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Les activités qui ont le moins bien fonctionné sont celles où les élèves étaient en double tâche et en dessus de leur zone proximale de développement51 ou en dessous de celle-ci. La charge cognitive étant trop élevée ou pas assez, mais également toutes les activités individuelles et sur fiche.

4.5.1. Trouve ta famille52

Cette activité se fait en groupe classe. Elle a été organisée le même jour qu’« Inventons des mots ». L’objectif de cette activité est le travail sur les familles morphologiques.

Chaque élève reçoit une petite carte avec un mot inscrit. Ils doivent ensuite se promener dans la classe à la « recherche » d’un camarde ayant un mot de la même famille que celui écrit sur sa carte. Les élèves font deux parties avec des mots nouveaux. Malgré le caractère attractif de la tâche, cette activité n’a pas eu

51 ZPD : Zone proximale de développement (Vygostki, 1934). 52 Exemple fiche : annexe 10.

55 beaucoup de succès avec ces élèves. Trouver un camarade possédant un carton avec un mot de la même famille ne les a pas motivés. Le fait d’être un tout petit groupe (7 élèves) pour cette activité enlevait le côté ludique de cet exercice. J’avais prévu environ 10 minutes pour ce travail, mais en 5 minutes à peine les deux tours étaient faits. Cet exercice était sûrement trop facile pour eux. Les élèves étaient en dessous de leur ZPD, ce qui a eu comme conséquence un non-investissement pour la tâche. Au départ, c’est une activité prévue pour le cycle 1, c’est-à-dire pour des élèves de première à quatrième Harmos, ceci peut également expliquer la simplicité de ce travail.

4.5.1.1. Extrait d’une séance

Nathan: C’est quoi ton mot ?

Robin : « rechoisir » pis toi ?

Nathan : Vitesse.

Kévin : Ha moi j’ai vite.

Ils viennent les deux vers moi pour me dire qu’ils font partie de la même famille. (Le jeu a débuté il n’y a pas une minute).

Stéphanie et Louane reviennent également très vite vers moi, car leurs mots font partie de la même famille.

Léa : J’ai « choix » comme mot pis toi ?

Robin : « rechoisir » ça va ensemble.

Ils reviennent vers moi. Le premier tour a duré environ deux minutes. Chacun reçoit une nouvelle carte et ils refont un tour.

Les élèves ont de la facilité à trouver leur famille, toutefois, ils sont amenés à réfléchir sur les deux mots pour savoir s’ils font partie de la même famille. Je remarque que la simplicité de l’exercice peut être due au fait qu’ils travaillent déjà beaucoup sur les bases à travers les deux jeux de cartes. Je ne pense pas qu’il y ait une réelle analyse métalinguistique bien qu’ils doivent trouver la base commune. La rapidité de l’exécution de cet exercice peut indiquer que les élèves sont dans une démarche épilinguistique dans laquelle l’élève ne recherche pas réellement à comprendre le lien existant entre deux mots.

4.5.1.2. Propositions de modifications

Si je refaisais cette activité, je ne travaillerais pas sur des mots, mais des pseudo-mots, afin que les élèves soient amenés à réfléchir sur le lien

56 morphologique entre deux mots. Le travail sur les mots de leur vocabulaire était trop facile. De plus, je ne distribuerais pas de cartes aux élèves, mais je mettrais une série de mots face cachée sur une table. Je demanderais à chaque élève de tirer une carte et de trouver quelqu’un ayant un mot avec une même base. Une fois trouvés, ils pourraient écrire les deux mots au tableau et souligner la base commune. Ensuite, ils viendraient retirer une carte et ainsi de suite. Le but étant de former un maximum de famille avec les camarades.

4.5.2. Le mot qui complète53

Cet exercice se fait de manière individuelle. L’objectif est de travailler la dérivation des mots. Ils peuvent être présentés soit comme une base, soit alors ayant déjà été dérivés, ici il faudra commencer par retrouver la base pour faire une deuxième dérivation. Chaque élève reçoit une fiche où il y a une phrase avec un mot souligné, l’enfant doit compléter la phrase en choisissant entre trois propositions données. Par exemple, si je colorie, je fais un… (choisir entre couleurs, coloriage, colorier). J’avais prévu 10 à 15 minutes pour réaliser la fiche, mais avec le nombre de questions et la longueur des explications, j’étais bien delà. Cette activité n'a pas permis l'engagement des élèves, car elle était au-dessus de leur capacité. Lire et comprendre ce qui est lu pour ensuite répondre à la question correctement est actuellement une tâche complexe dans laquelle il n'est pas encore possible de s'engager et d'être motivé. Cette activité a mis les élèves en double tâche, ce qui les a complètement bloqués. Ils n’étaient plus dans leur ZPD. De plus, le caractère individuel de cet exercice a également été un frein à leur engagement.

4.5.2.1. Extrait d’une séance

Kévin : Madame, vous pouvez m’aider à lire les phrases ?

Moi : (Je suis entrain de travailler avec Stéphanie)

Attends deux ptites minutes. Sinon Léa tu peux juste lui lire ? Louane : Maîtresse, j’comprends pas le mot « traiteur ».

Kévin : C’est où ?

Charly : Mais, à la phrase 4 y’a pas d’mot souligné.

Moi : Ha oui, du coup, c’est quoi le mot à souligner ?

57 Charly : Ben, j’sais pas. Usine ?

Kévin : Quoi ? Cuisine ? C’est où ? Moi : Ici, (je lui montre sur sa feuille).

Les élèves travaillent un moment en silence, j’aide toujours Stéphanie. Louane : Madame, j’arrive pas bien à lire les phrases quand même. Kévin : Ouais c’est difficile…

Nathan : Charly, c’est quoi quand on se présente ? Après plusieurs minutes.

Moi : Alors nous allons corriger, mais avant qu’est qu’ils ont de particulier les mots soulignés et les propositions ? Qu’est-ce qu’elle indique la phrase ?

Léa : C’est les mots du voc.

Moi : Oui, mais pas seulement.

Charly : Ça nous indique quel mot il faut souligner. Louane : Ils ont tous des « r ».

Moi : Il me semble pas…

Kévin : Ils font partie de la même famille ?

Moi : Oui mais lesquels ?

Léa : Celui de la phrase et celui à entourer.

Moi : Vous aviez remarqué ça avant de faire l’exercice ?

Léa : Non.

La difficulté de l’exercice n’a pas permis aux élèves de débuter l’exercice seul. Ils n’ont pas réussi à faire des dérivations, car ils ne comprenaient pas tous les mots. Pour qu’une intervention soit bénéfique, certains points doivent être respectés, comme le caractère explicite d’une tâche54 qui doit pouvoir amener l’élève à réfléchir, à analyser et à manipuler consciemment les éléments morphologiques, mais également à développer des stratégies morphologiques lors de l’identification des mots. Toutefois, même s’il semble que ce critère était respecté, si la tâche n’est pas adaptée elle ne permet pas aux élèves d’avoir une réflexion sur la morphologie.

4.5.2.2. Proposition de modifications

Avec un profil d’élèves similaire, je pense qu’il aurait été plus judicieux de faire cette activité uniquement oralement. Ceci aurait évité les difficultés en lecture et

58 aurait permis aux élèves de se concentrer sur ce qui est lu. De plus, la double tâche que demandait cet exercice aurait été limitée. Je pense que les élèves auraient rejoint leur ZPD en changeant ce qui était prévu initialement.

4.5.3. Oui ou non55

Cette activité se travaille individuellement. L’objectif visé est le jugement morphologique. Les élèves reçoivent une fiche avec des phrases ayant deux mots soulignés. Les élèves doivent dire si oui ou non ceux-ci font partie de la même famille. J’avais prévu 10 à 15 minutes pour ce travail, mais devant les nombreuses difficultés, le temps n’a pas été respecté. Cet exercice n'a pas fonctionné, car il fallait être capable de lire une phrase et d’en comprendre le sens. Il y avait ici une double tâche, trop compliquée pour les élèves. Certains ont énormément de difficulté dans la lecture. La lourdeur de cet exercice n'a pas permis aux élèves d'y donner du sens et de s'engager volontairement.

4.5.3.1. Extrait d’une séance :

Moi : On va commencer par une activité qui s’appelle oui ou non. Je vais vous distribuer une fiche où vous avez des phrases écrites (je montre

la feuille aux élèves). Dans chacune des phrases, y’a deux mots

soulignés. Vous devez dire si oui ou non ils font partie de la même famille. Voilà (je donne les fiches à Robin). Tu peux faire passer ? Léa : J’ai pas compris c’qu’il faut faire.

Moi : Je réexplique dès que tout le monde à une fiche.

Kévin : 8 phrases pffffff. C’est beaucoup.

Moi : Voilà, alors si on prend la première phrase, (je la lis) « Quel sauvage il n’a pas voulu le sauver ». Les mots sauvage et sauver veulent dire la même chose ou pas ?

Charly : Ben oui. Y’a dans les deux mots la base « sauve »

Moi : Très bien. Oui.

Nathan : Faut entourer oui ?

Moi : Oui, oui.

Les élèves essayent de faire seuls. Stéphanie ne regarde pas sa fiche. Nathan : C’est diff.

Kévin : Madame, j’arrive pas à lire ce mot (innover). Moi : (Je vais vers lui), innover.

Kévin : Ça veut dire quoi ?

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Moi : Comment dire, mmmmh, c’est quand on change, on invente.

Kévin : Alors ça va avec nouveau.

Moi : Oui, mais c’est pas de la même famille, c’est un synonyme. Tu te souviens la différence ?

Kévin : Ouais plus ou moins.

Je regarde Louane qui me semble un peu perdu. Je me penche par-dessus son épaule. Une bonne partie de l’exercice est faux. Ce n’est pas la seule.

Moi : Bon bon, on va corriger ensemble, ok ?

Autant dans les jeux le support visuel est une aide, autant dans cet exercice, il est un handicap. Dans cet exercice il ne s’agit pas seulement de trouver une base qui peut être commune, il s’agit également de donner du sens à ce qui est lu. Deux mots peuvent avoir une signification commune et pourtant ne pas avoir de lien morphologique. C’est le cas lorsque Kévin pense que « innover » et « nouveau » vont ensemble alors qu’ils sont synonymes. Ici les élèves peinent à entrer dans un travail de conscience morphologique. Ceci soutient donc qu’il est important que les activités soient adaptées au niveau des élèves pour que l’objectif puisse être atteint.

4.5.3.2. Proposition de modifications

Les élèves ont rencontré les mêmes difficultés que dans l’exercice « le mot qui complète ». Les pistes d’améliorations sont donc similaires à celles proposées pour le jeu précédent.