• Aucun résultat trouvé

Les réseaux sociaux numériques aujourd’hui

Dans le document Réseaux sociaux numériques : (Page 69-74)

COMMENT RENFORCER L'ENGAGEMENT CITOYEN ?

C. Les réseaux sociaux numériques aujourd’hui

Rapport

Schéma n° 2 Visibilité/invisibilité sur les réseaux sociaux numériques

Source : Dominique Cardon, Le design de la visibilité. Un essai de typologie du Web 2.0, Réseaux, 6/152, 2008.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Il existe des différences importantes selon les catégories d’âge, puisque par exemple les

18-25 ans (les millennials*) sont à plus de 90 % inscrit.e.s sur un ou plusieurs réseaux sociaux, alors que pour les 60 ans et plus, on trouve encore peu de senior.e.s sur ces plateformes.

Seuls 25 % des 60-69 ans sont inscrit.e.s sur un réseau social. Mais tout laisse à penser que ces inégalités sont en fait des inégalités de génération et pas des inégalités d’âge, dans le sens où les millennials* né.e.s avec Internet (digital native) seront très certainement toujours des internautes assidu.e.s à l’âge de la retraite.

Cependant, les réseaux sociaux ne connaissent pas tous un succès équivalent et les audiences sont très différentes d’un réseau à l’autre. En France, le Web social reste dominé par trois leaders historiques21 : Facebook en tête, avec 57 % d’internautes de 15 ans et plus actif.ve.s, près de 30 millions d’utilisateur.rice.s actif.ve.s mensuels, c’est-à-dire se connectant au moins une fois par mois ; suivi de Youtube, 25 % et Google +, 20 %. Twitter a une audience plus modeste avec 16 % des internautes français.es.

L’enquête réalisée en ligne en  décembre  2015 et  janvier  2016 par l’institut Harris Interactive22 souligne que « d’autres acteurs, de plus en plus nombreux, fragmentent le marché, car associés à des parts d’utilisateurs actifs plus réduites (de 16 % à 11 % pour Twitter, Snapchat et Instagram par exemple) ». L’étude souligne également la percée remarquable de Pinterest, dont l’audience a pratiquement doublé en un an (7 % début 2016).

21 Anton' Maria Battesti. Audition du 27 avril 2016.

22 Harris interactive, Social Life 2016 – Baromètre annuel des usages des réseaux sociaux en France, 2016.

Rapport

Schéma n° 3 Popularité, images des plateformes et profils de leurs utilisateur.rice.s

Source : Harris interactive, Social Life 2016 – Baromètre annuel des usages des réseaux sociaux en France, 2016.

Une étude européenne23 récente sur l’état d’avancement de l’Europe numérique révèle une situation française contrastée selon les différents usages d’Internet. La France se classe première en Europe pour l’utilisation des médias en ligne (vidéo sur demande) et se classe en bonne position pour les transactions en ligne (services bancaires et achats en ligne). En revanche, la part des internautes français.es qui utilisent les réseaux (45 %) est le plus bas taux de tous les pays de l’Union Européenne.

L’usage conversationnel des réseaux socio-numériques a été marqué par l’actualité, relève l’institut Harris Interactive. Ainsi les « posts*  », commentaires et autres tweets de ces derniers mois ont été dominés par deux thématiques : l’actualité (57 %) et la politique (36 %). Les analystes de cette enquête associent à ce phénomène «  les attentats qui ont touchés la France en novembre 2015, et dont la couverture médiatique « live » aura été portée par les réseaux sociaux ». En second lieu, ce baromètre souligne « une présence de plus en plus remarquée des plateformes sociales tout au long des différentes étapes du parcours d’achat : un

« touchpoint » (parcours du client) devenu incontournable à la fois pour se renseigner en amont (62 %), réaliser un achat (49 %), voire contacter le service client de la marque (42 %) ».

23 Commission européenne, European Digital Progress Report, 2016.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Schéma n° 4 Les sujets de conversation évoqués sur les réseaux sociaux

en 2015

Source : Harris interactive, Social Life 2016 – Baromètre annuel des usages des réseaux sociaux en France, 2016.

Le profil des socionautes français.es

Fin 2014 selon une étude du CREDOC24, les socionautes25 français.es sont technophiles (attirance pour l’innovation technologique) et équipé.e.s en smartphones et tablettes (+ 34 points par rapport aux internautes qui ne fréquentent pas les réseaux). L’institut Harris Interactive dans son baromètre Social Life 2016 relève que 61 % des socionautes alternent les appareils pour accéder à leurs réseaux et qu’au-delà de l’ordinateur, 36 % des socionautes privilégient aujourd’hui le smartphone pour accéder à leurs réseaux (+ 8 points par rapport à fin 2014) ; 10 % la tablette26.

Les membres des réseaux sociaux sont plus actif.ve.s sur la toile que les autres internautes pour la recherche d’emploi, les vidéos en ligne, les démarches administratives dématérialisées, les achats en ligne et également elle.il.s sont gros.sses consommateur.rice.s de musique en ligne (67 % en écoutent). Elle.il.s utilisent beaucoup plus les applications de

24 CREDOC, Veux-tu être mon ami ? L’évolution du lien social à l’heure du numérique, 2014.

25 Ce néologisme désigne les utilisateur.rice.s d’Internet (internautes) inscrits sur des réseaux sociaux numériques (socionautes), c’est dans ce sens qu’ils seront utilisés dans le présent rapport.

26 Harris interactive, Social life 2016 – Baromètre annuel des usages des réseaux sociaux en France, op. cit.

Rapport

leurs smartphones et elle.il.s passent plus de temps sur Internet que les autres internautes.

Les socionautes témoignent d’une sociabilité amicale plus intense : elle.il.s reçoivent plus chez eux (46 % au moins une fois par semaine contre 36 % internautes hors réseaux et 37 % des non internautes). Mais les internautes non membres de réseaux sociaux sont plus impliqué.e.s dans les associations et confiant.e.s en autrui que les membres des réseaux sociaux ; toutefois, les différences sont limitées.

En termes de milieu social, les utilisateur.rice.s de Twitter se recrutent principalement parmi les cadres supérieur.e.s et les étudiant.e.s, alors que Facebook connaît un public plus divers socialement, avec beaucoup d’ouvrier.ère.s et d’employé.e.s. En termes de genres, on observe aussi des différences selon les réseaux sociaux (données issues d’un sondage réalisé par l’IFOP en 2013 qui tenait un observatoire des réseaux sociaux)27. Sur Facebook, il y a plus de femmes inscrites que d’hommes, à l’inverse d’autres réseaux sociaux, comme par exemple sur Twitter où les hommes sont majoritaires.

Toutefois, comme le souligne Dominique Cardon28, sur les millions de comptes qu’affiche Facebook seul un tiers au maximum est actif  : il existe un usage de Facebook qui consiste à regarder sans écrire. Par ailleurs, seulement 30 % des inscrit.e.s partagent des liens d’information. En réalité ce qui rend ce type de réseau extrêmement populaire c’est que dans la majorité des cas les échanges par Internet se font avec des relations issues de

« la vraie vie » : la médiane du nombre d’ami.e.s pour un compte est environ 120 mais on discute en réalité avec une quinzaine de personnes. C’est une « approximation de la vie réelle des personnes » et en général on ne peut pas y dire n’importe quoi parce qu’on est sous le contrôle de gens que l’on connaît. D’ailleurs, les jeunes utilisent moins Facebook parce que leurs parents y sont, ce qui explique le succès de réseaux comme Snapchat qui garantit plus d’entre-soi et moins de visibilité puisque les vidéos partagées disparaissent. Toutefois, il est une application de Facebook qui est très utilisée, c’est la possibilité de créer des groupes, par exemple autour d’un événement, d’une initiative…

Une concurrence acharnée

Les principaux réseaux sociaux numériques sont mis en œuvre par des entreprises privées qui ont besoin de rentabiliser des investissements financiers considérables : elles sont sans cesse à la recherche d’un modèle économique viable qu’elles n’ont pas encore toutes trouvé. Une des bases du modèle économique des réseaux américains est leur accès gratuit, leurs ressources provenant des recettes publicitaires. Ce système économique a une contrepartie : la collecte des données et leur utilisation ou leur revente à des fins de marketing.

La journaliste Lucie Ronfaut29 l’explique dans un article publié au Figaro en mai 2016 :

« Nos données personnelles font la richesse des réseaux sociaux. Elles leur permettent de mieux cibler leur public et donc de négocier les encarts publicitaires plus chers pour les annonceurs.

27 IFOP, Observatoire des réseaux sociaux, 2013.

28 Entretien avec les rapporteur.e.s le 16 mars 2016.

29 Lucie Ronfaut, Où sont passés les réseaux sociaux français ?, 24 mai 2016 (http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2016/05/24/32001-20160524ARTFIG00005-o-sont-passes-les-reseaux-sociaux-francais.php, consulté le 24 mai 2016).

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES C’est mécanique : plus Facebook grossit, plus il s’enrichit. En 2015, son chiffre d’affaire était de

5,84 milliards de dollars, dont plus de 80 % provenant de ses recettes publicitaires. Les réseaux français Viadeo, Copains d’Avant accessibles sur abonnements ont été supplantés en une décennie par leurs concurrents américains qui avaient choisi l’accès gratuit dès leur lancement de leur site traduit en langue française. Fin 2015, souligne la journaliste, 19,6 % des internautes français se déclaraient membre de Copains d’Avant contre 62,9 % pour Facebook d’après Médiamétrie.

Ce taux était respectivement de 49 % et 37 % en 2009 ».

En conséquence, ce modèle économique leur impose de viser dans leur domaine une situation de quasi-monopole. Comme l’indiquait Dominique Cardon, on remarque que dans presque tous les pays où existait un réseau dominant de type « clair-obscur » Facebook a absorbé ce réseau30. Toutefois il faut noter que subsistent, non sans difficulté, des réseaux sociaux de « niche » qui offrent des finalités spécifiques, telles qu’organiser des sorties entre voisins ou connaître les habitants de son quartier, comme par exemple Peuplade.

L’irruption du net dans le champ de l’espace public et son essor fulgurant ont provoqué de profonds bouleversements en transformant chaque internaute de récepteur.rice de l’information en contributeur.rice ou émetteur.rice à l’échelle planétaire et ce dans une temporalité où domine l’instantanéité.

Les bouleversements induits par cette révolution numérique sont comparés à ceux engendrés par l’invention de l’imprimerie et par les révolutions industrielles.

Cette révolution du digital pose selon Dominique Cardon « des défis redoutables aux producteurs d’information, aux détenteurs de la propriété intellectuelle, aux politiques de communication des entreprises, des institutions et des partis. Car elle invente des formes inédites de partage du savoir, de mobilisation collective et de critique sociale »31.

Dans le document Réseaux sociaux numériques : (Page 69-74)