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L’analyse théorique et la part du conflit

POLITIQUE ET PROJET DE DÉVELOPPEMENT

I. PUISSANCE ET COMMERCE INTERNATIONAL

2. L’analyse théorique et la part du conflit

Quelles sont les sources du pouvoir de coercition pouvant procéder du commerce international ? Deux effets sont

169 Ibid., p. 5

170 « Dans une situation de libre-échange, l'incapacité de développer les ressources nationales qui contribueraient au renforcement du pouvoir économique et militaire du pays, ainsi que la peur d'être privé des approvisionnements indispensables en cas d'urgence n'ont cessé d'apparaître comme les deux principaux moteurs d'une politique protectionniste et autarcique », ibid., p. 6.

171 « Mill fut l'un des premiers à montrer que les bénéfices matériels tirés du commerce international ne sont pas forcément répartis également entre les diverses nations membres du système d'échange », ibid., p. 6.

172 Ibid., p. 12.

distingués : le premier, le plus évident, est « l’effet d’approvisionnement » (supply effect). Le commerce international favorise un approvisionnement moins coûteux et plus complet renforçant le potentiel industriel et militaire d’une nation. C’est la volonté de sécuriser cette fonction d’approvisionnement en particulier en limitant les risques de dépendance ou de vulnérabilité en temps de crise qui conduit à des actions en faveur du contrôle des mers, à des accumulations de stock, au développement de relations bilatérales ou à la constitution de zones protégées.

Cet aspect est bien connu, et Hirschman insiste beaucoup plus longuement sur le second aspect, « l’effet d’influence », qu’il décrit précisément : « Dans un deuxième temps, le commerce extérieur peut, du point de vue de la puissance, devenir une source directe de puissance. D'aucuns ont montré, pleins d'espoir, que le commerce considéré comme un moyen d'obtenir une part de la richesse d'un autre pays peut remplacer la guerre.

Mais le commerce peut également devenir une alternative à la guerre - et cela conduit à une perspective moins optimiste, puisqu'il introduit une méthode de coercition qui lui est propre dans la relation entre des Etats souverains. La guerre économique peut supplanter les bombardements et la pression économique peut remplacer les assauts au fer. En effet, on peut démontrer que même si la guerre pouvait être éliminée, le commerce extérieur conduirait toujours à une situation dans laquelle certains pays seraient dépendants d'autres ou influencés par d'autres»173. C’est la menace d’interrompre les échanges commerciaux qui constitue ici la principale arme. Dès lors, un pays voulant acquérir un pouvoir et créer une dépendance chez ses partenaires peut compter sur plusieurs facteurs :

Le montant des échanges

Hirschman propose ici de renouveler l’analyse traditionnelle du

« gain from trade » en menant une réflexion sur son versant politique : il note significativement, « la théorie traditionnelle

173 Ibid., p. 14.

qui veut qu'on tire des bénéfices du commerce et la théorie qui, du point de vue du pouvoir, veut que le commerce créé la dépendance, sont étudiées ici et considérées simplement comme les deux aspects d'un même phénomène. Ce parallèle peut être l'application moderne de l'ancien dicton : "Fortuna est servitus"

»174.

Mobilisant le concept mis au point par A. Marshall, il en retourne le sens : un accroissement du gain du partenaire peut signifier, dans une optique d’assujettissement, un accroissement de sa dépendance. Il est naturellement évident que l’exercice à des limites ; néanmoins, « Si un pays A cherche à accroître son influence sur un pays B, alors il a probablement intérêt à changer les termes de l'échange en faveur du pays B »175. Il devient ainsi indispensable de bien distinguer gains objectifs et gains subjectifs dans le cadre du commerce international. Cela signifie alors qu’il faut préciser les préférences réellement visées par les différents partenaires. Là encore, Hirschman souligne très clairement, « Il est en effet impossible d'affirmer que l'importance respective des bénéfices subjectifs tirés du commerce correspond à la répartition du bénéfice objectif, sans supposer que les deux pays partagent les mêmes goûts et les mêmes degrés de satisfaction avant que l'échange ait lieu ; en d'autres termes, sans supposer qu'ils ont envisagé tous les aspects du problème. Sans de telles suppositions, il serait absurde qu'un pays n'obtienne pas une part inférieure du surplus matériel des biens gagnés grâce à la spécialisation internationale, alors qu'il tire une plus grande satisfaction de l'échange que son partenaire commercial »176.

Ces remarques appellent une analyse plus fine des déterminants d’un tel gain subjectif. Reprenant les analyse de F. Y. Edgeworth et d’A. Marshall, il montre alors qu’à volume d’échange constant, le gain subjectif est minimal lorsqu’il y a élasticité forte et constante du pays A poursuivant une politique de puissance ; il est maximal lorsque cette élasticité, initialement importante décroît ensuite rapidement. Ce constat n’est surprenant qu’en apparence : le résultat le plus probable étant, en

174 Ibid., p. 28.

175 Ibid., p. 20.

176 Ibid., p. 21.

effet que le pays exportateur bénéficiaire initialement des termes de l’échange se fait graduellement piéger par cette relation177. La volonté de puissance s’exprime alors lorsque, par exemple, le pays A accepte initialement volontairement une détérioration de ses gains commerciaux soit en changeant pour un partenaire moins profitable, mais par exemple producteur unique, soit en laissant se détériorer ses termes de l’échange. A terme, la relation se retourne et A est alors en position de dominer plus étroitement B, empêchant son industrialisation, ou manipulant, mais désormais en sa propre faveur, les termes de l’échange.

L’inertie des situations

L’interruption du commerce est synonyme d’appauvrissement. Il nécessite en outre un effort souvent important de réajustement induisant un coût immédiat mais également un coût dans le long terme dû au travail de ré-allocation. Le pays subissant la rupture doit ainsi, d’une part, produire lui-même les biens auparavant importés (ou trouver d’autres fournisseurs), d’autre part, réallouer les facteurs précédemment utilisés dans les industries d’exportation. Hirschman souligne que ce second aspect est au cœur des explications modernes, le premier ayant été plus nettement travaillé par les Classiques178. Des facteurs sont naturellement aggravants ; le degré d’immobilité des facteurs à l’intérieur de la nation, le degré de concentration géographique et sectorielle des industries touchées. Ceci explique également les mesures visant à brider l’industrialisation des pays partenaires, les économies mono-productrices en particulier de matières premières ou de produits agricoles ayant peu de capacités de réajustement. Enfin, la rupture affecte également les intérêts

177 Hirschman souligne ici significativement, « Un pays qui tire de plus grands bénéfices du commerce de sa propre production que des importations peut être amené plus facilement à faire des concessions en fonction du taux d'échange qu'un pays pour qui le commerce n'est qu'à peine rentable dans les conditions existantes», ibid., p. 23.

178 Il note d’ailleurs, « L' approche moderne qui insiste sur l'immobilité, les frais généraux et l'exploitation insuffisante des ressources amène à comprendre pourquoi l'idée universellement partagée selon laquelle les véritables bénéfices tirés du commerce reposent sur les exportations est plus qu'une simple illusion du peuple », ibid., p. 27.

acquis dans les différents milieux, régions, classes entraînant des risques sociaux importants.

Néanmoins ces armes économiques peuvent ne pas suffire et, dans ce cas, le partenaire B peut se soustraire à la contrainte de A en réorientant son commerce vers C, D, E. C’est ce risque qui conduit souvent le pays A dans sa recherche de puissance à des précautions et à des mesures plus précises et plus directes, la principale étant d’organiser un commerce important avec les petits pays. Devenus fournisseurs ou clients principaux, ces derniers auront dès lors les plus extrêmes difficultés à se dégager du lien commercial avec A, grande puissance179. A terme, l’objectif de A sera de modeler suivant ses intérêts commerciaux et politiques le type d’industrialisation de B.

Une panoplie extrêmement large de moyens semble donc s’offrir, dans le cadre où se déroule le commerce international, pour une politique de puissance nationale. De fait, Hirschman en dresse une liste complète et souligne ensuite que le régime National-Socialiste allemand dans les années trente a systématiquement et, de façon cohérente, exploité ces différentes possibilités pour accroître sa domination aussi bien sur l’Italie que sur l’ensemble des nations du sud-est de l’Europe.

Néanmoins une question importante est soulevée par cette analyse : jusqu’à quel point cette réalisation procédait-elle d’un plan d’ensemble préétabli par l’Etat Nazi ? Hirschman souligne qu’effectivement la volonté de puissance ne fait ici pas doute, mais qu’il y a eu tout autant une évolution irréversible due à un environnement particulièrement permissif180.

Il note, en effet, que dans certains cas, certaines conséquences inattendues d’une politique peuvent renforcer de façon

« providentielle » une action initiale : « Cependant, il est également possible qu'une politique ait des conséquences inattendues qui renforcent plus qu'elles ne détruisent le résultat

179 « En réalité, il apparaît alors pour de nombreux Etats souverains que le principe élémentaire de toute politique de puissance nationale est de ne plus diriger ses échanges vers les grandes puissances commerciales, pour favoriser les petites nations commerçantes. Ce principe doit donc s'ajouter à celui établi auparavant, à savoir que les échanges doivent être orientés vers les pays plus pauvres. Ces deux principes ne sont en aucun cas contradictoires, dans la mesure où de nombreux Etats sont à la fois pauvres et petits », ibid., p. 31.

180 Hirschman remarque que « », ibid., p. 39.

que la politique avait voulu obtenir»181. Quels éléments ont été ici décisifs ? Premièrement, les circonstances historiques qui, avant même l’arrivée des Nazis au pouvoir avaient obligé l’Allemagne, pays débiteur et à devise faible après 1918, à réorienter son commerce vers les pays moins riches du Sud-Est Européen ; deuxièmement, la volonté de puissance ultérieure de l’Etat Nazi ; troisièmement les circonstances mêmes de l’échange international dans le sens où, l’échange lui-même, lorsqu’il n’est pas contrôlé par un cadre institutionnel satisfaisant produit indissolublement de la richesse et du pouvoir. Hirschman souligne ce dernier trait clairement, « Un élément nous importe avant tout : les conflits d'intérêt et les instabilités sont déjà présents en puissance dans des relations commerciales inoffensives, telles qu'elles ont toujours existé - c'est-à-dire entre de grands et de petits pays, des pays riches et des pays pauvres, des économies agricoles et des économies industrielles. Ces relations pourraient parfaitement s'accorder aux principes enseignés par la théorie du commerce international. Il se peut que le pouvoir politique soit en retrait dans de telles relations commerciales. Mais aussi longtemps que la guerre reste une éventualité et que l'Etat souverain peut interrompre, s'il le désire, ses échanges avec n'importe quel pays, la compétition entre les pays pour accroître leur puissance envahit les relations commerciales et le commerce extérieur lui apporte une occasion d'accroître sa puissance - possibilité qu'il est tenté de saisir »182. 3. Nationalisme et internationalisme

Le rôle de la propagande, de la rumeur, et des représentations inexactes fut très important dans la dégradation de la situation après 1918 (voir chapitre 3). La fin de la seconde guerre mondiale pose en tous points un problème similaire à l’après 1918 : « Comme à la Conférence économique de Paris (1916) et, par la suite, à Versailles, la principale préoccupation de nos futurs négociateurs sera d'empêcher le retour d'une "agression économique", objet de toutes leurs craintes »183. Trois alternatives

181 Ibid., p. 40.

182 Ibid., p. 40.

183 Ibid., p. 71.

sont en présence : premièrement, mettre en place des contraintes discriminantes entre l’Allemagne et les Alliés ; deuxièmement, instaurer un régime général de laisser-faire inconditionnel ; troisièmement, favoriser l’abolition des pratiques discriminantes et retreindre les interventions des Etats souverains.

La première option pose immédiatement un problème : comment distinguer ce qui pourrait être une industrialisation ou une politique commerciale à visée principalement belliqueuse et une industrialisation offensive mais se situant dans une logique strictement économique ? Les techniques mises en place après 1918 ont souvent favorisé les confusions et ont alors directement alimenté une réaction nationaliste ; en outre, lorsque effectivement, la visée était de nature impérialiste, les mesures opposées visant à faire obstacles au dumping, au clearing, aux taux d’échange préférentiels ont été sans véritables effets184. La seconde option a une longue histoire ; en effet, si les Classiques avaient aperçu les phénomènes de pouvoir apparemment inhérent au commerce international, ils avaient jugé que ces scories politiques disparaîtraient purement et simplement dans un régime de libre échange généralisé. Le marché allait abolir les différences et mettre en présence des agents de taille et de puissance équivalente. Selon Hirschman néanmoins, «les conditions qui étaient censées conduire à une neutralisation des éléments de puissance dans les relations économiques internationales ne sont pas seulement

« irréalistes », mais parfaitement impossible »185. Ce que l’on continue à observer dans un cadre extrêmement permissif, c’est la présence de petites nations face aux grandes puissances : le lien économique est alors caractérisé par le « déséquilibre de pouvoir », déséquilibre cumulatif186.

La troisième option oppose à cet ambitieux programme de libre-échange généralisé une politique plus limitée, plus pragmatique

184 C’est là encore l’occasion pour Hirschman de rappeler l’un des principaux enseignements de son travail : « Le lien étroit qui unit les concepts politiques tels que "la dépendance vis-à-vis de pays étrangers" et les concepts d'analyse économique, tels que "le gain dans l’échange" ou "le marché de substitution", a été clairement expliqué», ibid., p. 73.

185 Ibid., p. 75.

186 Hirschman peut donc noter, « De cette manière, le commerce extérieur cause une dépendance maximum pour certains pays, ce qui n'est en aucun cas le résultat systématique d'une politique consciente des autres pays », ibid., p. 75.

mais mieux adaptée aux situations concrètes : « Si tel est le cas, un argument a fortiori s'applique à l'abolition simple des traitements discriminatoires tels que les quotas, les frais de douane préférentiels ou les taux d'échange qui varient selon le type de transaction et le pays concerné. Ce programme est beaucoup moins ambitieux que celui du libre-échange universel puisqu'il admet des tarifs douaniers unifiés, des interdictions catégoriques ainsi que des manipulations monétaires, étant donné que le taux d'échange avec l'étranger est unique »187. Ce programme, qui fut celui de W. Wilson, après 1918, ne peut alors être que celui choisit par les Alliés pour l’après Seconde Guerre Mondiale. Son autre versant porte sur la limitation des interventions restrictives procédant directement du pouvoir politique. En effet, « Des tensions naissent aussi très facilement des traitements discriminatoires et de l'assimilation de tous les intérêts privés aux intérêts de l'Etat… Là où il existe une possibilité d'utiliser le commerce extérieur comme l'instrument d'une politique de puissance nationale, une motivation supplémentaire est introduite pour que cet instrument soit utilisé de la manière la plus efficace possible : la discrimination et l'intervention de l'Etat. Ces deux formes d'un nationalisme économique extrême ne nous paraissent donc pas être la cause de l'aspect politique des relations économiques internationales, mais bien plutôt le symptôme et la conséquence ultime de cet aspect politique»188. Un changement de cadre institutionnel est donc indispensable pour que l’alternative ne se résume pas, pour l’après 1945, au protectionnisme ou à l’agression. La solution, comme l’indique alors clairement Hirschman, réside alors dans un pouvoir de contrôle se situant au-delà des nations : « Si nous voulons passer des alternatives stériles -autarcie ou "pénétration économique"- à la réalisation d'une collaboration économique internationale, le pouvoir exclusif d'organiser, de réguler et d'intervenir dans l'échange ne doit plus être dans les mains de nations uniques. Il doit être transféré à une autorité internationale capable d'exercer ce pouvoir comme une sanction contre une nation qui ferait figure d’agresseur »189.

187 Ibid., p. 76.

188 Ibid., p. 77.

189 Ibid., pp. 79-80.

Dans un texte postérieur de quelque trente cinq ans, Hirschman est revenu sur les principaux arguments de ce premier travail pour en présenter quelques critiques. En soulignant le rôle des caractéristiques structurelles des relations économiques internationales190, son travail anticipait et, en quelque sorte, se posait comme l’ancêtre, des travaux de l’Ecole de la Dependencia dont les chefs de file furent au début des années soixante F. H. Cardoso et O. Sunkel. Dans les deux cas une certaine structure bloque tout développement ; la seule solution réside alors dans un changement radical de ces caractères structurels.

Evoquant sa thèse Hirschman note ainsi, « les Nazis dans cette perspective n’ont nullement perverti le système économique international. Ils en ont simplement exploité l’une des caractéristiques »191. Mais il considère « rétrospectivement infiniment naïf » l’espoir placé alors dans le contrôle par une instance internationale des phénomènes de pouvoir émergeant du commerce international. Evoquant ce diagnostic de jeunesse, il remarque, « en d’autres termes, j’invoquais un deus ex machina » et regrette de n’avoir pas plutôt insisté sur les petits défauts de la structure et sur les forces qui, au sein de cette structure pouvaient en travailler la transformation. Il note, à titre d’exemple, que, s’il est évident qu’un petit pays dont une très forte fraction du commerce est dirigé vers une grande puissance subit une contrainte forte, la situation n’est pas sans avantages ; en effet, la petite nation bénéficie d’un différentiel d’attention : la grande nation ne lui accorde souvent qu’une attention limitée, proportionnelle à sa propre implication dans leur commerce bilatéral. Dès lors la petite nation peut bénéficier et peut exploiter cette asymétrie et en profiter, d’abord pour se développer, ensuite pour se dégager de ce lien de dépendance.

Hirschman ne pouvait donc être qu’assez critique vis-à-vis d’une étape de sa recherche où il s’agissait alors de fixer les « règles du jeu » du commerce international. Fixation en surplomb et définitive d’une structure sécurisant pour longtemps le

190 A. O. Hirschman, « Beyond assymmetry : critical notes on myself as a young

man and on some other old friends », publié initialement dans International Organization (1978), reproduit en préface à la deuxième édition de, National power and the structure of foreign trade, (1980), p. VI.

191 Ibid., p. VII.

déroulement des échanges. Deux grands défauts donc : premièrement son fixisme et l’idée qu’un consensus initial résoudrait la question ; deuxièmement les relations entre les acteurs et le système de règle. En effet, les règles sont ici générales et objectives, si bien qu’il n’est nullement indispensable que les agents concrets participent à leur élaboration et même, aient véritablement conscience de la signification du jeu et de ses règles.

Ce qui demeure en revanche très intéressant c’est la façon dont le théoricien dès ce premier travail est confronté avec la question du conflit et de sa situation particulière dans le domaine des rapports économiques ; dans National Power, en effet, Hirschman indique que l’économie politique fait fausse route si elle ne propose pas une réflexion centrée justement sur la complexité et l’ubiquité du conflit économique. Ce qui paraît, en effet, caractériser l’économie c’est l’acceptation a priori de la division comme état normal ; cette situation l’oppose à toute tendance visant à chercher une vérité définitive susceptible d’établir l’unité des esprits ; néanmoins, cette particularité vertueuse de l’économie d’échange n’est qu’une virtualité et le pari consiste alors à préserver ou à organiser le déséquilibre.