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PRINCIPAUX RÉSULTATS

Lutte antiérosive et recherche en gestion et conservation sols au Burundi

4. PRINCIPAUX RÉSULTATS

4.1. Les facteurs et risques d'érosion

Les principaux résultats obtenus par les deux institutions sont les suivants:

- L'indice climatique «R» déterminé dans les 10 principales stations climatolo-giques du pays est relativement modéré. Il varie de 350 à 650, respectivement

6 IRAZ: Institut de recherche agronomique et zootechnique 7 GŒS: Gestion conservatoire de l'eau et de la fertilité du sol 8 USLE: Universal soilloss equation

9 RDC: République démocratique du Congo.

1.Synthèses

pour des zones climatiques de la plaine de la Ruzizi, de pluviométries inférieures à , 000 mm, et la crête Congo-Nil, recevant plus de , 650 mm de pluies par an;

- La susceptibilité des sols du Burundi«K» est également modérée. Elle est in-férieureà0,'5 quelques soient les sols étudiés;

Les pertes en terre et le coefficient de ruissellement sur les parcelles cultivées varient considérablement en fonction de l'agressivité de la pluie, de l'état de la couverture du terrain, du type de sol, de la pente et sa longueur«LS », du taux d'humectation du sol, de la couverture du sol et des pratiques agricoles«C» et des aménagements anti-érosifs«P ».

Tableau 1.Risques d'érosion et régions géomorphologiques du Burundi.

Régions géo- R K LS C/vég. C/culture A vég.nat A culture en

morphologiques natur. en (t/ha) (tJha)

Plaine Imbo 350 0,07-0,14 0,6 - 1 0,01 0,1-0,7 0,15 - 0,5 1,5 - 34,3 Mirwa 475 0,07-0,14 1,1- 21 0,001 0,1-0,7 0,04 - 1,4 3,7 - 977,6 Crête Zaïre-Nil 550 0,07-0,14 1,1 - 21 0,001 0,1-0,7 0,04 - 1,6 4,2 - 1131,9 Plateau central O( 1) 475 0,07-0,14 1,1 - 8,3 0,001 0,1-0,7 0,04 - 0,6 3,7 - 386,4 Plateau central E(2) 475 0,07-0,14 1,1 - 8,3 0,01 0,1-0,7 0,4 - 5,5 3,7 - 386,4 Dépression N 350 0,07-0,14 0,6 - 2,5 0,01 0,1-0,7 0,15 - 1,93 \,5 - 85,8 Dépression E 550 0,07-0,14 0,6 - 2,5 0,01 0,1-0,7 Ù,24- 1,93 2;3 -134,8

D'après le tableau " les risques d'érosion peuvent atteindre>' 000 tlha/an en terres cultivées si la pente dépasse 50%, notamment dans les contreforts de la crête Congo-Nil, tandis qu11s restent modérés sur faibles pentes (1à 5 tlha/an).

4.2. Efficacité des méthodes de lutte antiérosive 4.2.7. Le couvert végétal

L'efficacité du couvert végétal ressort du tableau n° 2 qui donne les différentes valeurs de l'indice cultural'e des principales cultures pratiquées au Burundi.

Il a été également constaté que l'utilisation du paillage, même partiel, est une des clés pour la maîtrise du ruissellement et le contrôle de l'érosion

Tableau 2. Indices culturaux de quelques cultures traditionnelles du Burundi..

Type de végétation Indice C

sol nu 1

culture paillée/pinède 0,001

bananeraie 0,07 - 0,14

manioc traditionnel 0,10 - 0,16

patate douce traditionnelle 0,53

association haricot-maïs 0,62

Source: Rapport annuellSABU /989-1990

Actes des Journées scientifiques du réseau~rosionetGŒS de l'AUF -25-27octobre2005

4.2.2. Les autres méthodes recommandées

Les recherches

à

l'ISABU et

à

l'IRAZ ont montré les méthodes suivantes peuvent être appliquées dans les conditions du Burundi:

-le billonnage en courbes de niveau permettant de réduire le ruissellement et l'érosion sur des terrains en pentes faibles et modérées;

-l'alternance de cultures sarclées avec des bandes non sarclées;

-les associations culturales avec plantes rampantes et recouvrantes;

-les terrasses radicales (à éviter sur des sols instables qui reposent sur une cou-che imperméableàplan incliné) ;

-les fossés isohypses s'ils sont bien calibrés et associés aux bandes enherbées;

-les lignes de pierres et andains de déchets végétaux en courbes de niveaux;

-les boisements (reforestation des sols dégradés et associations agro-sylvo-pastorales par bandes boisées au sein des exploitations) ;

-les haies vives associant des graminées et des arbustes légumineux.

Ces haies réduisent les pertes en terres de plus de 96%et le ruissellement de 50%en fonction de la pente et des espèces et combinaisons d'espèces utilisées.

4.3. Rôle du bananier en conservation des sols

Une étude réaliséeàl'IRAZ, près de Gitenga, a montré que les résidus d'une banane-raie disposés en bandes isohypses permettent de contrôler l'érosion. Dans ce cas, la densité de plantation joue un rôle important comme le montre le tableau 3.

Tableau 3.Densité de plantation, taux de couverture du sol, érosion en t/ha/an et indicesC.

Densité de plantation Taux de couverture Erosion en t/ha/an Indice C

3 m x 3 m+paillis 100% 0,06 0,001

2mx3m 25,0% 1,14 0,03

3mx3m 16,7% 2,36 0,06

5mx3m 10,0% 2,47 0,06

Réf. Wischmeier : nu 0% 40,52 1,00

4.4. Études de l'arrière effet de l'érosion et de restauration des terres dégradées Un essai de restauration des terres érodées a été réalisé dans le cadre de l'IRAZ sur d'anciennes parcelles d'érosion au bout de 3 années deprocessusérosif. Son objet était d'étudier l'effet des pertes en terre sur la baisse de la productivité des sols et de tester l'efficacité et le coût de 3 méthodes de restauration. Le maïs(Zea mays),variété Bambou, a été utilisé pour l'étude des rendements.

Les méthodes de restauration étudiées sont: le fumier de ferme (6 t/ha en M. S.), le fumier associé aux engrais (NPK 60-60-40), idem

+

chaulage (500 kg/ha).

Les essais ont été menés sur des parcelles sous bananeraies après trois années d'érosion cumulée d'autant plus importante que la densité de plantation diminue comme le montre le tableau ci-après (tableau 4). Une parcelle nue (parcelle de Wischmeier) a servi de témoin.

1.Synthèses

Tableau 4.Traitements étudiés.

Parce Iles étuct iées Érosion cumulée en trois ans en tlha

1° Parcelle nue (témoin) 153,9

2° Parcelle 5 m x 3 m 57,9

3° Parcelle 4 m x 3 m 53,9

4° Parcelle 3 m x 3 m 32,2

5° Parcelle 3 m x 3 m 16,8

6° Parcelle m x 3 m +paillis complet 0,14

Les résultats obtenus sont présentésàla figure n° 1. Les rendements enregistrés sur les différentes parcelles sans intrants permettent de mesurer la productivité résiduelle après trois ans d'érosion alors que l'efficacité des méthodes de restau-ration est donnée par les séries 2à4.

Figure 1.Productivité et restauration des terres érodées

4500 4000 3500

~ 3000 : 2500

i

2000

'i .: 1500

1000 500

o

-

- ----

c-

r-f!'

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f

-;,!

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1--

J

--il. tllJ

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f - -

i!

.~

D Série3 =Fumier+NPK ~Série4

Parc. W1sch. 5x3m 4x3m

arc e dO'

ra Série2:::Fumer

3x3m 2x3m Pail. camp.

Les rendements de la parcelle nue qui a subi les pertes les plus importantes en terre sont nuls. Ils varient de 600à 1 000 kg/ha sur les parcellesà bananeraies. La parcelle avec paillis complet donne les meilleurs rendements (1500 kg). La baisse de productivité est d'autant plus importante que les pertes en terre sont élevées.

Les résultats montrent que, quelle que soit la méthode adoptée, les rendements de la parcelle nue restent bas, ne dépassant guère 740 kg même en associant le fumier, les engrais N-P-K et la dolomie.

L'érosion a donc affecté la productivité du sol et a partiellement détruit son po-tentiel de mise en valeur. En effet, avec une perte de 154 t de terre/ha en trois ans (dH sol= 10mm), la parcelle nue nécessite des apports plus importants d'intrants pour retrouver sa productivité initiale.

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4.5. Comportement des bassins versants expérimentaux

Les études menées dans les deux bassins versant expérimentaux par l'ISABU ont mis en évidence des zones

à

érosion active, des zones de redistribution et des zones de dépôts des matériaux érodés. Les pertes en terre

à

l'exutoire sont très faibles dans les deux bassins étudiés, restant toujours inférieurs

à

180 kg/ha/an comme le montre le tableau 6.

Tableau 6.Pertes solides dans les deux BV expérimentaux d'Isale en kg/ha/an.

Campagne 1986-1987 1987-1988

BV1 (4,5 ha) 171,29 46,00

BV2 (6,5 ha) 64,00 1,82

Ces faibles pertes sont

à

mettre

à

l'actif du rôle des zones de cultures dominées par une bananeraie dense qui joue un rôle éminemment efficace en conservation des sols.

s.

CONCLUSIONS

Ces résultats, qui sont loin d'être exhaustifs, témoignent d'une intense activité de recherche dans les années 1985-1995. Malheureusement, cette recherche est actuellement suspendue. La crise que connaît ce pays en est la principale cause.

Il est urgent de relancer ces travaux qui sont de la plus haute importance dans la gestion des exploitations agricoles et dans la sauvegarde de l'environnement.

Cependant, les bases d'une bonne gestion et conservation des sols existent. Il est important de se fixer un seuil de tolérance des pertes en terres. Ce seuil repré-sente les pertes en terre qu'un sol peut perdre annuellement sans que sa fertilité n'en soit affectée. La lutte antiérosive reviendra

à

réduire les pertes en dessous de 1

à

12 t/ha/an.1I faudra pour cela combiner plusieurs méthodes, en s'inspirant de l'équation paramétrique de Wischmeier.

Dans le contexte du Burundi, les meilleures approches sont celles qui recourent aux méthodes biologiques comme l'utilisation du paillage et des déchets organi-que, les haies vives et l'intégration de l'arbre dans les systèmes culturaux. Les mé-thodes mécaniques comme l'aménagement des terrasses, les fossés isohypses et le labour en courbes de niveaux pourront compléter les approches biologiques.

Une combinaison raisonnée de toutes ces méthodes peuvent apporter, selon les cas, des solutionsàmoyen et long terme.

Références bibliographiques

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LASCaUX, D. M., BITOKI,

o.,

BIZIMANA, M., 1986, Lutte contre l'érosion: synthèse des essais après la campagne 1985, Bujumbura, 30 pp.

1.S. A. BU, 1991, Département des études du milieu et des systèmes de production, Programme agroforesterie sylviculture et érosion,Rapport annuel 7989-7990,partie érosion

1.Synthèses

I.S.A.BU, 1989,Rapport des recherches agronomiques 1988-1989 I.S.A.BU, 1987,Rapport des recherches agronomiques 1987

RISHIRUMUHIRWA, T., 1992,«Ruissellement et érosion sous bananier au Burundi>l,inBulletin Ré-seau Ërosion

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RISHIRUMUHIRWA, T., 1993,«Contribution des résidus du bananier en conservation de l'eau et du

sol>l, Bul. réseau Ërosion , Montpellier, 13: 63 - 70

RISHIRUMUHIRWA, T., 1997, Rôle du bananier dans le fonctionnement des exploitations agricoles sur les hauts plateaux de l'Afrique orientale (application au cas de la région du Kirimiro - Burundi),thèse n°

1636, EPFL. Lausanne, 302 pp.

Programme national de lutte antiérosive (PLAE)