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2. Etudes empiriques

3.2. Limites et recherche future

3.2.1. Taille des échantillons

Notre recherche est limitée par les tailles relativement faibles des échantillons, notamment celui de personnes âgées victimes d’accident de la voie publique ou d’agression (n=25). Des échantillons plus importants auraient pu permettre de prendre en compte plusieurs autres

GABA (Vaiva, et al., 2006; Vaiva, et al., 2004). En effet, ces variables auraient pu jouer des rôles de modération ou de médiation dans la relation entre détresse ou dissociation péritraumatiques et symptômes de TSPT. Van der Hart et al. (2008) suggèrent qu’en prenant en compte plusieurs variables d’ajustement, il se pourrait que la relation entre dissociation péritraumatique et TSPT disparaisse. Des études avec des échantillons plus importants sont ainsi nécessaires afin de confirmer nos différents résultats en intégrant d’autres variables prédictives.

3.2.2. Conceptualisation

Certains auteurs ont souligné que la dissociation péritraumatique manquait de support théorique et de définition opérationnalisée (Bryant, 2007; van der Hart, et al., 2004; van der Hart, et al., 2008). Par exemple, van der Hart et al. (2008) soulignent que de nombreuses manifestations psychopathologiques sont regroupées sous le terme « dissociation péritraumatique » et que par ailleurs, des manifestations somatiques de la dissociation ne sont pas prises en compte dans les instruments.

De même, la conceptualisation des relations entre détresse et dissociation péritraumatiques reste à définir, à intégrer à une théorie solide, et à tester de manière empirique.

Par ailleurs, de manière plus spécifique, la nature de la dissociation péritraumatique, comme entité distincte et prédictive du TSPT, comme épiphénomène de l’apparition du TSPT, ou comme symptomatologie accompagnant ou constitutive du TSPT, reste encore à déterminer (Breh & Seidler, 2007). Ainsi, van der Hart, Nijenhuis, & Steele (2005) suggèrent par exemple que la dissociation puisse être constitutive des TSPT complexes, voire même de tous les troubles liés au trauma. Nos études ne répondent pas à ces questionnements et une méthodologie basée sur la mesure répétée dans le temps de la symptomatologie dissociative, parallèlement aux symptômes de TSPT, permettrait de mieux conceptualiser la dissociation en général et la dissociation péritraumatique en particulier, dans l’ensemble des manifestations psychotraumatologiques.

3.2.3. Rapports entre détresse et dissociation péritraumatique

Les rapports entre détresse et dissociation péritraumatiques sont complexes. Des études examinant simultanément ces construits psychologiques ont pu mettre en évidence qu’elles prédisent indépendamment la survenue d'un TSPT (Birmes, Brunet, Coppin-Calmes, et al., 2005). Mais la plupart de ces études ne sont pas indemnes de biais méthodologiques, comme une mesure rétrospective de la détresse et de la dissociation.

Pour Fikretoglu et al. (2006), deux théories des relations entre ces deux dimensions sont proposées. D’une part, la dissociation pourrait être considérée comme un moyen de se soustraire aux émotions négatives liées au trauma (van der Kolk & van der Hart, 1989), et dans ce cas-là, la dissociation devrait être associée à une faible détresse péritraumatique. Ou alors, la dissociation pourrait être considérée comme un phénomène résultant ou accompagnant la détresse (Bernat, Ronfeldt, Calhoun, & Arias, 1998; Friedman, 2000). Ces deux hypothèses ont été testées empiriquement dans deux échantillons (747 policiers et 338 civils) en examinant la relation entre dissociation et détresse péritraumatiques (Fikretoglu, et al., 2006). Les analyses ont mis en évidence qu’après avoir contrôlé différentes variables (sévérité de l’exposition traumatique, désirabilité sociale, etc.), il persistait une corrélation « robuste » entre détresse et dissociation péritraumatiques (r = 0,48 et r = 0,5 chez les civils et les policiers, respectivement). Ces résultats suggéraient que détresse et dissociation variaient dans le même sens et n’étaient pas le reflet d’un même phénomène tiers, comme la sévérité de l’exposition traumatique par exemple. Ensuite, il n’existait quasiment aucun sujet (1,4%) présentant à la fois un niveau de dissociation péritraumatique élevé et un faible niveau de détresse péritraumatique, suggérant que la dissociation péritraumatique ne protégeait pas de la détresse péritraumatique. Enfin, plus de la moitié (51% à 57%) des sujets qui présentaient un niveau élevé de dissociation péritraumatique présentaient également un niveau élevé de détresse péritraumatique, apportant un peu de support à l’hypothèse que la dissociation apparaît dans un contexte de forte détresse.

Ces résultats apportent quelques éléments de réponse au débat actuel sur les rapports entre détresse et dissociation péritraumatiques, mais il est à signaler que, là encore, ces analyses ont été réalisées sur des échantillons dont la mesure de la détresse et de la dissociation a été rétrospective. D’autre part l’objectif principal de l’étude n’était pas de déterminer la relation entre détresse et dissociation, les analyses ayant été réalisées sur des bases de données constituées pour tester d’autres hypothèses. Nos études sur trois échantillons distincts (adultes, enfants, sujets âgés), avec une mesure précoce des réactions péritraumatiques, vont permettre de tester les hypothèses de Fikretoglu et al. (2006).

3.2.4. Prédiction du TSPT chronique (>3 mois)

péritraumatique est prédictive du TSPT chronique et du maintien de la symptomatologie dans le temps. Le suivi de nos études comporte une mesure des symptômes de TSPT à 12 mois, l’analyse de ces données permettra de vérifier si la dissociation péritraumatique est davantage associée aux symptômes de TSPT chronique.

3.2.5. Aspects relationnels et familiaux

Une étude récente sur 133 enfants et 84 parents exposés au tsunami de 2004 a retrouvé que l’un des prédicteurs de symptômes de TSPT mesurés par le CPTS-RI à 2 ans et demi chez l’enfant était le nombre de jours d’arrêt de travail chez les parents à 10 mois (b = 5,9 ; p < 0,01) (Jensen, Dyb, & Nygaard, 2009). Une autre étude retrouve aussi qu’après les attentats du 11 septembre 2001 à New York City, les enfants qui avaient vu un de leur parent pleurer étaient plus à risque de développer des symptômes de TSPT (Fairbrother, Stuber, Galea, Fleischman, & Pfefferbaum, 2003). Enfin, Birmes Raynaud et al. (2009) retrouvent sur un échantillon de 106 enfants exposés à une catastrophe industrielle que la cohésion et l’adaptabilité familiale est associée aux symptômes de TSPT des enfants. L’ensemble de ces résultats suggérent ainsi que les conséquences de l’exposition traumatique sur des parents comme une réaction de détresse par exemple, peuvent avoir un impact sur la symptomatologie TSPT des enfants.

Nos données permettront de tester ces résultats en examinant l’influence de la détresse et de la dissociation péritraumatiques parentales sur le développement de symptômes de TSPT chez l’enfant avec une méthodologie rigoureusement prospective.

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