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2. Dysendocrinies thyroïdiennes auto-immunes

2.3. Différentes manifestations cliniques des maladies thyroïdiennes auto-immunes

2.3.1. Maladie de Hashimoto et thyroïdite lymphocytaire

Chez l’homme, la thyroïdite de Hashimoto est un processus évoluant lentement au cours duquel s’observerait progressivement une augmentation du volume thyroïdien, puis dans un deuxième temps l’apparition d’une hypothyroïdie. Dans un troisième temps plus tardif, le goitre peut ensuite réduire de volume (71). Chez le chien (et le chat) souffrant de thyroïdite lymphocytaire, on n’observe généralement pas de goitre (ce qui constitue la principale différence avec la thyroïdite de Hashimoto) et, en fin d’évolution de la maladie, la thyroïde peut diminuer de volume (forme atrophique) (81).

La phase initiale de l’évolution de la thyroïdite de Hashimoto peut s’accompagner d’une hyperthyroïdie habituellement modeste et transitoire : on parle vulgairement “d’hashitoxicose” (254). L’apparition progressive de l’hypothyroïdie lors de thyroïdite chronique auto-immune est considérée comme un processus secondaire à la destruction thyroïdienne et qui serait donc irréversible. L’hypothyroïdie se manifeste cliniquement lorsque plus de 75% de la glande n’est plus fonctionnelle. Chez des chiens d’expérimentation, le plus souvent des Beagles ayant servi à l’étude des thyroïdites auto-immunes spontanées, il a été remarqué des lésions microscopiques de thyroïdite lympho-plasmocytaire à l’autopsie alors que les animaux ne présentaient aucun symptôme d’hypothyroïdie (87, 187, 200, 289). De plus, cette thyroïdite sans traduction clinique ne semble pas évoluer avec le temps et l’âge de l’animal. Ceci pourrait s’expliquer par des lésions focales ou multifocales chez ces chiens d’expérimentation et non des infiltrations diffuses comme c’est le cas chez l’homme et la majorité de la population canine (108).

Atteignant surtout la femme de la cinquantaine, la thyroïdite de Hashimoto peut se présenter sous différentes formes, les deux principales étant la forme goitreuse (aussi appelée forme classique) et la forme atrophique (71). De son côté, la thyroïdite lymphocytaire, diagnostiquée chez le chien adulte (en moyenne entre 3 et 5 ans), se présente souvent sous une forme non goitreuse et une forme atrophique (81).

Le goitre de la forme classique de la thyroïdite de Hashimoto apparaît hétérogène, ferme et non douloureux à la palpation. Les véritables formations nodulaires en sont habituellement absentes, mais des remaniements pseudo-nodulaires, qui correspondent à des zones d’infiltrats inflammatoires, sont classiquement observés. Le goitre est de dimensions très variables, en moyenne 40 g (soit 2 à 3 fois le poids normal) ; il peut aussi être très volumineux (jusqu’à 350 g) et avoir un retentissement sur la trachée et les nerfs laryngés.

La variante atrophique de thyroïdite de Hashimoto est plus rare que la forme goitreuse : elle est présente chez environ 10% des patients ayant une hypothyroïdie chronique auto-immune ; elle affecte moins rarement les hommes que la forme classique. La thyroïde est généralement atrophiée mais peut également être de volume normal. Chez le chien, cette forme “non goitreuse” est la principale forme clinique de la thyroïdite lymphocytaire (plus de 99% des cas) (81). De même, l’unique cas d’hypothyroïdie spontanée chez le chat (du à une thyroïdite lympho-plasmocytaire) décrit dans la littérature rapporte un volume thyroïdien diminué de 3/4 (246).

Chez l’homme, en marge des deux principales formes cliniques de thyroïdite auto- immune décrites précédemment, il existe des présentations plus atypiques. On observe des cas de thyroïdite de Hashimoto survenant chez des adolescents entre 11 et 14 ans. Cette forme de thyroïdite, relativement méconnue, est la cause la plus habituelle de goitre en dehors des zones de carences iodée (216). Le goitre est le principal symptôme de cette forme de thyroïdite de Hashimoto étant donné que l’hypothyroïdie est souvent infra-clinique. Certaines formes atypiques de thyroïdite de Hashimoto sont évocatrices de thyroïdite subaiguë (goitre douloureux qui s’est constitué rapidement) ou associées à un nodule thyroïdien (habituellement “froid”) (216). Il existe également des thyroïdites dites “du post-partum”. Ces thyroïdites auto-immunes sont relativement fréquentes ; au Japon par exemple, elles affectent 5,5% des femmes (216). Elles sont responsables d’anomalies cliniques volontiers mises sur le compte d’un état dépressif du post-partum et d’un goitre modéré dans 50% des cas. Elles surviennent 3 à 6 mois après la naissance et se manifestent généralement par une hyperthyroïdie transitoire, durant 1 à 3 mois, suivie d’une hypothyroïdie également transitoire

avec guérison spontanée dans 90% des cas. Ces formes post-partum peuvent cependant récidiver lors des grossesses suivantes.

Chez le chien, l’étude de Schäfer-Somi S. et al. (263) a mis en évidence l’apparition d’auto-anticorps anti-thyroïdiens dans les sérums de 2 (≈ 20%) des 11 chiennes euthyroïdiennes gravides (au moment du part ou quelques jours après). Ceci est comparable aux résultats des études menées chez la femme où la prévalence des auto-anticorps anti- thyroglobuline et/ou anti-thyroperoxydase est comprise entre 6 et 10% au moment de

l’accouchement (57).

Une orbitopathie (ou ophtalmopathie) associant exophtalmie, rétraction palpébrale, troubles de l’oculomotricité peut être associé à la maladie de Hashimoto (environ 2% des cas), même si elle est plus fréquente dans la maladie de Basedow (216).

Une nouvelle classification des différentes formes cliniques de maladie de Hashimoto a été proposée selon le statut eu-, hypo- ou hyperthyroïdien, avec pour chaque forme une distinction entre les formes goitreuses ou non. Chez l’homme, le statut thyroïdien varie au cours de l’évolution naturelle de la maladie allant de l’euthyroïdie à l’hypothyroïdie dont l’incidence est de 4,3 à 5% par an (274). Une minorité de patients (5%) peut présenter une thyrotoxicose destructrice à la faveur d’une poussée de thyroïdite auto-immune subaiguë ou de surcharge iodée (“hashitoxicose”), proche de la thyroïdite silencieuse. Une complication rare mais grave de la thyroïdite auto-immune chez l’homme est la survenue d’un lymphome thyroïdien. Sa prévalence chez les patients atteints de thyroïdite de Hashimoto est 67 à 80 fois supérieure à celle de la population générale. Parmi les patients ayant un lymphome thyroïdien, certaines études ont démontré que 80 à 100% des patients présentent des lésions de thyroïdite chronique dans le tissu avoisinant la tumeur et 67 à 80% des patients ont des anticorps anti- thyroïdiens. Les lymphomes sont le plus souvent de type B, non hodgkiniens, et apparaissent plus souvent chez la femme âgée. Le traitement est principalement la chimiothérapie associée, ou non, à la radiothérapie externe (71).

2.3.2. Maladie de Basedow