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Déstabilisation des positionnements et catégories

A. Littérature nationale australienne

Création d’un imaginaire australien

En observant les différents noms regroupés dans la catégorie littérature australienne – par opposition à la littérature anglaise, américaine ou autres – on remarque une grande variété d’origine des patronymes. On peut à juste titre se demander ce qui permet de définir les contours de cette dénomination. Que l’œuvre traite de l’Australie ne suffit bien évidemment pas, puisqu’employer l’Australie comme décor ou comme thème ne confère pas à l’œuvre un caractère australien – il suffit pour cela de penser à Kangaroo de D. H. Lawrence51. De même, le fait d’être né en Australie est une caractéristique sujette à précaution, puisque nombre d’écrivains australiens sont parfois nés à l’étranger, quand d’autres ont encore vécu la majeure partie de leur vie dans un autre pays. De la même manière, prendre la nationalité australienne suffirait-il à pouvoir s’affirmer être un écrivain australien ? L’exemple récent de J.M. Coetzee est parlant ; cette démarche ferait-elle de lui un écrivain « plus australien » qu’une personne née sur le sol australien à qui cette nationalité est « imposée » de manière automatique ? Son changement de nationalité implique-t-il un changement d’écriture qui ferait désormais de ses publications des productions littéraires australiennes ? Il semble alors difficile de définir des

critères précis qui permettent de valider ou non le caractère australien d’une œuvre. Chaque aspect, pris séparément, isole un trop grand nombre d’artistes reconnus. Il en est de même si l’on veut prendre en compte tous ces aspects en même temps. Il nous reste alors la définition qu’en fait Con Castan : « Australian literature is all written documents which give expression to the experience of living, or having lived, in Australia »52. Mais suffit-elle réellement?

The really fascinating thing about Australian literature is that we can still catch it at

it. It is an active evolution before our very eyes and there is not yet so much timber that we cannot get a clear view of the bush. There are processes happening in our literature, in the full day-light of our consciousness, that in the case of the parent English literature happened long ago in an unwatched past53 (nous soulignons).

Cette citation pose les jalons de l’enquête que nous nous proposons de mener. Pour pouvoir « l’attraper sur le fait », tout bon observateur de la littérature australienne se doit d’être patient et prêt à être surpris. Car la littérature australienne suit des dynamiques qui lui sont propres, évoluant au fil des flux qui traversent ses grands espaces, se créant et se recréant devant nos yeux – depuis que notre regard européen s’y est attaché, mais il faut rappeler que la présence aborigène, qui remonte au moins à 40 000 avant J.C., offrait déjà nombre de productions culturelles non négligeables, bien que non publiées.

Rappeler le passé colonial de l’Australie fait apparaître l’un des traits majeurs qui complexifie la définition d’une culture australienne – mais aussi par extension d’une identité australienne – : le rapport au sol, la légitimité d’y résider, le sentiment plus personnel d’être « chez soi ». Ces paramètres subjectifs, mais aussi en partie instaurés et régulés politiquement, sont à prendre en compte lorsque l’on espère analyser ce que le terme « australien » signifie.

La préoccupation de l’« appartenance » (« belonging ») peut être lue à travers un prisme post-colonial dès le développement d’un sentiment nationaliste au tournant du XXe

siècle. Les années 1880 voient le bicentenaire de l’arrivée des premiers colons britanniques célébré par une population désormais en partie née sur le sol australien. L’émergence du journal nationaliste The Bulletin, établi à Sydney par J. F. Archibald et John Haynes en 1880, affirme sur le plan littéraire un besoin de faire émerger une voix australienne, de se démarquer de l’influence encore trop présente de la tradition littéraire anglaise – et plus largement

52 Con Castan. « Ethnic Australian Writing: Is It Really Australian Literature? ». Outrider 3.2 (1986): 65.

53 Marjorie Barnard. « Australian Literature: ABC Radio Broadcast, Hobart 25 September 1941 ». The Literature

of Australia: An Anthology. Nicholas Jose, ed. New York, London: W. W. Norton & Company, 2009, pp. 415-416.

européenne. Aussi connu sous le nom de « Bushman’s Bible »54, ce journal synthétise ses objectifs nationalistes dans son manifeste :

By the term Australian we mean not those who have been merely born in Australia. All white men who come to these shores – with a clean record – and who leave

behind them the memory of the class-distinctions and the religious differences of

the old world; all men who place the happiness, the prosperity, the advancement of their adopted country before the interests of Imperialism, are Australian. In this regard, all men who have the tyrant-ridden lands of Europe for freedom of speech and right of personal liberty are Australians before they set foot on the ship which brings them hither55 (nous soulignons).

Le lexique employé dans cette citation permet de poser un cadre majeur à la définition de l’Australien typique : il est avant toute chose « blanc » ; blancheur qui doit aussi se retrouver dans son casier judiciaire, « vierge » de tout méfait. L’utilisation de tiret met cet aspect à la fois entre parenthèses et en avant. On peut voir dans ce choix typographique une volonté de la part du Bulletin d’établir une image de l’Australien visant à effacer le passé carcéral des premiers déportés. L’Australie est alors associée au changement, à la volonté de se débarrasser de l’« impérialisme » européen présenté comme « tyrannique ». Face aux failles de la vieille Europe, l’Australie offre, elle, « bonheur », « prospérité », « liberté d’expression et liberté individuelle » – une vision communément nommée Australia Felix56. L’esprit nationaliste du Bulletin propose donc une mystique à la fois du renouveau et du retour aux valeurs jugées fondamentales dans les sociétés occidentales. Les écrivains qui publient dans le

Bulletin, comme Joseph Furphy (1843-1912), A. B. (« Banjo ») Paterson (1864-1941), ou encore Henry Lawson (1868-1922), développent une écriture consciente de leur rôle de fondateurs d’une identité australienne bâtie sur les valeurs que l’on vient d’évoquer, ainsi que celles d’égalité et d’égalité des chances (« laissent derrière eux le souvenir des classes sociales et des différences religieuses »). Pour reprendre le terme de Richard White, l’« intelligentsia » transfère alors ses aspirations vers le bush57 et y crée des mythes et légendes qui permettent de transmettre les valeurs qu’elle défend :

54 Ann-Mari Jordens. Redefining Australians: Immigration, Citizenship and National Identity. Sydney, NSW.: Hale & Iremonger, 1995, p. 3.

55 Manifeste du Bulletin, 2 juillet 1887. Cité dans : John Barnes. « “Bush With No Horizon”: Nationalist Images of Australia ». Colonisations : Rencontres Australie-Canada. Xavier Pons, et Marcienne Rocard, eds. Toulouse : Université Toulouse-Le Mirail, 1985, pp. 27-28.

56 Moore définit l’Australia Felix comme étant « a land of prosperity and material greatness », dans une vision plus large du Great Australian Dream. T. Inglis Moore. Social Patterns in Australian Literature. Berkeley and Los Angeles, Calif.: University of California Press, 1971, p. 273.

57 Le bush est défini par Xavier Pons comme étant « toutes les régions non urbanisées du pays, qu’il s’agisse de brousse, de désert ou de jungle. Le bush recouvre donc la majeure partie du continent mais il n’abrite qu’une

Thus this new intelligentsia carried into their image of the bush their own urban bohemian values – their radicalism, their male comradeship, their belief in their own freedom from conventional restraints – and presented it as the “real” Australia. […] [It soon became a] symbol of escape from urban, industrial civilization, a romanticizing of imperial expansion, and a focus for patriotic nationalist sentiment, especially in “new” societies58.

Les figures nationales australiennes se retrouvent donc ancrées dans le sol. Le bush et les figures qui y sont associées deviennent dépositaires de valeurs pensées paradoxalement dans un contexte tout autre, celui de la vie urbaine : « Nostalgic evocations of rural locale were in the main city-based creations »59. Ainsi, le bush condense des imaginaires divers en fonction de ce que les auteurs veulent lui faire « dire ». Ce paradoxe se retrouve dans les deux conceptions quasi-antonymiques du bush que présentent Henry Lawson et Banjo Paterson : dans son poème « Up the Country », Lawson en brosse un tableau désertique et désolant, bien loin du paysage romantique idéalisé :

I am back from up the country – very sorry that I went

Seeking out the Southern poets’ land whereon to pitch my tent; I have lost a lot of idols, which were broken on the track, Burnt a lot of fancy verses, and I’m glad that I am back. […]

Farther out may be the pleasant scenes of which our poets boast, But I think the country’s rather more inviting round the coast. Anyway, I’ll stay at present at a boarding-house in town.

Drinking beer and lemon-squashes, taking baths and cooling down.

“Sunny plains!” Great Scott! – those burning wastes of barren soil and sand With their everlasting fences stretching out across the land!

[…]

Miles and miles of thirsty gutters – strings of muddy waterholes In the place of “shining rivers” – “walled by cliffs and forest boles”. Barren ridges, gullies, ridges! where the everlasting flies –

Fiercer than the plagues of Egypt – swarm about your blighted eyes! Bush! where there is no horizon! where the buried bushman sees Nothing – Nothing! but the sameness of the ragged, stunted trees!60

toute petite partie de la population : seuls 11% des Australiens vivent dans les régions rurales ou dans des bourgades de moins de mille habitants. À elles seules, les cinq plus grandes villes (Sydney, Melbourne, Brisbane, Adelaïde et Perth) concentrent plus de la moitié de la population australienne. Cette répartition démographique existe depuis la colonisation européenne ». Xavier Pons. L’Australie : Entre Occident et Orient. Paris : Les

Études de la Documentation Française, 2000, p. 101.

58 Richard White. « Inventing Australia ». Images of Australia: An Introductory Reader in Australian Studies. Gillian Whitlock, and David Carter, eds. St. Lucia: University of Queensland Press, 1996, pp. 36-37.

59 Elleke Boehmer. Colonial and Postcolonial Literature. 1995. Oxford: Oxford University Press, 2005, p. 105.

60 Henry Lawson. « Up the Country ». The Ballad of the Drover and Other Verses. 1918. North Ryde, NSW.: Angus & Robertson, 1988, p. 207.

Si Lawson offre un tableau si négatif du bush, c’est avant tout dans un souci de réalisme. Il utilise ici le paysage du bush pour y réfléchir les difficultés rencontrées par les classes populaires à cette époque. Le paysage se retrouve donc teinté de la misère traversée et des difficultés rencontrées, le tout dans un australien vernaculaire. Quant à lui, Paterson propose dans ses ballades61 – la plus célèbre d’entre elles étant « Waltzing Matilda »62 – une vision romantique du bush, ce dernier devenant un idéal d’ouverture vers la liberté et le changement, vers cette vision de l’Australia Felix, terre de prospérité et d’espoir(s). En réponse au poème de Lawson63, Paterson oppose son poème « In Defence of the Bush » :

So you’re back from up the country, Mister Lawson, where you went, And you’re cursing all the business in a bitter discontent;

Well, we grieve to disappoint you, and it makes us sad to hear That it wasn’t cool and shady -- and there wasn’t whips of beer, And the looney bullock snorted when you first came into view -- Well, you know it’s not so often that he sees a swell like you;

And the roads were hot and dusty, and the plains were burnt and brown, And no doubt you’re better suited drinking lemon-squash in town64.

Paterson décrit ensuite un bush en beauté après la pluie, et y oppose le caractère inhumain de la ville. Ces visions différentes d’un même espace soulignent à quel point le bush, « matrice des sentiments et idéaux, symbole distinctif national à l’aura quasi-religieuse »65, a servi de support aux imaginaires afin de transmettre des visions de l’expérience de vie australienne très différentes.

De plus, l’image du bushman représente l’Australien typique mais ne correspond pas à la réalité de la majorité de la population, puisqu’elle présente les traits romancés d’une partie

61 On peut noter que les formes littéraires les plus répandues de l’époque sont le poème, la ballade et la nouvelle, dont le court format se prête bien à la publication journalistique. De plus, les ballades permettent aux gens de se rappeler des paroles facilement, faisant de ce format de poésie un genre populaire, tout à fait adapté à un large lectorat à visée égalitaire. Ces formes sont donc propices à la création d’une mythologie nationale. Elleke Boehmer explique comment la littérature s’est adaptée à l’entreprise nationaliste : « This typical nationalist quest for self-truth [...] was marked by a struggle to give shape to an everyday (here Australian) reality in resistance to images of the beautiful and the normal transmitted by colonial literature. An integral part of this process was the attempt to develop the literary forms appropriate for such expression ». Ainsi, le développement de ces formats ne serait pas fortuit mais bel et bien une réponse au contexte colonial et à la réalité australienne. Elleke Boehmer.

Colonial… Op. Cit., p. 105.

62 Le rythme entraînant confère un caractère optimiste à cette chanson, dont même la fin tragique souligne l’importance de la résistance face aux inégalités des hiérarchies, incarnées ici par l’image du « squatter ». C’est donc un message d’espoir qui affirme les valeurs fondatrices de la société australienne. A.B. Paterson. « Waltzing Matilda ». Brumby’s Run and Other Verses. 1986. North Ryde, NSW.: Angus & Robertson, 1988,

p. 193.

63 Cette opposition de points de vue a fait débat en 1892 sous le nom de « Bulletin Debate ».

64 A.B. Paterson. « In Defence of the Bush ». Op. Cit., p. 73.

65 Notre traduction de : « The bush has been the matrix of our sentiments and ideals, symbol of a distinctive national character, and a religious mystique invoking salvation for the spirit ». T. Inglis Moore. Social… Op. Cit.,

minoritaire de la population. Le tableau que brosse Russell Ward de cet Australien typique est éclairant :

According to the myth the “typical Australian” is a practical man, rough and ready in his manners and quick to decry any appearance of affectation in others. He is a great improviser, ever willing too to be content with a task done in a way that is “near enough”. Though capable of great exertion in an emergency, he normally feels no impulse to work hard without good cause. He swears hard and consistently, gambles heavily and often, and drinks deeply on occasion. Though he is “the world’s best confidence man”, he is usually taciturn rather than talkative, one who endures stoically rather than one who acts busily. He is a “hard case”, skeptical about the value of religion and of intellectual and cultural pursuits generally. He believes that Jack is not only as good as his master but, at least in principle, probably a good deal better […]. He is a fiercely independent person who hates officiousness and authority, especially when these qualities are embodied in military officers and policemen. Yet he is very hospitable and, above all, will stick to his mates through thick and thin, even if he thinks they may be in the wrong66.

Nous avons bien affaire à une image peu représentative de la réalité australienne majoritaire, puisque ce mythe se fonde sur l’homme blanc issu du monde rural, qui, au mieux, ne représentait pas plus de 15% de la population67, laissant paradoxalement pour compte la plupart des Australiens à cette époque68.

Par ailleurs, en cherchant à se distinguer de la Grande-Bretagne, l’Australie produit des images et valeurs contraires à l’intention initiale. D’une part, en s’inscrivant dans une opposition avec le référent britannique, elles renforcent paradoxalement le lien avec la mère-patrie en utilisant des modes de pensée européens. D’autre part, on peut remarquer que la plupart des valeurs mises en avant s’apparentent à celles de la classe travailliste anglaise de l’époque victorienne : égalitarisme, dénigrement des classes politiques et des intellectuels, rejet du snobisme et accentuation des valeurs de la famille nucléaire69. Ce paradoxe inhérent à la problématique identitaire australienne se retrouve à différents niveaux et continuera tout au long du XXe siècle : cherchant à se définir en tant qu’entité nationale dans une dissociation d’avec la Grande-Bretagne, l’Australie n’en reste pas moins fière de sa place dans l’Empire

66 Russell Ward. The Australian Legend. 1958. Melbourne: Oxford University Press, 1995, pp. 1-2.

67 Bob Hodge, and Vijay Mishra. Dark Side of the Dream: Australian Literature and the Postcolonial Mind. Sydney: Allen & Unwin, 1991, p. xv.

68Hodge et Mishra vont jusqu’à souligner que : « [m]ost Australians are left with the paradox that they are not “typical Australians” at all » ; ce qui, contrairement au but premier de créer un sentiment d’identité commune fédératrice, entraînerait une remise en question de la légitimité de leur identité par rapport à une nation dans laquelle ils ne se retrouveraient pas. Ibid., p. xv.

69 Voir James Jupp. « Identity ». Australian Civilisation. Richard Nile, ed. Melbourne: Oxford University Press, 1994, p. 75.

britannique et défendra ce positionnement au détriment de sa position géographique, qui fait d’elle un continent océanien et non pas européen.

Ainsi, l’élaboration d’un imaginaire national australien présente des failles évidentes, mais comme le souligne John Barnes, il faut garder à l’esprit que nous avons affaire à des écrivains et non pas des historiens sociaux, et que le rôle qu’ils s’étaient assigné est donc rempli :

The “nationalists” did create a legendary country – which should not be confused with the historical actuality on which it was founded. What they produced was not social analysis or social history but the myths and legends which express the truth of history for later generations. And in doing this they fulfilled the essential task of the imagination, for (to quote again from Les Murray’s poem) “men must have legends, else they will die of strangeness”70.

Les écrivains nationalistes ont ainsi permis de développer un sentiment d’appartenance à l’Australie, se servant des réalités environnantes pour créer des légendes et des mythes censés fédérer la population71. La relation paradoxale qu’entretient l’Australie avec la Grande-Bretagne a longtemps produit un sentiment d’infériorité sur la scène artistique australienne, que le critique Arthur A. Philips a appelé l’« incertitude culturelle » (« cultural

cringe ») et expliqué de la sorte :

We cannot shelter from invidious comparisons behind the barrier of a separate language; we have no long-established or interestingly different cultural tradition to give security and distinction to its interpreters; and the centrifugal pull of the great cultural metropolises works against us. Above our writers – and other artists – looms the intimidating mass of Anglo-Saxon culture. Such a situation almost inevitably produces the characteristic Australian Cultural Cringe. […] The Cringe mainly appears in an inability to escape needless comparisons72.

Ce sentiment d’infériorité vis-à-vis de la mère-patrie, ou plus généralement de l’Europe occidentale, a marqué un grand nombre de créations littéraires depuis la période coloniale. Il a, entre autre, renforcé le besoin de définir des caractéristiques spécifiquement australiennes, que l’on retrouve dans le développement d’un imaginaire australien au service d’un sentiment de cohésion nationale. Ces créations nationales permettent de renforcer ce que Benedict Anderson appelle une communauté imaginaire :

70 John Barnes. « “Bush With No Horizon”: Nationalist Images of Australia ». Colonisations : Rencontres… Op.

cit., p. 40.

71 Nous pouvons noter que les mythes et légendes nationales australiennes de la période coloniale font abstraction de la présence aborigène.

[The nation] is imagined because the members of even the smallest nation will never know most of their fellow-members, meet them, or even hear of them, yet in