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recherche :

· Une réflexion sur la conception et l’aménagement d’espaces de vie institutionnels

pour personnes âgées du point de vue de l’usage, du confort et de l’émotion ;

· Une réflexion sur les modalités d’une évaluation post-occupationnelle des

bâtiments pour améliorer la production architecturale ;

· Une réflexion sur les apports et les limites de l’utilisation de méthodologie de type

Evidence Based (-fondé sur la preuve) en architecture,

· Une réflexion sur une architecture centrée sur l’homme et les modalités de sa mise

en œuvre (pratique, enseignement, recherche) ;

· Une réflexion épistémologique sur les outils nécessaires et pertinents pour le

développement de la recherche en architecture.

3.1 Dans le cadre du programme ArchEQoL

Le champ exploratoire du programme de recherche ArchEQoL a été très large et de

nombreuses données récoltées n’ont pu faire l’objet d’un traitement dans le cadre de

cette thèse. Elles feront l’objet d’un traitement ultérieur et de publications le cas échéant.

3.1.1 Les perspectives issues de l’étude 1

D’une part, la compréhension des notions de perception de l’espace, de l’ergonomie, de

la philosophie, etc. est à approfondir. Le concept du Human Centered Architecture

(-architecture centrée sur l’Homme) est à développer, consolider et diffuser, à travers le

groupe international dont l’embryon existe depuis quelques années HUCAIN (HUman

Centered Architecture International Network) (Cérèse, 2014).

D’autre part, la mise en place des aménagements au sein des établissements dans le cadre de l’intervention expérimentale ainsi que l’accompagnement de projet dans le cadre

d’une activité libérale nous ont confrontés à la question des normes dans la construction.

Nous constatons de manière quasi systématique des réticences, des freins, voire des blocages à ce sujet.

Quand la norme se fabrique toute seule, le champ des possibles se réduit dans des lieux

déjà très contraints que sont les lieux de vie institutionnels. On s’interdit d’utiliser des

choses de la vie courante, sous prétexte que ce n’est pas aux normes. On bannit tout ce

qui est « trop normal pour être aux normes », au grand damne des habitants qui rêvent de

banalité, d’œufs au plat, de draps en flanelle l’hiver, de vrai savon, etc. C’est une

surenchère permanente, pour ne pas dire une mise en scène de la norme, qui ne se soucie guère de ce que contiennent réellement les textes de loi. Les commissions de sécurité incendie exigent plus au cas où, les fournisseurs proposent plus pour augmenter leurs marges, les directeurs exigent plus car il sont responsables pénalement, les cadres techniques font plus pour satisfaire les directeurs, les aidants professionnels se contraignaient plus pour que le cadre technique les laisse tranquille ; les bureaux de

le projet voit le jour. Autant dire que la boucle est bouclée et que les perspectives

d’amélioration semblent bien minces.

De plus, nous constatons que toutes les normes ne sont pas logées à la même enseigne.

La norme incendie est considérée par tous comme primordiale et fait l’objet d’installation à outrance de matériaux ignifugés coûteux, en négligeant complètement l’arrêté du 4

novembre 1975 relatif à la toxicité des fumées des matériaux de synthèse qui limite

l’utilisation de matériaux plastiques alors qu’il en va de la santé de tous. De même, la règlementation accessibilité, en place depuis 1975, fait l’objet constant de tentatives de

contournement – y compris par les bureaux de contrôle eux-mêmes - et de demandes de

dérogations alors qu’il en va de l’amélioration des conditions d’accès pour tous.

Nous constatons un acharnement irrationnel sur cette question de la sécurité incendie. Cela contraint grandement la conception architecturale et aboutit à une aseptisation de

ces lieux de vie que l’on ne cesse après de vouloir humaniser. Il serait intéressant de mener

une étude à part entière sur ces questions afin de faciliter l’ « avènement du domestique »

et de rompre avec la conception de « l’EHPAD déduit de la norme » (Eynard & Salon,

2006). Il s’agirait dans un premier temps de comprendre les mécanismes de création de la

norme, puis ceux de la surreprésentation aux différents niveaux et enfin d’identifier les

différences territoriales et les harmonisations à opérer en s’intéressant notamment à travers

l’évaluation du bénéfice vs risque.

3.1.2 Les perspectives issues de l’étude 2

D’un point de vue général, cette étude nous montre l’intérêt et la nécessite de la construction et de la validation d’un outil de mesure de la qualité de vie sensible à l’environnement architectural dans ses différentes dimensions afin d’éclairer les

concepteurs.

D’un point de vue plus spécifique, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs sur la

qualité de vie perçue en institution que nous n’avons à ce jour pas exploité par manque de temps. Le traitement de ces données nous permettra d’avoir une approche qualitative

complémentaire aux résultats obtenus via les questionnaires et diverses échelles utilisées. 3.1.3 Les perspectives issues de l’étude 3

L’étude des comportements et de l’usage de l’espace offre de nombreuses perspectives de recherche que ce soit à travers l’exploitation de la base de données ou au niveau du

développement de l’interface SIG de cartographie comportementale. Au niveau de l’étude

des sites, une analyse statistique spatiale pourra être effectuée afin d’affiner notre interprétation. D’autres statistiques pourront être réalisées afin de mettre en avant les

corrélations qui pourraient exister entre les caractéristiques architecturales de

l’environnement (hauteur sous plafond, nature de l’éclairage, nature du sol, mobilier, etc.)

et les actions des usagers. D’autre part, il serait intéressant de réaliser la cartographie sur le

site 2 afin de comparer avec les modifications observées sur le site 1 mais également

d’observer les données obtenues en T2.

Le développement de l’interface peut avoir de nombreuses applications afin d’éclairer les

acteurs du cadre bâti dans la production du cadre de vie et l’ajustement de celui-ci aux

pratiques réelles des usagers. Les applications peuvent permettre la création de connaissances dans le cadre de projets de recherche, une aide à la conception au niveau

réalisations en vue de leur ajustement ou de la vérification des hypothèses de conception

en matière d’usage, d’ergonomie et de fonctionnalité.

3.1.4 Les perspectives issues de l’étude 4

Outre l’analyse globale telle que nous l’avons réalisé à partir des entretiens, nous

souhaitons réaliser quelques études de cas individuel significatives sur des personnes qui ont été particulièrement sensibles au changement apporté (en positif comme en négatif). Cela nous permettra de mieux appréhender les différences interindividuelles dans la

perception et l’usage de l’espace. Nous pensons que ce traitement devrait soulever de

nouvelles questions de recherche.

Enfin, nous pensons qu’il serait intéressant de croiser les résultats obtenus dans ces trois

études afin d’obtenir une approche globale des résultats.

Il serait intéressant d’utiliser des méthodologies comparables afin de comparer des

établissements qui permettent aux résidents d’apporter leurs meubles et ceux qui ne le

permettent pas, ou sur des lieux de vie quotidienne « obligatoire » : la chambre, la salle à manger, etc.

3.2 Réflexion épistémologique quant au développement de la recherche en architecture

L’un des principaux intérêts de cette recherche, au-delà de la production de nouvelles

connaissances sur la conception des lieux de vie pour personnes âgées repose sur la réflexion épistémologique sous-jacente aux diverses études menées.

Le terme Architecture désigne à la fois un domaine de production et un savoir-faire issu

de la pratique du projet. Les connaissances issues des savoirs-faire du projet sont souvent

singulières et de ce fait peu transférables ; d’où l’existence des théories et doctrines

architecturales qui ont le rôle d’organiser les valeurs et d’expliciter les grandes règles de conception d’une manière globale, cohérente et reproductible, avec pour objectif une

efficacité pratique. Cette théorie, sous forme de traités fondateurs tels celui de Vitruve (-15 av. J.-C.) ou encore du Corbusier (1923, 1927, 1949) ont été et restent des instruments indispensables à la pratique du projet architectural, bien que leur « scientificité » puisse être remise en question.

La recherche en architecture est généralement celle du concepteur, qui dans le cadre du projet, recherche des solutions spatiales en réponse à des exigences diverses (programmatiques, structurelles, esthétiques, sitologiques, etc.). Cette recherche qualifiée

d’« architectonique » (Boudon, 2003) n’est pas à proprement parlé scientifique, encore

moins académique bien qu’elle repose souvent sur des méthodologies construites.

Jusqu’au milieu des années 1960, l’architecture est enseignée au sein des écoles des

Beaux-Arts en France. En 1968, dans un climat de remise en question généralisée des valeurs, les savoirs en architecture ont été discutés, avec une volonté de rationaliser la pratique de la conception architecturale dans la lignée du mouvement moderne et portée par des architectes tels Philippe Boudon en France (1971) ou encore Christopher

Alexander aux Etats-Unis (Alexander et al., 1977).

Architecture ne sera pas créé avant 2005 lors de la réforme dite LMD (License, Master

Doctorat) qui a eu pour objet l’harmonisation à l’échelle européenne des cursus

universitaires. Les études d’architecture sont désormais réglementées par le décret n° 2005

–734 du 30 juin 2005 relatif aux études paru au J.O. du 1er juillet 2005 et ses arrêtés

d’application du 20 juillet 2005 parus au J.O du 27 août 2005.

Ce récent développement de la recherche académique en Architecture a de multiples enjeux : produire des connaissances scientifiques et développer des savoirs et des outils

appropriables par l’architecte en intégrant les aspects liés à la pratique professionnelle.

Cela pose la question du développement de méthodologies de recherches qui soient propre à cette discipline et adaptées à sa spécificité majeure à savoir être à la fois un art et

une science. L’absence de revues scientifique d’architecture cotées avec un fort impact factor (IF) contraint la publication d’articles dans des revues existantes dans d’autres

disciplines, celles-ci influençant fortement la méthodologie qui doit être utilisée pour être

acceptable. L’enjeu pour les laboratoires de recherche en architecture est de taille car

l’évaluation de la recherche (laboratoires et chercheurs) est désormais liée à cette

publication.

De nombreuses questions se posent : quelle(s) méthodologie(s) utiliser en architecture ? Dans quel but ? Quelle est la validité scientifique des outils que nous utilisons dans la

pratique architecturale ? L’utilisation d’une méthodologie modifie-t-elle le regard porté sur

l’objet étudié ? Est-il pertinent d’utiliser les méthodologies d’autres disciplines ? Et si oui,

quelle sera la sensibilité des outils existants dans les disciplines connexes telles que la

psychologie, la sociologie, la géographie pour l’étude de l’architecture ? Quelles seront les

limites de ces outils ? Quelle sera la capacité des architectes à utiliser ces outils ?

Des méthodologies de recherche propres à la discipline Architecture sont à développer en fonction de la spécificité des objets étudiés, telles que la cartographie comportementale.

Les outils utilisés en pratique notamment par les bureaux d’études techniques, tels que les

logiciels de calcul d’éclairement, d’ensoleillement, d’absorption acoustique, de conception

paramétriques, etc. peuvent être utilisés en recherche appliquée. Les outils existants dans

d’autres disciplines devraient faire l’objet d’une réappropriation par les architectes. Le

débat à mener est celui des modalités de cette réappropriation. Des échelles de mesure -

telles qu’un questionnaire de qualité de vie liée à l’architecture du cadre de vie - sont à

créer et à valider scientifiquement afin de permettre à la communauté scientifique d’en

disposer.

En parallèle du développement de ces outils et méthodes, les compétences des

architectes et étudiants en architecture souhaitant s’investir dans la recherche sont à

renforcer afin de ne pas être limité sur le plan méthodologique. Tout d’abord, la

connaissance du système universitaire en matière de publication et d’évaluation de la

recherche est à approfondir. Il serait également intéressant d’avoir un panorama des

différentes méthodologies existantes dans la recherche architecturale actuelle française et

internationale, ainsi que leurs modalités de mise en œuvre. Enfin, d’autres connaissances

techniques sont à acquérir telles que la maîtrise des traitements statistiques des données,

de l’analyse de discours ou celle des systèmes d’informations géographiques (SIG) qui

offrent de larges possibilités en matière de représentation des données.

Face à cela, les freins au développement de la recherche en architecture sont nombreux.

L’architecture est une profession à la culture profondément libérale et praticienne. Son

intérêt est assez faible pour la recherche fondamentale, la pratique du projet est pensée