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PARTIE I LES DONNÉES DES RADARS POLARIMÉTRIQUES ET LEUR

4. Les milieux humides, un aperçu général

Tel que mentionné en introduction, il est commun de classifier les terres humides en quatre classes générales : les tourbières, les marais et les marécages et les eaux peu profondes. Leurs principaux traits distinctifs sont revus brièvement dans ce chapitre.

4.1. Les tourbières

Une tourbière se développe sur un substrat généralement mal drainé où la production de matière organique excède le taux de décomposition (Payette, 2001a; Wieder et al., 2006) menant à l’accumulation d’une couche de matière non décomposée appelée tourbe (peat). L’épaisseur minimale de tourbe pour qu’un milieu humide soit considéré comme une tourbière ne fait pas l’unanimité. Selon Payette (2001a) une épaisseur minimale de 30 à 40 cm caractérise une tourbière. Au Canada, une épaisseur de 40 cm a été adoptée par le groupe de travail national sur les terres humides (NWWG, 1997) qui a produit le système canadien de classification des terres humides du Canada (voir plus loin). Cette norme prévaut également en Russie alors que 30 cm est la norme du côté européen (Vasander et Kettunen, 2006) et de certains organismes de conservation dont l’International Mire Conservation Group (Rydin et Jeglum, 2006). Il est à noter que dans la littérature anglaise on emploie les termes «peatland» et «mire» pour désigner ce que l’on appelle en français une «tourbière». Bien que ces deux termes soient souvent considérés comme des synonymes (Martini et al., 2006), le terme «mire» fait appel à un concept plus général qui permet de tenir compte des tourbières dont l’accumulation de tourbe n’est pas suffisante pour qu’elles puissent être considérées comme telles (Rydin et Jeglum, 2006).

Il est courant de distinguer deux types généraux des tourbières : les bogs et les fens. Les bogs se composent surtout de sols minéraux ou organiques minces. Les eaux de pluie parviennent sur la surface bombée du bog et s’écoulent très lentement vers la périphérie. Les couches supérieures de tourbe sont généralement acides (pH<4,0) et contiennent peu d’éléments minéraux. La végétation est par conséquent pauvre et souvent dominée par les éricacées,

66 quelques cypéracées et l’épinette noire. Le substrat de tourbe est formé principalement de sphaignes ombrotrophes (acidiphiles) et peut atteinte 6 mètres mais ne dépasse pas en général 4m d’épaisseur (Buteau et al., 1994). Les fens, pour leur part, sont des tourbières alimentées par des eaux de précipitation et des eaux qui se sont enrichies au contact des sols minéraux environnants (eaux minérotrophes). Les fluctuations de la nappe phréatique et des eaux de surface caractérisent les fens (NWWG, 1997). Le fen se caractérise par une topographie concave mais il peut aussi couvrir de pentes légères (Rydin et Jeglum, 2006). La circulation de surface peut se faire par l’entremise de chenaux, de mares et d’autres plans d’eau libre, qui forment des modelés de surface particuliers (NWWG, 1997). Le couvert végétal est dominé par des herbacées et des mousses brunes, généralement autres que les sphaignes, et plusieurs bryophytes, cypéracées et arbustes, tel le Myrica gale, ainsi que quelques arbres, notamment le thuya et le mélèze qui sont étroitement associés aux fens (Vitt, 1994; Buteau et al., 1994). L’épaisseur de la tourbe dans les fens varie de quelques centimètres à près de 4m, mais ne dépasse généralement pas 2 mètres (Buteau et al., 1994).

La classification des tourbières en des subdivisions pratiques a été tentée à l’aide d’une vaste gamme de critères comme la floristique, la physionomie de la végétation, la morphologie, l’hydrologie, la stratigraphie et la chimie ainsi que les caractéristiques de la tourbe (Moore, 1995; Martini et al., 2006). Cette diversité des critères fait en sorte qu’il n’existe pas de subdivision et de nomenclature uniformes à travers le monde (Moore, 1995). Selon certains une classification basée sur l’origine de la tourbière et le rôle joué par l’eau dans la formation de la tourbe est la plus appropriée (p. ex. Pôle-relais Tourbières, 2007). Ainsi, une tourbière sera (Pôle-relais Tourbières, 2007) :

i. Topogène si elle est située dans une dépression topographique et si sa source d’eau provient du ruissellement ou d’une nappe phréatique. C’est une tourbière ayant une nappe phréatique pratiquement plane, située dans un bassin soit sans exutoire, ou un seul exutoire ou avec des sources et des exutoires (Rydin et Jeglum, 2006) et où les eaux souterraines sont stagnantes (Vitt, 1994);

ii. Limnogène si elle est issue de l'atterrissement progressif d'une pièce d'eau à partir de radeaux végétaux flottants. Ces tourbières se situent donc à la bordure des lacs, ou des rivières et sont inondées périodiquement par ces derniers (Rydin et Jeglum, 2006);

iii. Soligène si elle naît à la faveur d’un écoulement lent et continu le long d'une faible pente (sources, suintements) et où l’écoulement directionnel de l’eau se fait dans la tourbe où à sa surface;

iv. Fluviogène si elle provient de l'inondation périodique d'une vallée par un cours d'eau ou une nappe alluviale;

v. Ombrogène si elle nait là où les précipitations sont abondantes et où elles constituent la seule source hydrique responsable de la turbification.

Ainsi les bogs peuvent se développer à partir d’un système limnogène ou soligène lorsque le système à un endroit donné arrive à se soustraire de l’influence des eaux d’inondations ou de surface (Rydin et Jeglum, 2006). Le système ombrogène (ombrotrophique) est étroitement lié aux bogs (Vitt, 1994 ; Moore, 1995). Les fens pour leur part se déclinent en trois types : topogènes s’ils sont largement influencés par des eaux stagnantes souterraines ; soligènes s’ils sont influencés par les eaux de surfaces et limnogènes s’ils sont influencés par les lacs et étangs associés (Vitt, 1994).

4.2. Les marécages

Les principales particularités des marécages sont la dominance d’une végétation de grands arbres qui couvrent en général 30% du tapis végétal ainsi que l’influence des eaux souterraines minérotrophes (NWWG, 1997). Les marécages “ sont soumis à des inondations saisonnières

ou sont caractérisés par une nappe phréatique élevée et une circulation d’eau enrichie en minéraux dissous (Buteau et al., 1994)”. Au cours de la saison estivale, la nappe phréatique

s’abaissera d’au moins 20 cm sous la surface, ce qui permettra la croissance des racines des arbres, arbustes et autres plantes ligneuses dans la partie aérée ou partiellement aérée du substratum (NWWG, 1997). Les marécages croissent sur des substrats minéraux ou organiques ou encore un mélange des deux (Buteau et al., 1994; Rydin et Jeglum, 2006)”. Les

marécages sur la tourbe se sont développés par un processus de remplissage de bassin ou par paludification des sols minéraux précédents, plus secs. Dans le processus de remplissage de bassin, l’écosystème précédent était un marais ou un fen, alors que, dans la paludification, le marécage s’est développé dans une forêt de zone sèche sur un sol minéral (NWWG, 1997).

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ouverts, mais ils sont comparables aux bogs boisés. Les marécages boisés plus secs se fondent aux forêts sur les sols minéraux des zones sèches, et les marécages les plus humides, comme les marécages à grands arbustes, se fondent aux fens boisés plus humides, avec un couvert forestier moins dense. Les marécages à grands arbustes se fondent aussi aux marais plus humides” (NWWG 1997).

4.3. Les marais

Les marais se caractérisent par la présence d’eau stagnante ou de l’eau qui circule lentement avec une végétation submergée, à feuilles flottantes ou émergentes (Rydin et Jeglum, 2006). Les marais sont inondés en permanence, selon la saison ou périodiquement en fonction du cycle des marées. Ces habitats sont souvent arrangés en zones ou en bandes le long des lacs, rivières, ruisseaux, bassins, étang et autres étendues d’eau (Rydin et Jeglum, 2006). Les marais se distinguent également selon la salinité de l’eau qui contrôlera la répartition des espèces végétales en présence. Selon ce critère, on distingue les marais salés, saumâtres et d’eau douce. Il n’y a pas pour la plupart de ces habitats d’accumulations notables de tourbe et les plantes vasculaires y poussant tirent leurs nutriments du substrat minéral sous-jacent (Rydin et Jeglum 2006). Les principaux groupes physionomiques des marais sont les marais ouverts (open water marsh), les marais émergents et les prairies humides (Rydin et Jeglum, 2006).

4.4. Les eaux peu profondes

Les milieux humides des eaux peu profondes sont caractérisés par la présence permanente d’eau stagnante ou courante. Le couvert végétal, lorsqu’il est présent, est formé d’espèces flottantes ou submergées. La limite inférieure des eaux peu profondes est fixée par la profondeur maximale atteinte par la végétation vasculaire et qui est fonction des propriétés de l’eau comme sa couleur et sa transparence (Buteau et al., 1994). La limite supérieure des eaux peu profondes est fixée aux basses eaux estivales dans le système riverain et aux basses marées de vive-eau dans le système marégraphique (Buteau et al., 1994).

CHAPITRE 5