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CHAPITRE II : LE MODELE CONCEPTUEL ET LES HYPOTHESES DE RECHERCHE

1. Modèle conceptuel

La Figure 18 présente notre modèle de recherche. Les recherches en management stratégique et en finance se sont généralement intéressées aux effets directs qui existent entre les fusions/acquisitions et la performance de l’entreprise, que ce soit la performance comptable (Ghosh, 2001; Korican et al., 2014) ou boursière (Andreou et al., 2012; Ramaswamy and Waegelein, 2003).

Notre modèle tient compte de l’existence de cette relation directe entre la F&A et la performance de l’entreprise. Cependant, nous considérons que les fusions & acquisitions influencent la performance des entreprises parce qu’elles ont un effet sur le niveau de satisfaction des clients, un autre indicateur de la performance opérationnelle d’une entreprise. En d’autres termes, la satisfaction des clients constitue une variable médiatrice dans la relation qui existe entre les fusions & acquisitions et la performance de l’entreprise. Nous considérons également que l’influence d’une F&A sur la satisfaction des clients est modérée par deux groupes de variables :

- le niveau d’expérience en matière de fusions & acquisitions atteint par l’entreprise, d’une part,

- les caractéristiques du principal secteur dans lequel opèrent les entreprises impliquées dans les fusions & acquisitions d’autre part.

37 Une hypothèse se définit comme une proposition provisoire qui anticipe une relation entre deux termes (concepts

ou phénomène). Elle demande donc à être vérifiée et elle doit être confrontée ultérieurement à des données d’observation (Van Campenhoudt and Quivy, 2011).

Nous contrôlons également l’influence d’un certain nombre de variables susceptibles d’impacter la satisfaction des clients et la performance. Ces variables sont au niveau de l’entreprise (exemple, la taille de l’entreprise, son niveau d’endettement) et au niveau sectoriel (exemple, le degré de concentration du secteur, son intensité en R&D).

Figure 18. Le modèle conceptuel de la recherche.

1.1 Justification des concepts du modèle

Nous distinguons entre performance comptable et performance financière pour plusieurs raisons :

Premièrement, la performance comptable est directement liée à l’amélioration opérationnelle qui résulte d’une F&A alors que la performance financière ou de marché peut l’être sans qu’il y ait eu amélioration opérationnelle. En effet, le marché financier peut simplement anticiper les résultats sur la base des caractéristiques de la F&A telles que l’expérience des entreprises impliquées, les synergies attendues ou encore la nationalité des entreprises. Ainsi, une F&A peut avoir un effet positif sur la performance financière sans pourtant qu’un effet similaire soit observé au niveau de la performance comptable. Dès lors, il est important de distinguer les deux afin de mieux apprécier les effets d’une F&A.

Valeur de l’Entreprise Stock Returns Performance comptable Returns on Assets

Les caractéristiques sectorielles

• Intensité capitalistique • Intensité concurrentielle • Intensité en R&D FUSIONS ET ACQUISTIONS Variables de Contrôle • Taille de l’entreprise • Endettement • Productivité Expérience de l’entreprise

• Expérience (cumul nombre de F&A

réalisées chaque année)

Satisfaction des clients Indice ACSI

Deuxièmement, les recherches existantes montrent que les deux types de mesures à savoir la performance comptable et la performance financière ont leurs propres limites en ce qui concerne l’appréciation des effets d’une F&A. Par conséquent, nous retiendrons les deux indicateurs de performance dans notre modèle afin de mieux apprécier les conséquences d’une F&A.

Nous considérons également que les fusions-acquisitions ont un impact sur la satisfaction. Cet impact explique en partie l’effet positif ou négatif d’une F&A sur la rentabilité de l’entreprise, dans ou la mesure la satisfaction a un lien positif avec la rentabilité de l’entreprise (Anderson et al., 1994; Anderson et al., 1997a) et le niveau de cash-flows générés par l’entreprise (Gruca and Rego, 2005a). Une F&A peut, selon la qualité de son intégration, avoir des effets sur le niveau de productivité de l’entreprise, les prix pratiqués par l’entreprise, et par conséquent la valeur perçue par les clients. Or, cette dernière constitue l’un des principaux déterminants de la satisfaction des clients (Anderson et al., 2004; E. W. Anderson et al., 1994).

Par ailleurs, de récentes publications semblent indiquer que la satisfaction des clients a également une relation positive avec un certain nombre d’indicateurs financiers tels que le stock returns ou rendements des actions (Tuli and Bharadwaj, 2009) et le Q de Tobin (Anderson et al., 2004). Dès lors, on peut s’attendre à ce que la satisfaction joue également un rôle médiateur par rapport à la performance financière. D’ailleurs, les chercheurs Luo and Bhattacharya (2006) ont testé la médiation de la satisfaction des clients sur la relation entre la responsabilité sociale d’une entreprise (RSE) et sa valeur marché.

Nous considérons que l’expérience cumulée par l’entreprise impliquée peut également atténuer les conséquences négatives ou accentuer les bénéfices d’une F&A sur la capacité à satisfaire les clients, à travers notamment l’amélioration de la productivité, grâce aux synergies ou économies réalisées.

Notre modèle considère également que les bénéfices et les coûts d’une F&A ne sont pas les mêmes selon le secteur dans lequel évolue l’entreprise. Cela s’explique par le fait que le principal canal par lequel passe l’impact d’une F&A est l’amélioration de l’efficience et de la productivité des opérations, qui lui permet ensuite d’améliorer la satisfaction des clients par l’amélioration de la valeur perçue (Fornell et al., 1996). Or, Anderson et al. (1997a) montrent que les effets de la productivité sur la satisfaction varient selon les secteurs. Dans les secteurs à forte intensité en main d’œuvre, par exemple, l’amélioration de la productivité peut s’opposer à une amélioration de la satisfaction des clients. Pour tester une telle possibilité, nous

considérons le rôle modérateur de quelques-unes des caractéristiques sectorielles les plus étudiées dans la littérature (Anderson et Salisbury 2003).

Enfin, notre modèle tient compte de l’influence directe des variables sectorielles et d’un certain nombre de variables spécifiques à l’entreprise sur la performance opérationnelle (satisfaction des clients), comptable et financière. En effet, les variables telles que le niveau d’endettement, la taille de l’entreprise, la productivité, et le niveau de rentabilité antérieure agissent sur la performance. La rentabilité est une information que les investisseurs intègrent quand ils évaluent les actifs d’une entreprise (Mizik and Jacobson, 2008).

La dette peut avoir des effets sur les efforts en matière de satisfaction dans la mesure où elle peut réduire la marge de manœuvre des managers. De même, le niveau de la dette est une information importante dans l’appréciation du risque et des rendements futurs car elle peut affecter le niveau de rentabilité de l’entreprise (performance comptable). La taille de l’entreprise présente un certain nombre d’avantages (économies d’échelle, réputation) qui peuvent déjà expliquer le niveau de satisfaction atteint par l’entreprise (Anderson et al., 1997a; Fornell, 1992), sa performance comptable et son appréciation par le marché financier (Fama and French, 1998).