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Le position paper de l'American College of Physicians sur l'intégration de la prise en charge des addictions et des troubles mentaux aux soins primaires

En 2015 l'American College of Physicians, le collège de médecine interne aux États-Unis, a publié une position sur l'intégration des soins de santé mentale aux soins primaires (134). Cette publication s'inscrit, elle aussi, dans un mouvement :

 de prise de conscience progressive de la prévalence et l'incidence des troubles mentaux ainsi que des faiblesses et ruptures qui affectent leur prise en charge ;

 de reconnaissance du rôle des soins de premier recours et de la médecine générale dans la prise en charge de ces troubles ;

 du développement de modèles permettant de soutenir cette prise en charge, notamment par une meilleure coordination des acteurs des soins de premier recours et des soins spécialisés.

L'American College of Physicians a réalisé une revue de littérature et une consultation d'experts portant sur :

 la prévalence des troubles mentaux et addictifs ;

 les données de la littérature mettant en lumière l'intérêt d'une articulation entre soins somatiques et soins de santé mentale ;

 les données de la littérature justifiant l'intégration de la santé mentale aux soins de premier recours ;

 les freins à l'intégration (les cultures professionnelles et institutionnelles, les problèmes d'accès et de ressources, les questions de partage d'informations, la stigmatisation, les problèmes de formation) ;

 les différents modèles et niveaux d'intégration ;

 les données de preuve sur l'intégration soins de premier recours/soins de santé mentale.

Les modèles des PC-MH et du collaborative care sont évoqués à plusieurs reprises dans le cadre de cette revue.

L'American College of Physicians exprime son soutien au développement de l'intégration des soins de santé mentale aux soins de premier recours et formule des recommandations en direction des pouvoirs publics, mettant l'accent sur la levée des freins identifiés au niveau du système de soins :

 supprimer les freins à l'intégration des soins qui perdurent dans les systèmes de financement et déve-lopper des incitatifs financiers au développement de dispositifs intégrés ;

 identifier les insuffisances de couverture assurantielle qui limitent l'accès à ces dispositifs et leur déve-loppement et y remédier, y compris par le biais de lois contre la discrimination ;

 développer la recherche sur les modèles efficaces et efficients d'intégration des soins de santé men-tale aux soins de premier recours ;

 proposer des programmes de formation continue qui permettent le développement de compétences adaptées aux dispositifs intégrés en soins de premier recours ;

 mettre en place des programmes de lutte contre la stigmatisation des troubles mentaux et des soins de santé mentale.

3. Élaboration du guide par un groupe de travail

3.1 Composition du groupe de travail

Le groupe de travail, coordonné et animé par la HAS, était co-présidé par un médecin généraliste et un psychiatre et a réuni 37 experts :

 dix médecins généralistes ;

 huit psychiatres (sept psychiatres exerçant en secteur public et un psychiatre libéral) ;

 quatre psychologues exerçant en libéral et/ou en équipe de psychiatrie publique ;

 quatre infirmiers exerçant en libéral et/ou en équipe de psychiatrie publique ;

 un infirmier cadre de santé ;

 un praticien de médecine polyvalente exerçant dans un établissement de soins de santé mentale (ou médecin somaticien) ;

 deux chirurgiens-dentistes ;

 un urgentiste ;

 un pharmacienne d’officine ;

 un représentant d’Agence régionale de santé (ARS) ;

 un responsable qualité ;

 trois représentants de patients et familles d’usagers.

Il a été constitué via un appel à candidatures mis en ligne sur le site Internet de la HAS et par l’intermédiaire du groupe des parties prenantes directement informé du lancement de cet appel à candi-dature.

La sélection des membres du groupe a été réalisée dans l’objectif d’assurer au mieux une représentativi-té :

 des différents acteurs impliqués dans la coordination autour de patients adultes souffrant de troubles mentaux (professionnels de toutes disciplines et spécialités, institutionnels, usagers et familles d’usagers) ;

 des secteurs d’exercice (public et privé) ;

 des zones géographiques d’exercice (au total, 18 départements français étaient représentés).

Une attention particulière a été portée aux candidatures faisant état d’une expérience et d’une expertise sur la coordination entre médecins généralistes et autres acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux.

3.2 Organisation de la réflexion conduite avec le groupe de travail

Le travail a été réalisé dans le cadre de trois réunions qui ont eu lieu les 20 janvier, 10 mars et 6 avril 2017.

Le groupe de travail s’est appuyé sur les résultats de la recherche documentaire et de l’analyse biblio-graphique présentés ci-avant. Les résultats relatifs aux expériences d’amélioration de la coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux étant principalement issus d’études conduites à l’étranger (seules trois références françaises ont été identifiées), la typologie proposée, illustrée d’exemples concrets d’expériences, a été soumise au groupe de travail, pour discussion critique, adaptation au contexte fran-çais et améliorations.

Seize membres du groupe de travail participaient ou avaient participé à des enquêtes et expériences d’amélioration de la coordination au moment des réunions du groupe de travail. Ces enquêtes et expé-riences ont été formellement présentées dans le cadre des réunions du groupe. D’autres expéexpé-riences ont été recensées lors des échanges. Deux experts extérieurs au groupe ont également été auditionnés sur des expériences qu’ils conduisaient.

En complément, un infirmier libéral, un chirurgien-dentiste, un urgentiste, un psychologue libéral et un psychiatre libéral du groupe ont présenté les spécificités attachées à leurs exercices pour assurer une coordination interprofessionnelle (difficultés rencontrées, leviers et barrières potentielles et préconisa-tions).

Ainsi, si les travaux se sont appuyés sur les résultats de la recherche documentaire et de l’analyse biblio-graphique, une place importante a été donnée aux retours sur les expériences d’amélioration de la coor-dination conduites en France pour l’élaboration du guide « Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients souffrant de troubles mentaux : état des lieux, repères et outils pour une amélioration ».

À partir de l’analyse des expériences d’amélioration de la coordination identifiées, un travail par étapes a été conduit avec le groupe. Il a porté sur la définition des attentes des différents acteurs en termes d’amélioration de la coordination interprofessionnelle, des objectifs opérationnels de la coordination, des valeurs sous-tendant l’organisation et la structuration de la coordination et des freins et leviers à la mise en œuvre et à la pérennisation d’expériences. L’élaboration du guide « Coordination entre le médecin généraliste et les différents acteurs de soins dans la prise en charge des patients adultes souffrant de troubles mentaux : état des lieux, repères et outils pour une amélioration » a pris en compte les résultats des réflexions menées à chacune de ces étapes.

3.3 Résultats des travaux du groupe de travail

Expériences d’amélioration de la coordination en France et à