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pathologies psychiatriques au camp Zaatari

III. Chapitre 3 : analyse et discussion

3.3. Les moyens thérapeutiques utilisés :

La prise en charge thérapeutique des consultants est basée sur le traitement pharmacologique et la psychothérapie ; elle se fait le plus souvent en ambulatoire avec des rendez-vous ne dépassant pas les cinq jours suivie d’une dotation en psychotropes de courte durée en cas de besoin, privilégiant les produits avec une demi vie courte (62), alors que la psychothérapie a pour objectif d’amener le patient à verbaliser son affect et ses émotions (63,64)

a. Les psychotropes :

Dans le traitement pharmacologique on a eu recours à plusieurs classes :  les anxiolytiques : benzodiazépines (BDZ) et non benzodiazépines : L’indication des BDZ se pose pour les troubles anxieux, et en cas de sevrage thérapeutique.

les BDZ utilisés sont : l Oxazepam ( Serestra ) , Lorazepam ( Temesta) , Alprazolam( Xanax) , Bromazepam ( Lexomil ) et le Diazepam ( Valium ) .

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La classes des anxiolytiques non BZD renferment : surtout l’Hydroxyzine (Atarax), connue par sa demie vie courte de 6 à 8 heures, efficace dans les manifestations mineurs de l’anxiété.

 Les antidépresseurs :

 Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont les AD les plus utilisés pour leur efficacité et leur bonne tolérance .Ils sont aussi efficaces dans le traitement des troubles anxieux et plus particulièrement l’ESPT.

 Les antidépresseurs tricycliques (Imipramine ou Amitriptyline) prescrits à dose progressive jusqu’ à une dose maximale, avec surveillance des effets secondaires et respect des contre-indications.

 les autres :

Quelques neuroleptiques dits antipsychotiques à savoir la Lévomépromazine et L’olanzapine...etc.

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b. Les psychothérapies :

 L’approche psycho dynamique : a pour rôle le fait de mettre l’accent sur le transfert et le contre-transfert , favoriser l’expression et le support , aborder la sécurité du patient en se focalisant sur le trauma et les schémas cognitifs associés .( 63 ,64 ) pour certain patients c’est à travers des écrits illustrés dans lesquels ils verbalisent leurs vécus ( 65, 66 )

 Les thérapies de groupe – thérapies familiales :

Développement des thérapies de groupe remonte aux années 70 .Ils permettent aux victimes d’exprimer leur sentiments et affects (expression du non dit familial), elles constituent un espace de psychoéducation dans une ambiance de sécurité et de convivialité et contribue avec le traitement pharmacologique à une meilleure tolérance (Rosenheck et al. 1998).

Le travail de verbalisation de leur vécu est un premier temps de reconstruction de leur mémoire après les profondes perturbations qu’ils ont traversées (61) .

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Figure 10 : poésie écrite par l’un des consultants ou il exprime sa douleur et sa tristesse d’avoir quitté son pays et ses biens

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Figure 11 : « je n’ai pas peur de la mort, mais j’ai peur des larmes de ma mère »

Figure 12 : « je ne pardonnerais à ceux qui m’ont opprimés » Figures 11, 12 : tatouages et automutilations

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Figure 13 : dissertation rédigé par un patient ou il explique une scène de torture, Crucifixion, violence physique et harcèlement.

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 la particularité de la prise en charge psychiatrique des enfants : Les enfants sont ramenés par leurs parents pour les motifs suivants :

Agitation , stéréotypies , répétitions gestuelles , accès de colère , replis brutale sur soi , prostration et abolie ( enfant silencieux , trop calme ) , énurésie (sans infections urinaires ) , troubles de conduites alimentaires , syndrome de répétition traumatique avec des cauchemars et des dessins répétitifs , la majorités des troubles avait un rapport avec les événements traumatiques vécus ou subis que cela soit un emprisonnement , des tortures , des viols , des enlèvements , des simulacres et d’ exécutions ou bien avoir été simple témoin impuissant d’exaction ( torture ou mort des proches ) , les difficultés scolaires suite aux troubles de l’attention et à l’ instabilités psychomotrice …

Les symptômes sont presque les mêmes rapportés par les enfants au Kosovo et à Gaza pris en charge par les psychiatres de l’armée marocaine lors des missions humanitaires.

L’étude de Thabet 2008 (67) sur l’effet de l’exposition à la guerre chez parents et enfants de Gaza, conclue que l’exposition au trauma de guerre touche aussi bien les parents que les enfants dont les réponses émotionnelles sont inter liées.

Une autre étude de Karam 2008 (68) sur les enfants et les adolescents exposés à la guerre libanaise note un pic des symptômes de la pathologie psychotraumatique à un mois de l’exposition ce qui encourage à recommander une prise en charge précoce des victimes. Dans le camp Zaatari, le recours aux psychotropes pour les enfants était rare. La médiatisation par le dessin permettait aux enfants traumatisés de mettre des mots sur le vécu et de verbaliser les affects

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douloureux. La thérapie de groupe et surtout familiale était effectuée vue son importance et son double bénéfice sur le couple parent /enfant.

Figure 14 Figure 15 Figure 14, 15: les enfants ramenés par leurs parents en consultation

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Figure 16 Figure 17

Figure 16 , 17 : Séance d’arthérapie en groupe .

Figure 18 Figure 19 Figures 18 , 19 : Séance d’arthérapie avec le psychiatre

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Figures 20, 21: dessins fait par un enfant représentant des scènes de bombardements de maison et d’exécutions

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4. Conclusion :

Dans notre étude nous avons essayé de faire une vue globale sur les différentes pathologies psychiatriques qui peuvent être rencontrées dans un camp de réfugiés.

Nous nous sommes concentrés sur quatre catégories : les troubles anxieux dont spécialement l’état de stress post traumatique, les troubles de l’humeur notamment les états dépressifs, les troubles somatoformes et les cas de toxicomanie et de personnalité pathologique.

Les données sur la prévalence des troubles mentaux couramment diagnostiqués chez des survivants, victimes de conflits armés est pratiquement

rare, nous avons pu comparer nos résultats avec ceux retrouvés dans la littérature et en tirer des conclusions qui peuvent être prise à titre indicatif.

L’activité psychiatrique et médico chirurgical marocaine au camp de réfugiés Zaatari en Jordanie a permis d’approfondir la reconnaissance de la situation du réfugié en tant que blessé psychique et avait apporté de l’ aide à des sujets souffrants tout en évitant de psychiatriser tout réfugié , en respectant la demande et les règles éthiques de la pratique dans ce genre d’interventions ,mais aussi tout en séparant l’approche psychothérapeutique qui repose essentiellement sur la verbalisation des affects de l’approche humanitaire.

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