• Aucun résultat trouvé

2-6 Probiotiques et prébiotiques :

-Besoins en acides aminés :

II- 2-6 Probiotiques et prébiotiques :

A-Probiotiques :

Les probiotiques sont des microorganismes qui, lorsqu’ils sont ingérés vivants en quantité suffisante, exercent un effet positif sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels. Il s’agit aussi bien de bactéries (divers lactobacilles et bifidobactéries, E. coli, E. fæcium) que de levures (Saccharomyces boulardii). Administrés par voie orale, ils interagissent avec la flore intestinale, en prévenant entre autres l’adhésion (par un effet dit de barrière) et les effets pathogènes de la flore de passage, mais également en stimulant les fonctions métaboliques de la flore résidente ; cela explique leur utilisation en prévention de la diarrhée associée à l’antibiothérapie, des gastro-entérites aiguës du nourrisson, de la diarrhée associée à

115

l’infection par le VIH, de la diarrhée du voyageur, de la diarrhée en nutrition entérale. Ils auraient aussi un effet préventif sur la survenue de tumeurs coliques et vésicales. Les probiotiques exercent également un effet probable direct ou indirect sur le tissu lymphoïde notamment sur les cellules immunitaires situées dans la lamina propria de l’intestin grêle et du côlon, cet effet conduit généralement à une stimulation de l’immunité innée et acquise, notamment chez l’individu sain d’où leur utilisation en prévention d’infections génito-urinaires, mais peuvent aussi induire un effet anti-inflammatoire dans certaines maladies inflammatoires de l’intestin telles que les rectocolites hémorragiques et les pochites (inflammation de la poche iléoanale après résection colique). Enfin, leur activité enzymatique propre (lactase) a conduit à les proposer en cas d’intolérance au lactose.

Les probiotiques font partie des aliments fonctionnels et à ce titre bénéficient d’un effet marketing très favorable auprès de la population, beaucoup plus qu’auprès des médecins. Cela est favorisé par le fait qu’ils sont disponibles en règle comme suppléments nutritionnels et que seuls cinq médicaments en France contiennent un probiotique pour principe actif : une levure (Ultra-Levure®) et quatre bactéries (Bacilor®, LyoBifidus®, Diarlac® etLacteol®), les deux derniers n’étant pas remboursés. L’utilisation de bactéries présentes dans les laits fermentés s’accommode d’ailleurs bien de ce statut de supplément nutritionnel [122,123].

Selon des études, il apparaît que l’administration de certains probiotiques ont un effet sur le poids : le Lactobacilus en fonction de l’espèce modifie le poids, L. acidophilusest associée à un gain de poids significatif pour l’homme et l’animal. Lactobacillus fermentum et

Lactobacillus ingluvieisont associés à une prise de poids des animaux alors que Lactobacillus plantarumest associé à une perte de poids des animaux et Lactobacillus gasseriest associé à

une perte de poids pour l’humain obèse et l’animal [124]. En résumé les probiotiques agissent sur trois grands axes [125] : - Au niveau métabolique,

- Sur l’immunomodulation,

116

117

B-Prébiotiques :

Les prébiotiques désignent des additifs non vivants, ou des ingrédients alimentaires non digestibles qui affectent de façon bénéfique l’hôte en stimulant sélectivement la croissance ou l’activité de certaines bactéries du colon, comme par exemple les bifidobacteries, et qui peuvent ainsi améliorer la sante de l’hôte. Des substances comme l’oignon ou la chicorte sont des prébiotiques, mais il peut également s’agir de composants du lait maternel ou de produits de fermentation de certaines souches de bactéries lactiques comme par exemple les oligosaccharides [126].

II-2-7 Antioxydants :

Les antioxydants alimentaires constituent une vaste famille de composés qui proviennent, pour l’essentiel, des plantes (fruits et légumes, noix, huiles végétales, thé, café, vin, herbes aromatiques). Ils comprennent des vitamines (notamment vitamines C et E), des caroténoïdes (pigments colorés des fruits et légumes), des polyphénols (notamment la famille des flavonoïdes) et des oligo-éléments (notamment le zinc et le sélénium, qui sont des cofacteurs des enzymes antioxydantes). Ils interviennent à deux niveaux vis-à-vis des dommages engendrés par l’inflammation.

D’une part, il existe une association étroite entre inflammation et stress oxydant, chacun favorisant l’apparition de l’autre, dans un effet “boule de neige”. De plus, le stress oxydant lui-même entraîne des dommages cellulaires (notamment via la lipoperoxydation). En agissant sur le stress oxydant, les antioxydants permettent donc de diminuer l’inflammation chronique, ainsi que d’en limiter les conséquences. D’autre part, des recherches récentes suggèrent que de nombreux antioxydants exercent directement une activité anti-inflammatoire, par des mécanismes de signalisation cellulaire et une action génomique

[127-128]. Le rôle de ces micronutriments dans la prévention des maladies chroniques liées au

vieillissement est de mieux en mieux étayé.

Les antioxydants sont principalement soit des nutriments essentiels (vitamines et oligo-éléments) soit des non-nutriments [138].Parmi les vitamines, l’acide ascorbique ou vitamine C, présent en concentration relativement élevée dans les compartiments aqueux de l’organisme, est le prototype des anti-oxydants hydrosolubles. Ses principales sources

118

alimentaires sont les fruits (agrumes, kiwi, cerises, melon) et les légumes (tomates, légumes verts, brocoli et choux) [139].

La « Vitamine E », terme générique qui regroupe 8 composés proches (les tocophérols et les tocotriénols), comprend des dérivés hautement lipophiles, capables de se concentrer dans les membranes biologiques et les lipoprotéines où ils exercent précisément une action anti-oxydante. Ils ont également d’autres effets dont des propriétés immunostimulantes [140,141]. Ses principales sources alimentaires sont les huiles végétales et produits dérivés, le germe de blé, les noix et certains légumes à feuilles vertes. Le troisième élément d’importance est représenté par les caroténoïdes, des substances naturelles jouant le rôle de pigments de couleurs jaune à rouge dans beaucoup de fruits et de légumes dont le plus connu est le β– carotène. S’il s’agit d’un précurseur de rétinal (vitamine A), beaucoup d’autres caroténoïdes, dont le lycopène, responsable de la coloration rouge des tomates, ne sont pas des précurseurs de la vitamine A. Les deux groupes majeurs de caroténoïdes identifiés (ceux porteurs de substituants oxygénés dont la lutéine, la zéaxanthine et la cryptoxanthine et ceux qui ne contiennent pas d’oxygène, dont l’α– et le β–carotène ainsi que le lycopène) sont de puissants neutralisateurs des dérivés activés de l’oxygène. Tout comme la vitamine E, ce sont des anti-oxydants présents dans les compartiments lipidiques [142,143]. Au plan alimentaire, ils sont contenus dans les fruits et les légumes tels les carottes (α– et β–carotènes), les tomates et les melons (lycopène), les agrumes (β–cryptoxanthine), les épinards et les endives (β–carotène et lutéine) et le maïs (zéaxanthine) [144,145]. Finalement, il convient d’évoquer la« vitamine A » qui représente un ensemble de molécules proches et biologiquement interconnectées parmi lesquelles on trouve le rétinol (forme alcool) et ses formes oxydées, le rétinal (forme aldéhyde) et l’acide rétinoïque (forme acide).

Il s’agit aussi d’un anti-oxydant liposoluble dont la forme la plus active serait le rétinol [137]. Les principales sources alimentaires de vitamine A préformée sont le foie et les huiles de foie de poisson, le lait entier et enrichi (en vitamine A) et les œufs.

Au sein des oligo-éléments essentiels, le sélénium occupe une place primordiale qui lui vient de sa participation à la constitution du site actif de plusieurs sélénoenzymes dont la glutathion peroxydase (GPx), spécialisée dans la dégradation de H2O2 et des peroxydes organiques en phase aqueuse. Plusieurs isoformes de cette enzyme existent dont l’une

119

plasmatique (forme glycosylée de l’enzyme cellulaire, d’origine rénale), la seconde membranaire (monomère de l’enzyme cellulaire tétramérique, contenue dans les membranes et spécialisée dans le métabolisme des hydroperoxydes phospholipidiques) et la troisième intestinale (présente dans le foie et le colon et protégeant directement le tractus gastro-intestinal contre les effets néfastes des dérivés actifs de l’oxygène). Parmi les autres sélénoprotéines à propriétés partiellement ou totalement anti-oxydantes, on trouve également la sélénoprotéine P et la thiorédoxine réductase. Le sélénium est également un immunostimulant [146,147]. Les principales sources alimentaires de sélénium sont les aliments riches en protéines d’origine animale (viandes, poissons, œufs, lait), les céréales et certains légumes et fruits secs. Le zinc est un autre oligo-élément essentiel qui participe à de nombreuses fonctions relatives à la défense anti-oxydante, même si les mécanismes responsables de cette activité restent peu clairs. Il semble protéger les fonctions thiol des protéines, principalement de nombreuses protéines membranaires ainsi que les métallothionéines, contre l’oxydation.

Finalement, il s’avère que les anti-oxydants non-nutriments essentiels sont légion, même si leur contribution à la capacité anti-oxydante humaine reste largement obscure. Les flavonoïdes sont des polyphénols naturels contenus sous forme de dérivés glucosidiques dans de nombreux fruits et légumes et dans certaines boissons telles le thé, le vin et la bière. Il en existe de nombreuses structures (plusieurs milliers de composés dans la nature), ce qui complique leur étude [148,149]. Les aglycones (structures sans sucre) ont des propriétés anti-oxydantes démontrées dans divers modèles et en rapport avec les substituants oxygénés de ces dérivés (fonctions phénol et cétone) [150]. Le thé, dont on vante beaucoup les mérites à l’heure actuelle, est une boisson contenant de nombreux composés polyphénoliques. En fait, il existe plusieurs types de thés connus sous les noms de thé vert, oolong et noir. Ces variétés correspondent à des traitements différents des feuilles de thé (Camelia Sinensis) qui provoquent des modifications chimiques des polyphénols contenus dans ces feuilles sous l’action plus ou moins prolongée de l’enzyme polyphénol oxydase [151,152]. Le vin rouge a fait l’objet de nombreuses études montrant qu’il contient plusieurs constituants bénéfiques dont des polyphénols anti-oxydants. Cette boisson a souvent été avancée comme une explication possible du « paradoxe français » (French paradox) qui rend compte de la

120

relativement faible mortalité cardiovasculaire en France alors que la consommation alimentaire en graisses saturées est assez élevée par rapport à celle d’autres pays développés

[150]. Dans le même ordre d’idées, on évoque quelques fois le Far East paradox qui tenterait

d’expliquer le contraste entre la faible incidence de maladies cardiovasculaires et la forte consommation de tabac chez les japonais et les chinois par l’effet protecteur du thé vert. L’huile d’olive contient des phénols qui contribuent au contenu anti-oxydant des rations alimentaires riches en cette huile réputée bénéfique [153]. Des plantes aromatiques, notamment le romarin, l’origan, la sauge, la menthe et le thym contiennent des anti-oxydants potentiels.

Effet des antioxydants :

Concernant les antioxydants, les résultats sont plus complexes. Ainsi, tous les arguments sont réunis pour penser que la consommation d’aliments riches en antioxydants (légumes, noix, fruits, céréales complètes, vin) entraîne une réduction du risque cardiovasculaire [129]. En revanche, les essais randomisés de grande envergure réalisés au cours des vingt dernières années n’ont pas permis de mettre en évidence de bénéfice cardiovasculaire pour la supplémentation en fortes doses d’antioxydants (principalement vitamines C et E et bêta-carotène) [130]. Le bénéfice à attendre des antioxydants ne vient peut-être donc pas de fortes doses de quelques composés, mais de la richesse de l’alimentation en de nombreux composés (vitamines, caroténoïdes, polyphénols, oligo-éléments), ayant des propriétés complémentaires et synergiques. D’autres composés présents dans les fruits et légumes (notamment les folates et les fibres) pourraient également contribuer à cet effet bénéfique.

Dans le domaine oculaire, l’étude AREDS, essai randomisé américain, a été déterminante dans la démonstration d’un effet préventif de la supplémentation en fortes doses d’antioxydants et de zinc. Le statut en lutéine et zéaxanthine, caroténoïdes s’accumulant de manière spécifique dans l’œil, semble également fortement associé au risque de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) et de cataracte. Là encore, il est intéressant de noter que d’autres micronutriments présents dans les fruits et légumes pourraient avoir un effet bénéfique vis-à-vis de ces pathologies. En particulier, un essai randomisé a récemment montré une réduction du risque de DMLA avec la supplémentation en folates, vitamines B6 et B12

121

apparaît diminué chez les forts consommateurs de fruits et légumes et d’antioxydants (vitamine E, mais aussi flavonoïdes et caroténoïdes) [132]. L’ensemble de ces résultats suggère qu’une alimentation riche en produits végétaux et en poisson gras représente un moyen efficace de prévention contre un grand nombre de maladies liées au vieillissement. Outre les effets déjà exposés ci-dessus, le poisson gras représente la principale source alimentaire de vitamine D, qui est bien sûr déterminante pour la prévention de l’ostéoporose et présente des effets sur le système immunitaire (prévention des infections et des affections auto-immunes, mais aussi des maladies cardiovasculaires et des cancers) [133]. Le poisson représente également une source importante de sélénium ayant d’importants effets antioxydants. Si les effets sur la santé cardiovasculaire semblent similaires pour la consommation de poisson et l’utilisation de compléments alimentaires, tel n’est pas le cas dans le domaine des antioxydants, probablement parce qu’il s’agit d’une vaste famille de composés, qui ne peut se réduire aux vitamines E et C. A l’heure actuelle, il est donc surtout recommandé d’adopter une alimentation s’approchant du modèle du régime méditerranéen (forte consommation de produits végétaux, forte consommation de poisson, faible consommation de viande et de produits laitiers, consommation préférentielle d’huile d’olive et consommation modérée de vin). Ce type d’alimentation est également associé à un moindre risque de cancer [134].