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D. Problématisation

II. Une base collective et théorique

3. Penser global agir local

L’idée d’avoir un impact sur la société et de sortir la représentation des corps et des sexualités dans l’espace public est présente chez tous les collectifs, or c’est dans cette question de la diffusion que leur action politique se complexifie. Internet, déjà saturé d’images pornographiques, ne laisse que peu de place à des discours alternatifs. De plus, le manque de moyens empêche les films de se diffuser en ligne face à la prépondérance du contenu gratuit. Les festivals, même s’ils sont de plus en plus nombreux et cherchent à être progressivement plus inclusifs, restent difficiles d’accès pour qui ne possèderait pas le capital économique et culturel adéquat. Les discours des collectifs peinent à se diffuser et reste souvent réservé à un public déjà acquis.

Cependant, je tenterais ici un rapprochement avec l’écologie en utilisant le célèbre slogan « Penser global agir local » pour dire que l’initiative des trois collectifs est intéressante et pertinente dans ce qu’elle ouvre comme débat au niveau local. S’il semble difficile de penser que ces collectifs arriveront un jour à être aussi présents sur internet que le sont les géants de la pornographie, ils peuvent cependant prétendre à apporter des solutions au niveau plus local. L’exemple de la suisse tend à le montrer. Depuis 2018, le collectif suisse a reçu une couverture médiatique importante et positive notamment sur la Radio Télévision Suisse, mais aussi sur France Inter et dans plusieurs quotidiens suisses. L’objectif des collectifs est d’ouvrir un discours sur la pornographie, l’hypothèse peut être faite qu’ils arriveront plus facilement à intervenir dans le débat public en choisissant d’agir au niveau local. En 2019, Maj du collectif suisse déclarait dans un entretien pour Le Temps51 « L’objectif est d’abord de faire entendre une voix locale en la matière (…). Amener

notre rapport au porno dans la conversation, après tout, c’est ça, l’essentiel ».

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Conclusion

Aujourd’hui Pornhub, RedTube, YouPorn ou encore les studios de production Brazzers et Digital Playground, sont tous la propriété de la multinationale Mindgeek. Porteuse d’images et de discours, la pornographie participe à la construction d’un imaginaire sexuel collectif. En s’octroyant le monopole du contenu pornographique, les géants de la pornographie en ligne détiennent également le choix des désirs et des fantasmes. À travers ce mémoire, j’ai mis en évidence que la pornographie vidéo traditionnelle est majoritairement dominée par les corps blancs, minces, valides reproduisant des pratiques genrées, phallocentrées et principalement hétérosexuelles. Cette vision uniforme et réductrice enferme les corps et les désirs et participe à la stigmatisation des personnes qui ne correspondent pas à ces critères. Face au monopole des fantasmes, des voix se lèvent pour remettre en question la domination du discours pornographique mainstream. Les images pornographiques doivent se diversifier afin de représenter la variété des pratiques, des sexualités, des corps. Il est impératif de bannir le sexisme, le racisme, l’homophobie, la transphobie, la grossophobie, le validisme et toute autre forme de stigmatisation ou d’oppression du discours pornographique.

Cependant, dans le cadre de cette recherche, il est important de noter que toutes les personnes que j’ai interviewées sont blanches, issues de la classe moyenne et ont eu accès à des études supérieures. La place relativement privilégiée qu’elles occupent amène forcément des omissions et des impensés. Si elles ont tenté de les atténuer à travers un discours inclusif et conscient des différences, force est de constater qu’elles ne peuvent, de par la réalité de leurs expériences occuper d’autres places que la leur. Ainsi c’est malgré leur volonté initiale que les collectifs ont reproduit des schémas propres au discours hégémonique qu’ils critiquent. En outre, l’intellectualisation de la pornographie que les collectifs opèrent témoigne d’un certain élitisme rendant l’accès à leur film compliqué pour qui n’opère pas de réflexion similaire. Le rejet de l’industrie mainstream comme d’un bloc monolithique renforce également cet élitisme en opposant la « bonne » et la « mauvaise pornographie. En rejetant toute production issue du mainstream, les collectifs opèrent un jugement envers les personnes qui la font ou qui la visionne. Or, cette attitude détonne avec le discours inclusif des collectifs et leur volonté de transmettre leur discours au plus grand nombre.

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Ceci étant, les discours pornographies critiques ont cela d’important qu’ils constituent un observatoire qui questionne aussi bien la pornographie mainstream que les représentations médiatiques de corps et de sexualités. De plus, ils constituent des « éléments perturbateurs, politiquement efficaces » (Mowlabocus 2015) permettant une remise en question du discours hégémonique de la pornographie traditionnelle. Le projet des collectifs participe à la fois à la construction d’un discours sur la pornographie en même temps qu’il propose un discours sur ce que la pornographie pourrait être. En participant à sortir la sexualité de l’espace privé pour l’amener dans des espaces publics, en permettant voir des corps et des sexualités non-normatives et en contribuant à enlever les tabous qui entourent les sexualités, les collectifs étudiés accomplissent un acte politique.

Face à la richesse et l’étendue du sujet, j’ai été amenée à devoir faire des choix et laisser de côté de nombreux points qui pourraient également faire l’objet de travaux futurs.

Un premier aspect pourrait être de travailler sur le potentiel éducatif de la pornographie. La pornographie critique, parce qu’elle se saisit de sujets d’actualité (comme le consentement ou la représentation des corps et des sexualités) a la capacité d’apporter une valeur éducative. Au début des années 90, Annie Sprinkle est la première à promouvoir une éducation sexuelle via des projets pornographie. Son documentaire, produit avec Maria Beatty, « The Sluts and Goddesses Video Workshop. Or How To Be A Sex Goddess in 101 Easy Steps » se construit comme un tutoriel montrant diverses techniques sexuelles à destination des femmes pour « libérer leur pouvoir sexuel »52. Aujourd’hui, la plateforme Sex School Hub53 promeut l’importance d’une éducation

sexuelle explicite notamment faite par des travailleureuses du sexe. Elle propose des vidéos explicatives où la sexualité explicite est montrée et commentée. Un formulaire permet également au public d’envoyer ses questions. Ces actions lancent la question d’une pornographie éducative qui serait accessible aussi facilement et gratuitement que la pornographie traditionnelle.

Un deuxième aspect qui pourrait être développé est une question issue d’une conférence sur la pornographie à laquelle j’ai assisté en septembre 2019. Une personne, qui produit elle-même de la pornographie critique, avouait être plus excitée par la pornographie mainstream. Je me suis donc

52 https://film-makerscoop.com/catalogue/maria-beatty-sluts-and-goddesses-video-workshop-or-how-to-be-a-g 53 https://sexschoolhub.com/age-gate/null

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demandé si la production de films critiques devrait s’accompagner d’un réapprentissage du désir. Mais peut-on réapprendre le désir ? Si oui, pas quels moyens ? Les jeunes générations seront-elles confrontées dans le futur à des représentations moins binaires et réductrices des sexualités que nous l’avons été ? Les questions des représentations et du consentement sont au cœur des luttes militantes queer féministes d’aujourd’hui et comme le souligne Paul B. Preciado « Une révolution sexuelle est toujours une transformation de l’imaginaire, d’images et d’histoires qui mobilisent le désir » (Preciado 2015). Quelles seraient alors aujourd’hui les conditions matérielles de transformation du désir ?

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Annexes

Guide d’entretien

Manifeste collectif suisse Manifeste collectif belge Manifeste collectif français

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Annexe 1 : Guide d’entretien

1. Présentation, parcours biographique

Est-ce que tu peux me dire ton âge et ton parcours ? Ce que tu as fait comme étude ? 2. Engagement dans le collectif

Est-ce que tu peux me décrire ce que vous produisez, comment tu le qualifies ? C’est quoi la pornographie pour toi ?

C’est quoi les différents types de pornographie qui existent ? Comment tu en es venue à vouloir parler de sexualités ?

Pour toi c’est important de parler des sexualités de manière publique ? Ø Pourquoi ?

Comment tu en es venue à t’engager là-dedans, à rentrer ou créer ce collectif ? Et pourquoi l’envie de le faire en groupe ?

3. Mise en œuvre pratique

Comment vous choisissez vos thèmes dans ton collectif ? Comment vous construisez vos scénarios ?

Qu’est-ce que vous montrez, pourquoi, comment ? Qui participe aux décisions ?

Est-ce qu’il y a une volonté d’exposer d’autres formes de représentations, d’autres modalités narratives, d’autres corps, d’autres sexualités ?

Comment vous abordez la place du désir et du plaisir ? 4. Mise en scène de soi

Vous êtes à la fois, réalisatrice, scénariste, actrice, comment tu en es arrivée à te mettre en scène dans vos productions ?

5. Diffusion

Comment est-ce que vous diffusez vos films ? Médias Festivals Internet Contact Ø Question de la censure ? 6. Fonds

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Annexe 2: Manifeste collectif suisse

Nom du collectif suisse is a fluid collective, an incubator for pornographic productions.

Nom du collectif suisse shows the bodies with greed. Our oil is sweet and perfumed, it fluidifies textures, proposes itself hot or cold, makes hair shiny and transforms friction into fusions.

CONSENT


We strongly support a sexual education based on consent and pleasure. The performers, the filming and mediation team together constitute the project on the basis of shared intentions and ideas.

SAFE SPACE


The collective is comitted to ensuring the safety of performers throughout the production

process. The shooting time must be a safe space for the performers as well as for the film crew.

REPRESENTATIONS


We are comitted to representing sexualities and bodies in their diversity. The films presented by Le collectif suisse tends to demystify certain so-called dissident practices, but also highlight what is similar to “classic“ habits. All the bodies are beautiful.

ETHICS


We work with people and organizations who share values aimed at respecting the integrity of each human being. This is reflected in the remuneration of the people involved, the application of the right of inspection, healthy and rewarding working conditions, attentive listening and the promotion of the word of the performers. All productions claimed by Nom du collectif suisse include this code of ethics, whether implicit or explicit in the object produced.

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Annexe 3 : Manifeste collectif belge

NOUS

trouvons primordial de s’emparer des images pornographiques où sont souvent oubliées les représentations des minorités. Il apparaît évident que le porno est régi par et pour les hommes cis hétéro qui sont encore et toujours les premiers privilégiés.

NOUS

avons presque toustes incarné chaque rôle (performeurses, cadreurses, monteureuses, technicien.nes son, scénaristes).Il était important pour chacun.e.s de se familiariser avec les différents points de vue