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fragile

L’objet de cette partie est de placer le couvert ligneux que nous avons étudié dans son contexte géographique et culturel, en insistant particulièrement sur les spécificités du territoire étudié, et sur les aspects qui sont à l’origine de notre questionnement sur la nature et la définition du patrimoine konso. Elle n’est donc pas seulement monographique, mais vise avant tout à apporter les arguments justifiant l’attrait de ce territoire pour le chercheur qui s’intéresse aux relations entre les sociétés et leur environnement naturel. Cette partie est également l’occasion de dresser à gros traits le portrait de l’organisation sociale des Konso, sur laquelle nous reviendrons nécessairement lors de notre analyse des relations que la société entretient avec les arbres et les différentes formations ligneuses.

Notre présentation se décompose en trois volets. Elle s’intéresse d’abord aux traits essentiels du paysage et de la société konso ; puis, aux grands changements qui les traversent et parfois les menacent. Dans un troisième temps, nous rendons compte de la démarche récente menée par le gouvernement éthiopien pour mettre en avant et valoriser le patrimoine local que constitue à ses yeux le pays konso.

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N TERRITOIRE MARQUÉ PAR UNE IDENTITÉ FORTE

Le cœur du pays konso est un territoire montagneux de près de 2500 km2 situé au sud-ouest de l’Éthiopie (Carte 1), et habité par un peuple parlant une langue couchitique, l’afa-xonso5. D’après les témoignages oraux et archéologiques (METASEBIA BEKELE 2001 : 54), les premiers habitants se seraient installés il y a

5 Littéralement « la bouche des Konso ». Selon HALLPIKE (1972 : 3), cette langue a 46% de

similitudes avec l’Oromo – pourcentage calculé sur une liste de 200 mots d’usage courant établie par Swadesh.

environ 500 ans sur une petite aire dans laquelle se trouve une montagne appelée

Xonso dont est probablement issu l’ethnonyme (HALLPIKE 1972 : 1)6. La littérature scientifique sur les Konso n’en dit pas beaucoup plus long sur la genèse de ce peuple ; en revanche, elle contient beaucoup d’informations sur les caractères actuels de la culture konso. Nous nous appuyons sur ces données ainsi que sur quelques-

unes de nos observations, pour réaliser cette présentation préliminaire du contexte naturel et social de la vie des Konso.

Carte 1 : Situation générale du pays konso (source adaptée : Logiciel Mapinfo et UNDP).

En guise de première approche, nous allons d’abord nous laisser conduire par les quelques témoignages laissés par divers visiteurs du pays konso, qu’ils soient explorateurs de la fin du XIXe siècle ou touristes contemporains. Écrits par des hommes de passage, ils illustrent encore mieux que les productions de ceux qui y ont

6 BENDER (1976) indique que le pays konso est appelé localement Karatti. Konso, dite Xonso en

séjourné longtemps (et qui perdent par leur implication tout crédit d’objectivité) la fascination immédiate que ce pays suscite. L’accumulation des exemples pris à différentes époques et dans différents contextes permet en outre de dégager les aspects de ce paysage et de cette culture qui ont retenu de façon récurrente l’attention des observateurs extérieurs. Nous nous attacherons ensuite à montrer, par contraste avec les pays et les peuples voisins, l’originalité du cadre naturel dans lequel la culture konso s’est construite, de même que l’originalité des modes de vie qui s’y sont développés. Nous abordons ensuite de façon plus approfondie la complexité de l’organisation de cette société.

“LE VOYAGEUR EST STUPÉFAIT PAR LA DÉCOUPE MÉTICULEUSE DES COLLINES EN TERRASSES…”

L’exploration du pays konso par les premiers aventuriers occidentaux est assez tardive7 : la zone qui constitue actuellement la partie sud du territoire national éthiopien est en effet longtemps restée indépendante de tout pouvoir central. La région se retrouve à la fin du XIXe siècle enclavée entre empire éthiopien, colonies anglaises et italiennes de l’Afrique orientale. C’est seulement alors qu’elle commence à faire l’objet d’intérêts stratégiques liés à sa conquête. Les missions commanditées par les gouvernements français, anglais, italiens et russes ont pour objectif de servir leurs propres convoitises (BUREAU 1975), mais leurs projets sont finalement contrariés par les armées de Ménélik II qui les devance dans la conquête de ces terres « vierges » situées à la frontière méridionale de son empire. Depuis cette période, qui marque les premiers contacts de la région avec le monde moderne (GASCON 1995 : 81), le pays konso n’a jamais cessé de susciter l’intérêt et l’étonnement des étrangers de passage. C’est ce qui ressort invariablement des témoignages, des premiers explorateurs de la fin du XIXe siècle jusqu’aux présentations touristiques actuelles.

Des premiers explorateurs de la fin du XIXe siècle…

Donaldson Smith venant du Somaliland est l’un des pionniers de l’exploration des régions méridionales de l’Éthiopie actuelle, considérées à l’époque comme « le pire coupe-gorge de toute l’Afrique » (DORESSE 1971 : 1). Lors de son passage au pays konso, les troupes de Ménélik ont déjà avancé dans le sud de l’Éthiopie jusqu’au

7 Particulièrement quand on compare à l’Éthiopie chrétienne des Hauts Plateaux, connue dès le

pays gamo (à une centaine de kilomètres au nord de Konso)8. Smith et ses collaborateurs ne font que contourner les collines cultivées, empruntant les basses terres alentour, zones qu’ils décrivent comme inhabitées et peuplées par une faune sauvage abondante. Ils témoignent néanmoins de leur surprise devant la densité du peuplement des collines konso (Carte 2). En outre, les quelques paysans konso rencontrés étonnent par « leur habilité dans les travaux agricoles » (SMITH & al. 1890 : 290).

La mission française de Léon Darragon en 1897 est ensuite la seule, parmi les quelques autres missions étrangères conduites à cette époque, à traverser le pays konso. L’armée éthiopienne vient de faire une nouvelle avancée victorieuse vers le sud ; à la faveur de l’alliance franco-éthiopienne, le Français accompagne les colonnes de Apte-Ghiorghis, gouverneur nouvellement nommé du Borana. En mars 1898, DARRAGON (1898) fait le compte-rendu suivant à la Société de Géographie :

« Le Konso proprement dit est un curieux petit pays récemment conquis par les Abyssins, et dont l’étendue, dans la partie dont je veux vous entretenir, ne dépasse pas 20 kilomètres. Cette partie, montagneuse, est peuplée par des individus complètement noirs, dont le langage et les usages diffèrent de ceux des pays environnants. Ils sont remarquables par leur amour du travail. Leurs champs de café, de coton, de maïs, disposés en gradins sur le flanc des collines, sont soignés d’une manière irréprochable. Leurs maisons, symétriquement construites sur des pilotis qui les préservent de l’humidité, sont parfaitement propres. J’ai rapporté de ce pays un objet que je compte offrir à un musée d’ethnologie et qui consiste en un morceau de bois grossièrement sculpté, ornement obligé des tombeaux indigènes qui doivent porter l’image du mort qu’ils renferment »9.

Au-delà du style quelque peu pompeux du témoignage, assez révélateur des valeurs et des préjugés du regard colonialiste, on y voit un étonnement sincère devant les terrasses, l’architecture particulière des réserves à grains (décrites ici comme des maisons) et les sculptures funéraires (waka).

Le Révérend père Azaïs et Roger Chambard nous laissent ensuite le témoignage de Cinq années de recherches archéologiques en Éthiopie : le pays konso constitue

8 Smith passe peu après l’explorateur italien Ruspoli, décédé au cours du voyage en 1893 avant

d’avoir pu raconter sa mission. Il reste néanmoins de l’expédition de Ruspoli des lettres publiées dans la revue italienne B. Soc. Geogr. Ital. et les textes de ses biographes (BUREAU 1975).

9 Les maisons décrites sont en fait des greniers ; et le voyage de Darragon ayant eu lieu au mois

d’octobre (HALLPIKE 1972 : 42), le maïs observé dans les champs était forcément du sorgho, seule

céréale donnant une deuxième récolte à cette saison (les deux céréales sont, il est vrai, difficilement différentiables avant la sortie des épis).

l’étape ultime de leur progression vers le sud, et à défaut de véritables fouilles, ils se contentent d’observer, stupéfaits, la beauté du paysage en terrasses, des villages « véritables petites forteresses » et surtout les waka auxquels ils consacrent six précieuses planches de photographies (AZAÏS &CHAMBARD 1931 : 249-255, planches 83-88).

… Aux touristes d’aujourd’hui

Plus d’un siècle après, le pays konso éveille toujours la curiosité des visiteurs étrangers, quels qu’ils soient (touristes, travailleurs expatriés, observateurs internationaux…). Dans les guides touristiques qui accompagnent désormais systématiquement les voyageurs des temps modernes, une description enthousiaste du pays konso et de son folklore s’étend sur plusieurs pages10. Il est remarquable de constater que les traits caractéristiques décrits par les auteurs des textes concordent sensiblement avec ceux relevés par les visiteurs un siècle plus tôt. Voici ce que dit par exemple le guide Olizane, lorsqu’on le consulte au chapitre Konso11 :

… « à 50 km environ au sud du lac Chamo le voyageur pénétrant le pays vallonné des Konso, situé à l’est des plaines arides et dépouillées du bassin inférieur de l’Omo

est stupéfait par la découpe méticuleuse des collines en terrasse qui cascadent comme des marches d’escalier (…) Agriculteurs sédentaires chevronnés, les seuls du sud-ouest éthiopien à s’adonner à la culture en terrasse sur les flancs de collines rocailleuses (…) Bien que les caractéristiques

traditionnelles des Konso s’apparentent aux cultures couchitiques, leurs canons esthétiques,

leur artisanat, l’organisation de leurs villages et leur mode d’exploitation diffèrent (…) Pour se

défendre des attaques des animaux sauvages et pour se protéger des coulées de boue,

ils encerclent leurs villages d’un rempart de basalte et de terre séchée de 3 à 4 m de haut (…) Les Konso érigent des totems (un mètre de haut environ) en bois sculpté, les waga, sur les tombes

de leurs anciens sur le bord d’une route ou dans les champs que cultivait le défunt. Le défunt est représenté aux côtés de sa femme, de ses enfants, de son ennemi s’il a fait montre de bravoure et de vaillance, ou d’un animal féroce tel que le lion, le léopard ou le crocodile s’il s’est distingué comme chasseur. (…) Il n’existe ni autorité tribale supérieure, ni gouvernement représentatif de la communauté, chaque village est autonome et administré par un conseil d’aînés » (AUBERT & CANTAMESSA 2000 : 111-114)12.

10 Ce traitement particulier s’explique en partie par la position favorable du pays konso sur ce que

nous appelons la « route des tribus », un circuit classique qui part visiter les célèbres peuples de la basse vallée de l’Omo (dont font partie les Hamer, les Bodi, et les fameux Mursi avec leurs « femmes à plateaux »…).

11 Les approximations contenues dans ce texte seront corrigées au cours du développement de

notre travail. Seuls nous importent ici la nature des atouts avancés pour la mise en valeur touristique du pays konso. Pour souligner certains passages, nous les avons mis en italique.

12 Dans cet extrait du guide, sont également évoqués l’habitat des Konso, les greniers, l’activité de

Carte 2 : Carte des alentours du lac Rodolphe (aujourd’hui, lac Turkana) établie par Smith en 1894-95. Sur cette carte aux distances parfois approximatives (l’indication KONSO) devrait figurer plus aus sud, au niveau du coude formé par la rivière notée Galana Amara, connue actuellement sous le nom de Sagan), on peut surtout remarquer les annotations faites par les auteurs. Le « densely peopled » des montagnes konso s’oppose aux nombreuses indications faites, qui concernent essentiellement la

végétation ou la topographie (« undulating grass », « grassy valley », « flat countru »…) et qui ne mentionnenet que rarement un peupleme t ou une activité humaine (au sud du pays konso : « Boran in

Carte 3 : Situation du pays konso, en bordure du Grand Rift africain (Source adaptée : SCRP 1995).

L’impression est donc toujours grande face à la beauté intemporelle des terrasses étagées sur les collines, conjonction d’un particularisme naturel et de pratiques paysannes bien visibles dans le paysage. Par ailleurs, l’architecture des bourgs fortifiés – une trentaine, bâtie à flanc de montagne – étonne, dans un continent où l’absence de monuments constitue une règle à laquelle on connaît peu d’exceptions. Enfin, les waka qui ornent les tombes des héros représentent en eux- mêmes une curiosité, pour laquelle les touristes sont invités à faire tout spécialement le déplacement. Dans les autres guides (Lonely Planet, Guides Marcus), on retrouve, toujours dans le même ordre, les descriptions de l’agriculture – remarquable pour ses terrasses et le dur travail communautaire qu’elles impliquent, les waka, la composition et l’architecture des villages et des enclos familiaux, puis, après un paragraphe sur l’artisanat, la musique, les marchés et l’habillement, quelques notions sur une organisation sociale complexe. Les Konso sont immanquablement présentés comme des « cultivateurs endurants, sédentaires et pacifiques ». « Cousins des Borana », ayant hérité d’une langue et d’une organisation sociale voisines, on les oppose à eux d’abord par leurs pratiques agricoles, allant jusqu’à chercher des explications à ces différences dans une mythologie forgée de toutes pièces13. La spécificité konso (par rapport aux autres ethnies avoisinantes) est également soulignée à travers les paysages, les villages et les statues, hautement placées dans le jugement esthétique des rédacteurs.

Mais les touristes ne sont pas les seuls visiteurs à observer d’un œil admiratif le pays konso. Même retenus par les canons de la description scientifique qui selon l’usage académique ne permet pas l’expression de la subjectivité, les travaux des chercheurs ayant travaillé dans la zone laissent parfois échapper leur sentiment face à un paysage « très étonnant pour l’observateur »14, qui « offre une vue magnifique »15, faite de pentes cultivées en marches d’escalier, sur lesquelles poussent de nombreux arbres épars (Photographie 2).

13 Le guide affirme par exemple que pour les Konso, « la terre, avec ses forces cachées, est beaucoup

plus estimée que les troupeaux » (COLSON 2001). 14 Selon la formule de TEFERI ABATE 1992.

15 TADESSE WOLDE (1993 : 6), qui se fait plus lyrique : « Sur les mora [les places publiques],

l’espace ouvert qui offre un si magnifique point de vue, est un soulagement à l’esprit en ce sens qu’il fournit une sensation d’espace et une vision panoramique plus large [que dans le reste du village, où les maisons sont tassées les unes sur les autres]. Cela explique en partie pourquoi aux premières heures du jour tous les hommes se blottissent paisiblement sur les mora, et regardent fixement à travers la vallée vers l’horizon ».

Photographie 2 : La répétition du motif des terrasses en contrebas du bourg de Gamole.

Ainsi répétée à diverses époques sur des individus différents, l’expérience de la confrontation visuelle de l’homme occidental avec le paysage en terrasses du pays konso suscite dans tous les cas cités, une émotion forte. Cette réaction, dont la récurrence invite à la généraliser à tous les observateurs passés et à venir, semble générée par le caractère construit du paysage, et par ce qu’il offre de contraste avec les territoires alentour. Certes, toutes les sociétés impriment leur marque dans le territoire qu’elles investissent, mais chez les Konso, l’empreinte des activités anthropiques est indubitablement plus présente que sur les terres des populations

pastorales voisines. Les terrasses en particulier, à la fois massives par leur matériau de construction et leur dimension, et fragiles en regard du relief imposant du pays konso, retiennent l’attention par leur ambivalence. De ce spectacle qui inspire de multiples qualificatifs en apparence contradictoires mais dont la conjonction force le respect – grandiose et minutieux, imposant et méticuleux –, émerge une prise de conscience : celle qu’il faut pouvoir rassembler une force de travail considérable pour transformer un environnement perçu au départ comme particulièrement hostile. Comme pour expliquer le résultat obtenu, que l’on qualifie spontanément de « travail de fourmi » tant il reste précis malgré la grande échelle à laquelle il a été réalisé, les auteurs évoquent par quelques considérations générales la personnalité sociale laborieuse des Konso – une représentation en outre partagée par les peuples voisins et dans laquelle les paysans konso eux-mêmes se reconnaissent avec fierté.

Les Konso, dans leur obstination à transformer les collines qu’ils habitent, semblent exprimer une obsession pour la maîtrise de leur environnement ; c’est du moins l’impression que génère la simple observation de leur paysage. Et comme l’identité d’un groupe se définit aussi par opposition à celle des autres, on peut se demander si ce rapport au territoire et la façon de le marquer avec tant d’insistance ne sont pas justement un élément essentiel de différenciation, consciemment ou non mis en œuvre par les Konso. Il s’agit dès lors de dépasser ces premières impressions voyageuses, et d’enraciner cette interprétation dans un substrat qui en permet la validation. La revue des documents scientifiques traitant de la situation biogéographique et écologique du territoire, et de sa mise en valeur par les Konso, va nous y aider.

UN SITE NATUREL EXCEPTIONNEL COMBINÉ À DES PRATIQUES PAYSANNES

ORIGINALES

Un îlot de collines volcaniques au milieu des plaines du Rift

Culminant à 2000 m d’altitude, le territoire montagneux des Konso se situe en bordure de la grande faille du Rift africain, qui lézarde la Corne d’Afrique du nord au sud. Mais à cette latitude, 200 km au nord de la frontière kenyane, le Rift marque un décrochement lié à une faille transverse : sa partie nord, visible sur la carte à un alignement de lacs, rétrécit en largeur jusqu’à disparaître ; et une branche méridionale s’ouvre plus à l’ouest en une large vallée marquée par le lac salé Stéphanie (Ch’äw

Bahïr, littéralement la « mer de sel ») qui se prolonge par le lac Turkana au Kenya

(Carte 1 ; Carte 3). Le pays konso se situe juste sur cette discontinuité géologique. Il est ainsi bordé de deux dépressions à l’est et à l’ouest, empruntées par les rivières Yanda et Weyto respectivement. Ces deux larges plaines, ainsi que la profonde vallée creusée par la rivière Sagan au sud (confluent des deux précédentes) et le lac Ch’amo

dont on aperçoit les reflets brillants vers le nord – dernier maillon du chapelet de lacs du Rift éthiopien – font du pays konso un îlot volcanique au milieu de terres de basse altitude16. De cette position relativement élevée résulte un climat plus clément que dans les plaines alentour, à la fois plus frais (avec une moyenne annuelle des températures de 21°C à 1600 m contre environ 23°C à 1200 m) et plus humide (550 mm de précipitations annuelles – Figure 1). La clémence relative du climat est à l’origine d’une végétation naturelle de type forêt sèche d’altitude à Juniperus procera qui contraste avec la savane arbustive et arborée des basses terres (FRIIS & al. 1982 : 13).

0 20 40 60 80 100 120 140 160 Janv. Fé v. Ma rs Av r. Ma i Ju in Ju il. Ao ût Se pt . Oc t. No v. D éc. P ré ci pi tati on s (m m ) 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Tem pér at ur es (° C )

Les moyennes ont été calculées sur les enregistrements des années 1971 à 1986 (Source : Abedo 1993)

Figure 1 : Diagramme ombrothermique de Karat (Konso) Un îlot d’agriculteurs sédentaires au milieu des pasteurs nomades

La population qui occupe ce territoire – 220 000 personnes17 – est composée d’une faible proportion d’artisans (forgerons, potiers, tanneurs, bouchers, commerçants) qui forment dans la société le groupe à part des xawda, et d’une très grande majorité d’agriculteurs (etenta) (HALLPIKE 1968). Cette agriculture est « inséparable de l’identité konso » (WATSON & LAKEW LEGESSE 2003). En cela, les Konso se distinguent clairement de leurs voisins nomades et semi-nomades des basses terres alentour – Burji, Guji, Borana, Erboré, Tsamakko – dont l’activité principale est l’élevage extensif. L’agriculture constitue la base de l’économie locale, à la fois pour l’autosubsistance et pour le commerce (KLUCKHOHN 1962 ; AMBORN

16 Ceci est vrai à une exception près, au nord-nord-ouest où les montagnes konso se prolongent

par une autre chaîne de montagnes, peuplée et cultivée au voisinage immédiat du pays konso, par les membres du groupe ethnique des Gewada.

17 Estimation officieuse de Farm Africa en 2000 : cette année-là, l’ONG a fourni de l’aide

alimentaire à 197 000 personnes. Lors du recensement national de 1994, 141 000 personnes ont été

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