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Section I. Les changements technologiques

1. La sociologie face aux changements technologiques

1.1. La technologie dans l’analyse sociologique

Il serait hasardeux de tenter d’identifier des « écoles », à proprement parler, dans le débat sociologique mené autour des questions reliées à la technologie et aux changements technologiques. Il est cependant possible de repérer, de façon très globale dans ce débat, non pas de véritables « courants » de pensée fondés sur des partis pris sociologiques

éventuels, mais, plus simplement, quelques grands modèles d’analyse. Plus précisément, la recherche bibliographique entreprise pour ce travail nous a conduit à reconnaître dans l’ensemble des travaux recensés trois modèles d’approche. Ils se distinguent les uns des autres essentiellement par les types de relations qu’ils mettent en œuvre pour appréhender la place, le rôle ou la nature de la technologie et/ou des changements technologiques en tant que variable d’analyse, selon les choix analytiques de leurs auteurs.

Le modèle d’analyse le plus courant en sociologie est un modèle de construction simple, fondé sur la mise en relation univoque de la technologie et des changements technologiques en tant que variable de référence avec divers autres éléments constituant des variables sociologiques. Ces dernières apparaissent donc comme des variables dépendantes gravitant autour de cette variable centrale de référence selon une logique réflexive permettant de démonter les différents mécanismes par le moyen desquels la technologie –ou les changements technologiques– agirait sur ces variables dépendantes. La nature de ces variables dépendantes et l’intérêt qui a pu leur être accordé par les différentes analyses sociologiques peuvent constituer des indicateurs intéressants dans le cadre d’une approche globale des principaux courants de cette analyse. Et ce, autant en sociologie des

organisations qu’en sociologie du travail. En effet, en sociologie des organisations, et plus particulièrement dans ce qu’il est convenu d’appeler l’analyse organisationnelle, parmi les principales variables dépendantes retenues il y a la structure organisationnelle (Perrow, 1968 ; Child, Mansfield, 1972 ; Mintzberg, 1982), le système technique ou le système sociotechnique de l’organisation (Freeman, 1973 ; Davis, Taylor, 1976), les relations de pouvoir22 (Hickson et al., 1971 ; Cotgrove, 1975 ; Crozier, Friedberg, 1977 ; Gasparini,

1977 ; Mintzberg, 1986) ou encore les stratégies de gestion (Keller, 1978 ; Diani, 1984 ; Child, 1984). L’évaluation des effets de la variable fixe « technologie » fut parfois poussée à des limites presque mathématiques, avec des tentatives de quantification numérique (Rackman, Woodward, 1970). En sociologie du travail, ce modèle à « logique

unidirectionnelle » (Maurice, 1980 ; Maheu, Beauchemin, 1987) est tout aussi dominant, mais avec des variables dépendantes relevant plutôt des catégories conceptuelles propres à cette discipline : ce sont les systèmes de relations sociales qui retiennent l’attention

(Friedmann, Reynaud, 1958 ; Edwards, 1979 ; Bijker et al., 1987 ; Schumann, 1991), ainsi que certains concepts opératoires fondateurs des principaux modèle d’analyse de la

22 À l’exemple des nombreuses approches développées dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’analyse stratégique »

(Crozier, Friedberg, 1977 ; etc.) et qui se sont intéressées surtout aux différents types de relations de pouvoir et des modes de distribution de l’autorité dans les organisations, industrielles, administratives et institutionnelles.

sociologie du travail. Il en est ainsi des modes d’organisation du travail (Salerni, 1979 ; Liu, 1981 ; Eyraud et al., 1984 ; 1984a ; Guegant et al., 1987), de la qualification

(Freyssenet, 1984 ; Jones, Wood, 1984 ; Berthelot, 1985 ; Adler, 1987 ; Reynaud, 1987 ) de la compétence (Cannac, 1986 ; Sainsaulieu, 1977 ; 1987 ; Dubar, 1996), ou des notions englobantes comme l’intégration des tâches, la professionnalisation du travail industriel (Kern et Schumann, 1984 ; Piore, Sabel, 1984), ou encore l’autonomisation des postes de travail23 (Salerni, 1979).

Ce premier modèle d’analyse présente une structure telle qu’il a été particulièrement adapté au traitement de certaines problématiques à structure a priori simple24 et unidirectionnelle.

C’est ainsi par exemple que de nombreux travaux furent consacrés sur cette base aux différents problématiques d’aliénation en relation avec les effets de la technologie et des transformations qu’elle peut entraîner dans divers milieux de travail et les espaces de socialisation qu’ils constituent (Hull et al., 1982 ; Sheppard, 1977). Dans l’ensemble, ces travaux posaient –ou reprenaient– les jalons d’une problématique qui allait s’avérer récurrente durant les quarante dernières années (Friedmann, 1963 ; 1964 ; Braverman, 1976). Compte tenu du nombre élevé de ces analyses, nous nous bornerons simplement à rappeler sommairement quelques points de repères sur lesquels nous aurons à nous appuyer plus loin dans la suite de ce travail. Soulignons ici qu’il s’agissait pour nombre de ces travaux de démonter certains mécanismes d’aliénation attribués directement à la

technologie mise en œuvre dans le cadre des processus de production industriel (Seeman, 1959 ; Blauner, 1964). Cette démarche fit l’objet d’analyses approfondies mais sur la base d’un des aspects les plus frappants de la technologie, l’automatisation. C’est un des sociologues appartenant à l’École dite de Chicago qui s’imposa comme l’un des

précurseurs de ce type d’approche, W.D. Ogburn (1946). Il proposa un modèle d’analyse systémique permettant de considérer la technologie comme une variable centrale

indépendante à partir de laquelle il était possible d’examiner les impacts de la technologie sur différentes variables dépendantes, allant des systèmes de relations sociales (entreprises, famille, éducation, etc.) à des catégories plus restreintes telles que celles qui ont été

soulignées plus haut (structure organisationnelle, organisation du travail, aliénation, etc.). D’autres études d’impacts eurent pour objets les modes d’organisation du travail et les effets que peuvent avoir les changements technologiques sur certains aspects comme la spécialisation du travail ou le niveau de complexité des tâches (Spenner, 1979 ; Form, McMillen, 1983). À cet effet, une relation privilégiée fut établie entre la technologie, les niveaux d’autonomisation des tâches et la qualification : plus une tâche est « qualifiée25 »,

plus elle est autonome, ce qui n’empêche nullement que cette autonomie peut être sujette à un contrôle bureaucratique accru en raison d’une plus grande maîtrise technique des différentes phases du procès de production (Hull et al., 1982 ; Edwards, 1979). Notons enfin que, dans le cadre de ce premier modèle, la technologie et les changements

technologiques de façon générale firent l’objet de bien d’autres analyses articulées peu ou prou autour des différentes composantes techniques professionnelles et sociales de la

23 L’autonomisation étant définie ici par opposition à la notion d’intégration des tâches qui constitue une tendance

soutenue par certaines analyses comme celles de H. Kern et M. Schumann (1984).

24 En ce sens que ces problématiques sont fondées essentiellement sur un mode de relation causale ou inductive, sans la

prise en compte d’éléments intermédiaires. C'est-à-dire sans la mise en œuvre de relations transitives ou l’action d’éléments tiers par lesquels transiterait la proposition d’analyse, comme c’est le cas des deux autres modèles d’analyse que nous aborderons plus loin.

25 Nous verrons plus loin dans la partie consacrée à la notion de qualification et à la problématique complexe qui

l’accompagne. En effet, cette notion de qualification est aussi bien reliée à la tâche qu’à l’individu qui est censé l’exécuter. Parfois elle est également reliée au poste de travail.

sphère du travail. Des analyses dont quelques-unes seront abordées de façon approfondie plus loin dans ce chapitre, en relation avec un élément central de la problématique de cette étude, la notion de qualification et le processus concret qui lui sert de vecteur porteur. Un deuxième grand modèle apparaît également dominant dans l’analyse sociologique. À l’instar du premier, il considère la technologie et/ou les changements technologiques comme une variable indépendante, mais il s’en différencie en introduisant dans la relation entre cette variable et les variables dépendantes un troisième élément par lequel transitent les impacts des changements technologiques visés par l’analyse. Ce modèle repose en quelque sorte sur une relation transitive encadrée par les deux grandes variables : les changements technologiques d’une part, et, les systèmes de relations sociales, d’autre part. Au centre cette relation repose sur un support intermédiaire constitué, soit par un ou

plusieurs autres facteurs médians, soit par des variables dépendantes. La relation directe dans ce modèle laisse place à une corrélation plus ou moins complexe selon les

problématiques adoptées pour aborder la question des changements technologiques. Dans ce cadre sont alors analysés plusieurs formes de rapports sociaux en milieu de travail et différents systèmes de relations sociales, de façon plus globale, en relation avec les effets conjoncturels et structurels attribués à la technologie. Parmi ces variables intermédiaires il y a les normes sociales de relations, les représentations symboliques et culturelles ainsi que d’autres facteurs contextuels et contingents auxquels le recours est plus ou moins important selon le cadre d’analyse mis en œuvre.

De nombreux travaux furent consacrés spécifiquement aux effets des changements

technologiques sur les attitudes et les comportements individuels et collectifs en milieu de travail, et plus particulièrement, aux prolongements culturels de ces changements

(Hofstede, 1978 ; 1981). Selon cette problématique, les facteurs intermédiaires sont les changements culturels et, de façon générale, les représentations symboliques et sociales, à travers les impacts que peuvent avoir les changements technologiques. Comme nous le verrons plus loin, beaucoup de ces analyses abordent la question de la technologie par le biais de « l’innovation technologique » (Rosenberg, 1976 ; Liu, 1981 ; Massard, 1991 ; Perrin, 1993) et, surtout, la capacité des individus et des groupes sociaux en général à s’adapter rapidement à ces changements. D’autres variables intermédiaires reliées de façon structurelle au milieu de travail, en tant qu’espace de socialisation, sont mises en œuvre. À l’exemple de la déqualification des travailleurs attribuée à la technologie (Wallace,

Kalleberg, 1982) ou aux effets néfastes de cette dernière sur la main-d’œuvre féminine (Hacker, 1979). Ou encore à celui de la structure organisationnelle de l’entreprise26 qui

s’impose dans de nombreux travaux comme un facteur intermédiaire de première

importance (Ballé, 1977 ; Monjardet, 1980 ; Desmarez, 1986). Nous pourrons développer plus loin quelques exemples de ce courant dominant à travers certaines analyses en relation directe avec les préoccupations de notre problématiques, notamment celles reliées à la qualification comme facteur déterminant et « structurant » de la socialisation

professionnelle, à « l’apprentissage culturel » et à la formation de l’identité professionnelle comme prolongements des impacts « culturels » de la technologie (Sainsaulieu, 1977 ; 1997).

Un troisième modèle d’analyse peut également être mis à jour. Mais ce modèle se

distingue davantage par son positionnement en rupture avec les deux premiers que par une

originalité propre dans le traitement qu’il fait des changements technologiques et du rôle de la technologie de façon générale dans les diverses sphères sociétales. Cette rupture se manifeste sur trois niveaux. Premièrement, les changements technologiques n’y sont pas considérés comme une variable indépendante, dans la mesure où la technologie n’y est pas abordée dans son acception matérielle « traditionnelle » en tant qu’ensemble d’équipements plus ou moins sophistiqués ou de moyens de production de biens (Low-Beer, 1978 ; 1981). Ce modèle se réfère à une définition beaucoup plus extensive qui renvoie à l’ensemble des sphères d’activité de la société27. Il va de soi alors que de ce fait même, une structure

analytique fondée sur des relations par variables –une à une ou même en combinaison– ne peut produire des résultats comparables à ceux des deux premiers modèles dont l’intérêt est précisément de reposer sur une acception de la technologie aux contours clairement tracés. Deuxièmement, et c’est une conséquence directe de ce qui précède, ce troisième modèle se particularise par le fait que les changements technologiques peuvent y être également considérés comme une variable dépendante, au même titre que d’autres facteurs d’analyse. Dans ces conditions, les modes de relations établis ne peuvent plus alors être considérés comme étant articulés autour d’une problématique en relation directe avec la technologie, même si cette dernière peut parfois figurer en bonne place dans certaines des approches développées dans le cadre de ce modèle. Par conséquent, et troisièmement, dans plusieurs de ces approches, articulées autour de problématiques très diverses, les changements technologiques et/ou la technologie ne sont considérés qu’en tant que facteurs contextuels, ou encore en tant que facteur de contingence dont il est nécessaire de tenir compte, mais sans toutefois que lui soit reconnu le « déterminisme » que l’analyse sociologique a eu tendance à lui attribuer dans de nombreuses études (Monjardet, 1977 ; Maurice, 1980). Nous montrerons plus loin, de façon approfondie, comment quelques-unes de ces

approches ont pu néanmoins déboucher sur une sociologie « compréhensive » fondée sur des résultats concrets et dotée d’une capacité explicative remarquable, à l’exemple

notamment des approches de J.K. Galbraith (1967), de N. Rosenberg (1976), de D. Noble (1977) ou encore de H. Kern et M. Schumann (1984).

Nous nous appuierons ici sur quelques exemples représentatifs de ce troisième modèle pour montrer que, par-delà l’intérêt pour le moins mesuré qu’il attribue aux changements

technologiques, sa contribution au débat sociologique sur la technologie n’en fut pas moins substantielle, sinon prépondérante. Un tel modèle nous a paru d’autant plus pertinent et adapté aux diverses problématiques de la technologie que c’est précisément grâce aux approches qu’il a suscitées que ces problématiques ont pu être replacées, nous semble-t-il, dans les contextes sociétaux qui sont les leurs et que le rôle des changements

technologiques a pu être relativisé par rapport aux autres déterminants sociaux. Cela, surtout compte tenu de la forte tendance, manifeste dans de nombreux travaux, et surtout en sociologie des organisations, à sur-dimensionner en quelque sorte le rôle de la technologie et des transformations sociales qui lui sont attribuées (Noble, 1978 ; Desmarez, 1986 ; Maheu, Beauchemin, 1987).

En sociologie du travail, certaines approches comme celle développée par J. Low-Beer (1981) se sont illustrées par une analyse sociologique « compréhensive » intégrant les changements technologiques comme une variable parmi d’autres auxquelles un rôle au moins aussi important est accordée, comme les choix culturels et les représentations

27 « La technologie est l’application systématique de la science, et de toutes les connaissances organisées, à des tâches

symboliques des individus au travail, les données contextuelles locales de ces espaces, les stratégies individuelles et collectives. Dans le cadre d’une étude de cas approfondie, J. Low-Beer (1978) montre de façon explicite comment des variables a priori externes –à l’espace de travail– peuvent contribuer de façon significative à orienter les comportements des individus à l’intérieur même de cet espace. En l’occurrence, et c’est un cas qui nous intéresse tout particulièrement ici, J. Low-Beer examine les attitudes individuelles et les comportements collectifs des techniciens en électronique de certaines entreprises

industrielles, dans le contexte du climat de contestation sociale dominant dans l’Italie des années 1960. Il montre comment, face à l’autorité hiérarchique formelle, c'est-à-dire le pouvoir attribué par la structure organisationnelle à l’encadrement de maîtrise, les réactions des techniciens peuvent être diverses et déterminées au moins autant par des facteurs

extérieurs à l’espace social de l’entreprise que par des facteurs internes. Parmi ces derniers, les changements technologiques tiennent tout au plus un rôle circonstanciel. L’analyse de l’auteur montre que ce rôle peut même faire apparaître un certain déphasage, sinon une double incongruence entre, d’une part, une structure organisationnelle à l’origine d’une autorité hiérarchique exclusive mais compensée en quelque sorte aux yeux des individus – les techniciens en électronique– par des tâches intéressantes parce que diversifiées, et, d’autre part, une structure organisationnelle prenant en compte une politique participative et déterminant ainsi une autorité hiérarchique assouplie, mais dont les prolongements sociaux et professionnels se heurtent à des tâches de nature routinière. L’auteur montre que

l’attitude plus ou moins active des techniciens face aux mouvements de grève et de contestation, est en relation directe avec ce déphasage et que ce sont précisément ceux qui sont directement concernés par cette double incongruence qui adoptent une telle attitude. Même si effectivement certains techniciens fondent leurs attitudes individuelles sur des revendications de nature strictement professionnelle, du type de l’amélioration des

processus de fabrication et de la distribution des tâches (1978 : 422-423), les techniciens les plus engagés dans l’action militante, notamment en faveur de l’action de grève, sont

motivés par des facteurs externes comme l’appartenance à une formation politique, hors de l’entreprise, l’affinité idéologique ou les origines sociales et économiques (1978 : 424-427). Pour conclure, J. Low-Beer montre que c’est une certaine conjugaison de différents

facteurs, dont la technologie, qui permet de fournir une explication satisfaisante quant à l’analyse de cette problématique de contestation sociale dans laquelle s’étaient engagés le collectif des techniciens. Il montre qu’il n’y a pas de rapport direct et univoque entre, d’une part, la technologie et/ou les changements technologiques dans l’entreprise et, d’autre part, les systèmes de relations sociales que constituent les autres sphères sociétales, ou tout au moins certaines d’entre elles.

Plusieurs autres types d’approches se basent ainsi sur une analyse multidimensionnelle pour appréhender soit les effets de la technologie soit les effets sur la technologie (Rosenberg, 1976). Une grande diversité d’études s’intéressant par exemple à l’action collective entrent dans le cadre de ce troisième modèle dans lequel les enjeux de nature technologique

tiennent parfois une place centrale mais dont les effets ne peuvent être appréhendés autrement que par une approche globale intégrant un éventail plus large de facteurs (Brooks, 1973 ; Wood, 1982 ; Segrestin, 1985).

Quoi qu’il en soit, les approches développées dans le cadre de ce troisième modèle paraissent non seulement particulièrement adaptées au traitement sociologique de la problématique complexe des changements technologiques, mais surtout ,elles semblent

présenter une puissance explicative qui n’est pas nécessairement en deçà de celles des deux autres modèles pour ce qui est d’une appréhension pertinence d’une telle problématique. De façon globale, il est possible d’affirmer que les intérêts analytiques portés à telle ou à telle autre des variables –dépendantes et indépendantes– par unité ou par combinaison, apparaissent comme les principaux révélateurs des courants dominants en sociologie. Il va de soi que toutes les approches sociologiques abordant la question de la technologie et/ou des changements technologiques ne sont pas toutes structurées à partir de l’un de ces modèles de base. Ne serait-ce que dans le domaine du travail, la sphère couverte par un tel champ comprend une multitude remarquable d’espaces et de formes de socialisation. Une grande partie des travaux consacrés à la technologie et/ou aux changements technologiques se proposent précisément non seulement d’identifier et de reconnaître les conditions dans lesquelles se construisent ces espaces et ces formes, mais également le rôle possible d’une telle variable indépendante. Il est donc naturellement hors de question de passer en revue l’ensemble des travaux –principaux ou dominants– relevant peu ou prou des différents courants développés en sociologie par rapport à la technologie ou aux changements technologiques, de même qu’il serait illusoire de tenter d’en dresser un bilan exhaustif28.

Nous nous intéresserons ici surtout aux analyses mettant en relation certains volets de cette problématique avec des notions comme l’identité au travail et la socialisation

professionnelle par le biais de la qualification, ce « concept empirique » (Campinos-

Dubernet, Marry, 1986) auquel nous accorderons une place prépondérante dans ce travail29.

1.2. La différence de perspective entre la sociologie du travail et la sociologie des

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