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(Erismature rousse, Bernache du Canada, Ouette d’Eg ypte, Ibis sacré)

A. Techniques de capture, d’éradication, de contrôle des

d’autres espèces comme le goéland argenté en ville. Ce protocole est donc assez au point. Le protocole consiste à asperger finement un produit contenant de la glycérine qui étouffe l’œuf et du formol qui lui permet de ne pas pourrir. Les adultes continuent à couver alors des œufs morts et finissent par abandonner le nid suffisamment tardivement pour qu’il n’y ait pas une deuxième tentative de reproduction (LE LAY 2002 ; CADIOU et al. 2002 in CLERGEAU et al. 2005). Cette technique est effectivement au point pour le milieu urbain, mais il n’est pas envisageable de disperser des produits chimiques en milieu naturel. C’est pourquoi, dans le Parc Naturel Régional de Brière cette méthode est délaissée au profit du perçage des œufs avec par exemple une aiguille à tricoter. Si l’opération est conduite assez tardivement, il n’y a pas de ponte de remplacement (P.YESOU. Com. pers.). Ce sont les deux techniques d’intervention les plus utilisées.

L’autre intervention concerne la destruction des jeunes au nid. Cette procédure présente l’avantage de ne pas utiliser de produit chimique et de contrôler directement les oiseaux détruits. Si l’intervention est assez tardive dans la période de reproduction, alors il n’y aura pas de deuxième couvaison. L’inconvénient de ce type d’intervention est de devoir tuer les jeunes oisillons au nid (problèmes psychologiques et techniques de l’euthanasie des oiseaux que ce soit pour les particuliers comme pour les intervenants) et peut-être de perturber les oiseaux présents dans la colonie (déclenchement d’autres comportements inattendus ?).

(CLERGEAU et al. 2005).

Outils de suppression des adultes :

L’éradication des adultes peut être organisée par tir sélectif sur les sites qui tiennent compte de la biologie des espèces, comme les sites de regroupement, de nourrissage, etc. Il est possible, de mêler le tir au fusil, tir à la carabine (tir précis et donc sélectif ; avec modérateur de son, petit calibre et charge réduite) et carabine plus puissante (type 222 si le tir fichant est possible) sur certains sites et bandes d’oiseaux au sol. Le choix du matériel peut être fait par l’organisme chargé de la destruction (généralement l’ONCFS) en fonction des conditions de tir et de l’efficacité attendue (rechercher à ne pas effrayer tous les oiseaux en début d’intervention) (CLERGEAU et al. 2005).

La capture grâce à l’utilisation de filet est aussi envisageable.

Concernant les Ibis, l’éventualité de captures massives au « cannon-net », en particulier sur prairies ou sur les décharges, pourrait être examinée bien qu’en France on manque de manipulateurs expérimentés de ce matériel. De plus, la mise en place de ce matériel est assez compliquée et pas forcément efficace (CLERGEAU et al. 2005).

Concernant la bernache de Canada, la capture grâce à des filets utilisés manuellement, est aussi possible, mais n’est réellement efficace que sur la période de juillet à août car les bernaches ne sont pas volantes à cette saison (PIOGER ; 2010).

Comme pour l’intervention sur la reproduction (oisillons et œufs) le traitement chimique n’est pas envisageable en milieu naturel car il n’est pas sélectif et entraine de graves impacts environnementaux.

Effarouchement et techniques dissuasives : Spécifique à la bernache du Canada :

Les techniques d’effarouchement sont souvent mises en place dans les zones urbaines :

- Interdire le nourrissage des bernaches dans les parcs. Il ne faut jamais commencer à les nourrir. Les bernaches résidentes sont opportunistes. Elles reviennent généralement aux endroits où la nourriture est facilement acces sible. (Service canadien de la faune, 2008)

Modifier la structure des zones humides urbaines pour les rendre inhospitalières :

- La réduction de la fertilisation des pelouses permet de réduire la valeur nutritive des fourrages. En effet, les bernaches du Canada préfèrent une alimentation riche.

- Diminuer la surface des terrains gazonnés en plantant des arbres et des arbustes : les bernaches ont besoin de voir loin pour se sentir en sécurité (Service canadien de la faune, 2008).

- Laisser pousser l’herbe jusqu’à 15 cm de hauteur. Les besoins énergétiques des bernaches sont moins bien comblés par un gazon long, fibreux et faible en protéines (Service canadien de la faune, 2008)

- Couper l’accès à l’eau, ou le rendre plus difficile, par exemple avec des barrières végétales ou artificielles, empêche les bernaches d’accéder à l’eau, pour boire et échapper aux prédateurs (Service canadien de la faune, 2008).

Pour tous les oiseaux :

Effarouchement sonore ou visuel :

L’utilisation de ces techniques montre une efficacité limitée dans le temps et une dispersion des oiseaux. Il semblerait que ce dérangement permanent des oiseaux permette de perturber le budget temps des oiseaux et donc d’affaiblir l’espèce. Cependant, chaque espèce est différente et donc ne réagit pas de la même façon aux perturbations. Ces méthodes sont généralement peu sélectives, hormis peut être le fusil laser.

Un point important à évoquer est que to utes ces méthodes d’éradication ou d’effarouchement entrainent l’éclatement des colonies, leurs déplacements et donc la création de nouveaux noyaux de reproducteurs sur d’autres sites, qui peuvent entrainer de nouveaux risques sur le milieu naturel.

B. Propositions de gestion indirecte des oiseaux

Une espèce gérée : le cas particulier de l’érismature rousse :

En France, c’est fin 1996 que l’élimination de l’espèce a été décidée par le ministère chargé de l’environnement, assisté d’un comité de pilotage. En effet, la France se situait entre l’importante population britannique d’érismatures rousses et l’Espagne, derniers refuges européens de l’érismature à tête blanche et cette position charnière lui donnait une grande importance quant aux mesures de contrôle à prendre.

Face à des oiseaux capables de grands déplacements rapides, seule une action conce rtée internationale pouvait contrecarrer son introduction mais dans notre cas elle s’est mise en place difficilement : la France fait partie des pays tiers et a donc réagi beaucoup moins rapidement que l’Espagne et l’Angleterre, n’étant pas directement touchée et ne s’es timant pas responsable du problème. Pourtant, de par sa position géographique, elle était et peut toujours être à l’origine d’une éventuelle expansion, s’il s’installait une population nicheuse d’érismature rousse (Perennou, 1996 in NEPVEU, SAINT-MAXENS. 2002).

C’est donc pour ces raisons et surtout grâce au projet de réintroduction de l’érismature à tête blanche en Corse que la France a décidé d’agir par différents moyens (Perennou, 1996 in NEPVEU, SAINT-MAXENS. 2002) :

- La mise en place d’un réseau d’observation, avec centralisation des données au niveau national par le comité d’homologation.

- Des interventions par tir, coordonnées par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et réalisées par des agents assermentés (brigades mobiles d’intervention, gardes nationaux, personnels assermentés des réserves naturelles) en fonction des données d’observations arrivées au centre opérationnel.

- La sensibilisation des observateurs potentiels d’individus sur la nécessité d’ « éradiquer » cette espèce, compte tenu des risques de pollution génétique. La France joue le rôle de barrière en raison de sa position géographique par rapport à l’Espagne et a, de ce fait un rôle important à jouer. Il est donc crucial que les observations effectuées puissent donner lieu à des destructions, ce qui implique la compréhension et l’adhésion des ornithologues à cette démarche.

- La prévention de l’introduction dans la nature d’oiseaux en provenance d’élevages. La France a pour le moment privilégié la sensibilisation et la prévention par rapport à la voie réglementaire (interdiction de l’élevage par exemple). C’est ainsi qu’une information a été adressée aux éleveurs par l’association Aviornis, incitant à ne plus élever cette espèce et à prévenir son introduction involonta ire dans la nature en éjointant tous les individus (Collectif, 2000 in NEPVEU, SAINT-MAXENS. 2002).

Aujourd’hui l’Angleterre n’est plus une source de dispersion d’érismature rousse. En effet, elle a mis en place un plan d’éradication financé en partie par l’Europe qui a permis d’éliminer quasiment toute la population présente au Royaume Uni. En 2000, elle comptait environ 6000 oiseaux, en 2005 lors du lancement du programme d’éradication environ 4000.

En 2011 il ne persiste qu’une centaine d’oiseaux et donc le Royaume Uni n’exporte plus d’érismature rousse.

Le réseau d’observation et la centralisation des données au niveau national ne fonctionnent plus en 2011. L’érismature rousse n’est pas recherchée ni suivie spécifiquement. Quelques données sont recensées par l’ONCFS régional qui possède un réseau d’observation d’oiseaux d’eau (Com. pers. L. SIMON).

Les interventions par tir sont toujours effectuées par les agents de l’ONCFS quand ils rencontrent une érismature rousse.

Actuellement une réflexion est lancée au niveau ministériel pour décider du devenir de la gestion de cet oiseau (Com. pers. L. SIMON).

Cette espèce est donc aujourd’hui assez bien gérée. Quelq ues propositions d’amélioration peuvent cependant être formulées et seront explicitées ci-dessous.

Réseaux et communication :

La notion de mise en réseaux et de centralisation des données est très importante. Elle à déjà été évoquée pour le cas des écrevisses mais doit être transférée à toutes les espèces invasives. Concernant l’érismature, le réseau préexistant pourrait être réactivé, voire élargi à l’ensemble des oiseaux exotiques envahissants.

L’implication des fédérations de chasses pour la gestion de ces espèces d’oiseaux invasifs pourrait être une piste de réflexion intéressante. En effet, ils sont régulièrement en contact avec les propriétaires d’étang et gèrent de nombreux plans d’eau à but cynégétique. Le réseau des fédérations de chasses pourrait être utilisé. Il est donc envisageable de sensibiliser ces propriétaires face aux problèmes que peuvent causer ces oiseaux. De plus, les propriétaires d’étangs peuvent faire remonter rapidement auprès de leur fédération de chasse les observations et ainsi assurer une détection précoce. Une formation dispensée aux propriétaires d’étang permettrait une bonne identification des espèces invasives.

Quelques acteurs parfaitement sensibilisés pourraient sans doute être autorisés ponctuellement à tirer ces oiseaux afin de mieux contrôler les potentielles invasions. Chaque tir devra faire l’objet d’une note auprès de l’ONCFS afin de garantir un bon suivi de ces espèces.

La LPO de Sarthe montre une forte préoccupation concernant l’ibis sacré ainsi que l’érismature. Ils sont conscients que ces oiseaux sont un réel risque pour les oiseaux autochtones. Ils sont aussi assez bien informés sur la bernache car ils peuvent l’observer facilement. Il faut donc les informer plus amplement sur les risques que peut présenter l’ouette afin qu’ils comprennent mieux les mesures qui pourraient être prises.

Réglementation :

L’érismature fait l’objet d’un arrêté ministériel permanent autorisant sa destruction. Ce n’est pas le cas pour l’ouette d’Egypte, l’ibis sacré ni pour la bernache du Canada. La bernache du Canada étant présente dans le département de la Sarthe, son tir par les agents de l’ONCFS, avec le soutien des louvetiers si nécessaire, est autorisé par un arrêté préfectoral permanent et permet de répondre à des problèmes généralement ponctuels. Pour l’ouette d’Egypte et l’ibis sacré, aucun arrêté n’est pris en Sarthe car ces deux oiseaux sont peu observés. Quelques individus d’ibis sacré s’étaient échappés d’un parc en 2005 et l’ouette d’Egypte est régulièrement observé mais en petit nombre. De ce fait, il n’est pas possible aux agents de l’ONCFS de tirer légalement ces deux oiseaux.

Prendre chaque année un arrêté en plus de la bernache pour ces deux oiseaux serait probablement un bon choix afin de mieux contrôler leur expansion. Il est même envisageable de mettre en place un arrêté permanent concernant ces espèces au même titre que l’érismature. Ce dispositif assurerait une réactivité forte afin de détruire rapidement les individus, ou les tentatives de reproduction afin d’éviter toute colonisation des milieux. Il pourrait être judicieux de donner aux agents de l’ONCFS les moyens d’agir sur ces espèces même quand celles-ci n’ont pas encore été détectées.

En association à ces opérations de destruction, il est impératif de mettre en place des protocoles de suivis afin de vérifier la portée de l’action, l’état des populations, etc.

Concernant en particulier la bernache du Canada, les effectifs en Sarthe ne sont pas trop élevés et donc une éradication semble possible. Les agents de l’ONCFS interviennent régulièrement sur cette espèce pour l’éradiquer et réduire les nuisances qu’elle peut occasionner. Pourtant une petite population reste en place par manque de temps ainsi que de moyens humains et matériels. Il existe, de plus, en Sarthe au moins un étang privé, où le propriétaire conserve à l’état sauvage des bernaches du Canada.

Il devrait être donné aux agents de l’ONCFS les moyens d’engager la destruction de cette espèce jusqu’au bout, pour le territoire où ils ont juridiction. En effet, la gestion d’une espèce et donc en l’occurrence le tir annuel de bernaches du Canada coûte beaucoup plus cher à long terme que l’éradication à une période donnée. Dans tous les cas, le tir des individus provenant de la reproduction des plans d’eau privés sera toujours moins chronophage que de tirer en plus les oiseaux issus de la reproduction des colonies « sauvages » laissées l’année précédente.

Se pose alors la question des oiseaux sauvages s’installant d’eux même sur les étangs privés.

Aujourd’hui la détention d’animaux non domestiques est réglementée mais uniquement pour les oiseaux provenant d’élevage ou dont le propriétaire est identifié.

Si un propriétaire d’étang souhaite conserver une espèce d’oiseaux à l’état sauvage, il serait souhaitable qu’il ait le devoir de limiter la reproduction afin d’éviter toute introduction dans les autres milieux alentour. Dans l’autre cas, qu’il ait le devoir d’effaroucher ces espèces invasives et s’il le souhaite faire intervenir l’ONCFS, pour que des tirs sélectifs soient organisés.

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