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Les inégalités de développement économique des territoires

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Enfin, le CESE appelle à améliorer la situation matérielle des étudiants. Cela suppose d’accroître le niveau et le nombre des bourses sur critères sociaux en faveur des étudiants les plus fragiles économiquement133. Cela nécessite également de maîtriser le coût du logement étudiant et d’améliorer sa solvabilisation, notamment en allant vers l’universalité de la couverture des risques locatifs, en améliorant la territorialisation des aides au logement, et en mettant en œuvre le plan Anciaux134 pour aider les étudiants à se déplacer et à se loger dans les grandes villes. Un début de réponse est apporté par le projet de loi d’orientation pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Les inégalités

diplômés de l’enseignement supérieur chez les 25-34 ans atteint 53,1 % en Île-de-France, 45,7 % en Midi-Pyrénées, 44,6 % en Rhône-Alpes, mais seulement 34 % en Picardie, 33,9 % en Basse-Normandie, 30,9 % en Corse, 31 % en Martinique et 18 % en Guyane135.

Si la production d’électricité repose encore en France très majoritairement sur le nucléaire, avec 421 Twh sur 537, la part des énergies renouvelables (dont l’hydraulique) atteint 18 % avec des capacités installées très diverses selon les régions : de 60 % de la consommation régionale en Midi-Pyrénées, et 56 % en Rhône-Alpes, Limousin et Alsace, à

… 1 ou 2 % dans six régions peu tournées vers une « boucle locale » (Ile de France, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Bourgogne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes).

Les sites industriels les plus dangereux (dits Seveso 2) sont au nombre de plus de 10 dans 17 départements seulement et en particulier de plus de 20 dans 5 départements : Bouches-du-Rhône avec 43 sites, Seine maritime 39, Nord 28, Isère 27 et Rhône 24.

Enfin, la part des déchets ménagers valorisés est, elle aussi très variable, de 10 % en Guadeloupe et Martinique, 13 % en Corse et 25 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 27 % en Lorraine pour 47 % en Bretagne et Nord-Pas-de-Calais et un record régional à 51 % en Poitou-Charentes.

On voit ainsi que la plupart des bassins de vie ont, du fait même de la diversité des territoires, au moins certains facteurs d’attractivité économique et donc de maintien, de renouvellement et de développement de l’activité économique. Ils présentent aussi trop souvent de réelles faiblesses ou retards sur d’autres facteurs, que les politiques publiques doivent contribuer ou inciter à combler136.

En tout état de cause, ce qui crée la dynamique d’ensemble d’un bassin d’activité est de nature « multi-factorielle » et dépend souvent de bonnes liaisons et de la confiance entre les acteurs locaux :

– un bouquet d’atouts, de points forts, suffisant ;

– une variété de secteurs également suffisante dont certains porteurs d’avenir et innovants ;

– un esprit « cluster » et la vitalité de grosses PME à base familiale bien affirmées ; – les entreprises de l’ESS contribuant à la compétitivité des territoires au service de

l’intérêt général et de la cohésion sociale.

Enfin les atouts économiques ne sont pas à opposer aux autres, relevant du social ou du sociétal. Bien au contraire, les uns et les autres sont à considérer comme les composants d’un système local plus global : une bonne accessibilité, de bonnes performances éducatives, une qualité de vie et de services de proximité, publics et privés, contribuent à faire fonctionner une boucle positive avec les facteurs d’attractivité purement économiques137.

Répartition géographique des entreprises en France

Selon l’INSEE, pour 2010, on compte en France un peu plus de 136 000 PME et 46 000 ETI de 10 à 500 salariés relevant du secteur marchand non agricole et 229 grandes qui dépassent

135 Source : données INSEE 2011

136 cf. les actes du colloque du CNER : produire en France, le rôle des collectivités (2012).

137 cf. en ce sens, les actes du congrès du CNER à Conques (Aveyron) en 2011 sur le thème : Territoires entreprises et emploi.

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cette taille138. La répartition géographique des entreprises n’est pas homogène, comme on le voit ci-après :

% des PME et petites ETI

de France % de l’emploi salarié régional en PME de 10 à 49 salariés

Alsace 3,2 29

Lorraine 3,3 28

Champagne-Ardenne 2,1 30

Franche-Comté 1,8 31

Nord-Pas-de-Calais 5,5 27

Picardie 2,8 28

Haute-Normandie 2,8 27

Basse-Normandie 2,1 29

Île-de-France 23,2 22

Centre 3,8 29

Bourgogne 2,6 29

Bretagne 4,2 29

Pays-de-la-Loire 5,1 30

Auvergne 1,9 30

Limousin 1 35

Poitou-Charentes 2,5 33

Rhöne-Alpes 10,9 29

Aquitaine 4,5 29

Midi-Pyrénées 3,9 28

Languedoc-Roussillon 3 29

Provence-Alpes-Côte d’Azur 7,2 27

Corse 0,4 39

Guadeloupe 0,6 32

Martinique 0,5 31

Guyane 0,1 33

Réunion 0,7 35

Source : INSEE, données 2012 PME et ETI en France par région.

Ainsi, 7 régions ont plus de 4 % des PME de plus de 9 salariés et des petites ETI en France, et les deux premières (Île-de-France et Rhône-Alpes) en comptent plus du tiers à elles seules.

Pour ce qui est des 1828 grosses ETI et grands groupes (de plus de 500 salariés) hors secteur financier, la concentration géographique est encore plus nette puisque 643 ont leur activité principale en Île-de-France, 156 en Rhône-Alpes et 112 en Nord-Pas-de-Calais, puis 91 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 89 en Pays-de-la-Loire, 75 en Alsace, 74 en Centre, 68 en Lorraine, 62 en Bretagne, 59 en Aquitaine, Haute-Normandie, Picardie et enfin 57 en

138 Source : Florent Rau et Vincent Hecquet, article « Les grandes entreprises pèsent plus dans le Nord que dans le Sud », INSEE Première, n°1440, 2013.

Midi-Pyrénées ; les 13 autres régions en comptent chacune moins de 50 et rassemblent un total de 203 grosses sociétés, soit 11 % de l’ensemble, pour 35 % en Île de France et 8,5 % en Rhône-Alpes.

Les observatoires économiques régionaux de l’INSEE, à partir des données annuelles dites ESANE sur les entreprises et un logiciel de localisation (CLAP), comme parfois des observatoires des CCIR, brossent, surtout depuis 2012, des portraits plus détaillés de l’appareil productif par région, sans hélas que la présentation et la méthodologie en soient encore vraiment harmonisées et consolidées au niveau national139.

A titre d’exemple, on apprend ainsi que l’Aquitaine compte 165 000 micro-entreprises employant 23 % des salariés pour 8 500 PME en employant 29 %, 1400 ETI qui regroupent 21 % des salariés (surtout dans le commerce, les transports et le tourisme pour 40 % et dans l’industrie pour 36 % ) et enfin 200 grands groupes, dont 60 étrangers, qui comptent 9 200 sites en région (27 % de l’emploi salarié aquitain), surtout en Gironde et dans les Pyrénées atlantiques.

Des territoires inégaux devant l’emploi,