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( 2 ) par les intellectuels, trace les voies de l'avenir”

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Au delà des transformations que l'Egypte a pu connaître dans les métamorphoses des couches sociales, une mutation va se produire sur le plan idéologique et culturel dans la deiixième moitié du XÎXe siècle.

Noue étudierons spécialement les données principales de cette mutation dans la littérature et le théâtre. Ces deux arts constituent en effet une base culturelle et artistique nécessaire pour la ned.ssance d'un cinéma nationed égyptien.

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(1) Jacques BERLUE. Les Arabes d'hier à demain, éditions du Seuil (troisième édition), Paris 1976, p. 111.

CHAPITRE III ;

BBWATSaAWma f!TTT.>PnBTür.T.T?.

i

Le premier chapitre de la première partie de notre étude a traité du changement de cadre socio-économique et politique et de la mise en place d' une base culturelle qui sera à l'origine d'un redressement ou d'une renaissance culturelle qui caractérisera la. deiscLàne partie du jQXe s. Ces dettx facteurs favo­ risent. facilitent et préparent la naissance du cinéma égyptien . Or, nous 1 ' avons déjà vu en ce qui concerne les facteurs déjà cités dans le premier cha­ pitre, et nous le verrons d'ailleurs dans les facteiirs culturels qvu. seront étudiés dans ce troisième chapitre. Ils se caractérisent tous par un but essen­ tiel : la modernisation d'une société. C'est cet aspect qui a permis de faire appararaître de nouvelles formes d'expressions artistiques, surtout celle du Ihéâtre.

En effet, le mouvement de traduction qvii a déjà commencé au début du siècle dernier, et qui sera intensifié dans la deuxième moitié du même siè­ cle, a permis d'une part l'adaptation de la lan^^ arabe aux exigences des ex­ pressions modernes. De nouvelles expressions seront donc utilisées q\ii servi­ ront à une renaissance de la littérature arabe moderne. Celle-ci représente un aspect d'une importance vitale pour la renaissance du théâtre moderne qui n' a pas été à l'honneur dans le monde arabe suite à des causes défavorables comme nous allons l'exposer. Hais il faut souligner cependant que ce mode d' expression n'était pas tout à fait absent. En effet, un de ses fondements artistiques existait en Egypte depuis le 12ème siècle : c'était le Théâtre de l'Ombre.

D'autre •part, le mouvement de traduction, à la deuxième moitié du sièole se concentre sur des ouvrages idéologiques et littéraires et permet une adoption progressiste et plus intense des nouvelles idées européennes; c'est ce qui a déclenché plusieurs tendances idéologiques au sein-même de 1' élite intellectuelle qui commence à s'élargir.

On doit cette diversité idéologique à l'augmentation du nombre des lettrés, suite à l'évolution de l'enseignement, à l'augmentation du nombre

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des écoles et à l'ouverture de l'université et,enfin, à l'évolution de la presse écrite (surtout politique), qili reflète la sitviatlon coloniale de 1' Egypte à cette époque. Ces facteurs vont permettre au public de s'élargir,

tout en demeurant très sélectionné.

Donc, le mouvement de modernisation qui a touché l'économie va également susciter un mouvement semblable au point de vue citlturel. Comme nous l'avons déjà souligné, le mouvement de traduction et le changement de l'enseignement traditionnel vers un enseignement moderne (qtii s'effectue du­ rant la première moitié du siècle dernier) ont constitué une base ciiltu- relle. Penseurs et pédagogues vont encourager - grâce à l'évolution de la piresse - non sexilement la renaissance de la langue arabe, mais égale­ ment -une renaissance culturelle globale laquelle touchera les différents côtés de la vie cult\irelleo Notis n'évoquerons cependant pas encore l'évolution qui s'effectuera sur le plan du mouvement féministe. C'est dans ce cadre que nous pouvons concevoir la naissance des différentes fomies d'expressions artisti­ ques, comme le théâtre, et plus tard, le cinéma égyptien.

Nous n'envisageons pas d'étudier tous les mouvements ciiltirrels qui cnnstituent l'infrastmcture de la renaissance littéraire et donnent son visage à l'Egypte au cours de cette dernière moitié du siècle dernier (et plus encore à la fin du 19ème siècle). Seules, nous retiendrons

1) l'évolution de la traduction 2) l'expansion de l'enseignement 3) l'évolution de la presse

dans un premier chapitre consacré à l'infrastructure de la renaissance cultu­ relle . Quant à la renaissance littéraire - qui donne à la langue arabe plus de perfection - facteur utile pour la naissance du théâtre - nous nous effor­ cerons d'en donner l'essentiel dans ce chapitre, tout en nous limitant à deux grands modèles. L'un se situe au niveau de la poésie, avec le grand poète Qiav^. L'autre modèle se sittie au niveau de la prose, avec Loutfî El - Sayed.

En effet, cette renaissance littéraire permet à la langue de faire fonction de "suscitation" et d'inspiration, toutes dexax utiles à la naissance du théâtre.

Ajoutons avec J. Berque qu'\ui langage "... assume une fonction fort importante dans le domaine politique, à savoir celui de la transmission des informations... Un langage ne se contente pas de commimlquer, mais encore inspire et suscite ... Il faut donc prêter attention à cette dlff érence - entre les deux fonctions du langage : fonction d'information et fonction de susci­ tation,

Donc, dans la première section, nous étudierons les facteurs essentiels de l'infrastructure de la renaissance culturelle à la fin du 19e siècle et nous envisagerons l'évolution de la traduction, l'expansion de 1'enseignement et l'évolution de la presse.

Une deuxième section sera consacrée à l'étude des principales conséquences de ces différents mouvements. Nous envisagerons :

a) le changement de la mentalité en distinguant : a) le réformisme islamique

b) le courant libéral

b) le changement de la sensibilité en distinguant a) La littérature populaire

b) la musique

o) le féminisme égyptien

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Section I : L*Infrastructure de la Renalesanoe c\iltiirelle de 1’Egynte à la deuxième Moitié du 19ème Siècle

I L’Evolution de la Tradxictlon

"L'Egypte demeure parmi les pays de la langfué aralse celui qtil a réalisé l'effort le plus considérable en vue de se havusser du point de vue culturel au rang des nations occidentales".

C'est dans ce cadre du grand mouvement culturel qui colore et marque la deuxième moitié du 19ème siècle que nous pouvons souligner l'évolu­ tion du mouvement de traduction qvil contribue positivement à cette poussée culturelle maximale, surtout à la fin du même siècle.

SI nous examinons le grand mouvement de traduction Inauguré par Tâhtavî à travers l'Ecole de Langues (qui a préparé un grand nombre de traduc­ teurs hautement entraînés par les méthodes modernes dans ce domaine), nous pouvons remarquer le grand nombre d'ouvrages traduits en arabe (sotis le règne de Mohammed Âlî et de Ismall) dépassant les deux mille et qui concernent les différents domaines de la culture et de la science.

Par ailleurs, une constatation s'impose : la différencia­ tion de l'approche et de la nature des ouvrages traduits pendant les deux règnes, et qui reflètent bien les tentatives des deux souverains. Ânouar Abdel Hsileh souligne : "On peut relever deux caractéristiques significatives; l'extension dans tous les domaines de la traduction, sous Mohammed Alî, fait place à une action concentrée sous Ismall où les sciences militaires, mais aussi le droit et les sciences,occupent une place de choix... Lee traductions sous Mohammed Alî visent principalement

(1) Arinuar A'RT^T^- MAT.Eic. Renaissance Nationale, ou. clt. pp. 184-185.

(2) Les prlnclpa\jx ouvrages sur le mouvement de traduction : Abu LUGHOD. Arab Redlscoverv of Euroue. Princeton, I963 (en arabe); voir Jacques TAOÜKK, Harakat Al Targamah. Fî. Mlcr. Kellal Al Kam Al Tassey APhto (Le mouve­ ment de traduction en Egypte au 19ème siècle). Le Cal2% 1945î voir égale­ ment Anouar ATmTm-MAT.Kif. Renaissance Nationale, ou. oit, pp. I29-143 et Gilbert nET.AwnTTE. Ecrits et Milieux dévots dans l'Egypte du 19ème siècle. Recherche scientifique, Colloques Internationaux du C.N.R.S., Paris 1976, pp. 163 - 175»

(comme nous l'avons déjà notê)à fo\ixnir les écoles en ouvrages de 'base alors qoie, vers la fin du règne d'Ismaïl, la littérature et les sciences sociales prennent le dessus".

Notre ~but essentiel dans cet aperçu ne consiste nullement en 1 ' énumération ou l'examen des ouvrages traduits à l'époque étudiée. Nous aime­ rions plutôt dégager l'Importance de ces mouvements de traduction et le\ir Influence sur la mutation de la mentalité égyptienne et axa'be en général. Grâce à l'Introduction de nouvelles Idées que la traduction pairvient à susci­ ter sxir le plan pédagogique et social (comme le féminisme entre autres...)

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et sur le plan linguistique, la traduction a permis l'utilisation de nouveaux tenues et de mots jadis Inemployés.

Notzre intention est donc de préciser les différents domaines de la culture qui ont pu être touchés par ce mouvement de traduction. Notis nous ef­ forcerons d'en donna- une perspective globale, suivant les ouvrages princi­ paux et le dépouillement des joTimaux de cette époque, puisqu'ils sont le reflet de l'Intérêt porté par les intellectuels et les écrivains aux différen­ tes matières. Nous pourrons ainsi mieux dégager les Idées nouvelles que les écrivains réformateurs tels que Rlfaâ-Al-Tâhtavî, Ail Moubarak et bien d'autres nouveaux Intellectuels (anciens élèves de l'Ecole des Langues et des

instltu-(

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)

tiens d'enseignement moderne) ont pu adopter. ^ '

En ce qui concerne la littérature, les ouvrages les plus appréciés sont ceux de La Fontaine, Molière, Racine, J.J. Rotusseau ... Un nom Illustre danp ce domaine est celui de Mohammad Ossmane qui a traduit de Racine : "Alexandre le Grand", "Hièdre", "Esther", "Iphigénie en Aulide" ... Quant à Adlbe Ishak, autre traducteur Illustre de cette époque, il a traduit "Andro-maq\>e" . En ce qui concerne l'histoire musulmane, nous devons souligner l'importance de Georges Zaydâne dans ce domaine car 11 a rédigé vingt et une pièces historiques s'y rapportant toutes.

(1) G. ZAYTiAWj ^Ktrikh Al Adâb, cité dans Anouar ABDEL-MALEK. Renaissance Natio­ nale. OP. clt.. p. 141

(2) En ce qui concerne les différentes catégories de matières traduites à cette époque, voir Abu LÏÏGHOD. Arab Redlscovery. op. clt. pp. 46-57 qui met l'ac­ cent sur l'intérêt grandissant pour les matières politiques, les sciences sociales et le droit.

(3) Voir S. SAFRAN. Egypt In Search of political Communlty, Cambridge 1961, p«56; également A.Al Dîn TTETiAL. Al Tâgdld. op. oit, p. 36

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Epinglons y quant aux domaines jdiilosoidiique, social et juridique, les ouvrages de A. Fâ'üiy Zagloul qui se rapportent à des thèmes juridiques et sociaux et qui critiquent la société égjrptienne (ils lui reprochent - par exemple » sa lentevir à accéder à vn niveau considérable de développement).

Il faut constater que ces critiques socio-politiques vont déclèn- oher une poussée d'édition de livres chargés d'idées visant toutes à la recons­ truction de la société.

En effet, l'évolution de ce mouvement de traduction ne peut e» com­ prendre sans une évolution semblable de la presse q\ii diffuse ces idées et une évolution similaire de l'enseignement qui prépare le public à accueillir cette nouvelle mentalité qui se dessine et qui mai^iue le dernier quart du 19ème siècle•

S'il n'est pas accompagné par un mouvement semblable de la presse et de l'enseignement, tout mouvement de traduction peut être interrompu.

Ce fut le cas pendant le règne de Abbas 1er et de Saîd - les successeurs de Mohammed-Alî "le vice roi" - qui ont (suite à des initiatives personnelles) freiné l'évolution culturelle par la fermeture de la plupart des écoles, dont la fameuse Ecole des Langues. On peut parler à ce moment là de la misère de l'enseignement. Mais ce tableau défavorable pour l'épanoxiissement culturel a changé radicalement sous Ismall, grâce à l'élite culturelle déjà préparée

(2) sous Mohammed-Alî, Cette période de ralentissement culturel sera surmontée' '

comme nous le verrons plus loin.

Il nous apparaît donc opportun de parcourir rapidement l'importan­ ce de l'expansion de l'enseignement moderne et de la presse à cette époque,

II L'Expansion de l'Enseignement

Comme c'était le cas poTxr le mouvement de traduction, qui a repris son deuxième souffle aveo l'avènement du khédive Ismall, l'enseignement s-uivra la môme voie, La réforme du khédive, dans ce domaine, touchera les différents

(1) Jamal MOHAMMAD. The intellectual Origins of Egyptien Nationalism, Oxford Univers!ty Press, London I960, pp» 26-27» 454«

(2) A. AB]3EL-MALEK, Renaissance Nationale. op. oit. Pour plus de détails, voir pp. 119-165.

niveàTJx d'enseignement - stiite à l'influence exercée par son entotirage (sur­ tout Ali Moubarak et Rifaâ Al-Tahtawî) - en donnant la primauté à l'institu­ tion publique (plus qu'à llinstitutidn militaire).

n apparaît donc que l'effort principal du khédive va se porter sur l'unification de l'enseignement, surtout au niveau élémentaire. Il va également s'efforcer de faire pénétrer cette instruction dans les campagnes, et, de plus, il va réouvrir les écoles déjà existantes sous le règne du premier vice-roi Mohammed Alî. Suite à l'instruction de Abbas 1er et de Saîd, les suc­

cesseurs du vice-roi, ces écoles fermeront à nouveau leurs portes.

Trois niveaux d'enseignement sont à dégager à cette époqtie t

l'enseignement élénentaire dont l'expansion touche la campagne et qui voit s'ouvrir pour la première fois des écoles po\ir filles. Ce niveau est réparti en trois catégories t écoles nationales, écoles gouvernementales et institu­ tions particulières. Selon les chiffres de A.H. Ebeld, repris par A.Abdel- Malek, nous soulignons en 1875f 4*682 "Kottfibs" pour garçons qui absorbent 111.834 élèves, et 14 "kottâbs" pour 213 filles. En ce qui concerne les écoles gouvernementales pour garçons : 1? écoles avec 2,729 élèves. Tandis que pour les écoles particulières, on note 12 écoles pour garçons avec 1.743 élèves, 3 pour filles avec 445 élèves et 2 écoles publiques pour filles avec égale­ ment 445 élèves.

Qluant aux écoles du deuxième niveau, ou enseignement secondaire, on y enseigne, outre le Coran et l'arithmétique, l'écriture, l'histoire an­ cienne, la grammaire, l'une des langues étrangères modernes, la géographie et les principes de politesse.

(1) On ne peut affirmer avec trop d'assTirance cette réalité qui reste nuancée dans certains ouvrages. Il semble donc plus juste de sovdigner qu'Ismaïl sépare l'éducation du peuple de toute préoccupation militaire. Voir V, Edouard DOR, l'Tnatraction uublique en Iteypte. A.Lacroix, Verboeckhoven et C* éditions, Paris 1872, cité dans A.AB1Mj-MALEK. Renaissance Nationale, ou. oit., p. 155.

(2) Ibid, p. 156.

(3) AVimaH Hassan EBEID. National Policv and uouular Education in Egypt 1919- 1958. Oxford I964, p. 18, cité dans Anouar ABDEL-MALEK, Ibid, p. 157*

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En ce qui concerne les écoles du troisième niveau, ou écoles spéciales et supérieures! ces institutions vont connaître une expansion remar­ quable à cette époque; noue remarquons l'Ecole de Comptabilité (1868), rattachée à l'Ecole Polytechnique (1869), l'Ecole d'Agric\ilture (186?), l'Ecole des

Aveugles et des SoTirde qui groupe filles et garçons (l875), l'Ecole des Arts et Métiers et l'Ecole des Télégraphes (l868)«

C'est grâce à ces institutions supérieures qui constitueront un vaste noyau d'enseignement que l'Université égyptienne a pu être créée en 1907I malgré l'occupation brltanlque et sa politique culturelle qui

(2) aurait bien pu étouffer une telle Institution culturelle.

Donc, l'Université Egyptienne a été construite sur une base de quatre écoles spécialisées, déjà existantes deimis le khédive Ismall, et même, comme nous l'avons souligné plus haut, deptiis le pi^emler vice-roi : l'Ecole de Médecine avec 100 élèves (dont un quart pour la Hiarmacie), l'Ecole d'Adminis­

tration et des Langues, l'Ecole de Uroit (1868) et "Dâr Al OuloÛm" (1872) qui est aine école supérieure pour la formation "azhariste". Il faut souligner 1' importance de cette école qui a été créée sous l'influence de R.H. Tahtawî par sa combinaison des enseignements islamiques traditionnels et de l'ensei­ gnement moderne.

Cette évolution de l'enseignement a permis, d'une part, d' élsLTglr le- nombre des Intellectuels, et d'autre part, l'enseignement des matières nouvelles comme la chimie, les sciences, la biologie, l'écono­ mie, la politique etc...

(1) Ibid, p. 158.

(2) Il faut noter, d'une part, que la formation d'ame élite coJ.tourelle s'est constituée sou: des bases existantes déjà sous Mohammed Alî (nous l'avons déjà Booiligné) et d'autre part qooe "l'Egypte n'était pas formellement aine colonie; elle n'a été om protectorat qoie de 1914 à 1922. De plus, l'occu­ pation anglaise n'avait pas de statut joaridiquei* Noois ajouterons à ce propos que "Les bases sont là qoii germeront dans les esprits. Malgré la noiit de 1' occupation qoii, bientôt va cerner la renaissance égyptienne, malgré l'atta­ chement encore tenace au style et aux habitudes de l'Einpire Ottoman en pleine décadence, le départ a été pris. Rien désormais ne parviendra à en briser la cooirbe d'oine manière décisive". Voir S .AMIE. La Nation Arabe. op« cit» p.38 et A.ATa'mîir..j/[AT.WK:. Renaissance Nationale, op. oit. , p. 163*

Cee branches ont constitué une mise en question des idées nouvelles, grâce à l'évolutioln de la presse et de l'édition qui prendra à son compte la simplifi­ cation de ces idées, ce qiii permettra de mettre un public de plus en plus considérable - mais qui demeure cependant restreint et limité dans tine société qui atteindra près de vin^ millions d'habitants au début du XXe siècle (mais que pouvait-on faire de mieux à cette époque où le pays était confronté aux problèmes socio-politiques et économiques) - en contact avec la culture et les sciences modernes.

III Evolution de la Presse

A cette époque, l'Egypte a vécu - grâce à l'évolution de l'ensei­ gnement et au mouvement de traduction - une période d'épanouissement de la presse et de l'édition.

La presse à cette époque était profondément politisée étant donné la situation politique du pays, tout en laissant une place très large aux let­ tres, aux sciences, à l'économie, au droit, aux arts et à l'histoire (le mouve­ ment de traduction permet à toutes ces branches de s'exprimer par la pressé).

Il n'entre pas dans nos intentions de tracer une histoire de la presse deptiis 1828, date du premier journal officiel "Al-Wagâe Al-Miçrîyyah" mais de présenter plutôt un aperçu de son évolution et de sa contribution (deptiis l'Epoque Ismaïl) au mouvement cultuz-el et politique du pays. La presse égyptienne a. contribué, en effet, lors de la révolution de 1881, d^une part à informer la population et d'autre part à préparer les esprits à cette révolu­ tion.

(l) Ibrâhîm ABBOTT. Aâlâm Al Sahaffa Al Arablvya (Les Pionniers de la Presse arabe). Le Caire 1958, où l'auteur souligne les grandes personnalités de la presse arabe et en dégage l'empreinte égyptienne). Abdel Hahmân AL RAFEI, Ahd Ismaïl (L'Epoque Ismaïl), Le Caire 1948; Abdel Latîf HAMZAH. Adab Al Makalah Al Sahaffeva fî Mer (Le style littéraire de la presse égyptienne). Le Caire (non daté;, première partie pp. 139 - 162. Egalement Anouar ABDEL- WAT.Blf. Renaissance Nationale, ou. cit.. pp. I64 ~ 183. Riilippe BETOAZI, Tarîk Al Rahaffa. Al Arabfe. (le mouvement de la presse arabe), Beyrouth 1913; cet ouvrage ne peut présenter une histoire complète de la presse égyptienne puisqu'il n'y consacre à peine qu'une vingtaine de pages sur un total de 496 pages. Il dégage cependant quelques indices sur la presse de cette époque.

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£n effet, la première revue "Wadî Âl Nil", sous le règne d' Ismall,date de l867< C'était un organe qui soutenait le règne khédival d* Ismail grâce à l'intervention financière quasi totale de celui-ci. 11 s* agit donc d'une presse officieuse de quedité. C'est une revue politique, scientifique et littéraire que dirige un homme de lettres,élève dé Tâhtawi.

Mais le développement d'une presse Indépendante date de I870. A ce moment, le pouvoir du khédive Ismall devient nul; en effet, il doit faire face à la crise économique et multiplier les emprunte pour financer ses tentatives de modernisation urbaine. Ce déclin du pouvoir du khédive a été favorable pour la presse qui devient libre ét non plus gouvernemen­ tale.

Avant de dégager les conditions qui ont favorisé l'épanouis­ sement de la presse égyptienne de cette époque, il faut souligner l'im­ portance d'une revue qui marqua le vrai mouvement de la presse. Il s' agit de la revue "Kavrdat Al Madârêss"(l870). Elle a groupé au cours de sept ans une équipe d'écrivains égyptiens de haute qualité intellectuelle et, de ce fait, elle a eu un rayonnement auprès de l'ensemble des écri­ vains, essayistes, publicistes.

Trois conditions essentielles ont contribué à l'évolution de la presse de cette époque.

a) Première condition : c'est l'existence de l'infrastructure matérielle de l'imprimerie. Déjà l'expédition Bonaparte avait suscité un

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