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3.7 Collecte des données

3.7.1 L’observation participante avec enregistrement vidéo

J’ai observé les interactions entre les acteurs dans l’expérience d’accélération en temps réel. Plusieurs auteurs ont en effet souligné l’importance de l’observation pour l’étude des phénomènes qui se produisent en temps réel. Elle favorise l’immersion dans le monde étudié et permet une meilleure compréhension des phénomènes sous investigation (Christianson, 2016; Jordan et Henderson 1995; Rigg et al., 2012).

J'interviens essentiellement comme agent de soutien logistique dans cette expérience. Mes tâches consistent à inscrire et orienter les participants lors des événements, à transporter, installer ou ranger le matériel, prendre des photos et des vidéos lors des activités en utilisant

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les caméras du directeur de l’accélérateur. Ces vidéos et photos servent principalement à communiquer sur les réseaux sociaux et dans les documents de présentation de l’accélérateur. L’accélérateur dispose d’une chaine YouTube où sont diffusées les vidéos des événements. Les photos sont diffusées sur LinkedIn, Facebook et Tylio. Cette immersion a permis à l’étudiant de comprendre le contexte. Il importe de rappeler que son rôle se situe à la périphérie de l’activité principale de l’accélérateur, qui est d’aider les entrepreneurs dans leurs parcours. N’étant considéré ni comme expert ni comme entrepreneur dans ce contexte, ma position n’influençait aucunement l’activité et ne nuisait pas à l’autonomie des acteurs. Le directeur de l’accélérateur avait voulu que l’étudiant soit au nombre des coachs pour la cohorte étudiée, mais il a dû décliner cette offre afin d’éviter toute apparence de hiérarchie et ainsi préserver l’autonomie des entrepreneurs à son égard. Miles (2014) a en effet évoqué le dilemme entre la posture détachée (detached inquiry) et l’aide (help) où le chercheur apporte une assistance au répondant pour résoudre un problème. Mon but étant de comprendre les événements qui ont cours dans ce contexte, j'ai adopté une posture intermédiaire. J'ai aidé à la périphérie en m’impliquant dans le soutien logistique, ce qui a favorisé un certain rapprochement avec les acteurs et a facilité mon accès à l’information. J’ai pu de cette façon participer à certaines interactions informelles entre entrepreneurs ou entre entrepreneurs et accompagnateurs. Toutefois, ma posture restait détachée quant au cœur de métier de l’accélérateur. Je n’intervenais pas directement auprès des entrepreneurs de sorte à prendre ses distances avec l’accélérateur quand cela devenait nécessaire pour favoriser une bonne collaboration avec les répondants. Certains entrepreneurs venaient solliciter mon avis sur leurs présentations, mais je restais évasif face à de telles demandes en donnant des réponses du genre : « c’est bien, mais je suis convaincu qu’avec la pratique tu vas encore améliorer… »

J’ai observé la manière dont les acteurs interagissent en face à face dans l’espace d’accélération. Il s’agit de données dynamiques dont la captation à travers des notes d’observation aboutirait à des notes incomplètes. Selon Jordan et Henderson (1995), les données d’interaction sont complexes et aucun observateur ne peut noter de façon fiable les interactions entre groupes d’individus où les activités s’entrecroisent. Ils estiment que la vidéo est nécessaire dans de tels contextes parce qu’elle permet de capter les détails qui pourraient échapper à l’œil du chercheur et permet ainsi d’obtenir des données plus riches.

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Plusieurs acteurs interagissent simultanément dans le programme d’accélération, et plusieurs faits importants m’échapperaient si je voulais uniquement observer et prendre des notes. La vidéo a permis de mieux capter les interactions entre acteurs dans un contexte social aussi complexe et aide à construire des théories à travers la possibilité qu’elle offre de revoir les événements autant de fois et sous autant d’angles que la question de recherche le nécessite (Christianson, 2016). Je crois en conséquence que la vidéo est mieux adaptée pour cette recherche parce qu’elle capte les détails, permet d’y revenir et facilite l’analyse des comportements verbaux et non verbaux des intervenants (Jordan et Henderson, 1995)

Les rencontres ont lieu dans des salles aménagées en mode-école. Les présentateurs se tiennent en face des entrepreneurs assis sur des chaises autour des tables. Pendant chaque rencontre, le directeur de l’accélérateur installe systématiquement deux caméras dans la salle pour enregistrer les activités. Une caméra est installée en avant et orientée vers la scène principale où se tiennent les entrepreneurs présentateurs, les formateurs et les conférenciers, et l'autre en arrière de la salle et orientée vers la scène principale. Lorsque la salle est plus petite, une seule caméra est installée en avant et orientée vers la scène principale. J’ai demandé et obtenu l’autorisation d’avoir accès à ces vidéos comme données dans le cadre de cette recherche. Des auteurs recommandent aux chercheurs de produire leurs propres vidéos. La raison est que les vidéos ne sont pas neutres et leurs auteurs ne présentent que ce qu’ils souhaiteraient que leurs audiences voient (Ball et Smith, 2001). En prenant l’exemple des documentaires, Ball et Smith (2001 : 304) affirment qu’ils sont conçus de manière à conduire les auditeurs à certaines conclusions. Dans le cas de cette étude, la disposition des caméras est celle que j’aurais adoptée avec mes propres équipements. De plus, je principal participe à la captation de ces vidéos pour le compte de l’accélérateur et les données sont mises à sa disposition sans traitement préalable. Ces vidéos couvrent la salle et captent toutes les activités qui s’y déroulent. Elles sont la source principale de données en raison des avantages évoqués plus haut. Ball et Smith (2001) soutiennent que le chercheur moderne doit adapter son approche en utilisant des moyens modernes dont l’utilisation est rendue accessible et facile en raison des progrès de la technologie. En plus des vidéos, l’étudiant a toujours un cahier et un stylo lorsqu’il observe. Les faits marquants qui se produisent dès ce moment sont directement pris en note. Les faits marquants qui interviennent au moment où l’étudiant est en mouvement sont

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notés dès qu’il s’assoit ou pendant les pauses. Certaines notes sont complétées le soir lorsque l’étudiant rentre chez lui. Ces notes de terrain ont pour but de compléter les vidéos (Christianson, 2016).

Je présente dans le tableau 13 les détails des vidéos collectées. Les libellés des activités sont extraits des invitations transmises par le directeur de l’accélérateur à l’ensemble des acteurs.

Ces vidéos couvraient intégralement toutes les activités du programme d’accélération. Les détails de ces activités sont présentés en annexe (annexe 1).

Tableau 13 : détails des vidéos collectées

LIBELLÉS DES ACTIVITÉS DURÉE EN MINUTES

LANCEMENT DE LA COHORTE 211,70

ACCUEIL DES ENTREPRENEURS DE LA COHORTE 307,71

ATELIER 1 211,06 FORMATION 1 374,13 FORMATION 2 275,33 FORMATION 3 575,37 FORMATION 4 327,15 FORMATION 5 681,60 FORMATION 6 503,23 FORMATION 7 393,53 ATELIER 2 208,55 ATELIER 3 325,06

TESTER SON PITCH 49,00

TOTAL EN MINUTES 4443,42

TOTAL EN HEURES 74,06

Certaines interactions ne sont pas couvertes par la vidéo. Il s’agit principalement des interactions informelles entre entrepreneurs ou avec les accompagnateurs. J’ai couvert ces aspects à travers des notes de terrains.

Ci-dessous, je présente la manière dont les autres données ont été collectées.

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