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Morphologie nominale

4.4 Méta-grammaire des noms

La méta-grammaire des noms vise deux objectifs : d'une part, fournir une descrip-tion formelle des noms de l'ikota dans le langage XMG ; d'autre part, produire de façon automatique un lexique de formes nominales échies dans lequel chaque forme est as-sociée à ses traits morphosyntaxiques.

Dans cette section, je vais décrire la méthodologie particulière13 utilisée pour la description des noms. Celle-ci utilise le concept de classe de position et les règles de réalisation de PFM.

4.4.1 Structure du nom dans le langage XMG

Comme il a été dit, l'implémentation des noms de l'ikota s'appuie sur le concept de classe de position (CP) et les règles de réalisation vues en (4.2.9). Reprenons la structure des noms de l'ikota :

Table 4.41 Structure du nom

CP1 CP2

Nom : Exposant - Stem du nom

En section (4.2), le nom a été déni comme la concaténation de deux CP : la CP1 est occupée par l'exposant qui marque la classe nominale et la CP2 par le stem du nom. La formalisation dans le langage XMG doit permettre de conserver cette structure. Pour ce faire, je vais utiliser, comme Duchier et al. (2012), la notion de domaine topologique . Un domaine topologique consiste en une séquence linéaire de

Prex). Le champ 2 va correspondre au champ occupé par le stem (désormais NR, c'est-à-dire nominal root).

La structure du nom dans le langage XMG va donc correspondre à celle vue en (4.2) comme le montre le tableau (4.42).

Table 4.42 Correspondance de la structure du nom Structure dans le langage XMG Structure en CP

Prex Exposant

NR Stem du nom

La méta-grammaire des noms sera exprimée au moyen de blocs élémentaires14 ap-pelés class. Chaque bloc va fournir deux types d'informations : l'information sur la morphologie qui prend en compte la forme des items (exposant nominal et stem) et l'information sur la exion qui prend en compte les diérentes propriétés morphosyn-taxiques propres à chaque item.

Le tableau (4.43) présente les traits qui vont être associés aux items. Dans celui-ci, le trait nc (nominal class) fait référence aux diérentes classes nominales de l'ikota. Les classes ayant plus d'un exposant sont fractionnées en sous-classes car un champ doit être occupé par un item et un seul. Le trait n (number) renvoie au nombre qui peut être singulier (sg) ou pluriel (pl).

Table 4.43 Propriétés morphosyntaxiques des noms

Trait Valeur permise

nc C1A, C1B, C2, C3A, C3B, C3C, C4, C5A, C5B C6, C7, C8, C9, C14A, C14B n sg, pl

La structure du nom dans le langage XMG va se résumer de la manière suivante : 1−→Prex

nc n

V

2−→NR

Le nom est désormais le résultat de la combinaison de deux blocs. Chaque bloc peut avoir un ou plusieurs champs. Cette représentation peut se réécrire de la manière suivante :

Noun −→ Prex V NR.

La formalisation de mòtò homme donne ce qui suit : 1−→mò

nc = C1A n = sg

V

2−→tò

Après avoir statué sur la structure des noms, chaque bloc élémentaire peut être décrit sous forme de règles.

4.4.2 Description du bloc class Prex

Le logiciel doit être capable de générer tous les exposants nominaux de l'ikota. Pour cela, la méta-grammaire doit tenir compte de toutes les alternatives du bloc class Préx. Elle doit décrire tous les items susceptibles d'occuper ce bloc :

class Prex 1←−nul nc = 1B,3C,9C n = sg W 1←−bà nc = 2 n = pl W 1←−mò nc = 1A,3A n = sg W 1←−n nc = 3B n = sg W 1←−mè nc = 4 n = pl W 1←−ì nc = 5A n = sg 1←−Ã 1←−mà 1←−è 1←−bè 1←−bò 1←−ò

De gauche à droite ces règles correspondent aux informations ci-dessous : - En classes 1b, 3c et 9 il n'y a pas d'exposant ;

- En classe 2, l'exposant est bà ;

- En classe 1a et 3a, l'exposant est mò ; - En classe 3b, l'exposant est n ;

- En classe 4, l'exposant est mè ; - En classe 5a, l'exposant est ì ; - En classe 5b, l'exposant est Ã; - En classe 6, l'exposant est mà ; - En classe 7, l'exposant est è ; - En classe 8, l'exposant est bè ; - En classe 14a, l'exposant est bò ; - En classe 14b, l'exposant est ò.

Après avoir décrit les diérentes alternatives du bloc class Prex, la méta-grammaire doit prendre en compte le fonctionnement des appariements. Ce procédé permet d'ob-tenir automatiquement pour chaque exposant singulier son correspondant pluriel.

Pour mòtò homme , le logiciel doit être capable de générer bàtò hommes , c'est-à-dire sa forme pluriel. Pour ce faire, des règles qui correspondent aux apparie-ments des classes suivantes doivent être établies :

- La classe 1a fait son pluriel en classe 2 ; - La classe 1b fait son pluriel en classe 2 ; - La classe 3a fait son pluriel en classe 4 ; - La classe 3b fait son pluriel en classe 4 ; - La classe 3c fait son pluriel en classe 4 ;

- La classe 5a fait son pluriel en classe 6 ; - La classe 5b fait son pluriel en classe 6 ; - La classe 7 fait son pluriel en classe 8 ; - La classe 9 fait son pluriel en classe 6 ; - La classe 14a fait son pluriel en classe 6 ; - La classe 14b fait son pluriel en classe 6 ;

Le premier appariement peut être décrit sous forme de règles dans le langage XMG de la manière suivante : class C1A { <morph>{ { {n=sg ; nc=@{C1B} } {n=pl ; nc=C2} } } }

Il y aura dans la méta-grammaire autant de règles qu'il y a d'appariements.

4.4.3 Description du bloc class NR

Le bloc class NR correspond à la CP2 occupée par le stem du nom en PFM. A ce niveau de la méta-description, les stems du nom qui seront associés à leur classe

class homme { C1A[] ; <morph>{ NR <- "tò" } }

Le bloc class NR est une sorte de liste ouverte dans laquelle peuvent être insérés tous les stems nominaux de la langue.

Une fois les diérents blocs élémentaires décrits dans le langage XMG sous forme de règles, l'utilisateur peut demander au logiciel XMG de calculer toutes les combinaisons possibles. La commande value Noun permet ce calcul15.

4.4.4 Morphologie lexicale vs morphologie de surface

A l'heure actuelle, seul le niveau lexical de la morphologie est modélisé dans le lan-gage XMG. Dans celui-ci, aucun phénomène morphophonologique n'est pris en compte. La forme lexicale du mot mwánà enfant sera mòánà. Or, nous avons vu au cha-pitre 3 que l'ikota n'atteste pas de séquence V1-V2, c'est-à-dire V1 suivi de V2.

Pour remédier à ce problème, les informaticiens du LIFO ont créé un script : le post-traitement, qui prend en compte les diérentes règles morphophonologiques et permet de générer le niveau de surface de la morphologie. Pour pourvoir obtenir la forme de surface mwánà enfant , une règle de semi-vocalisation va être posée : ò + á = w. Le même procédé sera utilisé à chaque fois qu'un phénomène morphophonologique sera relevé dans la formation d'un mot.

Au niveau morphologique, c'est donc le post-traitement qui permet de générer un lexique des formes nominales échies dans lequel chaque nom (singulier et pluriel) est associé à son ou ses traits morphosyntaxiques.

Pour mínO dents , la forme lexicale est : màínO. Après eacement de V1 en post-traitement, j'obtiens mínO en surface.

L'implémentation des noms de l'ikota intègre une morphologie à deux niveaux16 : lexicale et de surface.

4.5 Récapitulatif

En ikota, le nom est formé à partir de deux CP : la CP1 et la CP2. Les exposants nominaux occupent la CP1 et les stems la CP2. En ikota, les exposants en CP1 sont rangés dans des classes nominales qui ont la particularité d'être marquées par des nu-méros faisant référence à la numérotation des classes du Proto-bantu. Des règles de réalisation permettant de construire les noms en ikota ont été établies.

Ensuite, les diérents accords observés dans le SN ont été mis en évidence. Il ressort que les déterminants du nom sont construits comme les noms, c'est-à-dire, à partir de deux CP : la CP1 est occupée par l'exposant qui représente l'accord en classe du nom qui précède, tandis que la CP2 est occupée par le stem du déterminant. Pour chaque déterminant, des règles de réalisation ont été établies.

Enn, une méta-grammaire des noms a été proposée. Celle-ci a permis de confronter l'outil informatique aux données de terrain. A ce stade, les cas d'appariements parti-culiers n'ont pas pu être traités car ils ne sont pas prévisibles en ikota.

Les traits morphosyntaxiques relevés dans ce chapitre serviront à marquer l'accord lors de la construction des arbres TAG.

Chapitre 5

Morphologie verbale

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