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L’origine sociale et l’éducation 68

4.2 Analyse de la relation entre l’origine sociale, l’éducation et l’emploi 68

4.2.1 L’origine sociale et l’éducation 68

Le tableau 1, touchant l’origine sociale et l’éducation chez les hommes, montre les fréquences relatives obtenues à la suite du croisement des données. Sur un total de 5 380 hommes ayant répondu à l’enquête, 4 357 furent conservés après analyse. Tout groupe d’origine sociale confondu, les « faiblement scolarisés » regroupent plus de la moitié des répondants (58,5 %) comparativement aux « hautement scolarisés », ceux- ci ne représentant que 6,4 % des répondants. Seulement 17,1 % des hommes étaient titulaires d’un diplôme supérieur ou égal au baccalauréat, comparativement aux titulaires et non-titulaires d’un diplôme d’études secondaires (58,5 %). Uniquement pour l’origine sociale « inférieure », la différence entre les « faiblement scolarisés » et les « hautement scolarisés » est, tout de même, importante; 71,5 % pour les « faiblement scolarisés » comparativement à 2,1 % pour les « hautement scolarisés », soit une différence de 69,4 points de pourcentage. Nous trouvons une différence moins marquée pour l’origine sociale « supérieure », 42,9 % des hommes étaient « faiblement scolarisés » comparativement à 13,9 % pour les « hautement scolarisés », soit une différence de 29,0 points de pourcentage. Nous observons, conséquemment, une surreprésentation de l’origine sociale « inférieure » parmi les « faiblement scolarisés » et, inversement, une surreprésentation, parmi les « hautement scolarisés », de l’origine sociale « supérieure ».

Compte tenu du tableau 1, il nous apparaît évident que l’inégalité sociale en éducation n’est toujours pas un « fossile sociétal », l’origine sociale, dans le cas des hommes, affectant grandement la poursuite des études dès le baccalauréat - « moyennement scolarisés II » - et elle affecterait d’autant plus les hommes désireux de poursuivre leurs études au-delà du baccalauréat. Ainsi, sur 1 062 répondants d’origine sociale « supérieure », 19,8 % d’entre eux obtinrent un baccalauréat et 13,9 % furent titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. En comparaison, pour

l’origine sociale « inférieure » comprenant 1 072 répondants, 6,4 % des hommes de ce groupe avaient obtenu un baccalauréat et seulement 2,1 % obtinrent un diplôme supérieur au baccalauréat. Nous obtenons, conséquemment, une représentation trois fois plus élevée des hommes provenant de l’origine sociale « supérieure » dans les « moyennement scolarisés II » et une représentation sept fois plus élevée pour les « hautement scolarisés ». Globalement, pour la relation entre l’origine sociale et l’éducation, nous obtenons p < 0,001 et une valeur de γ = 0,316.

Tableau 1 : L’origine sociale et éducation chez les hommes de 25 à 64 ans, au Canada

ORIGINE SOCIALE ÉDUCATION TOTAL Faiblement scolarisés Moyennement scolarisés I Moyennement scolarisés II Hautement scolarisés % N Inférieure 71,5 20 6,4 2,1 100 1072 Moyennement inférieure 62,6 25,9 7,5 4 100 1338 Moyennement supérieure 55,3 28,8 9,6 6,3 100 885 Supérieure 42,9 23,4 19,8 13,9 100 1062 TOTAL 58,5 24,4 10,7 6,4 100 4357

Source : Enquête sociale générale, cycle 9, 1994, calcul de l’auteur.

Tel que nous pouvons l’observer dans le tableau 2, l’inégalité sociale en éducation touche également les femmes. Sur 6 496 répondantes, 5 123 femmes furent conservées pour les fins de notre analyse. Indépendamment du groupe d’origine sociale, nous retrouvons, tout comme pour les hommes, une surreprésentation des femmes dans la catégorie « faiblement scolarisées » comparativement à toutes autres catégories éducationnelles. Les femmes « faiblement scolarisées » représentaient 60,0 % des répondantes comparativement à 3,7 % pour les femmes « hautement scolarisées », soit une différence de 56,3 %. Un écart, de moindre ampleur (17,8 %), s’observe également chez les femmes des catégories éducationnelles « moyennement scolarisées I » et « moyennement scolarisées II », tous deux ayant, respectivement, 27,1 % et 9,3 % des femmes moyennement scolarisées.

Pour les femmes provenant de l’origine sociale « inférieure », celles étant « faiblement scolarisées » représentaient 70,8 % des femmes de ce groupe comparativement à celles étant « hautement scolarisées », celles-ci ne représentant que 1,3 % de ce groupe. Pour la catégorie éducationnelle « moyennement scolarisées II », les femmes d’origine sociale « inférieure » ne représentaient que 4,6 % de ce groupe. À l’opposé, pour les femmes ayant une origine sociale « supérieure », 44,9 % d’entre elles étaient « faiblement scolarisées » alors que 7,6 % des femmes de ce même groupe d’origine sociale furent « hautement scolarisées ». Les femmes d’origine sociale « supérieure » ayant atteint la catégorie éducationnelle « moyennement scolarisées II », soit le baccalauréat, ne représentaient que 17,5 % de ce groupe.

Tableau 2 : L’origine sociale et l’éducation chez les femmes de 25 à 64 ans, au Canada

ORIGINE SOCIALE ÉDUCATION TOTAL Faiblement scolarisées Moyennement scolarisées I Moyennement scolarisées II Hautement scolarisées % N Inférieure 70,8 23,2 4,6 1,3 100 1361 Moyennement inférieure 64,5 25,9 7 2,6 100 1601 Moyennement supérieure 54,8 30,6 10,3 4,3 100 1062 Supérieure 44,9 30 17,5 7,6 100 1099 TOTAL 60 27,1 9,3 3,7 100 5123

Source : Enquête sociale générale, cycle 9, 1994, calcul de l’auteur.

Malgré la progression relative du taux d’accès des femmes à l’éducation supérieure selon l’origine sociale, il demeure que seulement 25,1 % des femmes d’origine sociale « supérieure » obtinrent un diplôme égal ou supérieur au baccalauréat comparativement à 33,7 % des hommes de même origine sociale. Ainsi, tout comme pour les hommes, l’origine sociale joue encore un rôle déterminant quant à la poursuite des études, cette influence de l’origine sociale touchant davantage les

femmes que les hommes. Globalement, la relation, pour les femmes, entre l’origine sociale et l’éducation est significative avec p < 0,001 et γ = 0,290.

Conséquemment, deux conclusions peuvent être tirées des données analysées concernant la relation entre l’origine sociale et l’éducation. D’une part, le Canada, en 1994, était constitué, tant chez les hommes que chez les femmes, d’une plus grande proportion de personnes « faiblement scolarisées » et d’une proportion similaire d’hommes et de femmes « moyennement scolarisés I ». La proportion chute grandement pour les individus « moyennement scolarisés II » et encore plus pour les personnes « hautement scolarisées ». D’autre part, nous constatons que l’inégalité sociale en éducation était toujours présente, la surreprésentation, au niveau des études universitaires, de l’origine sociale « supérieure », tant chez les hommes que chez les femmes, fut bien illustrée. Sans oublier le fait que l’inégalité de genre en éducation était également présente, les hommes étant davantage présents que les femmes dans les études universitaires. Bref, les études universitaires étaient l’apanage des hommes d’origine sociale « supérieure ».