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Le domaine psychosocial : différences et stéréotypes sociaux

6. Vivre en tant qu’homme et vivre en tant que femme dans notre société

6.3. Le domaine psychosocial : différences et stéréotypes sociaux

Nous entendons par le terme « psychosocial », une mise en relation entre le vécu psychologique des individus d’une part, et les interactions sociales de ce même individu d’autre part.

L’être humain se construit socialement dès la petite enfance ; aller à l’école, faire partie de telle association sportive ou culturelle, avoir un cercle d’amis est une norme communément acceptée qui démontre que les individus ont besoin de créer des liens sociaux pour exister.

Les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes places ni comportements dans la société. L’Insee (2012) propose un dossier intitulé « Regard sur la parité, en 25 ans, moins de tâches domestiques pour les femmes, l’écart avec les hommes se réduit » (Richoch, 2012). Même si les inégalités ont tendance à se réduire, nous pouvons y lire que les femmes passent en moyenne 4h01 dans la vie familiale alors que les hommes y passent 2h13. Ces derniers

prennent en moyenne deux heures par jour de plus que les femmes pour leur vie sociale et professionnelle. Chollet (2012) écrit que les « femmes [sont] à la maison, les hommes dans la sphère publique ». Les faits semblent attester que les femmes sont associées à la sphère privée depuis leur enfance, alors que les hommes investissent davantage la sphère publique. En effet, les jouets pour petites filles sont très souvent des dînettes ou autres poupées qu’elles replacent dans un contexte réel (leur faire la toilette, changer leurs couches, faire à manger, …). Les garçons, quant à eux, ont des pelles, des tracteurs, ou des vélos pour aller jouer en dehors de la maison. Quelques années plus tard, les différences sont toujours très marquées. Ainsi, les adolescentes sortent moins et préfèrent les loisirs qui permettent de rester à la maison. A l’inverse, les adolescents font plus de sorties. De ce fait, les filles sont plus rapidement intégrées aux tâches quotidiennes de la vie familiale que les garçons (Guionnet & Neveu, 2004, in Beaulieu & Méline, 2005). Il s’agit là de comprendre comment les enfants sont conditionnés dès leur plus jeune âge par rapport à leur place au sein de la société.

Le statut social de l’homme est directement lié à l’extérieur et par conséquent à son travail. Nous pouvons penser qu’un homme au chômage se sent diminué et atteint dans sa masculinité. Il n’est pas à la hauteur des attentes sociales car c’est principalement lui qui subvient aux besoins de la famille et assure la sécurité financière du couple. En effet, la femme est plus en situation de sous-emploi que l’homme : le travail à temps partiel la concerne à hauteur de 30% contre 7% pour l’homme (Insee, enquête emploi, 2012).

Notons que, à l’instar de la petite fille qui joue à la maman, les femmes sont définies comme étant maternantes (Babin, 2011). Elles prennent soin de leurs enfants mais également des personnes qui les entourent.

Power (2010) relate que les femmes se soucient davantage des autres, elles ont des qualités relationnelles plus importantes que les hommes et font davantage preuve d’empathie. Concernant le temps de parole en public, une étude issue du Haut Conseil à l’Egalité entre les Hommes et les Femmes (Commission sur l’image des femmes dans les médias, 2011) démontre qu’à la radio, le temps de parole est limité à 1 minute 35 pour les expertes femmes alors que les experts hommes parlent 25 minutes. A la télévision, le temps de parole est occupé à hauteur de 85% par les experts hommes et seulement à 15% par les expertes femmes. Cette idée peut sembler en désaccord avec une norme avancée par Power (2010) qui associe à la féminité des traits de loquacité. Nous pensons que ces deux notions ne sont pas si

être plus bavardes que les hommes, car dans une conversation entre les deux sexes, elles ont tendance beaucoup plus souvent à relancer l’interaction.

Comme nous venons de le voir, les individus sont conditionnés précocement aux stéréotypes de la société. La marque Petit Bateau le prouve en ayant créé deux body en 2011, un rose pour les filles et un bleu pour les garçons, comportant chacun des adjectifs se rapportant respectivement à chaque sexe. « Jolie », « élégante », « douce » ou encore « amoureuse » sont cités pour les petites filles, tandis que des termes comme « courageux », « fort », « fier », « robuste » sont préférés pour les petits garçons (Chollet, 2012).

Nous terminerons sur des normes masculines qui sont inhérentes à notre société parmi lesquelles : « éviter le féminin », « Etre un gagnant », « Ne jamais montrer ses failles dans l’armure » (Giampino & Grésy, 2012). Ainsi, il semblerait que la masculinité recouvre le fait de ne surtout pas être féminin.

Concernant notre domaine de recherche plus spécifiquement, si le corps n’est pas socialement admis par la société en raison de sa non-conformité aux normes esthétiques, alors le laryngectomisé prend le risque d’être écarté de la sphère sociale. Qu’il soit homme ou femme, il ne va plus par exemple au restaurant, par peur du regard des autres qui pourrait être porteur de curiosité ou de malveillance à cet égard (Babin, 2011). De même, les relations quotidiennes avec les proches seront probablement différentes du fait qu’il leur est difficile de faire comme si rien n’avait changé.

Enfin, la sphère familiale est touchée. L’homme laryngectomisé est destitué de son rôle de patriarche : « Il n’est pas rare que le laryngectomisé total reste muet, même s’il a acquis une voix de substitution. Son épouse parle pour lui, relate ses souffrances […]. Elle s’impose progressivement comme le véritable chef de la famille. Lui, en revanche, apparaît un peu plus