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C onsommation et épargne

Consommation et épargne

–  la consommation différée qui donnera lieu à une désépargne (au moment de la trans-formation de l’épargne en consommation) ;

–  la précaution pour faire face à des dépenses aléatoires ;

– la constitution d’un patrimoine.

On différencie aussi l’épargne selon que son horizon est proche ou lointain :

–  l’épargne liquide correspond au motif de précaution et de consommation différée. On la retrouve le plus souvent dans des dépôts à vue et des comptes sur livrets ;

– l’épargne longue a en général un objec-tif patrimonial et s’oriente soit vers des acobjec-tifs réels (épargne non financière) soit vers des actifs financiers (épargne financière sous forme d’actions, d’obligations, d’actions de sociétés d’investissement à capital variable, de contrats d’assurance-vie).

Au niveau macroéconomique, en comp-tabilité nationale, l’épargne est le solde du compte d’utilisation du revenu disponible (ou du compte d’utilisation du revenu disponible ajusté). La comptabilité nationale calcule l’épargne nette en retranchant de l’épargne brute la consommation de capital fixe.

Évolution et transformations

de la consommation et de l’épargne

L’évolution de la consommation, de l’épargne privée et de l’épargne nationale

La hausse de la consommation est une ten-dance lourde au sein de diverses économies. L’évolution de la consommation est liée pour l’essentiel à l’évolution des revenus et aux anticipations des ménages. Quand le rythme de croissance du revenu ralen-tit, les ménages cherchent, au moins dans un premier temps, à maintenir le rythme de croissance antérieur de la consommation en réduisant leur taux d’épargne. Quand les ménages sont inquiets pour l’avenir (risque de chômage notamment), ils ont tendance à accroître leur épargne de précaution.

Les variations de l’épargne privée (celle des ménages et des entreprises) et de l’épargne publique (celle des administrations publiques) ont été fortes dans les pays de l’Organisation de coopération et de déve-loppement économiques (OCDE). Les taux d’épargne varient beaucoup d’un pays à

l’autre en fonction du contexte économique et des caractéristiques institutionnelles. C’est ainsi que le taux d’épargne est élevé au Japon et en Chine et faible aux États-Unis.

Lorsque le taux d’épargne augmente, cela est souvent lié à un accroissement de l’épargne de précaution. En effet, dans cer-tains cas, l’inquiétude des ménages face au ralentissement de la croissance écono-mique et à la montée du chômage conduit à une hausse du taux d’épargne. C’est ce qui s’est passé au cours de la crise des

subprimes. Selon B. Bernanke, au début des

années  2010, l’économie mondiale souffre d’un excès global d’épargne, ce qui explique le faible niveau des taux d’intérêt.

Même si les comparaisons internationales de taux d’épargne doivent être réalisées avec prudence, les données permettent de mon-trer que certains pays ont une épargne supé-rieure à leur formation brute de capital fixe (FBCF) et ont donc une capacité de finance-ment. Ils doivent placer des capitaux dans le reste du monde (ce fut le cas de la France avant 1914, du Japon dans les années 1970-1980, de la Chine aujourd’hui). D’autre pays ont un besoin de financement et doivent emprunter des capitaux sur le marché mon-dial (c’est le cas des États-Unis). On a ainsi une explication des flux mondiaux de capi-taux et des déséquilibres des balances de paiements.

L’évolution de la structure de la consommation

Dès le xviiie siècle, de grandes études empi-riques sur la consommation ont été conduites, comme l’enquête de S. Vauban (1633-1707) en France ou celle de D. Davies publiée en Angleterre en 1795. Au xixe siècle, les études sur la consommation sont marquées de préoccupations hygiénistes, morales ou politiques, mais les travaux de statistiques sociales ont fourni des matériaux abondants. L’étude d’E.  Engel (1821-1896) publiée en 1857 est sans doute la plus connue. Dans les années  1960, l’étude du comportement du consommateur s’est constituée en tant que discipline de recherche avec les études de P.  Lazarsfeld (1906-1976) au sein de l’uni-versité de Columbia ou celles de G. Katona

Consommation et épargne

(1901-1981) au Michigan Survey Research Center sur la mesure des attitudes et des attentes des consommateurs.

La croissance économique s’est accompa-gnée d’une modification de la structure des dépenses de consommation des ménages classées par grands postes de consommation. Cette structure se modifie peu d’une année sur l’autre mais on observe certains change-ments sur le long terme :

– les dépenses consacrées à l’alimentation augmentent moins vite que la consommation totale ;

–  les dépenses d’habillement augmentent moins vite que la consommation totale ;

–  les dépenses pour le logement sont dynamiques et progressent plus vite que la consommation totale.

Sur le long terme, la part des dépenses tra-ditionnelles (produits alimentaires, boissons, habillement), hors logement, a diminué de près de la moitié dans le budget des ménages. On observe un important glissement de la consommation vers les services au détriment des biens durables et non durables. Cela s’ex-plique notamment par l’augmentation très sensible des dépenses en services de loge-ment (paieloge-ment des loyers).

Les facteurs explicatifs

de l’évolution de la consommation

L’explication majeure de la transformation de la structure de la consommation est liée d’une part à l’évolution du pouvoir d’achat, d’autre part à l’évolution de la structure des prix relatifs.

L’évolution de la consommation est aussi liée, dans une optique schumpétérienne, aux transformations de l’offre. Certains produits bénéficient d’innovations techniques et d’une baisse des coûts de production. L’accroisse-ment des volumes produits favorise les éco-nomies d’échelle et la baisse du prix relatif de certains produits dont la consommation se diffuse alors qu’ils étaient considérés comme luxueux à une période antérieure. Par ail-leurs, l’augmentation du revenu moyen favo-rise la consommation des biens supérieurs dont l’élasticité-revenu est supérieure à 1. La société de consommation de masse repose sur la production en grande série de produits

standardisés et sur un accroissement des taux d’équipement en biens durables.

Dans une optique hétérodoxe, l’évolution des stratégies des entreprises fait évoluer la demande. Pour J. K. Galbraith (Le nouvel État industriel, 1967), dans les pays développés à économie de marché, l’évolution de la struc-ture des marchés (tendance à l’oligopole) affecte l’évolution des prix relatifs. Contrai-rement à la filière « normale » qui suppose le règne du consommateur, une filière inver-sée se développe avec la concentration des entreprises et les intérêts stratégiques du management d’entreprise (capitalisme managérial). Le consommateur, conditionné par la publicité, les caractéristiques du pro-duit, l’emballage, etc., est en fait « un roi déchu » qui achète ce que les entreprises ont décidé de produire et de vendre.

Certaines analyses donnent à penser qu’à terme, une certaine homogénéisation de la consommation des ménages est à l’œuvre avec l’évolution des niveaux d’équipement en biens durables, la généralisation du mode de vie urbain et l’accès à une consomma-tion de produits standardisés symbolisée par des produits vendus à l’échelle mondiale (le Coca-Cola, le Big Mac, le jean, etc.). Cepen-dant, cette analyse est contestable. D’une part, elle s’applique, dans le meilleur des cas, aux pays industrialisés et aux couches favorisées des pays en développement. D’autre part, on constate une diversification des pratiques de consommation en fonction de la catégorie sociale, de l’âge, du sexe, de la composition du ménage, de l’habitat, etc.

La composante symbolique de la consom-mation analysée par Th. Veblen (1857-1929) dans son ouvrage La théorie de la classe de loisir (1889) éclaire le rôle du statut social dans les comportements de consommation (effet de démonstration). Pour P.  Bour-dieu (1930-2002), tout individu est doté d’un « capital culturel », d’un « capital éco-nomique » et d’un « capital social » qui se combinent pour produire des types de consommation différents selon les profes-sions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Un commerçant dispose d’un capital économique aussi important qu’un cadre supérieur mais d’un capital culturel souvent plus faible, ce qui induit des structures de

consommation différentes même pour des revenus proches. De même, pour C. Baude-lot et R.  Establet (M. Halbwachs  : consom-mation et société, 1994), «  les modes de consommation prennent leurs racines dans les exigences de la vie professionnelle ». Les normes de consommation singularisent les budgets des ménages selon les catégories sociales. Lorsque l’ouvrier spécialisé rejoint le niveau de consommation qui était celui du cadre plusieurs années  auparavant, il conti-nue d’avoir un budget spécifique, ce qui res-treint la portée de la loi d’Engel.

Les effets de signe sont importants : si on porte le « jean » dans toutes les catégories sociales, certains proviennent des boutiques de luxe et portent des griffes prestigieuses alors que d’autres sont issus des rayons des hypermarchés.

En conséquence, des groupes de consom-mateurs peuvent rechercher le prix le plus bas pour certains biens, se focaliser sur la fonctionnalité des produits pour d’autres biens, être attachés à la représentation symbolique et à l’univers créé au fil des ans par les marques pour d’autres biens.

Approches théoriques

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