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La demande g lobale

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Penchons-nous d'abord sur l'agrégation des demandes individuelles per­

mettant de définir la demande globale d'un bien ou service. Dans le cha­

pitre 2, nous avons établi que la demande optimale en bien i exprimée par un consommateur k (k = 1, . . . , m) est une fonction du prix du bien i, des prix des (n - 1) autres biens et du revenu Rk du consommateur k : x/(p1, p2, • • • , pi' . . . , Pn' Rk). Si l'on recense l'expression des fonctions de demande de bien i pour l'ensemble des m consommateurs, il est possible de construire la demande globale de bien comme la somme simple des demandes individuelles de ce bien.

La demande globale d'un bien i est la somme des demandes expri­

mées par l'ensemble des agents participant - ou susceptibles de parti­

ciper - à la consommation de ce bien. S'il y a m consommateurs acquérant ou susceptibles d'acquérir le bien, la demande globale xiD

sera donc : m

xïD(p1, P2' . . . ,pi ' . . . ,pn, Ri, Rz, . . . , Rm) =

x/(p1, P2' . . . ,pi , . . . ,pn, Rk)

Intrinsèquement, la demande globale de bien i est une fonction de (n + m) variables. Ceci n'est, à l'évidence, pas très commode à manipuler. Dans la plupart des applications qui requièrent l'utilisation explicite de cette fonc­

tion, seule la variable pi (le prix du bien i lui-même) sera sujette à des varia­

tions. C'est pourquoi nous allons, dans la suite, restreindre la fonction de demande globale de bien i à une fonction xiD(p). Cette fonction - d'une seule variable - sera, dans le cas standard, une fonction décroissante. C'est le cas correspondant à un bien ordinaire, déjà décrit dans le chapitre 2, et ici représenté sur la figure 1.

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...

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I

0

Figure 1 Demande globale d'un bien i ordinaire

La décroissance de cette fonction traduit le fait que la quantité globalement demandée de bien i par les m consommateurs est de plus en plus faible lorsque le prix de ce bien augmente :

soit parce que chacun des consommateurs prenant part à la consom­

mation du bien réduit la quantité qu'il consomme de ce bien ;

soit parce que certains des consommateurs qui participaient initia­

lement à la consommation du bien n'y participent désormais plus ;

soit parce que les deux phénomènes ci-dessus décrits se produisent conjointement.

Puisque nous nous focalisons désormais sur la relation entre prix et quan­

tité demandée d'un seul et unique bien, nous pouvons aménager la forma­

lisation retenue. Nous choisissons de noter QD (plutôt que .xD) la quantité demandée du bien car la variable Q évoque très ouvertement une quantité et il sera plus facile d'identifier cette variable dans les chapitres où apparaî­

tront ensuite d'autres grandeurs.

Ce qui différencie les demandes globales des différents biens est le niveau plus ou moins élevé de leur élasticité-prix. Nous avons vu dans le chapitre 2 que l'élasticité-prix (directe) de la demande est une mesure de sensibi­

lité de la demande au prix du bien. Dans le cas d'un bien ordinaire, l' élas­

ticité est négative (la demande est une fonction décroissante du prix) ;

-0 0 c ::J 0 v ..-f 0 N

@ ...

..c en ï:::: a. 0 u

pour plus de clarté, il est de coutume de raisonner sur les valeurs absolues de l' élasticité-prix de la demande. Ainsi, lorsqu'on dit que la demande glo­

bale de bien i est plus élastique que la demande globale de bien j, cela signifie que la valeur absolue de l'élasticité-prix (directe) de la demande globale de bien i est supérieure à la valeur absolue de l'élasticité-prix (directe) de la demande globale de bien j, ce qui correspond à : 1 i 1 > 1 cj I · L'élasticité-prix de la demande d'un bien est immédiatement visualisée en observant la pente de la courbe de demande globale. Ainsi, une demande globale peu pentue (figure 2) est le signe d'une faible élasticité-prix de la demande et une demande globale très pentue indique une forte élasticité­

prix de la demande (figure 3).

Q Q

--- P --------------- P 0

Figure 2 Demande globale faiblement élastique au prix

0

Figure 3 Demande globale fortement élastique au prix

Lorsque la demande globale est faiblement élastique (on dit « inélastique » au prix), une hausse substantielle du prix du bien ne fait que très peu dimi­

nuer la quantité globalement demandée. C'est le cas des carburants ou du gaz naturel consommés pour alimenter les moteurs des automobiles ou pour chauffer les logements : même si le prix du litre ou du m3 augmente fortement, la quantité consommée ne diminue que faiblement car les consommateurs sont « prisonniers » du besoin de consommer de ces biens (pour aller à leur travail ou pour ne pas « mourir » de froid en plein hiver).

Si les prix deviennent dissuasifs, la consommation finira par baisser (par exemple, les consommateurs choisiront le covoiturage ou privilégieront les transports en commun).

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t2 ::i 1 'O Q 0 i:: ::i (Q)

A l'inverse, lorsque la demande globale est fortement élastique, une petite variation à la hausse du prix du bien fait diminuer substantiellement la quantité globalement demandée : c'est le cas de certains biens alimentaires non vitaux dont le prix peu varier en fonction des saisons ou des aléas cli­

matiques (bananes, cacao, légumes de saison, etc.).

Une confusion sur la lecture de l'élasticité-prix de la demande peut naître lorsque, au lieu d'examiner la fonction de demande (globale) directe, on se penche sur la fonction de demande inverse. La fonction de demande inverse est un concept similaire à celui de la fonction de demande directe au sens où il exprime la même relation fonctionnelle entre prix et quantité demandée. Mais, dans cette relation fonctionnelle, l'image est le prix et l'antécédent est la quantité. En d'autres termes, la fonction de demande inverse indique, pour un niveau donné de la demande, le prix auquel cor­

respond un tel niveau de demande.

La fonction de demande inverse relative à un bien quelconque est la relation fonctionnelle qui indique, pour un niveau donné de la quantité demandée, le prix auquel est atteinte cette quantité demandée. En d'autres termes, il s'agit de la relation fonctionnelle entre prix et quan­

tité demandée pour laquelle la quantité figure en abscisse et le prix figure en ordonnée. Si l' on note p le prix du bien et Q la quantité deman­

dée de ce bien, la fonction de demande inverse est notée p( Q).

Si les microéconomistes souhaitent disposer d'une fonction de demande inverse, c'est parce que cette version de la relation fonctionnelle entre prix et quantité demandée se prête à des interprétations très utiles. Il en va ainsi de la genèse de la notion de surplus du consommateur que nous allons présenter dans la section suivante. En revanche, l'utilisation de le demande inverse commande d'adopter une lecture graphique de l'élasticité-prix de la demande elle aussi inversée. Ainsi, une demande inverse très pentue cor­

respond à une faible élasticité-prix de la demande (figure 4) et une demande inverse peu pentue correspond à une forte élasticité-prix de la demande (figure 5).

-0 0 c ::J 0 v .-f 0 N @ ...

..c en ï:::: a. 0 u

p p

0

Figure 4 Demande faiblement

élastique au prix Figure 5 Demande fortement élastique au prix

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