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2 ) Pharmacien d'officine : une place de choix dans le parcours de soins

Le pharmacien d'officine est encore perçu par certains comme le dernier maillon de la chaîne de soins du patient. Pourtant il tient une place fondamentale dans ce parcours, en particulier en prévention et dans les maladies chroniques, et joue un véritable rôle de sentinelle de santé publique.

Dans un contexte où la désertification médicale s'accentue et donc où le suivi médical tend à s'alléger (diminution du nombre de médecins, difficultés d'accessibilité, diminution du temps de consultation...) le pharmacien d'officine demeure un professionnel de santé de proximité grâce au maillage territorial, assurant une présence constante et dont l'accès est sans contrainte. Il constitue de ce fait un interlocuteur privilégié du système de santé et une porte d'entrée dans le parcours de soins.(100)

Il permet également d’uniformiser le discours médical et de rendre accessible à tous les informations relatives à la santé. En effet il est le « passage obligé » pour tous les patients ayant un traitement médicamenteux, qu'ils aient eu une prise en charge initiale hospitalière, spécialisée ou en médecine générale. Les études ayant montré que les patients issus de ces différentes prises en charge n'avaient pas les mêmes niveaux de connaissance en termes de pathologie, de thérapeutique et de recommandations hygiéno-diététiques(82), le pharmacien d'officine semble le professionnel de santé le mieux placé pour gommer ces différences.

Il permet également d'effectuer un suivi régulier des patients chroniques qu'il voit nécessairement tous les mois pour la délivrance du traitement. Il est donc un canal privilégié de remontée d'informations sur les effets indésirables du traitement, sur les difficultés rencontrées au quotidien ainsi que sur les interrogations qui peuvent survenir au cours de la prise en charge(102). Il peut donc effectuer un travail régulier sur l'adhésion du patient à celle-ci. L'arrivée sur le marché des conditionnements trimestriels, dont la dispensation devrait être généralisée dans un but d'économie de santé, peut avoir des effets

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néfastes sur le suivi des patients. Ils peuvent être une solution pour améliorer l'observance de certains dont la difficulté est de penser au renouvellement mensuel de l'ordonnance, mais ils peuvent au contraire éloigner d'autres patients de l'accès à un professionnel de santé diminuant ainsi l'accompagnement, le soutien, l'écoute mais également la probabilité de détecter des effets indésirables ou des difficultés d'observance. Leur utilisation ne devrait donc pas être généralisée.

Il a également un rôle de sécurisation de la prescription par l'acte de dispensation, exerçant ainsi un ultime contrôle avant la délivrance du traitement au patient afin de lutter contre la iatrogénie et la redondance thérapeutique(101). Ainsi il a une place de choix pour détecter les contre-indications, les interactions médicamenteuses et les erreurs de posologies. La détection d'une anomalie dans la prescription impliquant la gestion d'une interaction, la modification d'une posologie ou le refus de délivrance pour une contre-indication doit motiver l'émission d'une opinion pharmaceutique communiquée au prescripteur sur un document écrit permettant ainsi de rendre l'acte pharmaceutique traçable, évaluable, communicable et opposable.

Les progrès thérapeutiques avec l'apparition de nouveaux traitements de plus en plus nombreux ainsi que l'augmentation du nombre de patients poly-pathologiques ont rendu les dispensations de plus en plus complexes. Ainsi le développement de médicaments à marche thérapeutique étroite, d'inducteurs et inhibiteurs enzymatiques, et les prescriptions multiples ont augmenté les risques potentiels d'interactions, de contre-indications et de surconsommation. Pour pallier à cette complexification, le développement de moyens techniques d'aide à la dispensation comme les logiciels informatiques automatisant le processus de contrôle d'ordonnance permettent ainsi une double vérification.

La création du dossier pharmaceutique a contribué à renforcer cette sécurisation. En intégrant à l'historique médicamenteux les spécialités à prescription obligatoire ainsi que celles à prescription facultative, il permet de discerner les redondances thérapeutiques, de prévenir les interactions et les contre-indications et de détecter les effets iatrogènes, que le patient soit suivi par un ou plusieurs prescripteurs et dispensateurs. C'est un outil qui permet d'éviter les accidents médicamenteux, de générer des économies santé et de faciliter la coopération avec les autres professions de santé.

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Au moment où le patient est confronté à son traitement, le pharmacien joue un rôle fondamental dans l'optimisation de ces thérapeutiques afin d'améliorer l'atteinte des objectifs et la qualité de vie du patient. Ainsi en permettant une meilleure connaissance et compréhension de la pathologie, de ses thérapeutiques (règles hygiéno-diététiques, traitements médicamenteux...) mais aussi en prenant en compte les particularités, les contraintes et les difficultés individuelles et en y adaptant le traitement, le pharmacien améliore l'observance et l'adhésion du patient.(103)

Ainsi en assurant la sécurisation du traitement, le bon usage et le bon suivi de celui-ci ainsi que la bonne adhésion du patient, le pharmacien apporte une réelle valeur ajoutée à la prise en charge des patients notamment dans les maladies chroniques. Avec l'apparition progressive de la notion de soins pharmaceutiques, approche centrée sur le patient et en coopération avec celui-ci et les autres acteurs du parcours de soins, le pharmacien passe peu à peu de spécialiste du médicament à véritable soignant.

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