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Selon Le Boterf154, la professionnalité est « la capacité d’agir comme un professionnel » il distingue plusieurs composantes dans la professionnalité : la présence d’une identité professionnelle, de valeurs professionnelles (éthique) ici il s’agirait des valeurs soignantes, « des axes de professionnalisme, une variété des ressources et d’expériences » pour se constituer des

« schèmes opératoires , une reconnaissance » par les pairs « une capacité de réflexivité et de distanciation critique ». Par le développement professionnel, le professionnel serait en capacité de porter un regard sur sa pratique et de la compléter par des savoirs sur sa pratique « le savoir de la pratique est complété et orienté par le savoir sur la pratique ».

151 DIVERT, De LESCURE (2012) cours sociologie de la formation et de la professionnalisation, master 2 ICF

152 LE BOTERF (2006) Construire les compétences individuelles et collectives, Paris, éd d’organisation, p 251-252

153 WITTORSKI (2008) La professionnalisation, Savoirs, 2008/2 N°17, p 9-36

154 LE BOTERF (2006) Ingénierie et évaluation des compétences, éd. d’organisation, paris, 5e éd. p 108-109

- 51 - Selon Wittorski155, « la professionnalité est désignée socialement comme étant composée de compétences, de capacités, de savoirs, de connaissances et d’identités reconnus par une organisation ou un groupe professionnel comme étant les caractéristiques d’un « vrai » professionnel. L’attribution de la qualité de professionnel dépend donc d’une action double de développement et de mise en reconnaissance dans l’environnement, par le sujet , de ses propres actes, conjuguée à une action d’attribution sociale, par cet environnement (selon des critères de légitimité), d’une professionnalité à ce sujet ». La professionnalité est l’expression du développement professionnel156, c’est l’individualité et le dynamisme qui caractérisent la professionnalité. Comment caractériser le développement professionnel ?

Le développement professionnel se caractérise par un caractère spatio-temporel long, c’est la construction du sujet dans la durée. La professionnalité se rapporte à un individu engagé dans un

«processus d’amélioration de ses capacités et de rationalisation et spécification des savoirs mis en œuvres dans l’exercice de sa profession157 » Selon cette idée d’amélioration, la professionnalité doit être vue sur un continuum vers un idéal professionnel. Elle se construit progressivement par la poursuite du développement des compétences et de l’identité professionnelle.

Pour Wittorski, plusieurs facteurs participent du développement professionnel. Nous pouvons distinguer la construction d’un itinéraire de professionnalisation individualisé permettant la rencontre de situations variées (Le Boterf).

Nous pouvons aussi réaliser une incorporation croissante des compétences à l’action, en tenant compte de la zone proximale de développement de Vigotski, au bénéfice d’une sélection et d’une hiérarchisation progressive de ces compétences.

Un troisième facteur est la prise en considération de l’expérience définie, « comme ce qu’acquiert la personne par la pratique d’une activité en situation dans un temps donné 158». Cette expérience permet au sujet de réaliser une construction subjective à partir des actions réalisées. Le sujet apprend et élabore de nouvelles connaissances ; par la réflexion sur ces actions et la conscientisation,

Un autre facteur est l’apprenance : la capacité à apprendre par le contact avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement lors de toutes situations d’apprentissages informels.

155 WITTORSKI, (2007) Professionnalisation et développement professionnel, Paris, L’harmattan, 188p

156 ETIENNE (2008) Autour des mots recherche et formation n°59, p121-132

157 BOURDONCLE, R. (1994). La professionnalisation des enseignants. European Journal of Teacher Education, 17(1/2) ; p16

158 ZEITLER (2012) La construction de l’expérience, Recherche et formation, 70;9-14

- 52 - Wittorski distingue aussi l’action réalisée par la confrontation aux situations professionnelles. Par cette entrevue avec les situations de terrain, le sujet réalise un processus d’élaboration de schèmes, d’invariants opératoires, de concepts organisateurs de l’action et de conceptualisation de l’action.

tels que Pastré les a mis en évidence en didactique professionnelle.

Witrorski annonce aussi la notion de réflexivité dans la professionnalité , selon le modèle du praticien réfléchi de Schön, par l’intermédiaire de la formalisation orale ou écrite des savoirs d’actions, les savoirs d’actions159 étant définis comme des savoirs mobilisés dans des activités ayant directement pour objet soit la production de représentation sur le réel soit sa transformation.

Nous allons développer quelques caractéristiques de la professionnalité 6.3 L’apprenance :

L’apprenance est définie comme la capacité à apprendre par le contact avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement lors de toutes situations d’apprentissages informels. C’est une attitude, une posture, une disposition. Elle fait appel aux trois registres de notre vie psychique : sur le plan affectif, l’idée d’apprendre serait vue comme une source de plaisir ; sur le plan cognitif, elle suppose que les représentations de l’apprendre construites par le sujet seront propices au déploiement de modes efficaces de traitement de l’information ; sur le plan conatif, l’idée d’apprendre véhicule l’idée d’un rapport intentionnel à l’apprendre. Ainsi « l’apprenance est un ensemble durable de dispositions affectives, cognitives, conatives favorables à l’action d’apprendre dans toutes les situations formelles ou informelles, de façon expérientielle ou didactique autodirigée ou non, intentionnelle ou fortuite »160 (p 108). L’apprenance est une disposition par rapport à l’apprendre, par rapport au savoir. « C’est une réaction favorable de l’ensemble de ces fonctions psychologiques à l’idée d’apprendre161 » Apprendre est alors un plaisir, une envie, un désir.

Nous pouvons alors imaginer le rapport que le sujet possède avec l’apprendre, avec le savoir. Pour PERRENOUD, le rapport au savoir est « l’ensemble des relations affectives, cognitives et pratiques qu’un sujet entretient aux savoirs et à l’apprendre162 ». « Le rapport au savoir est le processus par lequel un sujet, à partir de savoirs acquis, produit de nouveaux savoirs réguliers lui permettant de penser, de transformer et de sentir le monde naturel et social163 ». Le rapport au savoir devient l’instrument de la performance .Le rapport au savoir est un processus, on « « est » son rapport au

159 BARBIER (2011) Savoirs théoriques et savoirs d’action, Paris, Puf ,3eme éd., p 14

160 CARRE (2005) L’apprenance, vers un nouveau rapport au savoir, Paris, Dunod, 205p

161 CARRE (2005) ibid. p109

162 PERRENOUD, (2003) « qu’est-ce qu’apprendre ? »Enfances et psy, 4, n°24, p9-17

163 BEILLEROT, (2000), Le rapport au savoir, in MOSCONI, formes et formations du rapport au savoir, Paris, l’harmattan, pp39-57

- 53 - savoir, nos actes, nos conduites témoignent et transcrivent ce que je veux et ce que je ne sais pas, la manière dont les savoirs ont été acquis puis m’ont imprégnés »164 .Cela implique un travail sur soi et sur son propre corps, c’est ce qui est fait pendant les TP de Mk1. En quoi les pratiques corporelles modifient elles le sujet ? Comment ces savoirs de la pratique imprègnent ils l’étudiant ? fait-il une analyse de sa pratique

6.4 La réflexivité comme construction identitaire par l’analyse de la