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Les concepts de la gestion des connaissances

Chapitre 3 Formalisation des connaissances métiers 51

3.2 Les concepts de la gestion des connaissances

3.2.1 Dénition de la connaissance

Donnée, information, connaissance, voici trois termes proches, fréquemment employés dans le même contexte, parfois pour désigner la même chose. Pourtant, ces termes recouvrent des réalités très diérentes. Les données peuvent être vues comme des faits, des opinions et des prédictions non organisées collectées depuis de multiples sources provenant de l'entreprise mais également de l'extérieur de l'entreprise [GTF95]. Elles sont les reets symboliques des nombres, quantités, grandeurs ou faits ou encore des déclarations ou des faits. Elles sont du matériel brut qui ne prend sens qu'après avoir été utilisé [MDOO98].

Par dénition, une donnée est donc un élément brut qui n'a pas encore été interprété, mise en contexte [Bal02]. Les informations sont des données qui ont été interprétées et qui ont un sens pour les personnes ayant interprétées ces données, ou dont il est possible d'extraire une signication. Les informations sont donc la matière première de la connaissance.

En fait, la connaissance naît de la compréhension des relations qui peuvent exister entre plusieurs données. On peut considérer la connaissance comme une information comprise, c'est-à-dire assimilée et utilisée, qui permet d'aboutir à une action.

Pour illustrer nos propos, prenons les exemples suivants :   28C  est une donnée brute en dehors de tout contexte.

  La température de demain sera de 28C à Montpellier  est une information contextua-lisée.

  il faut s'habiller en fonction de la température  est une connaissance simple qui va permettre au détenteur de celle-ci d'interpréter et de s'habiller en conséquence.

Nous venons de voir que la connaissance naît de la compréhension des relations qui peuvent exister entre plusieurs données. On peut considérer la connaissance comme une information com-prise, c'est-à-dire assimilée et utilisée, qui permet d'aboutir à une action. Reprenons l'exemple précédent à propos de la température :  Il fera 28C demain Montpellier . Cette information nous permet de savoir qu'il va faire chaud demain, et nous allons nous habiller en conséquence. La compréhension du modèle température-vêtement permet, au détenteur de cette connaissance, d'interpréter de s'habiller en conséquence. La connaissance est ce que les gens savent [Dav97] et résulte de l'utilisation d'informations [WCH00].

La connaissance peut prendre plusieurs formes et son utilisation fait intervenir les données et les informations. Pour formaliser les diérences entre donnée, information, connaissance, on peut opter pour un modèle à deux dimensions [Bal02]. Une première dimension représente l'in-dépendance de l'entité au contexte et une deuxième dimension est relative à la compréhension (g. 3.1).

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Figure 3.1  Le cycle donnée - information - connaissance

3.2.2 Typologie des connaissances

En s'appuyant sur les travaux de Polanyi [Pol66], Nonaka [Non94] distingue deux types de connaissances : les connaissances tacites et les connaissances explicites (g. 3.2).

Figure 3.2  Tableau comparatif connaissance tacite / connaissance explicite

La connaissance tacite. C'est la connaissance que possèdent les individus. Elle n'est pas formalisée et dicilement transmissible. Ce sont les compétences, les expériences, l'intuition, les secrets de métiers, les tours de mains qu'un individu a acquis et échangés lors de relations à l'intérieur et à l'extérieur de son organisation.

La connaissance explicite. Elle correspond à la connaissance formalisée et transmissible sous forme de documents réutilisables. Elle est constituée des informations concernant les processus (manuel de procédures), les projets, les clients, les fournisseurs, la conception, etc.. En d'autres termes, ce sont les documents qui peuvent être capturés (collectés et/ou numérisés) et partagés par un système d'information.

3.2.3 Modèle de transfert des connaissances

Nonaka distingue quatre modes de conservation des connaissances sur lesquels il fonde sa théorie de la création des connaissances dans une organisation, comme le présente la gure (g. 3.3) :

La socialisation : tacite vers tacite. La socialisation représente le processus de trans-mission de connaissances tacites. Il s'agit donc de transmettre des modèles mentaux ou des compétences techniques. Cette transmission peut très bien se faire sans échanges verbaux. En eet, la transmission d'un tour de main s'eectue généralement par l'observation, l'imitation et surtout la pratique. Comme le souligne Nonaka, la clé pour acquérir une connaissance tacite, c'est l'expérience.

L'externalisation : tacite vers explicite. L'externalisation est un processus qui permet le passage de connaissances tacites en connaissances explicites, sous la forme de concepts, modèles ou hypothèses. La modélisation d'un concept est très souvent déclenchée par le dialogue et l'échange avec d'autres individus.

L'internalisation : explicite vers tacite. L'internalisation est le processus de conversion de connaissances explicites en connaissances tacites. L'internalisation est proche de l'apprentissage par l'action.

La combinaison : explicite vers explicite. La combinaison est un processus de création de connaissances explicites à partir de la restructuration d'un ensemble de connaissances ex-plicites acquises par diérents canaux de communication. Elle se fait par exemple à l'occasion d'échanges téléphoniques ou de réunions. Le principe du brainstorming repose sur ce processus de combinaison.

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3.2.4 Cycle de capitalisation des connaissances

La capitalisation des connaissances dans les organisations peut se dénir comme une dé-marche dont les objectifs sont le développement et la pérennité d'une connaissance collective dont la valeur ajoutée est supérieure à la somme de la valeur ajoutée des connaissances indivi-duelles des collaborateurs de cette organisation.

Capitaliser des connaissances implique la constitution d'un capital qui sera ensuite valorisé . Celui-ci représente le patrimoine intellectuel de l'entreprise qui permet la réutilisation des sa-voirs, des savoir-faire et des compétences développées au cours du temps [BGT05].

Figure 3.4  Modèle de Grundstein : cycle de capitalisation des connaissances dans l'entreprise Le cycle des connaissances proposé par Grundstein [GB96] (g. 3.4) en 1996 est composé de quatre tâches principales :

Repérer les connaissances stratégiques. Cette première tâche consiste à identier, à loca-liser et à hiérarchiser les connaissances strictement nécessaires au déroulement des processus qui constituent le c÷ur des activités. Ces connaissances doivent être hiérarchisées en fonction des objectifs de réutilisation, de pérennité, et de leur niveau de criticité par rapport au processus de dénition de solutions en cours.

Préserver les connaissances. Pour préserver les connaissances, il faut les acquérir, les mo-déliser, les formaliser, et les conserver. Les connaissances sont stockées soit sous forme d'in-formations textuelles, soit des représentations selon des formalismes. Certaines connaissances ne seront jamais retenues sur une base : les connaissances tacites nécessitent un apprentissage par usage ou par démonstration et par conséquent nécessitent l'intervention de compétences humaines.

Valoriser les connaissances. Pour valoriser les connaissances, elles doivent être accessibles selon des règles de condentialité et de sécurité, diuser et exploiter.

Actualiser les connaissances. Les connaissances doivent être mises à jour et enrichies par de nouvelles connaissances.

3.2.5 Les mémoires d'entreprise

La connaissance dans l'entreprise rentre dans le cadre plus large de la mémoire d'entreprise. Van Heijst [VHVDSK96] dénit la mémoire d'entreprise comme la représentation explicite dés-incarnée et persistante de l'information et de la connaissance d'une entreprise. Elle constitue également les ressources de l'entreprise, sous forme de connaissances et de données collectives [NPP96]. Les mémoires d'entreprise se proposent de conserver les connaissances de l'entreprise. Ces connaissances peuvent porter sur des éléments divers manipulés dans le cadre de l'activité de l'entreprise tels que les produits, les clients, les stratégies marketing, le retour d'expérience sur les projets, l'expertise issue de ces projets.

La mémoire d'entreprise peut prendre également plusieurs formes telles que des bases de données, des documents électroniques, des bréviaires de connaissance, des rapports, des ches descriptives. . . Le but et l'existence de mémoire d'entreprise est de préserver, en vue d'une réuti-lisation ultérieure ou plus rapide, des connaissances, raisonnements et comportements, mais avec leurs contradictions et toute leur variété [Pom96].

La mémoire d'entreprise peut prendre plusieurs formes.

La mémoire d'entreprise sous forme non informatisée. Elle regroupe des mémoires simples qui peuvent être une mémoire non-informatisé, une base de documents, une base de connaissances ou une base de cas [DCGR98]. Ces documents proviennent de l'application de diverses méthodes. La méthode CYGMA [Bou97] permet de créer des documents qui contiennent la mémoire de l'entreprise relative à une profession. La méthode MEREX [Cor97] ore une approche qualité basée sur les retours positifs et négatifs d'anciens projets. Il s'agit d'obtenir des documents de synthèse, permettant d'expliciter les connaissances de l'entreprise provenant du savoir faire des experts, qui n'apparaissait pas de manière explicite dans les rapports ou dans les documentations techniques.

La mémoire d'entreprise sous forme d'une base de documents. Elle consiste à donner l'accès aux utilisateurs à un ensemble de documents générés durant l'activité de l'entreprise. Ces documents peuvent être des documents collectifs à l'entreprise ou des documents personnels appartenants aux experts de l'entreprise. La construction de cette base de documents consiste à numériser les documents non informatisés, à les regrouper aux documents déjà sous forme numérisée.

La mémoire d'entreprise sous forme de base de connaissances. La connaissance sous forme explicite, que l'on peut obtenir des experts ou des documents de l'entreprise est trans-formée sous forme plus explicite. Modélisées grâce à des formalismes de représentation de la connaissance, les connaissances sont stockées dans une base de connaissances. Ces connaissances sont ensuite exploitées par un moteur d'inférence. Le but est de résoudre automatiquement un problème, comme le proposait les systèmes experts de première génération. Il s'agit égale-ment de fournir des informations aux utilisateurs, qui bénécient grâce à l'utilisation de la base de connaissances d'informations complémentaires permettant de remettre dans le contexte les résultats obtenus, d'interpréter et d'évaluer ces informations, en fonction de ce contexte. Des méthodes d'ingénierie des connaissances, telles que CommonKADS [SAA+99] permettent d'ob-tenir des modèles de connaissances qui sont ensuite intégrés au sein des systèmes basés sur la connaissance.

3.3. Méthodologie de capitalisation des connaissances