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PROJET URBAIN GLOBAL

PROJET URBAIN LOCAL

17 Les conclusions tirées des cas d’étude et nuançant l’emboitement de projets proposé par Patrizia Ingallina (2003), sont aussi évoquées de façon plus détaillée à propos de l’unité tout faite que constitue le projet en VIII. B. d. pp. 481 – 482.

Planification stratégique

Programmation urbaine Planification opérationnelle Programmes d’opérations Ville Quartier

Agglomération

Bâtiment

PROJET URBAIN GLOBAL

PROJET URBAIN LOCAL

Projets urbains complexes

Confluence18 (et donc de susciter de l’intérêt pour la mise en place du projet global) : il a constitué aussi le symbole de l’achèvement de la première phase du projet global. Le découpage opéré par Patrizia Ingallina ne doit pas faire oublier que celui-ci reste schématique et que les échelles de projet s’imbriquent et se dépassent aussi : un projet urbain architectural peut ainsi avoir une portée et des conséquences qui dépassent l’échelle spatiale du site d’implantation du projet. Une autre nuance à apporter concernant ce découpage du projet urbain opéré par Patrizia Ingallina est l’absence de considération de l’échelle temporelle dans cet emboitement de projets. Nos cas d’étude ont ainsi montré (dans le cas du projet des Magasins Généraux de Saint-Pierre-des-Corps, par exemple) que le projet urbain architectural pouvait aussi exister sans que le projet urbain local n’ait été encore finalisé. Le cas, par ailleurs, du projet de la Sucrière de Lyon, indique des projets globaux qui ne correspondent pas forcément à des échelles spatiales forcément reconnaissables dans l’emboitement de projets indiqué auparavant. Le découpage opéré par Patrizia Ingallina, s’il permet d’aider à la compréhension de ces emboitements de projets, ne possède pas une signification inscrite dans le temps et n’indique pas toutes les échelles spatiales possibles pour les projets urbains.

Dans le cadre de notre recherche, c’est l’échelle du projet urbain architectural qui est choisie dans cet emboitement de projets détaillé auparavant. Ce type de projet est renommé

projet élémentaire19 afin de signifier directement l’idée d’un projet le plus petit possible, unité de base servant en planification, et afin de le distinguer des autres types de projets appelés

projets globaux (qu’ils soient à l’échelle du quartier, de la ville ou de l’agglomération). Nous

simplifions donc cet emboitement en le réduisant à une imbrication d’un projet élémentaire dans plusieurs projets globaux existant ou non. Cette simplification est liée à ce que l’optique de notre recherche s’appuie davantage sur la dimension temporelle du projet que sur sa dimension spatiale. La nécessité d’une lecture fine de cette dimension spatiale du projet ressort donc moins que celle de sa dimension temporelle : par souci pratique de clarification, cet emboitement de projets est donc remanié.

ii) Autonomie du projet et planification

Cette autonomie peut se vérifier par rapport à la planification initialement prévue. Nous nous servirons ici des principales conclusions tirées du mémoire de recherche dénommé

L’inversion du rapport entre le projet d’aménagement et la planification : la question des temporalités (JOLIVET, 2006). L’étude d’un cas particulier, celui du projet de Technopôle de la Vallée du Cher à Tours, nous permet de mettre en avant les différentes manifestations de

cette autonomie du projet. Par ailleurs, ces conclusions sont à nuancer du fait qu’elles sont limitées à ce cas. Nous supposons, cependant, qu’il est possible de retrouver ces conclusions pour d’autres types de projet.

18 Cette idée est tirée des propos de l’actuel maître d’œuvre du projet concernant la Sucrière, le cabinet Z-Architecture.

19 L’expression de projet élémentaire est aussi utilisée par Yves Janvier (1995) mais elle se rapporte à l’action chargée de mettre en œuvre la planification stratégique. Quant à celle liée au projet global (JANVIER, 1995), elle sert de référentiel de base des politiques d’aménagement et de développement. Nous utilisons aussi ce terme afin de faire la distinction avec un projet couvrant une échelle plus large (qualifiée de globale). Cependant, l’usage de l’expression de projet élémentaire dans cette recherche se veut concrètement lié à l’échelle du bâtiment et de son site d’implantation.

♦ Temporalités longues du projet et flou du projet

Le projet de technopôle manifeste des temporalités longues par rapport aux documents de planifications qui sont censés l’encadrer (Schémas Directeurs et Plans d’Occupation des Sols). Ce projet, inscrit dans l’évolution globale de l’aménagement de la plaine des Deux Lions vers l’aménagement d’un nouveau quartier de ville combinant logements et activités, a connu un déroulement complexe dans le temps. La naissance de ce projet ne traduit pas véritablement une naissance (au sens d’une création ex nihilo) : le projet est repérable dans un moment de transformation des finalités de l’espace de la plaine des Deux Lions. Si l’évolution des finalités de l’espace est retracée dans le temps, les finalités à orientation économique et tertiaire apparaissent dans les années quatre-vingt, par l’intermédiaire des Schémas Directeurs de 1982 et 1983. Ces nouvelles finalités de l’espace traduisent une rupture par rapport aux anciennes finalités prévues dans les années soixante et soixante-dix, c’est-à-dire celles liées à la construction d’une zone d’habitation à densité forte, dans un contexte de crise du logement. La rupture des années quatre-vingt et l’amorce de nouvelles finalités économiques traduisent l’apparition et la mise en place du projet de technopôle, d’abord à travers le projet d’implantation d’une zone d’activité sur la plaine en 1986 qui deviendra plus tard, en 1989, le projet de parc technologique de la Vallée du Cher. L’implantation de la Faculté de Droit en 1992 va, cependant, transformer à nouveau la nature même du projet de technopôle, l’orientant vers une plus grande mixité des fonctions. A partir des années quatre-vingt dix, l’échec du projet de technopôle entraîne un retour vers l’idée d’une construction d’un quartier, mais cette fois-ci d’un quartier mixte, incluant habitat, services et loisirs. Il est aussi difficile de déterminer la véritable fin du projet de technopôle car certains éléments de ce projet se retrouveront plus tard dans le projet de quartier mixte, celui des Deux Lions, des années quatre-vingt dix (notamment, l’idée des pépinières d’entreprise). Le flou se manifeste donc dans la détermination des bornes temporelles du projet, c’est-à-dire ses dates de début et de fin. En effet, ces dernières varient et ne sont pas fixées une fois pour toutes : par exemple, chaque acteur interrogé dans le cadre du projet donnera ainsi une date d’origine à chaque fois différente (entre 1980 et 1985 pour l’agence d’urbanisme, vers 1980 pour un technicien de la ville de Tours, entre 1985 et 1986 pour le président d’une association environnementale). Cependant, cette temporalité longue du projet se vérifie car elle couvre une durée portant sur une dizaine d’années, alors que documents de planification et ZAC se succèdent, conjointement aux différentes mesures de planification liées à la plaine des Deux Lions.

♦ La cohérence après-coup

Ce ne sont pas les documents de planification qui commandent et déterminent les évolutions du projet, mais plutôt le projet qui amène à la modification des documents de planification initiaux ou qui participe à leur transformation. Plusieurs exemples illustrent ce point. Lors de la révision du Schéma Directeur de 1983 (ce dernier ne faisait pas mention de ce projet de technopôle mais d’une zone d’activités à la superficie limitée), et afin d’accélérer la réalisation du projet, le maire de Tours en s’appuyant sur le code de l’urbanisme, saisit le préfet pour la réalisation du projet en anticipation, malgré un schéma directeur non encore finalisé. En 1991, le POS est modifié après-coup pour permettre de rendre constructible l’espace censé accueillir le nouveau parc technologique. Le projet ne se trouve donc pas forcément dans une seule relation de subordination par rapport aux documents de planification : il manifeste une certaine autonomie, accompagné des documents de planification qui évoluent au fil de temps en fonction du projet. Par ailleurs, le projet s’accompagne aussi d’une évolution des objectifs de planification : alors que les objectifs de

planification sont censés êtres inscrits dans le long terme, et donc censés être fixés une fois pour toute, le constat de la modification des finalités de l’espace de la plaine des Deux Lions, va pourtant traduire une évolution de ces mêmes objectifs. Ainsi, du Schéma Directeur des Structures de 1965 au SDAU de 1972, les objectifs se centraient surtout autour de l’urbanisation de la Vallée du Cher et de l’implantation de nouveaux secteurs d’habitations, avec en 1972, une préoccupation liée au cadre de vie. Le SDAU de 1983 met l’accent sur l’emploi et sa valorisation à travers les zones d’activités. Le dossier d’anticipation au SDAT de 1992 traduit une nouvelle inflexion de ces objectifs qui, s’ils restent centrés sur des problématiques d’économie et d’emploi, mettent aussi en avant une préservation de l’environnement et la recherche d’un espace structuré et fonctionnel.

♦ Le contexte, arrière-plan explicatif du projet

Dans le cadre de notre recherche, nous nous limiterons à la mobilisation de quelques éléments d’un contexte qui accompagne et nourrit à la fois le projet20. Ces éléments sont notamment présents dans l’analyse des cas d’étude, à travers un repérage fin des différents liens entre les projets étudiés et un contexte dit externe, et à travers les différents liens se jouant à l’intérieur même du contenu du projet21. La notion de contexte est principalement abordée ici à titre général. Elle met, par ailleurs, surtout en avant, en fonction de la définition que nous choisissons du projet pour notre recherche comme moyen de saisir une réalité donnée, les modifications amenées par le contexte pour le projet. Par conséquent, le retour de cette interaction entre projet et contexte est moins présent : il s’agit de l’autre aperçu de cette interaction, c’est-à-dire celle d’un projet entraînant à son tour une modification du contexte. Ce ciblage à propos de l’interaction entre contexte et projet permet de préciser et de limiter un cadre de recherche qui serait trop vaste s’il cherchait à étudier de façon complète et exhaustive ces interactions entre projet et contexte.

Le projet s’inscrit nécessairement dans un contexte donné. S’il peut présenter une certaine autonomie par rapport à la planification prévue, il n’est pas non plus totalement indépendant. Le projet vit, en effet, dans un champ de coexistence et d’interférence. Le contexte se révèle être un élément déterminant qui interagit avec le projet et qui est source de transformations. Il est souvent compris comme « l’arrière-plan important du processus de planification spatiale, explicatif de la nature du processus lui-même, du positionnement des acteurs » (MOTTE, 2005, p. 22).

Le contexte est un cadre explicatif, celui des tendances socio-économiques, politiques, culturelles et historiques, justifiant le projet, la mise en œuvre d’objectifs de planification. Dans le cadre de cette recherche, le contexte sera entendu véritablement comme ce cadre où prend place l’évolution du projet au fil du temps. Le contexte nourrit aussi le projet, en ce sens qu’il lui apporte un contenu. S’interrogeant sur la notion de contexte dans le cas particulier des pratiques de planification stratégique, Alain Motte met en avant une notion de contexte, d’emblée caractérisée par cette capacité à mettre en lien, qui ne se limite pas à la compréhension du jeu des acteurs, et touchant, par exemple, plusieurs domaines comme la géographie, l’économie, l’administratif ou encore le politique :

20 Concernant la notion de contexte et son lien avec l’hypothèse de recherche, cf. V. B. b. pp. 212 – 214. 21

« [Le contexte] permet de donner des éléments de contenu en matière d’action publique, ou plutôt de mettre en relation des problèmes qui se posent territorialement avec des actions publiques » (MOTTE, 2005, p. 22).

La construction du contenu du projet passe notamment (mais pas seulement) par l’espace de la représentation graphique, avec l’intervention du contexte. En effet, elle ne tire tout son sens que dans la question de l’appropriation de cette représentation graphique, de sa mise en perspective par rapport à un contexte donné. Ainsi, Ola Söderström, dans le cadre de son travail sur le rôle du document graphique en planification, met à jour cette interaction existante entre cette représentation graphique (le dessin étant un des espaces de construction du projet) et le contexte appréhendé par l’urbaniste :

« La conception en urbanisme ne s’arrête pourtant pas à la table de dessin. Lorsqu’on observe l’usage des visualisations, on s’aperçoit en effet que celui-ci est caractérisé par l’intrusion de multiples formes de connaissances » (SÖDERSTRÖM, 2000, p. 87).

Ces « multiples formes de connaissances » sont issues du contexte remémoré par les urbanistes, par exemple, dans le cadre de l’élaboration d’un tracé de route et de ses différentes variantes :

« Découvrir (…) en se remémorant le repérage du territoire, qu’un tracé suppose le déplacement ou la démolition d’un stand de tir bloque net le coup de crayon. Constater le voisinage trop proche de la route planifiée avec une parcelle que l’on sait être occupée par une riche propriété peut aussi inhiber la vigueur du trait » (SÖDERSTRÖM, 2000, p. 87).

Le contexte peut aussi se révéler accompagnateur. Le projet évolue dans un contexte qui n’est pas fixé une fois pour toute. Ce contexte provoque des transformations, des blocages, des accélérations concernant le projet, c’est-à-dire des modifications du contenu du projet. La prise en compte du contexte ne se situe pas uniquement dans la phase de diagnostic du projet, c’est-à-dire au moment de l’analyse d’une situation donnée, problématique, qui fera ressortir les enjeux, ou encore lors de l’élaboration même du projet. Cette prise en compte est aussi valable dans la mise en œuvre du projet (qu’elle soit anticipée ou non), dans cette

gestion des écarts (BOUTINET, 2005) entre le projetable et le réalisé, synonyme là encore

d’une autonomie de la pratique du projet.

Le contexte s’apparente aussi à la façon de concevoir la relation du projet avec la ville, cette réflexion se basant sur les interactions multidisciplinaires qui découlent de l’élaboration et de la mise en œuvre du projet urbain (RONCAYOLO, 2002). Plutôt qu’évoquer l’existence d’un seul contexte, il faudrait en évoquer plusieurs. Par exemple, le contexte spatial, tel qu’il est indiqué par Marcel Roncayolo, amène une réflexion sur les formes urbaines, placée dans une optique d’analyse de leur évolution au fil du temps. Ce contexte spatial s’appuie sur une mise en perspective des formes urbaines dans leur enchaînement temporel. La phase de conception du projet va interroger ce contexte spatial puisqu’elle nourrit une réflexion sur le temps de la ville, le repérage des traces du passé, ces traces héritées de la ville, pour les mettre en perspective avec les formes projetées liées au projet. Ce travail de morphologie urbaine, ne peut cependant, se passer de la prise en compte d’un autre contexte, celui lié aux formes et structures sociales. Ces aménagements spatiaux, cette sédimentation des formes urbaines s’expliquent aussi par des exigences sociales. Ils sont les reflets de la société qui les conçoit, les utilise et les pratique.

Cette approche du contexte par Marcel Roncayolo fait surtout ressortir l’idée d’un projet urbain qui sert de vecteur et de révélateur d’une réalité sociale et spatiale évolutive. Notre vision du projet découle donc en partie de cette conception mettant en avant les interactions et les relations entre les éléments de cette réalité et le projet.

b. Complexité et projet : le projet comme moyen de saisie d’une

réalité donnée

La définition que nous adopterons pour la notion de projet découle de la vision d’un projet pris dans sa dimension de processus développée auparavant. La nuance apportée par rapport à cette vision d’un projet vu comme processus est le focus que nous faisons sur une définition mettant en avant un projet considéré avant tout comme moyen de saisie d’une réalité donnée avant d’être l’instrument de transformation de cette réalité donnée.

La définition du projet que nous adoptons n’est pas étrangère aux apports de la pensée complexe. Il nous faut donc tenter d’abord de déterminer les principales caractéristiques de cette pensée complexe. Le complexe est, cependant, difficile à définir puisqu’il échappe en lui-même à toute entreprise de simplification : « (…) est complexe ce qui ne peut se résumer en un maître mot, ce qui ne peut se ramener à une loi de complexité, se réduire à une idée simple » (MORIN, 1990, p. 10). La complexité n’entraîne pas l’élimination de la simplicité : « (…) elle intègre en elle tout ce qui met de l’ordre, de la clarté, de la distinction, de la précision dans la connaissance » (Ibid., p. 11). La pensée complexe se distingue cependant de la pensée simplifiante (Ibid.) qui détruit la complexité du réel, conduit à des conclusions réductrices, unidimensionnalisantes (Ibid.). Cette pensée simplifiante se caractérise principalement par une chasse du désordre pour mettre à jour une loi, un principe. Elle obéit à un principe selon lequel « [la simplicité] sépare ce qui est lié (disjonction), (…) unifie ce qui est divers (réduction) » (MORIN, 1990, p. 79). Le traitement de l’exemple de l’homme, être biologique et culturel, par cette pensée simplifiante est révélateur :

« On va (…) étudier l’homme biologique dans le département de biologie, comme un être anatomique, physiologique, etc., et l’on va étudier l’homme culturel dans les départements des sciences humaines et sociales. (…) On oublie que l’un n’existe pas sans l’autre ; plus même, que l’un est l’autre en même temps, bien qu’ils soient traités par des termes et des concepts différents » (MORIN, 1990, p. 80).

La pensée complexe se focalise plutôt sur une facette de la réalité sans chercher à la réduire par l’intermédiaire d’une connaissance close qui se veut complète et achevée : elle montre les multiples liens que cette réalité entretient avec d’autres. Cette pensée constitue un cadre de compréhension du projet. Comme Pascal Buleon (2002) l’affirme, « la complexité, ce n’est pas le fouillis, mais la reconnaissance et la prise en compte de multiples rapports et interactions qui créent de l’organisation, de l’ordre, tout en générant des processus qui vont à l’encontre même de cette organisation et de cet ordre, pour en créer des nouveaux par une succession de jeu de déséquilibres, mouvements, équilibres ponctuels ». La complexité est aussi un « tissu (…) de constituants hétérogènes inséparablement associés » (MORIN, 1990, p. 21), qui nécessite aussi de la part de la pensée qui l’appréhende une certaine mise en ordre, clarification, distinction et hiérarchisation, par exemple. La pensée complexe, si elle fait aussi de telles opérations, s’efforce de ne pas détruire la complexité du réel appréhendé. Le complexe n’est pas aussi le compliqué : le compliqué peut être cerné petit à petit dans sa

globalité, au fil du temps, et donc aboutir à une connaissance complète, à l’inverse du complexe, qui, quels que soient les moyens utilisés, aura toujours une part non dévoilée et échappera à une appréhension globale (TOUSSAINT et ZIMMERMANN, 1998).

La complexité porte donc l’accent sur un jeu organisé et évolutif de relations et d’interactions. La réalité complexe contient ainsi tout un univers du possible, qui n’est pas dépourvu d’incertitude et de contradiction. La pensée complexe se veut incompatible d’une pensée qui se voudrait complète, cherchant à tout connaître et donc niant cette part

d’incertitude de la réalité complexe. La complexité n’est pas, en effet,

la complétude (MORIN, 1990) : si la pensée complexe vise à une connaissance multidimensionnelle, elle sait aussi qu’une connaissance complète est impossible. Elle inclut en elle « un principe d’incomplétude et d’incertitude » (Ibid., p. 11) mais aussi un principe de « reconnaissance des liens entre les entités que notre pensée doit nécessairement distinguer, mais non isoler les unes des autres » (Ibid., p. 11). La pensée complexe est donc une pensée habitée d’une tension permanente entre « l’aspiration à un savoir non parcellaire, non cloisonné, non réducteur, et la reconnaissance de l’inachèvement et de l’incomplétude de