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Introduction – Une proposition pour de nouvelles ambitions

E

n 1951, six États européens décidaient de mettre leurs intérêts en commun dans

deux secteurs clés de l’économie afin de créer une Communauté qui remplace- rait le conflit par la coopération et l’animosité par la prospérité. L’énergie était l’un de ces secteurs. Près de soixante ans plus tard, l’énergie demeure certes une priorité politique et économique majeure, mais les règles qui garantissaient jadis un accès équitable aux ressources communes n’existent plus. Malgré une augmentation spectaculaire de l’activité réglementaire destinée à créer un vaste marché européen de l’énergie et à lutter contre le changement

climatique, les États européens continuent encore de privilé- gier les solutions nationales pour relever les défis des menaces mondiales. Pourtant, garantir une prospérité économique pour tous et relever le défi du changement climatique requièrent par la force des choses des solutions collectives en matière d’énergie. C’est dans le domaine de l’énergie qu’aura lieu la

prochaine révolution industrielle. Tout comme en 1951, un effort commun est essentiel pour permettre aux ambitions collectives de se concentrer sur l’énergie.

Les États européens continuent encore de privilégier les solutions nationa- les pour relever les défis des menaces mondiales

Toutes les politiques énergétiques actuelles doivent affronter trois problèmes : « l’accès à l’énergie à un prix abordable ; le développement durable de la pro- duction, du transport et de la consommation d’énergie; et la sécurité d’approvi- sionnement ». Cela implique que tous les Européens soient en mesure d’accéder à l’énergie à des prix raisonnables et stables. À cet égard, l’accès à l’énergie est-il l’apanage d’une poignée d’individus ou doit-il être considéré comme un bien commun pour lequel tous les Européens doivent bénéficier de conditions abor- dables ? Cette question économique et sociétale revêt également une dimension temporelle qui nous conduit au second objectif de « développement durable ». Celui-ci implique de pouvoir garantir l’accès à l’énergie à tous les citoyens, des générations actuelles et futures, et de tenir compte de la nécessité de préserver un environnement sain. Cette question ne se limite pas au changement climatique, elle aborde aussi le problème de l’exhaustivité des ressources existantes, particu- lièrement problématique pour l’Europe. Ceci nous amène au dernier objectif, celui de la « sécurité d’approvisionnement », qui implique de garantir à l’ensemble de la population européenne, quelque soit l’endroit où l’on se trouve en Europe, l’accès à une énergie qui est de plus en plus importée des pays tiers.

Concilier ces trois objectifs majeurs est une tâche ardue et cette difficulté est exacerbée par les diverses crises auxquelles nous sommes confrontés. À court et moyen termes, la crise économique et financière limite nos capacités à trouver rapidement des solutions, ainsi que notre capacité d’investissement. Pourtant, dans le même temps, le développement de sources d’énergie alternatives, durables et abordables, est la clé de la nouvelle révolution industrielle qui nous aidera à sortir de la crise économique. En outre, il est indispensable de trouver des sources d’énergie alterna- tives pour réduire notre dépendance aux importations de res- sources naturelles provenant de pays instables, et diminuer les risques de conflits ou de tensions sur la scène internationale qui sont dus à la raréfaction croissante de ces ressources. Enfin, l’Europe et le monde dans son ensemble doivent faire face à une autre crise, plus menaçante encore : la crise climatique qui affectera inexorablement notre mode de vie actuel. L’avenir de la politique de l’énergie est ainsi devenu, un sujet de préoccupation économique, envi- ronnementale, sociale et géopolitique, majeur à long terme pour l’Europe.

L’avenir de la politique de l’énergie est ainsi devenu un sujet de préoccupation économique, environ- nementale, sociale et géopolitique, majeur à long terme pour l’Europe

ou considérer que de vagues structures de coopération suffiront pour prendre ces décisions difficiles est dangereux. La crise climatique exige de nouvelles priorités et réduit les options envisageables. Des choix doivent être faits. Des mesures alternatives sont nécessaires et requièrent une capacité de prise de décision pour

l’adoption de mesures inévitables. Si les responsables européens veulent s’at-

taquer à ces nouveaux défis collectivement, ils doivent s’assurer que l’Union européenne dispose des outils nécessaires pour lui permettre de faire ces choix politiques difficiles et d’adapter ces choix dans le temps.

En effet, le concept d’énergie et de politique énergétique varie avec le temps et diffère d’un pays à l’autre. Cette évolution dépend en grande partie du niveau de développement technologique et des conditions locales. Il est important d’avoir cette diversité à l’esprit au moment où l’on entend développer les politiques éner- gétiques. Les choix opérés aujourd’hui ne doivent pas nuire aux futurs dévelop- pements de ces politiques. De même, les choix actuels ne seront peut-être pas éternellement les meilleurs. Les outils et les mesures politiques peuvent perdre

leur raison d’être et doivent être révisés de façon régulière. Tout cela exige une

politique énergétique flexible.

Le but de ce rapport est d’examiner si la politique énergétique européenne actuelle est capable de poursuivre ses trois objectifs de façon cohérente et

crédible. Les principales questions qu’il soulève sont les suivantes : l’Europe possède-t-elle un cadre institutionnel suffisamment développé pour stimuler et intégrer ces futurs changements ? Les ambitions col- lectives peuvent-elles s’épanouir avec les règles actuelles ou faut-il modifier ces dernières, et alors par quels nouveaux systèmes ou quelles nouvelles règles ? Les questions qui sont au cœur de ce rapport, peuvent être résumées en une seule question : quel cadre institution- nel faut-il pour améliorer la politique énergétique en Europe ?

La première partie de ce rapport se penche sur le système actuel. Elle donne un bref aperçu, donc forcément incomplet, des politiques européennes développées jusqu’à ce jour et évalue si ces mesures politiques peuvent atteindre les trois objectifs clés définis. Se fondant sur les conclusions de la première partie selon

Quel cadre institutionnel faut-il pour améliorer la politique énergétique en Europe ?

lesquelles les politiques existantes sont insuffisantes, la deuxième partie propose une politique pour une nouvelle « Communauté européenne de l’énergie ». Elle analyse le type d’actions nécessaires pour développer une véritable Communauté européenne de l’énergie, identifiant à la fois les éléments indispensables qu’elle doit idéalement couvrir et les instruments politiques, juridiques et institutionnels dont dispose l’UE pour la mettre en place. Le rapport examine enfin la meilleure façon de parvenir à un tel modèle et émet plusieurs recommandations en ce sens.

PARTIE I

LE DÉVELOPPEMENT LABORIEUX