ce qui suit dans ses Convulsions de Paris à l'adresse de
M.
Dubail. C'est untémoienaoe
assez impartial pourque
je n'aie pas besoin d'y rienajouter :" Ily avait parmi les représentantsde la municipalité parisienne un
homme
qui, pendant la période d'investis-sement, ne s'était point ménagé pour subvenir aux besoins de ses administrés : c'était René Dubail, maire du dixième arrondissement, républicain de vieille date, fort estimé au Palais de Justice où il avait, commeavocat, laissé d'excellent souvenirs, grand, maigre, igno-rant toutetransaction deconscience etayant l'habitude de marcherdroit dans uneimperturbable probité. Son zèle et sondévouement l'avaient entraîné àassumer sur lui laplus lourde part du travail etde la responsabilité de ces jours difficiles. Ilse tourna vers ceux de ses collègues qu'il sentait favorables à l'insurrection etleur dit:
—
Si vous êtes ici pour résister avec nous, c'estbien :sinon, il faut f le camp.
Le mot n'était pas parlementaire
—
depuis on en a entendubien d'autres—
maisil est telles situationsoù la IDatience échappe aux esprits les plus corrects.A
cetteparole d'un honnête indigné, la majorité se resserre et se rallie à la résistance; on comprit que c'était rejeter toute pudeur que de ne pas rompre immédiatementtous lespourparlers avec les insurgés, M. Dubail fut chargé de rédigerune protestation contre la mauvaise foi du comité Central. Celte protestation, que la suite des incidents qui allaient se précipiter empêcha de rendre publique, était très ferme.
Elledisait:
" Le Comité central manque pour la deuxièmefois à la parole donnée en son nom parses délégués. Il veut faire demaindes élections sans sincérité,sans régularité, sans contrôle. C'est laguerre civile qu'il appelle dans
Paris. Que la honteet le sang en retombe surlui seul!
Quant aux maires, ils engagentla garde nationale à se rallierà eux pour défendrel'ordre et la Réi)ublique."
J'ai passé de bien agréables
moments
dansla société
de M.
Dubail etheureux
les Cana-diensde
passage à Paris qui ont eu,comme
Faucher
et moi, l'honneur, le plaisir et l'avan-tagede
lui être présentés.Nous
quittons Paris à 8 h. 50 m.du
matin, par le rapide à destinationde Lyon,
où nous arrivons à 6 heuresdu
soir. Il faitun temps
superbe et nous avonspu
admirer à plai-sir le superbepanorama
d'une des plus belles régions de la France. Melun, Fontainebleau, Montereau, Sens, Tonnerre, Dijon où nous déjeunons au buffet, à la hâte; Vougeot, Nuits,Beaume, Pommard, Mâcon,
qui pro-duisentlesgrandscrûs de laBourgogne
; enfinLyon
où nous arrivons à la minute indiquée par l'indicateur.Nous
descendons à l'hôtelde
\Univers sur le superbe Cours diL midi, en facede
la gare Perrache.Après
avoircopieu-sement
dîné, encompagnie
de quelquesAmé-ricains, nous prenons
une
voiture et nous allons visiterlapremière ville de France, après Paris, en population et en importancecom-merciale (450,000 habitants, recensement
de
1886).
Nous
prenons la rue VictorHugo,
nous passons la vaste place Bellecour, continuons par la rue de laRépublique
jusqu'à l'Hôtel-de-Ville et le Palais des Arts.Nous
rentrons à l'hôtelun peu
fatigués mais enchantésde
ceque
nousavionsvu
jusqu'alors, nous réser-vantde
consacrer toute la journéedu lende-main
àune
visite plus sérieuse.En
rentrant dansma chambre
je consultemon
guide et j'apprendspour
ladeuxième
foisque Lyon
fut fondé par les Grecs, 560 ans avant l'ère
chrétienne et qu'elle devint plus tard la capi-tale de la
Gaule
Celtique. Elle a toujoursoccupé
un des premiers rangs par samagniti-que
situation, au confluentde deux
grandes rivières navigables, leRhône
et la Saône et sur le versant des collines qui l'entourent et qui lui serventde
fortifications naturelles.La
ville est divisée en trois partiesbien distinctes,
par ces
deux
rivières : la villeproprement
dite située sur la langue de terre formée par leur confluent ; la rive droite delaSaône, avec Fourvières et l'ancien faubourg de Vaise et la rive
gauche du
Rhône,comprenant
l'ancien faubourg de la Chiilloticrc et les Brotteanx.Le
quartierde
Perracheoù
se trouve située la gare principale, doit sonnom
auLyonnais
de cenom
qui, à la findu
siècle dernier, agrandit la ville en faisant reculer plus au sudla pointe
que
forme le confluentdu Rhône
etde
la Saône.Après
m'être orienté surma
carte et avoir étudié la topographie des lieuxque
je voulais visiter le lendemain, jeme
couchaiun peu
fatigué d'une journée passée en
chemin
defer. Je fus éveillé, à 7 heures, le lendemain, par une sonnerie
de
clairon quime
semblait familière, et en mettant la tête à la fenêtre j'aperçus le 12e bataillonde
chasseurs-à-pied qui se déployait sur le coursdu
midi pour faire l'exercice. Il faisaitun
soleil su-perbe etje passaiune
heure à admirerla pré-cision desmanœuvres
de ces braves petits pioupious français qui se préparent avecar-deur à la guerre de revanche.
Car
il ne faut pas se faire d'illusion à l'étranger, laFrance
ne désire pas et ne déclarera pas la guerre, mais elle s'y prépareconstamment
etsysté-matiquement
etje suisun
de ceux qui croientfermement
à la victoire desarmées
françaises lorsque sonnera l'heuredu
combat. Jeme
renseigne continuellement sur ce sujet et
pour
moi
il n'y a pas d'armée enEurope mieux
organiséeque
l'armée française d'aujourd'hui.Soit dit en passant, sur
un
sujetque
j'ail'in-tention d'étudier surplace, en Algérie.
Notre
première excursiondu
matin se faitdans les
bateaux-mouches
qui sillonnent lesdeux
rivières.Nous remontons
laSaône
qui a treize ponts, jusqu'à V^azse et leRhône
qui n'en aque
neufjusqu'à laBoucle.Nous
admi-rons en passant, à gauche, l'église de Four-vières hardimentcampée
sur la colline de cenom
et à droite, la Croix-RoiLsse, avec ses casernes etses couvents desChartreux
etdes Trinitaires.Nous
étudions l'aspect général de la villeque
nous verrons bientôt en détaildu
haut des toursde
Fourvières où nous grimperons bientôt. Je disgrimper
car ilnous faudra, atteindre
une
hauteurde
près de 1000 pieds d'altitude pour arriver à laplate-forme de l'observatoire.
Nous
prenonsle
chemin de
fer à ficellescomme on
dit àLyon,
qui abrège et épargne la fatigue d'unemontée
pénible et nous arrivons à la statioiides
Minimes
qui se trouve encore à dix mi-nutesde
l'église qui est un desmonuments
les plus remarquables, par son architecture et
par sa position.
La
construction d(;Notre-Dame
de Fourvières n'est pas encore tout àfait achevée et les ouvriers travaillent encore à son ornementation intérieure. L'église est d'un style byzantin modernisé et elle a 86 mètres
de
long sur 35 de large.La
façade flanquée dedeux
tours polygonales surmon-tées d'immenses couronnes, présenteun
riche portique avec quatre colonnes monolithes, en granit amphibolique.Les
seizes colonnes del'intérieur sont en
marbre
bleu, avec piédes-taux enmarbre
blanc, cellesdu
sanctuaire sont enmarbre
rose.Une
vaste crypte con-sacrée à St. Joseph règne sous tout l'édifice ;elle est déjà décorée de mosaïques.
Après
avoir admiré l'intérieur, nousmontons
sur l'observatoireoù
nous jouissonsdu
plus su-perbepanorama
qui se puisse rêver.En
dehors
de
lavue
d'ensemblede la ville et des environs, le regardembrasse une
étenduede
plus de 150 milles,comprenant
à l'est, lesAlpes
jusqu'auMont-Blanc
qui est, en ligne droite,à plus de 100 milles deLyon;
ausud-est, les Alpes
du Dauphiné
; au sud, les Cé-vennes; et à l'ouest lesmontagnes de
l'Au-vergne. Je le répète, c'est le plus beaupano-rama
qu'il m'ait encore étédonné de
voir, et toutvoyageur
qui vient enFrance
et quipasse par
Lyon
sans s'y arrêter,commet une
faute irréparable ; et tous ceux qui
m'accom-pagnent
disentcomme
moi.Nous
redescen-dons et nous visitons en passant l'ancienne chapellede
Fourvières, située à côtéde
lanouvelle église. C'est un édifice sans valeur architecturale mais qui est très fréquenté
comme
pèlerinage. Elle possèdeune
Vierge noire qui est littéralement tapissée d'ex-voto.Pour
descendre en ville, nous prenons, au-dessus de l'église,lepassagedu
Rosaire. C'est un sentier agréable en lacets qui aboutit à lamontée
St. Barthélémy,quinous conduit dans des côtes et des escaliers nous rappellantQuébec
et sa ruedu
Sault-au- Matelot.Nous
visitons en passant la cathédrale Saint Jean qui est une des églises les plus curieuses
de France
et qui datedu XI
le siècle.Nous employons
le restedu
jour à visiter les autres édifices publics et nous remettons aulende-main
l'examendu
Palais-des-Arts qui contient un desmusées
les plus importantsde
France.Nous
visitons l'églisecVAmay
fondée auVie
siècle; l'église St. Pierre qui a
un
portailro-main du IXe
siècle; l'église St. Nizier qui datedu XVe
siècle ; l'Hôtel-de-Ville ; lethéâtre des Célestins ; la place des
Terreaux
;le palais de la Bourse; et enfin le parc
de
laTête-d'Or qui est
une promenade
digned'une grande et riche citécomme
celle deLyon.
Nous
passons lajournéedu
lendemain à visi-ter lestableauxdu
Palais-des-Artset lemusée Guimet
qui sont tous lesdeux
fortintéressants, et nous prenons le rapidedu
soirpour
Avi-gnon, la ville des papes, enchantésde
notre séjour àLyon
et de toutes les choses intéres-santesque
nous y avons vues.Quatre
heures dechemin de
fer séparentLyon
d'Avignon.On
aperçoit Vienne,Va-lence, Montélimar,
Chateauneuf
et on arrive en gare dans la ville française la plus curieuseque
je connaisse encore.On
se retrouve en pleinmoyen-âge
à l'aspect des rempartsque
longe lechemin
de fer et qui ont été cons-truits par les papes vers 1350, à l'époqueoù
les vicaires
de
Jésus-Christ habitaient Avi-gnon.Ces
remparts sont très bien conservéset c'est un curieux
spécimen
de fortificationsde cette époque.
On
y voit encore les 39 tours rondes ou carréesde
l'enceinte avec leurs créneaux et leurs mâchicoulis.Des
boulevards en font le tour.Avignon
estune
ville de 38,050 hal)itants qui était déjà pros-père avant la conquête des
Romains
et lespapes en ont été les maîtresjusqu'à l'annexion
du Comtat
Venaissin à la France, en 1791.C'est ici