisons à ce titre que les modalités de prise en charge TCC étaient hétérogènes, et reposaient à la fois sur des interventions en groupe (pour 3 des études), sur des interventions téléphoniques (pour 2 études), une intervention de computer-tailoring (1 étude), et une prise en charge psychothérapeutique individuelle (1 étude). Grossman et al. (2010) ont, quant à eux, procédé à une méta-analyse portant sur l’effet d’une intervention basée sur la pleine conscience sur la qualité de vie de 150 patients. Une diminution significative des scores de dépression, d’anxiété et de fatigue a été obtenue jusqu’à 6 mois après la fin de l’intervention.

D’autres techniques thérapeutiques ont été appréhendées dans le contexte de la sclérose en plaques pour une meilleure gestion par les patients de leurs émotions. On peut citer l’étude- pilote menée par Mills & Allen (2000) sur l’utilisation du Tai Chi/Qi Gong, qui malgré un échantillon assez petit, a permis d’observer une amélioration de la gestion des symptômes par l’utilisation de ces thérapies centrées sur la pleine conscience des mouvements, jusqu’à trois mois après leur pratique.

Pour terminer, quelques résultats à présent de recherches centrées sur l’utilisation de l’auto-hypnose dans la prise en charge de la douleur inhérente à la SEP. Une première étude de Jensen et al. (2009) a comparé les effets de l’auto-hypnose (AH) à la relaxation musculaire progressive (RMP) dans la douleur chronique. Aussi, 22 patients atteints de la maladie et présentant des douleurs chroniques ont été inclus dans cette étude qualifiée par les chercheurs de « quasi-expérimentale » ; 8 participants ont été assignés au groupe « auto-hypnose » et 14 au groupe « relaxation musculaire progressive ». Les résultats de la recherche ont décrit une diminution significative de la douleur perçue plus importante dans le groupe ayant usé de l’auto- hypnose (10 séances d’AH) que dans l’autre groupe (10 séances de RMP) à la fin de la phase d’interventions, les bénéfices obtenus par les participants inclus dans le groupe d’auto-hypnose ayant été maintenus 3 mois après les dernières sessions. L'équipe de Jensen et al. (2011) a alors testé l’efficacité de la restructuration cognitive et de l’auto-hypnose dans la prise en charge de la douleur chronique dans la SEP, les techniques étant utilisées seules ou associées entre elles. La restructuration cognitive est destinée à modifier - "restructurer", les cognitions inadaptées

(distorsions cognitives) d’un individu. 20 participants ont été inclus dans cette recherche, et répartis entre 4 groupes de traitements différents : 1. groupe contrôle (approche éducationnelle) ; 2. Sessions d’auto-hypnose (AH) ; 3. Restructuration cognitive (RC) ; 4. Interventions combinant AH et CR. L’intervention mêlant AH et CR s’est avérée plus efficace dans la diminution de l’intensité de la douleur que les techniques utilisées seules.

Il est de ces moments qui marquent un être et qui en quelques secondes scellent son avenir, et l’amènent à reconsidérer son rapport à la vie et aux autres. Vivre avec la sclérose en plaques induit nécessairement la survenue d’un temps durant lequel le diagnostic de cette pathologie a été divulgué au nouveau patient, un moment parfois très éprouvant pour ce dernier, et pour le neurologue.