Le choix d'une méthode de décontamination doit tenir compte de deux impératifs : supprimer au maximum la flore conta
minante d'un échantillon tout en détruisant au minimum la flore mycobactérienne. Il nous faut donc évaluer l'importance de cette
flore contaminante avant de choisir une méthode de décontamina
tion.
Nous pouvons déduire des résultats exprimés dans le
tableau n° 10, le nombre approximatif de contaminants bactériens aérobies présents dans nos échantillons : un prélèvement réalisé
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sur 15 cm de peau de l'avant-bras peut contenir entre 500 et
80.000 bactéries aérobies; le même prélèvement sur la cuisse
contient entre 18.000 et 2.500.000 bactéries aérobie et le mucus
nasal peut renfermer entre 620.000 et 750.000 bactéries aérobies
Ces chiffres sont relativement faibles comparés au nombre de
bactéries présentes dans la terre ; 20 g de terre, quantité
que nous prélevons lors de la recherche de mycobactéries dans
l'environnement, peut parfois fournir plus de 10^^ germes (CLARK
1967) .
Tenant compte de ce qui précède, notre choix s'est
porté sur la moins "destructrice,, des méthodes de décontamination
il s'agit de la méthode au phosphate trisodique de CORPER et STONER (1946) dont l'action destructive vis-à-vis de la flore
mycobactérienne est plus faible que celle des autres méthodes.
de la peau et du mucus nasal sans risques d'un trop grand pour
centage d'échantillons contaminés, car nos prélèvements humains
sont comparativement moins contaminés que les prélèvements issus de 1'environnement.
2° Effet_de_la_méthode_au_ghosghate_trisodigue
En examinant le tableau n° 20 on constate l'importante
proportion de tubes contaminés obtenue à Kasongo (0.67717) com
parativement au Bas-Zaïre. Cette différence due à de mauvaises
conditions extérieures de stérilité, justifie la faible pro
portion de mycobactéries isolées à Kasongo (0.00394). Si le
nombre de tubes contaminés prédomine à Kasongo, le nombre de
tubes négatifs prédomine dans le Bas-Zaïre. Le nombre de tubes
positifs obtenus dans le Bas-Zaïre est relativement faible
comparé aux résultats obtenus dans l'environnement (PORTAELS,
1972). Bien que les méthodes de décontamination aient un pouvoir
destructeur élevé sur la flore mycobactérienne, les échantillons
eue nous avons prélevés sur la peau et dans le nez sont compara
tivement moins riches en mvcobactéries que les échantillons provenant de l'environnement.
D'autre part, au niveau de l'espèce, la prédominance
de M. avium dans nos échantillons, tant dans l'environnement
(voir chapitre VII)que dans les prélèvements cutanés , s'explique
en partie par la plus grande résistance spécifique de M. avium
aux méthodes de décontamination. Pour M. fortuitum, dont on
n'isole que 2 souches, et qui se montre, comme toutes les myco
bactéries à croissance rapide, extrêmement sensible aux méthodes
de décontamination, l'action des décontaminants justifie la
rareté de cette espèce.
Le nombre de colonies de mycobactéries obtenues sur
échantillons humains en mycobactéries. En effet, dans la plupart
des cas, le tube positif ne renferme qu'une colonie et rarement 2 ou 3. Pour les échantillons provenant de l'environnement, dans
la plupart des cas, le tube positif renferme de nombreuses colonies mycobactériennes.
3° Çhoix_d^autres_méthodes_d^isolement
Afin d'augmenter, non seulement le pourcentage de tubes
positifs pour les échantillons d'origine humaine, mais aussi le
nombre de mycobactéries d'espèces différentes, il faudrait isoler les mycobactéries par des méthodes autres que les méthodes de
décontamination, comme par exemple, 1'emploi de milieux de cul
ture additionnés d'antibiotiques (voir chapitre IV) . Ces méthodes
sont surtout d'application pour les prélèvements peu contaminés ce qui est le cas de nos échantillons d'origine humaine.
De plus, une deuxième technique d'isolement, comme par
exemple la méthode d'ASHBY-SOhnGEN, favorable à l'isolement de
mycobactéries à croissance rapide, permettrait de définir l'im
portance de ces mycobactéries à croissance rapide en tant que
saprophyte éventuel de la peau. En effet, ces germes sont parfois
responsables d'infections iatrogènes telles que les abcès après
injections médicamenteuses (LIMBOS et al., 1961; VANDEPITTE et al., 1969) ou de surinfection de plaies (PATTYN et al., 1971 b). S'il
est probable que ces types de surinfection sont le résultat d'un
contact avec l'environnement, il est également possible que de tels germes participent à la flore mycobactérienne de la peau.
a. Température d’incubation des pr-imocultures
Le tableau n° 21 nous montre l'avantage procuré par
une incubation à deux températures différentes. Le fait de ne
température d'incubation, nous permet d'isoler un beaucoup plus
grand nombre de mycobactéries. En effet, en incubant à une
température inférieure à 37°C (28°C), donc plus favorable au
développement de microorganismes dont l'habitat naturel est l'environnement, nous isolons trois fois plus de mycobactéries.
Nous avions déjà remarqué à plusieurs reprises (PATTYN et al.,
1971 a; PORTAELS, 1973) qu'une incubation à 28°C permettait
l'isolement d'un beaucoup plus grand nombre de souches de l'en
vironnement, qu'à 37°C. Cette constatation se vérifie donc
également pour des isolements à partir de régions cutanées.
Remarquons que ces souches, qui en primocultures pous
sent préférentiellement à 28°C plutôt qu'à 37°C, poussent par
contre, en subcultures mieux à 37°C qu'à 28°C. La perte par de
nombreuses souches de la croissance préférentielle à 28°C en
subcultures à été observée par plusieurs auteurs (GORDON et
MIHM, 1959; PATTYN, 1970 a; PATTYN et al., 1971 a). Cette
adaptation à une nouvelle température peut se manifester dans
un sens comme dans l'autre (FARREL et ROSE, 1967); signalons à ce propos qu'une des souches isolées à 37°C ne pousse plus à
cette température en subculture.
Une incubation à 28°C présente, de plus, l'avantage
de permettre l'isolement de germes pathogènes tels que M. marinum
et d'autres mycobactéries qui ne poussent pas à 37°C.
Le nombre de mycobactéries et les espèces obtenues
dépendent donc non seulement des méthodes de décontamination
mais également des températures d'incubation choisies.