• Aucun résultat trouvé

Section IV Les idées et les contenus des études

Section 2 Les réactions et les contre-mesures du gouvernement français

Le gouvernement français reconnut que le succès des opérations militaires du Vietminh dans les zones frontières de Cao Bang à Lang Son découlait de l‟appui de la Chine. « Ainsi, grâce à l‟appui des communistes chinois, à la fin de septembre, l‟armée vietminh est entraînée, réarmée, renforcée en armes lourdes et ravitaillée, le commandement vietminh dispose des troupes qui vont lui permettre de mener dans de bonnes conditions les opérations d‟octobre sur la route coloniale 4. »2

Le soutien des communistes chinois à Ho Chi Minh joua défavorablement pour la France. Mais Paris ne voulait pas de guerre avec Pékin. Il suivit donc deux logiques : éviter d‟intensifier les contradictions avec le gouvernement chinois, sinon parfois céder ; obtenir l‟appui des alliés, surtout des Etats-Unis, pour vaincre militairement le Vietminh de Ho Chi Minh.

A la suite du déclenchement de la guerre de Corée, la France soutint en bonne alliée les propositions américaines sur les problèmes coréens. Mais à l‟égard des problèmes chinois, elle hésitait. Comme la Grande-Bretagne, elle ne voulait pas adopter de mesures graves de rétorsion envers la Chine pour éviter, en excitant sa colère, qu‟elle adopte des positions plus radicales. .

Sur la question de l‟admission de la Chine populaire à l‟O.N.U., quelques ministres du gouvernement français proposèrent d‟adopter une attitude modérée, voire partisane pour tenter d‟obtenir la neutralité de la Chine dans la guerre de Corée et la guerre d‟Indochine. Lors du Conseil des Ministres tenu le 19 juillet 1950, le Ministre des Affaires étrangères, M. Schuman déclara qu‟il était partisan de l'admission de la

1

Hoang Van Hoan, Canghai yishu – Huang Wenhuan geming huiyilu (Une goutte d’eau dans la mer : Le mémoire de Hoang Van Hoan), Pékin : Jiefangjun chubanshe (Éditions de l’Armée populaire de Libération), 1990, pp.33-42. 2

AMAE, Asie-Océanie, Chine, 120QO/216, Note du chef du 2ème bureau sur la collaboration sino-vietminh, le 7 mars 1951, pp.125-134.

65

Chine communiste, au moins lorsque les troupes nord-coréennes seraient refoulées au-delà du 38ème parallèle ; il espérait que les Etats-Unis auraient une attitude moins intransigeante. Mais beaucoup de ministres n‟étaient pas d‟accord. M. Letourneau souligna que les Etats associés s‟opposaient à une reconnaissance éventuelle du gouvernement de Mao Zedong par la France. Et Guy Mollet pensait que la France devait se montrer prudente vu les attitudes des Etats-Unis au sujet de Formose et de l'admission de la Chine communiste. M. Giacobbi se montrait aussi hostile à l'admission du gouvernement de Mao Zedong à l'O.N.U.

Le Président de la République se montra plus modéré. Il pensa que l‟admission de la Chine populaire pourrait être envisagée après la cessation des hostilités et sous deux conditions: la reconnaissance par Mao Tsé Toung de l'Union Française et des Etats Associés; l'engagement de respecter les obligations de la Charte.1 Néanmoins, dix jours après, l‟attitude du Président de la République fut plus claire. Il trouva que « les avantages de l'admission de la Chine communiste l'emportent sur les inconvénients et que la France pourrait voter dans un sens favorable, à la condition que Mao Tsé Toung reconnaisse l'intégrité de la France et de l'Union Française, et s'engage à respecter les obligations du pacte des Nations Unies et notamment à ne pas intervenir directement ou indirectement en Indochine. » Guy Mollet approuva. Sans s‟opposer, le Président du Conseil demanda au Ministre des Affaires Etrangères de « vérifier les garanties qui pourraient être obtenues de Mao Tsé Toung pour le rétablissement de la paix en Indochine dans le respect de nos amitiés traditionnelles. »2

Quelques ministres changèrent d‟attitude avec les succès de l‟Armée populaire de Corée sur le champ de bataille. Ils craignaient que la situation en Corée influence l‟Indochine et facilite l‟admission de la Chine populaire à l‟O.N.U. en échange de la non-ingérence de la Chine dans les affaires indochinoises. Même lorsque les opérations militaires de l‟Armée des Nations unies évoluèrent favorablement, le gouvernement français resta inquiet. Le Président de la République, qui redoutait que « la Chine ne cherche à venger sur l'Indochine son échec de Corée », « demande si un contact a pu être pris du côté de Mao Tsé Toung. » Mais M. Schuman répondit qu'« aucun progrès n'a pu être fait dans cette voie en raison de la difficulté à trouver un intermédiaire valable. »3

1

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 19 juillet 1950, pp.4-5. 2

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 29 juillet 1950, p.2. 3

66

Afin de ne pas provoquer la revanche de la Chine, M. Schuman insista à Washington pour que « soit abandonnée par le général Mac Arthur l'idée de bombarder les barrages situés à la frontière de la Mandchourie qui contribuent à son ravitaillement en courant. »1 Lorsque la délégation américaine demanda le vote immédiat d'une motion déclarant la Chine agresseur à l'O.N.U., la France fut solidaire de la Grande-Bretagne qui s'efforça d‟éviter ce débat.2

Mais sous la pression des Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France finirent par soutenir la proposition américaine. Le gouvernement français refusa l‟extension de la guerre de Corée au territoire chinois et de prendre des sanctions concrètes envers la Chine populaire. Mais il consentit à condamner l‟intervention de la Chine dans la guerre de Corée. Lors du Conseil des Ministres du 10 janvier 1951, M. Schuman dit qu‟il avait reçu « un message personnel de M. Acheson dans lequel celui-ci lui demande d'appuyer au Conseil de Sécurité la proposition américaine tendant à déclarer la Chine "agresseur" et à faire jouer contre elle la procédure des sanctions. » M. Schuman proposait, avant de s'engager, de mieux connaitre les intentions des Etats-Unis. Le Président du Conseil souligna « l‟intérêt français à ne prendre aucune position qui puisse nous gêner dans l'avenir au cas où, en Indochine, nous serions victimes d'une agression chinoise. » 3 Il rappela sa double préoccupation : « d'une part maintenir une très étroite solidarité entre les Alliés; d'autre part éviter toute extension du conflit », M. Schuman affirma que la France pouvait accepter la première partie de la résolution concernant la constatation de l'agression, mais quant aux sanctions, il trouva que les préoccupations « ne lui permettent pas de se prononcer pour les dispositions relatives aux sanctions parce que l'initiative et le choix en sont laissés à l'appréciation du commandement local. » A son avis, il devait renvoyer à un Comité spécial au sein des Nations Unies le soin d'étudier les mesures à prendre. René Pleven, le Président du Conseil, souligna « la gravité d'une situation dans laquelle le manque de sang froid des Américains risque d'avoir les conséquences les plus extrêmes mais dont l'orientation peut affecter les décisions qu'ils prendront pour la défense de l'Europe. C'est pourquoi il pense que, si les efforts préconisés par M. Schuman pour amender la résolution - efforts qu'il approuve - ne réussissent pas, la France devrait se ranger aux côtés des Etats-Unis. » Les autres ministres aussi pointèrent la nécessité de ne pas se couper des Etats-Unis.4 Finalement, le Conseil

1

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 8 novembre 1950, p.5. 2

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 29 novembre 1950, p.3. 3

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 10 janvier 1951, p.3. 4

67

des Ministres fut d‟accord pour reconnaître l'agression chinoise et admettre le principe des sanctions. Mais le gouvernement français demanda à un comité spécial de se charger de définir des sanctions.

Sur proposition de la France et la Grande-Bretagne, la commission des mesures additionnelles fut créée le 1er février 1951 pour « étudier les mesures susceptibles d‟être prises contre la Chine communiste et de faire rapport à ce sujet à l‟Assemblée ». Le gouvernement français s‟opposait à des représailles militaires sur le territoire chinois mais approuvait l‟étude de sanctions modérées. De fait, le gouvernement français se souciait des « répercussions que des mesures trop ostentatoires prises contre le régime de Mao Tsé Toung pourraient avoir en Indochine »1 mais ne voulait pas s‟éloigner de la position de Washington d‟autant que pour la guerre d‟Indochine, elle avait besoin de lui.

Fin de 1950, la France obtint un renseignement sur les actions sino-vietminh dans la région frontalière : plusieurs conférences auxquelles des personnalités chinoises et vietminh avaient participé étudiaient le problème de l‟envoi en Indochine de volontaires et d‟unités régulières chinois.2

Ce renseignement préoccupait le gouvernement français : si la Chine dépêchait des troupes au Vietnam, quelles contre-mesures la France prendrait-elle ? Paris espérait que Washington attacherait plus d‟importance au problème indochinois et fournirait une assistance économique et militaire accrue. Mais si le gouvernement américain lui accorda une priorité venant aussitôt après celle de Corée, il ne prit aucun engagement concret. Sur la question d'une aide aérienne en cas d'intervention chinoise, M. Acheson répondit négativement.3 Le gouvernement des Etats-Unis acceptait d‟élargir l‟assistance au champ de bataille indochinois sans vouloir s‟engager directement dans le conflit.

Face à cette attitude, le gouvernement français étudia les rôles que pourraient éventuellement jouer l'Organisation des Nations Unies en cas d'intervention chinoise en Indochine. M. Schuman distingua deux hypothèses : « a) Si cette intervention ne revêt pas la forme d'une attaque ouverte, la situation est celle visée par l'article 33 de la Charte. Une enquête peut être demandée, mais elle exige l'accord d'Ho Chi Minh. Cette procédure a donc le grave inconvénient de faire apparaître la force des rebelles et de consacrer une sorte de souveraineté de fait du Viet Minh. b) Si l'intervention

1

AMAE, Cabinet du Ministre, 7QO/87, Note pour le Ministre : Commission des mesures additionnelles. Sanctions contre la Chine, le 8 mai 1951, pp.285-286.

2

AMAE, Asie-Océanie, Indochine, 120QO/216, Note du chef du 2ème bureau sur la collaboration sino-vietminh, le 7 mars 1951, pp.125-134.

3

68

chinoise prend une forme ouverte, il y a agression. Dans cette hypothèse, nous devrions demander à l'O.N.U. de constater l'agression pour pouvoir prétendre à une aide internationale. Il n'est d'ailleurs pas sûr que celle-ci nous soit accordée. » En conséquence, il trouva « qu'il y a peu à attendre de l'Organisation des Nations Unies. Le caractère international du conflit doit être affirmé beaucoup plus sur le plan interallié que dans le sens des Nations Unies et c'est avant tout du côté des Etats-Unis et de l'Angleterre que nous devons nous retourner. »1

Le gouvernement français se décida à appeler à l‟aide les Etats-Unis. Pour persuader le gouvernement américaine d‟augmenter son aide économique et militaire, les Français martelaient un argument classique. Lors d‟une conversation Truman-Pleven à Washington le 29 janvier 1951, par exemple, la guerre d‟Indochine, comme la guerre de Corée, était vue comme une guerre contre les communistes, qui risquait de déboucher sur une attaque des communistes chinois ; la sécurité des pays indochinois avait besoin des efforts communs des alliés, surtout des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.2 Les deux parties signèrent un communiqué conjoint le 30 janvier : Pleven déclara que la France continuerait à déployer tous ses efforts pour résister à l‟assaut communiste afin de défendre la sécurité et l‟indépendance des Etats associés -Vietnam, Cambodge et Laos ; et le Président Truman assura que les Etats-Unis continueraient à fournir de l‟aide aux forces de l‟Union française et aux armées nationales des Etats associés, et l‟accroîtraient. Il proposa que le gouvernement américain prenne des mesures additionnelles pour l‟aide à l‟Indochine : 1) les forces françaises pourraient utiliser les porte-avions américains en Méditerranée ; 2) étudier la possibilité d‟offrir les équipements de quatre divisions vietnamiennes. Cependant, Truman refusa la proposition de Pleven Ŕ établir une organisation consultative tripartite (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne) pour la coordination en l‟Indochine. Il accepta seulement des consultations militaires avec la France et la Grande-Bretagne sur les affaires indochinoises. De plus, si les communistes chinois attaquaient l‟Indochine, les Etats-Unis aideraient les forces françaises à évacuer.3 Bref, le gouvernement américain acceptait d‟augmenter les fonds et le matériel pour la France et les Etats associés, mais refusait de participer à

1

AN, 4 AG 3-11, Procès-verbal de la séance du Conseil des Ministres tenu le 13 décembre 1950, p.4. 2

Foreign Relations of the United States, 1951, Europe: political and economic developments (in two parts), Vol IV, Part 1, pp.305-310; Kathryn C. Statler, Replacing France: The Origins of American Intervention in Vietnam, the University Press of Kentucky, 2007, p. 35.

3

Digital National Security Archive, Presidential Directives, National Security Council Report (NSC 105): “A Report to the National Security Council by the Secretary of State on Results of the Conversations between the President and the French Prime Minister”, February 23, 1951, PD00054, pp.2-3.

69

des opérations militaires ou d‟assumer directement la défense de l‟Indochine.

Grâce à l‟aide militaire et économique des Etats-Unis, à l‟excellent commandement du général de Lattre de Tassigny, l‟armée populaire vietnamienne ne remporta guère de succès militaires de janvier à septembre 1951. Les forces françaises gagnèrent quelques batailles - Vinh Yen, Dong Trieu, Mao Khé, Ninh Binh, et la bataille du Day. Afin d‟aider les Vietnamiens à surmonter cette mauvaise passe, le Comité central du P.C.C. accrut les livraisons d‟armes et de matériels tandis que les conseillers militaires chinois épaulaient l‟armée populaire vietnamienne dans l‟élaboration des plans et la préparation opérationnelle des futures opérations militaires de Hoa Binh en automne-hiver. Face à cette situation, le gouvernement français s‟inquiétait des renseignements reçus, dont il informa ses alliés britanniques et américains : « 1. le Tonkin a vu ses effectifs s‟accroître depuis 6 mois, leur effectif a été porté de 170.000 à 290.000 hommes ; 2. l‟ensemble du réseau de communication de Chine du Sud et notamment les pénétrant vers le Tonkin, en constant aménagement et d‟ores, est déjà très amélioré, et les itinéraires du Nord du Tonkin en zone Vietminh ont été remis en état ; 3. une grande partie de l‟armement que les troupes vietminh utilisent lors des dernières opérations provient du butin de guerre raflé par les troupes chinoises en Corée. »1

Les sollicitations françaises et les pressions communistes chinoises sur l‟Indochine incitèrent les Américains à se montrer de plus en plus actifs dans les affaires indochinoises. Le 28 janvier 1952, le représentant américain déclara à l‟O.N.U. que « toute agression communiste en Asie du Sud-Est serait considérée par le gouvernement américain comme une affaire grave qui l‟intéresserait directement et qui devrait être soumise sans délai par les Nations Unies à un examen approfondi. »2 Il s‟agissait d‟un avertissement spécial destiné au gouvernement chinois. Ensuite, le Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis formula un nouveau document (NSC 124) le 13 février. Le gouvernement américain « devait continuer à fournir l‟aide à l‟Union française sans altérer la responsabilité militaire fondamentale des autorités française pour la défense des Etats associés » ; « fournir les équipements et approvisionnements militaires en priorité » pour assister les forces de l‟Union français contre le Vietminh et l‟agression communiste chinoise ; si la France se préparait à abandonner le fardeau indochinois, « il faut s‟opposer au retrait français, consulter les Français et les Anglais

1

AMAE, Asie-Océanie, Indochine, 120QO/217, Télégramme de Paris à Washington et à Londres, le 23 décembre 1951, pp.100-101.

2

AMAE, Asie-Océanie, Indochine, 120QO/217, Note de la direction d’Asie-Océanie pour Ministre, le 19 février 1952, p.175.

70

sur les mesures à prendre pour sauvegarder cette région de la domination communiste » ; si les forces communistes chinoises intervenaient ouvertement en Indochine (y compris les volontaires), ou participait secrètement aux destructions dans le delta du Tonkin, le gouvernement américain soutiendrait la demande d‟une action immédiate par la France ou des Etats associés à l‟O.N.U., incluant une résolution considérant la Chine communiste comme agresseur ; les Etats-Unis pourraient prendre des mesures militaires comme part de l‟action collective de l‟O.N.U. ou avec les gouvernement du Royaume-Uni et de la France et des autres gouvernements alliés contre la Chine communiste. 1 A ce moment-là, le gouvernement américain modifia son attitude sur l‟intervention militaire, acceptant de s‟engager dans des actions militaires avec les autres pays.

Bien que le gouvernement français ait obtenu l‟appui et la garantie des Etats-Unis, il se trouvait dans une impasse. Après que de Lattre de Tassigny soit rentré en France, ses forces ne résistèrent pas à la grande offensive de l‟Armée populaire vietnamienne et furent obligés de se retirer de la région Hoa Binh. Et la nouvelle de la mort du général de Lattre frappa le moral des forces françaises. De plus, les sentiments pacifistes commencèrent se répandre en France. Le gouvernement français exprima son désir de négocier la paix. Le 16 novembre 1951, le président du Conseil, René Pleven déclara devant l‟Assemblée Nationale : « Je l‟ai déjà dit et je le répète, nous ne souhaitons et ne recherchons, en Asie, comme ailleurs, que la paix. ... La conclusion satisfaisante des négociations d‟armistice en Corée nous paraît indispensable pour donner pleine signification aux déclarations faites récemment en Chine quant au respect des droits des peuples voisins. Il est clair que l‟armistice en Corée créerait un climat favorable à des contacts avec la Chine. »2 Le gouvernement américain mesurait également la progression du sentiment pacifiste. L‟ambassadeur américain à Paris nota: « Pleven et Monnet doutent de la capacité française à continuer la guerre en Indochine », et il jugea probable que la France se préparait à évacuer l‟Indochine.3

Le 26 décembre, l‟ambassadeur américain à Paris informa le Secrétaire d‟Etat de la situation en France : « Les opinions officielles et publiques trouvent que les

1

Digital National Security Archive, Presidential Directives, National Security Council Report (NSC 124): “United States Objectives and Courses of Action With Respect to Communist Aggression in Southeast Asia”, February 13, 1952, PD00282, pp. 5-9.

2

AMAE, Asie-Océanie, Chine, 119QO/210, Extrait du Journal Officiel du 17 novembre 1951 : Discours prononcé par M. Pleven, le 16 novembre 1951 devant l’Assemblée Nationale, p.150.

3

71

politiques françaises dans la guerre d‟Indochine marchent vers une crise... La plupart des Français sont probablement d‟accord que la France ne pourra plus continuer à assumer ce fardeau dans quelques mois. »1 Dans cette sombre ambiance, quelques hommes politiques français envisageaient de négocier avec le gouvernement de Ho Chi Minh, par exemple, Pierre Mendès France.

Néanmoins, le gouvernement américain et le gouvernement anglais refusèrent que la France et le Vietminh négocient. Afin que la France continue à assumer ses responsabilités, les Etats-Unis voulaient accroître leur rôle dans les affaires indochinoises. Lors de la réunion tripartite du 28 mai à Londres, Acheson annonça que le gouvernement des Etats-Unis augmenterait l‟aide aux troupes des Etats associés. Si l‟armée chinoise participait à la guerre d‟Indochine, il devait envisager l‟envoi à la Chine d‟un avertissement commun des trois Alliés, et s‟engager dans des opérations militaires communes, par exemple, l‟attaque des lignes de transports terrestres et maritimes. Bien que le gouvernement américain ne puisse pas envoyer de forces terrestres en Indochine, il pourrait apporter son concours naval et aérien. Le Ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Anthony Eden, pensa qu‟il devait considérer la guerre d‟Indochine comme la guerre de Corée, et demander à l‟O.N.U. d‟adopter des mesures.2

M. Schuman fut satisfait des résultats de la réunion, mais la France avait besoin d‟une organisation permanente pour étudier et coordonner les études et les stratégies des opérations alliées dans le Sud-Est asiatique. A l‟occasion de la réunion tripartite