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2. Définition, structure et principales caractéristiques de l'estime de soi

2.2. Problème de définition : Estime ou concept de soi

2.2.1. Le concept de soi

Selon Famose, Guerin et Sarrazin (2005), de nombreux auteurs considèrent le soi comme une structure cognitive permettant aux individus de penser consciemment sur eux- mêmes. Sa fonction est d’organiser les informations que le système humain a à traiter. L’information pertinente pour le soi est collectée et organisée de manière à former une description de soi dénommée concept de soi. Ainsi, le concept de soi est perçu comme la somme des qualités, habiletés, attitudes et valeurs utilisée par une personne pour se décrire (Jacobs, Bleekers, & Constantino, 2003). De nombreux auteurs assimilent le concept de soi à la représentation de soi, c’est-à-dire à l’ensemble des caractéristiques qu’une personne s’attribue. En effet, selon Kihlstrom et Cantor (1984, p. 2) « le concept de soi est une représentation mentale d’un individu à propos de lui-même qui n’est en principe, du point de vue de son organisation, ni différente des autres représentations mentales que ce même individu a concernant les idées, objets ou événements, ni de leur attributs et implications ». De plus, pour Verrier (2004, p. 16), le concept de soi se définit comme « une représentation mentale d’un individu à propos de lui-même, qui englobe toutes les connaissances descriptives sur soi appelé également représentation de soi ou image de soi qui se développent dans le temps et sont organisées en mémoire ». Ainsi, les notions de représentation de soi et de concept de soi peuvent être entendues comme équivalentes en tant que connaissances descriptives relatives à soi organisées en mémoire à long terme (Verrier, 2004). Il s’agit de l’idée que l’individu forme de lui-même, après intériorisation des informations ou des jugements issus de l’environnement proche ou lointain. Ce sont en fait les « principes organisateurs du soi » ou « schéma de soi » proposés par Markus (1992, p. 78), « les schémas de soi sont des généralisations de connaissances sur soi issues de l’expérience passée, qui organisent et guident le traitement de l’information relative à soi qu’apportent les expériences sociales ».Ces principes constituent une structure cognitive, qui permet à l’individu de traiter les données ou les informations relatives en matière de représentations relatives au soi. Les éléments du concept de soi sont, en fait, ce que l’on considère comme des représentations individualisées. Les représentations de soi forment le principe organisateur de la vie quotidienne (Dorai, 2005). En parallèle, toute personne va développer une estime de soi.

2.2.2. L’estime de soi

L’estime de soi est définie par de nombreux auteurs (Beauregard, Bouffard, & Duclos, 2000 ; Coopersmith, 1984 ; De Léonardis & Prêteur, 2007 ; Harter, 1982 ; Rosenberg, 1965 ; Toczek & Martinot, 2004). Selon Coopersmith (1967, p. 4-5), l’estime de soi est « l’évaluation que l’individu fait et qu’il entretient habituellement : elle exprime une attitude d’approbation ou de désapprobation, et indique le degré selon lequel il se croit lui-même capable, important, en pleine réussite et digne. En bref, l’estime de soi est un jugement personnel de mérite qui s’exprime dans les attitudes que l’individu véhicule vers les autres par des communications verbales et par d’autres comportements expressifs ». Harter (1982) définit l’estime de soi comme l’évaluation que l’individu fait de sa propre valeur. Pour Beauregard et al. (2000), elle fait référence à « la conscience de la valeur personnelle qu'on se reconnaît. Elle se manifeste par un ensemble d'attitudes et de croyances qui nous permettent de faire face au monde et aux difficultés de la vie. L'estime de soi est une représentation affective qu'on se fait de soi-même. C'est un jugement positif à son propre égard en ce qui a trait à ses qualités et à ses habiletés. C'est aussi la capacité de conserver dans sa mémoire ses représentations positives, de manière à les utiliser pour relever des défis et surmonter des difficultés (p. 17-18) ». Les auteurs précisent qu’il faut entendre par cette définition que ce n’est pas la valeur même qui est à remettre en cause mais bien la conscience de cette valeur. Enfin, selon Toczek & Martinot (2004, p. 26), l'estime de soi est la « valeur que les individus s'accordent, s'ils s'aiment ou ne s'aiment pas, s'approuvent ou se désapprouvent ». Ainsi, nous pouvons souligner que ce qui est commun à la plupart de ces définitions est la composante évaluative et la composante affective de l’estime de soi. L’estime de soi est donc en rapport avec les émotions ou les sentiments que les individus éprouvent à la suite des évaluations d’eux-mêmes. Autrement dit, l’estime de soi fait référence au jugement qualitatif et au sentiment attaché à la description qu’on attribue au soi. C’est pourquoi, à l’instar de Bleeker, et Constantino (2003), nous considérons que l’estime de soi est l'aspect évaluatif du concept de soi impliquant un jugement de sa propre valeur.

Ainsi, il semble qu’il existe un accord entre les chercheurs sur les différences qui existent entre concept de soi et estime de soi. En effet, si le concept de soi est surtout descriptif, l’estime de soi est principalement évaluative. Cependant, ces notions sont à la fois claires et confuses. La question de la distinction conceptuelle entre l’estime de soi et le concept de soi fait toujours débat. Bien que l’on puisse établir des différences conceptuelles claires entre estime de soi et concept de soi, en l’absence d’études empiriques

opérationnalisant cette distinction, la plupart des auteurs utilisent ces termes de manière interchangeable. Selon Shavelson, Hubner et Stanton (1976), la confusion entre ces deux termes résulte d’un manque de clarification conceptuelle et empirique. En effet, à notre connaissance, il n’existe pas aujourd’hui d’étude empirique qui mette en évidence une distinction significative entre concept de soi et estime de soi. Comme nous le verrons par la suite, les méthodes de mesure et d’analyse de l’estime de soi ou du concept de soi sont fondées sur une auto-évaluation de la part du sujet, même lorsqu’il se décrit. Ainsi, à l'instar de Brinthaup et Erwin (1992), nous considérons que cette distinction d’un soi qui serait appréhendé par de simples descriptions plutôt que par une approche évaluative est, dans les faits, difficile à mettre en œuvre. Par conséquent, dans la mesure où aucune clarification empirique n’a pu être établie entre « estime de soi » et « concept de soi », nous considérons que l’interchangeabilité des deux notions peut être maintenue et le lecteur comprendra donc que les différentes expressions du soi (concept de soi, représentation de soi, perception de soi, image de soi…) se réfèrent à l’estime de soi dans cette étude. Par ailleurs, les différents modèles conceptuels permettant de rendre compte de la structure du soi sont à l’origine des travaux empiriques et des définitions de l’estime de soi. Ainsi, afin de compléter cette dernière, il semble nécessaire de comprendre comment se structure le soi. C’est pourquoi nous allons maintenant présenter, d’une part l’évolution des approches structurales, et d’autre part les caractéristiques de l’estime de soi qui découlent de certains modèles structuraux.