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La certification de l’« or traçable et responsable de Guyane » repose sur l’élaboration d’un réfé-rentiel constitué de principes, de critères et d’indicateurs. Les principes de l’OTRG permettent d’expliciter synthétiquement et sans ambiguïté les valeurs clés sur lesquelles repose la démarche de certification. Les principes de l’OTRG sont les suivants :

légalité : toutes les pratiques associées à l’OTRG respectent la loi en vigueur et les traités

internationaux ;

traçabilité : l’OTRG est traçable, de la mine à la vitrine ;

bonne gouvernance : l’OTRG s’appuie sur la « bonne gouvernance territoriale » et le

respect des communautés locales ;

développement socioéconomique local : l’OTRG contribue directement et

indirecte-ment à l’amélioration des conditions de vie sur le territoire guyanais ;

minimisation des impacts environnementaux : l’OTRG assure la minimisation des impacts

environnementaux tout au long de la vie du produit. Une attention particulière sera portée à la phase d’extraction qui présente les impacts et les risques les plus importants.

Le secteur de la pêche occupe la troisième place dans l’économie régionale, après les secteurs spatial et aurifère. Il est caractérisé par trois types de pêcheries qui exploitent chacune une ressource spécifique : (i) la pêche artisanale côtière se concentre sur les poissons blancs côtiers, en particulier l’acoupa, (ii) la pêche aux vivaneaux, et (iii) la pêche industrielle crevettière. La pêche aux vivaneaux est effectuée à la ligne par des navires vénézuéliens, suite à un accord de pêche qui autorise ces derniers à pêcher cette ressource dans les eaux guyanaises à condition qu’ils débarquent 75 % de leurs captures en Guyane à un prix fixé par les opérateurs locaux. Les stocks de vivaneaux ont été bien gérés, et les captures ont progressé depuis 2002.

La situation de la pêche artisanale côtière est différente. Si la préservation de la ressource semble globalement satisfaisante, sa durabilité à long terme est questionnable compte tenu des prévisions de croissance démographique de la Guyane (Blanchard et al., 2011) et du dévelopé-pement d’activités de pêche illégale par des flottes étrangères, brésiliennes et surinamiennes notamment, depuis 2002, bien que cette augmentation statistique soit concomitante à celle des contrôles marins et aériens opérés par les différents services de l’Etat (Levrel, 2012). On estime qu’en 2010, le volume des captures de poissons issues de la pêche illégale étrangère représentait entre 2,5 et 3 fois celui de la pêche locale.

Essentiellement destinée à l’exportation, la pêche à la crevette représente entre 500 et 1 500 tonnes par an, soit environ 30 % de l’effort de pêche guyanaise. Deux espèces de crevettes sont principalement exploitées en raison de leur abondance sur le plateau continental, à savoir : la crevette brune, dite Subtilus qui représente la majorité des captures, et la crevette royale rose, dite Brasiliensis. Bien que la quantité de crevettes prélevée légalement reste raisonnable, les prises ne cessent de baisser depuis les années 1990 et chutent de façon plus significative encore depuis 2007.

L’importance de la pêche illégale, qui est souvent invoquée pour justifier de la diminution des stocks, n’est pas le seul facteur expliquant la situation délicate de la filière. Malgré un soutien des pouvoirs publics via les fonds européens et nationaux, le rapport annuel 2014 de l’IEDOM Guyane mentionne d’autres freins tels que le coût du carburant, qui reste relativement cher malgré la possibilité de « souter » (i.e. faire le plein de carburant en soute) au Surinam, les charges de personnel qui sont assez élevées comparées aux pays voisins, la baisse du prix de la crevette sur les marchés internationaux, ainsi que les méventes liées à l’inadéquation entre les calibres des crevettes pêchées et le choix du consommateur, plutôt orienté vers la petite crevette.

La pêche crevettière a potentiellement des répercussions importantes sur la biodiversité puisqu’elle est considérée comme l’une des moins sélectives pour le milieu marin. Il s’agit d’une pêche au chalut qui, en ratissant les fonds marins, peut générer des taux de prises non désirées

atteignant jusqu’à 90 % de l’ensemble des captures (Nalovic, 2009 ; 2011). La plupart des pois%

-sons et autres animaux marins pris dans les filets sont perdus, car la législation n’autorise que la valorisation de 20 % maximum des prises accessoires (Nalovic et Bardiot, 2009). Sans mesure de protection environnementale adéquate, le chalutage crevettier constitue là l’une des causes

majeures de dégradation de l’ensemble de la faune marine, en particulier en ce qui concerne les tortues recensées au large de la Guyane. Sous l’impulsion du WWF, un dispositif technique expérimental permettant de minimiser les impacts de la pêche sur la biodiversité a été mis en place, en collaboration avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER). Le filet spécial mis au point visant à limiter ainsi les prises accessoires a ensuite été adopté volontairement par l’ensemble de la flotte.

0 2002 Surinam Brésil Guyana Total Année Nombre navires 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 50 100 150 200 250

Graphique 2 Evolution du nombre de navires illégaux actifs en Guyane, par nationalité de pavillon

Source : Levrel, 2012.

Fort du succès de la mise en place en 2010 de ce nouveau dispositif, les acteurs de la filière, représentés par le CRPMEM, ont exprimé le souhait de savoir si leurs pêcheries pouvaient bénéficier d’une certification de durabilité. Une étude de pré-évaluation de la faisabilité d’une certification MSC (Marine Stewardship Council, cf. encadré 4) a alors été commanditée par le CRPMEM, et réalisée d’octobre 2010 à mai 2011. L’étude, confiée au bureau d’études MacAlister Elliott & Partners Ltd (2011), conclut à la réussite probable de la démarche de certification, compte tenu notamment de la mise en œuvre des dispositifs de préservation de la ressource déjà en place. Le rapport rédigé par le bureau d’études ajoute toutefois que certaines interven-tions devraient être réalisées en vue de l’obtention de la certification, en particulier en ce qui concerne la collecte de données supplémentaires, tout en précisant qu’il est possible que ces données existent déjà.

À la suite de ces conclusions positives, certains opérateurs se montrent intéressés pour pour-suivre cette démarche, bien que certains problèmes économiques – en particulier le problème du coût du carburant – apparaissent prioritaires pour les acteurs de la filière. La pêcherie crevet-tière guyanaise fait figure d’exemple parmi les autres pêcheries crevetcrevet-tières tropicales, ce qui amène certains observateurs à encourager la poursuite de cette dynamique de valorisation de la crevette guyanaise sur les marchés sensibles aux questions de durabilité (Blanchard, 2011).

Encadré 4