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Les entreprises à l’heure du collaboratif

Dans le document Réseaux sociaux numériques : (Page 87-91)

COMMENT RENFORCER L'ENGAGEMENT CITOYEN ?

E. Les entreprises à l’heure du collaboratif

Un réseau social d’entreprise – ou sa déclinaison, le réseau social d’administration – est une plateforme en ligne interne, réunissant un ensemble de collaborateur.rice.s, chacun.e identifié.e par un profil personnel. Cet outil de communication et de travail transversal leur permet notamment d’échanger des données, des documents, des idées mais aussi de travailler en équipe, en instantané ou en différé. Cela peut se faire soit via un réseau social interne à l’entreprise soit via le recours aux réseaux grand public, ouverts à tou.te.s. Ils sont présents dans un tiers des entreprises de plus de 50 salariés (et dans les trois quart de celles du CAC 40) selon l’étude Cegos réalisée en 201474.

73 Entretien avec les rapporteur.e.s du 16 mars 2016.

74 Cegos, Usages et impacts du digital et des réseaux sociaux en entreprise, 2014.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Schéma n° 8 Présence des réseaux sociaux d’entreprise

Source : Le blog de la communication digitale, Usages et impacts des réseaux sociaux et du digital dans l’entreprise, 16 octobre 2014 (www.communication-web.net).

Apparus dès 2008, les réseaux sociaux d’entreprise ont peu à peu remplacé l’intranet. Ils transforment de façon majeure l’entreprise en favorisant le partage et la diffusion horizontale de l’information et de l’expertise et en instituant une plus grande proximité et collaboration des managers avec l’ensemble des salarié.e.s au-delà de l’organisation hiérarchique traditionnelle en silos. Le partage de documents, la prise d’initiative, l’émergence d’idées, le partage de bonnes pratiques et la remontée des dysfonctionnements y sont encouragé.e.s pour créer une dynamique collective dans ces entreprises.

L’objectif est de réunir toutes les personnes porteuses de ces informations afin qu’elles aient l’occasion d’échanger des idées, de partager leurs expériences et de trouver ensemble des solutions applicables à leur environnement respectif75.

75 Gilles Lavalou, L’entreprise collaborative ou l’intelligence collective, 17 février 2016 (http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-152390-lentreprise-collaborative-ou-lintelligence-collective-1200908.php).

Rapport

Schéma n° 9 L’entreprise collaborative

Source : Synca7, C’est quoi au juste une messagerie collaborative ?, (www.synca7.com).

Selon Sandra Lagumina, l’ancienne directrice générale de GRDF (Gaz Réseau Distribution France)76, les réseaux sociaux d’entreprise instaurent progressivement de profondes transformations managériales et de nouvelles façons de travailler écrasant le lien traditionnel hiérarchique. Leur introduction devrait permettre de favoriser le travail collaboratif comme l’innovation et entrainer une réflexion sur le rôle du management.

« Sécurité gaz » illustre cet engagement des collaborateur.rices dans la prise d’initiative et la diffusion de ces initiatives au sein de l’entreprise. Une unité régionale avait créé un système d’alerte des usagers par SMS en cas de coupure de gaz, la direction a choisi de reprendre cela au plan national en utilisant Internet. La question s’est posée de savoir qui gérerait cet outil digital et ce sont les personnels en charge de la sécurité qui ont été volontaires alors qu’ils constituaient une catégorie plutôt isolée dans l’entreprise.

76 Sandra Lagumina est directrice générale adjointe d’ENGIE lors de son entretien avec les rapporteur.e.s le 11 mai 2016.

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES Le réseau social d’entreprise sollicite tou.te.s les acteur.rice.s de l’entreprise sur un mode

moins cloisonné, ce qui permet de mesurer à la fois l’implication des salarié.e.s mais aussi la capacité de l’entreprise à susciter une parole plus libre et ouverte aux initiatives en dehors des schémas hiérarchiques traditionnels.

Toutefois, un premier bilan de leur utilisation dans l’entreprise indique qu’ils ne semblent pas tenir toutes les promesses attendues, selon un article publié par le Nouvel Économiste en mars 201677. Selon la journaliste Héloïse de Neuville, le réseau social d’entreprise (ou le RSE)78, « grâce à la possibilité de créer des communautés, devait permettre de développer une culture du partage et, comme pour les réseaux sociaux à usage personnel, abolir les distances géographiques qui séparaient les collègues d’une société. Les objectifs étaient de maximiser les opportunités de mise en relation, de mobiliser les bonnes personnes face à une situation donnée, d’optimiser les échanges et de régler les problèmes rapidement. Des finalités louables, mais peut-être trop ambitieuses ? Seuls 10 % des déploiements de RSE lancés dans le monde sont réussis, selon une étude réalisée par Gartner Group en 2013 ».

Cette organisation horizontale de l’entreprise qui entend concilier le mode de management hiérarchique et l’effacement de l’autorité « verticale » est bien perçue par les salarié.e.s. Selon l’étude Cegos de 2014, 46 % d’entre elles.eux acceptent ou sollicitent les demandes de mises en relation avec ou de la part de leur hiérarchie, un chiffre en hausse de + 154 % depuis 2012 !

Cette mise en place de réseaux sociaux d’entreprise doit toutefois être accompagnée d’une formation sur leur utilisation. GRDF a ainsi publié un « petit manuel des réseaux sociaux à l’usage des collaborateurs de GRDF ». À l’initiative des salarié.e.s, a été montée également une opération de formation autour de l’usage du RSE « DigtAll » utilisant des films courts via YouTube. Il faut clairement distinguer le dialogue social institutionnel du dialogue direct avec les salarié.e.s via les réseaux sociaux d’entreprises. Par ailleurs, la majorité des entreprises avance timidement sur l’ouverture des réseaux sociaux internes aux syndicats.

IV. NE PAS SOUS-ESTIMER L’ENGAGEMENT VIA LES RÉSEAUX SOCIAUX

Gabriel, 24 ans : « Si l’engagement en vrai c’est juste en parler autour de soi pour moi ça revient au même que d’en parler via un réseau social. Si c’est prendre parti pour la cause et devenir bénévole ou faire des efforts pour que les choses changent, c’est plus important en vrai que par le réseau social (…) Le réseau social va sensibiliser des gens mais à un moment ou un autre, il faut que les gens passent à l’action ».

Bethsabée, 18 ans : « Je pense que je pourrais être sensibilisée à certaines causes par les réseaux sociaux. Oui, je pense que ça peut beaucoup participer dans le sens où ça va donner de l’information. Après s’il y a une cause qui me tient particulièrement à cœur, je ne m’engagerai

77 Le nouvel économiste, Réseaux sociaux d’entreprise, promesses et bilan, 17  mars  2016 (http://www.

lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/reseaux-sociaux-dentreprise-promesses-et-bilan-30159/).

78 Ne pas confondre avec la responsabilité sociale et environnementale d’entreprise, aussi appelée la RSE.

Rapport

pas seulement par les réseaux sociaux, je pense que je prendrai un réel engagement. Les réseaux sociaux peuvent servir à déclencher quelque chose mais ce n’est pas déterminant ».

Léa C., 22 ans : « Ça reste virtuel. Le virtuel ce n’est pas réel … ! J’ai toujours beaucoup de réticences par rapport au virtuel ».

Marion, 19 ans : « Je pense que c’est quand même un engagement mais on peut moins être sûr de ce que la personne avance parce que c’est sur Internet. Ça peut être un engagement aussi mais il y a moins d’impact ».

Clémentine, 24 ans : « En fait, toutes les personnes même physiquement n’ont pas la capacité à manifester. Et il me semble que participer au financement d’une plateforme d’informations sur un sujet très spécifique qui concerne des minorités (…), c’est aussi très important. Il y a plein de formes d’engagement et je pense que chacun fait avec les possibilités qu’il ou elle a. Après c’est dur de voir une hiérarchie ».

L’engagement via les réseaux sociaux est-il de même valeur ou de même qualité que les autres formes d’engagement ? N’est-ce pas une sorte d’ersatz d’engagement, un succédané de qualité inférieure? Ces questions ont été présentes dans nos débats et ont régulièrement été posées lors des auditions et des entretiens.

Dans le document Réseaux sociaux numériques : (Page 87-91)