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Homme libre, toujours tu chériras la mer… (Baudelaire) 1

Dans le document « Le Grand Voyage » (Page 188-194)

Lever l’ancre, c’est oser, c’est prendre un risque, c’est quitter, c’est s’aventurer, aller de l’avant, c’est innover, c’est créer, c’est désappartenir.

En effet, prendre le départ, c’est avant tout d’un mouvement de libération, un désengagement. On quitte le quotidien jugé trop envahissant, la pression de l’identité statutaire, la ronde folle des activités auxquelles on participe pourtant de plein gré, mais desquelles on refuse de se sentir prisonnier. On quitte une routine assoupissante. Ou simplement, on se désengage provisoirement d’obligations et d’attaches pour le plaisir de découvrir l’ailleurs. Les plaisanciers au long cours se désengagent, la durée d’un voyage, de ce qui fait leur identité ordinaire : c’est «

une désinsertion sociale temporaire »

(Urbain 2003A p.270).

Lorsque les navigateurs larguent concrètement les amarres, ils se détachent de ce qu’ils connaissent, de ce qui est stable pour se diriger vers l’inconnu. Ils deviennent libres de s’arrêter quand et où ils le souhaitent et de repartir au gré de leurs envies. Cette liberté a toujours été associée à la mer. Ce vers de Baudelaire, je l’ai trouvé sur plusieurs blogs :

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer…

(Baudelaire)1  

 

La mer et la liberté semblent irrémédiablement liées dans l’imaginaire navigateur inspiré par les récits des premiers baroudeurs des mers. Rappelons que l’image populaire des pionniers de la voile hauturière est celle d’aventuriers animés par un esprit rebelle2.

 

L’aventure est une tentative désespérée pour réhabiliter l’homme face aux avancées

de la civilisation. Elle symbolise le primat de l’individu sur la collectivité, de

l’initiative individuelle sur la norme, de l’homme sur la machine. Elle naît de la

rupture entre les aspirations profondes de l’individu et une civilisation désinvestie du

pouvoir de le satisfaire.

(Roux p.15)

 

Au 19e et surtout au 20e siècle, l’individu se détache du groupe. Ainsi, les aventuriers se démarquent des citoyens ordinaires. Ne trouvant pas dans le progrès technique, l’industrialisation, la consommation, l’urbanisation, des conditions de vie qui les satisfassent, ils partent à la recherche d’espace où ils puissent encore de se mesurer à eux-mêmes et à la nature. Loin des contraintes de leur société d’origine, ces hommes et ces femmes s’en vont à la recherche des dernières étendues de liberté de la planète. Refusant la société et ses institutions qu’ils perçoivent comme aliénantes, ils se veulent

 

 

1 extrait du poème « L’homme et la mer » de Charles Baudelaire paru dans le recueil « Les Fleurs du Mal » (1857)

2 Image que le journaliste Jean-Luc Gourmelen relativise: en réalité, tous les précurseurs de la plaisance hauturière n’étaient pas des anticonformistes, mais leur discrétion les a maintenu dans l’ombre.

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en rupture avec les normes. Leurs départs sont des actes qu’ils posent comme des mots pour lutter contre

« le caractère dérisoire de l’existence »

(Roux 1997 p.153). Individualistes, ils choisissent de ne rien devoir à personne, ne comptant que sur leurs ressources personnelles et assumant les difficultés inhérentes à cette décision. Ils endossent la responsabilité de leur existence et se moquent des conventions, établissant leurs propres règles. Henry de Montfreid est l’un d’eux, extrême et subversif, il transgresse les normes :

 

Le moteur de cette boulimie d’action est en fait une recherche permanente et

puissante de liberté. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’il (Henry de Montfreid) ait été

jusqu’à faire de la contrebande d’armes ou de haschich, ne serait-ce que pour

contourner un interdit.

1

 

Pour vivre aux marges de «

l’espace, du temps et des normes sociales

» (Roux 1997 p.154), ils choissent la mer, vierge de toute organisation humaine, sans frontière, sans obligations. L’océan tout puissant et sa solitude leur paraissent moins contraignants que la société.

Leurs exploits, leur désir de liberté et d’absolu, en font les figures emblématiques de la quête individuelle. Personnages hors du commun, ils sont aujourd’hui des mythes rassembleurs, symbolisant l’autonomie, l’indépendance, et l’audace de refuser les conventions sociales (Maffesoli 1988). Peu importe qui ils furent réellement, c’est ainsi qu’ils vus, qu’ils se sont donnés à voir. Comme l’écrit Michel Roux:

 

C’est aussi parce qu’il s’émancipe des règles sociales et spatiales et parce qu’il

s’affranchit du temps profane que l’aventurier diffère du commun des mortels. On le

confond souvent avec d’autres personnages dont la vie dangereuse pourrait favoriser

les rapprochements abusifs. Le danger ou la marginalité, lorsqu’ils s’inscrivent au

service d’un groupe, d’une société ou d’une idéologie ne confèrent pas cette qualité.

(Roux p.157)

 

L’aventurier ne peut être qu’admiré, pas imité, ajoute-t-il.  

 

[L’aventurier] est un héros d’épopée qui incarne un idéal, mais en tant qu’être

d’exception, il ne peut constituer un modèle que sur le mode symbolique.

(Roux 1997 p.159).           1 http://www.henrydemonfreid.com/Aventures/Aventure1.htm#

 

Comme je l’ai dit, les candidats au Grand Voyage ont pour la plupart commencé leur voyage dans les livres de ces prédécesseurs illustres auxquels ils s’identifient, imaginant ce que sera leur périple bien avant le départ. Ce petit cinéma intérieur leur permet de créer des soi possibles, qu’ils développeront peut-être un jour (de Singly 2003). Les premiers navigateurs solitaires attirent d’autant plus l’imaginaire contemporain qu’ils correspondent aux images de l’individu sujet, libre de ses choix et de ses attaches qui abondent dans les médias. Ce souci d’autonomie transparaît clairement dans les motivations qui poussent certains à choisir la navigation comme style de vie pour une durée indéfinie. D’ailleurs, G.R. Jennings utilise elle aussi la métaphore des amarres qu’on largue pour exprimer leur mouvement intérieur: ils larguent les amarres invisibles qui les relient à une société perçue comme aliénante (de Singly 2003). En décidant de vivre à bord de leur bateau, en voyageant, la majorité d’entre eux fait le choix de l’évasion, de la liberté ou des deux. Macbeth, analysant les motifs qui fondent leur option de vie, met en évidence, d’une part, l’aspect critique de ceux-ci : leur désir «

d’échapper

à la tyrannie de la volonté et des décisions collectives

» (Macbeth 1985), de s’éloigner et d’échapper à une société leur paraissant trop fragmentée. D’autre part, il souligne l’aspect créatif de leur démarche qu’il définit comme une déviance positive : le fait de dévier de la norme pour mieux grandir, dans le sens de renforcement de l’identité, d’une plus grande capacité à expérimenter un sens de la récompense intrinsèque, un sens de soi plus complexe et plus unifié ainsi qu’un sens de la direction personnelle (Macbeth 1985). Il faut cependant nuancer le propos, car Jennings dont l’étude a été réalisée une quinzaine d’années après celle de Macbeth, souligne combien cette attitude critique par rapport à la société est paradoxale. En effet, ceux qui vivent en permanence sur leur voilier sont souvent dépendants d’une source de revenus à terre et restent très attachés à leurs liens familiaux (Jennings 1999).

Quoi qu’il en soit, l’image donnée par ces personnages hauts en couleur, aventuriers renommés ou baroudeurs anonymes, est un éloge à la désappartenance nécessaire à l’autonomie. En effet, selon de Singly, le processus d’individualisation exige dans un premier temps de se dégager de ses identités imposées, de ses rôles, de son statut, de ses appartenances. L’individu doit d’abord lâcher les certitudes acquises et dénouer les liens hérités pour dans un deuxième temps pouvoir élire ses attaches. Il peut ensuite redéfinir ses appartenances, en toute connaissance de cause et de manière librement consentie. Il ne s’agit pas de rester sans liens.

 

 

Contrairement aux navigateurs à durée indéterminée, ceux qui prennent la mer pour un ou deux ans seulement, même s’ils sont critiques à l’encontre de la société qu’ils laissent temporairement derrière eux, le sont à un moindre niveau: ils n’osent pas, ou ne souhaitent pas s’affranchir de leur vie ordinaire qu’ils retrouvent à leur retour. En effet, si

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les plaisanciers hauturiers admirent leurs modèles et s’en inspirent, ils ne les imitent que très modérément ! D’ailleurs, certains d’entre eux revendiquent même leur attachement à une société qui leur offre une existence qu’ils n’ont envie de quitter que pour mieux la retrouver. Ils sont, dans ce sens, représentatifs de l’individu actuel qui assume ses aspirations contraires, vivre libre et vivre en sécurité, et ne désire pas abandonner l’une au profit de l’autre. Il les met en tension :

 

L’oscillation entre l’appartenance et la désappartenance se retrouve, sous une autre

modalité : entre l’imitation et l’invention, entre l’habitude et la spontanéité. L’une

apporte la sécurité, l’autre le sentiment de liberté. C’est cette tension entre les deux

qui est le propre de la modernité.

(de Singly 2003 p.108)

 

En fait, la définition que Simmel donne de la liberté convient particulièrement au Grand Voyage. Il ne s’agit pas de s’affranchir de toute obligation, mais d’en changer. Petit à petit, la nouvelle situation se fera routine, lassante, contraignante appelant un nouveau changement (Simmel dans de Singly 2003). L’impression de liberté réside dans le fait de choisir ses contraintes et de se sentir indépendant d’autrui pour poser ce choix.

Cependant, la pulsion qui pousse les navigateurs vers la liberté est puissante. Pour elle, ils acceptent les contraintes de tous genres qui accompagnent la navigation : intempéries, pannes mécaniques, difficultés bureaucratiques, promiscuité, la liste est longue. Ces obligations inhérentes à la vie en bateau sont oblitérées par le plaisir de pouvoir faire ce qu’ils veulent quand ils le veulent, même s’il s’agit parfois de ne rien faire du tout. Le farniente, le repos, les discussions de cockpit, la baignade, prendre son temps devient une activité à part entière. Comme le note Macbeth, ne dépendre que des forces de la nature n’est pas toujours facile ni agréable, mais ce choix est plus satisfaisant que l’aliénation des grandes villes. Il permet de s’affirmer comme un individu autonome et responsable de sa propre existence, libre de se sentir chez lui sous des latitudes au climat idéal et de pouvoir changer de panorama quand il le souhaite.

 

 

Lever l’ancre, c’est aussi accepter le risque. Même si les progrès technologiques ont mis la navigation à la portée de tous, elle n’est pas une activité totalement sécurisée. Cette mise en danger, même si très relative, nécessite action et audace. Elle stimule les navigateurs à utiliser leurs ressources propres pour se sortir des mauvais pas où ils ne manquent pas de se trouver. Panne de moteur, voile déchirée, fuite d’eau, toilettes bouchées, mauvais temps, douaniers irascibles, ils doivent faire preuve d’initiative et de créativité pour s’adapter aux situations rencontrées. De cette façon, ils se donnent la possibilité de s’étonner eux-mêmes par les ressources qu’ils déploient ainsi que par la compétence dont ils font preuve et l’impression de contrôle de leur existence qu’ils y

 

gagnent. Au retour, le récit de leurs exploits conforte cette image d’eux comme hommes et femmes capables.

 

 

Néanmoins, derrière cette recherche de l’aventure et de la liberté, bien d’autres motivations au départ sont en fait des ancrages déguisé : avoir l’audace de rechercher la sécurité.      

Ancrage

   

Jeter l’ancre, c’est être accroché à la terre en étant encore en mer. C’est chercher un semblant de stabilité, pouvoir se reposer, aller à la rencontre des autres. C’est s’arrêter en étant prêt à repartir. C’est retrouver la sécurité.

Paradoxalement, se lancer dans le Grand Voyage peut aussi signifier la cherche

 

d’une stabilité perdue dans l’apparente immobilité de la vie ordinaire. Il s’agit d’ancrer le rêve dans la réalité : ne plus se contenter de s’imaginer voyageur, mais le devenir physiquement. L’image de soi prend corps grâce à la pratique, elle devient tangible. Le corps porte les traces de l’identité choisie : les cales se forment sur les paumes des mains, les pieds se font plus rudes au contact du pont salé, la peau se tanne les cheveux se décolorent sous l’effet des embruns et du soleil. Dans les ports, les navigateurs au long cours et leurs voiliers, montrent par de petits détails leur appartenance à la subculture des voileux1. La communauté des navigateurs, communauté de pratique, de partage de connaissances, d’entraide est pour beaucoup un refuge. Atlanticos, voileux, romanos des mers, bourlingueurs, les noms qu’ils se donnent sont nombreux. Il y est facile de s’y cantonner à la seule identité de navigateur et de se reposer de la construction identitaire. La fraternité des ports et des mouillages fournit un havre relationnel en même temps qu’elle autorise l’autonomie : elle constitue un cadre d’appartenance.

En effet, la société d’aujourd’hui pousse l’individu à revêtir une multitude d’identités différentes et à maintenir cette composition à jour en s’essayant sans cesse à de nouvelles expériences. Dans un monde de plus en plus complexe, il lui faut se réactualiser en permanence, changer de forme et en même temps, continuer à être lui- même (Melucci 1996). Tandis qu’en partant, le voyageur se concentre sur une identité qu’il va endosser le temps du périple, laissant derrière lui la trop grande complexité qui l’éreintait. Car ce travail identitaire sans répit épuise : nombreux sont ceux qui souffrent

   

1 J’utilise ici la définition de Macbeth de la subculture comprise comme un groupe d’individus qui bien que partageant de nombreuses valeurs, croyances et attitudes avec la culture principale adhèrent à d’autres valeurs, divergentes, ce qui permet à la subculture de se considérer elle-même comme séparée et en même temps être tenue pour différente (Macbeth 1985).

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actuellement de la « fatigue d’être soi » (Ehrenberg 1998). Alors pour fuir l’incertitude qu’entraîne l’obligation permanente de choisir, l’individu tente de retrouver l’évidence : il s’accroche à l’illusion d’une identité essentielle qu’il pourrait trouver comme on retrouve un objet perdu (Kaufmann 2004). Les voyageurs la cherchent dans la pureté originelle attribuée à la nature, dans l’illusion d’un paradis perdu ou dans la profonde sagesse attribuée à ceux qui vivent encore une vie simple et traditionnelle. Ils idéalisent la société holiste, le temps de s’y ressourcer quelques jours, avant de lever l’ancre et s’échapper à nouveau. Les voyageurs s’approchent, dans le confort de leur bateau, de gens vivants dans des conditions de vie excessivement simples ou même précaires ; ils les admirent, les idéalisent, sans songer pour autant à abandonner l’abondance qui est la leur.

 

 

En larguant les amarres, le navigateur change d’espace et de temps. Loin de toutes les perturbations habituelles, des obligations sans fin de la vie ordinaire, le temps lui aussi se modifie. Un temps ralenti, par la lenteur du déplacement et l’absence d’obligations sociales. Ce temps retrouvé est sans prix pour beaucoup de ceux qui partent en famille : avoir enfin le temps d’être ensemble, de se consacrer entièrement à leurs enfants. Pourtant, il leur faut structurer cette liberté temporelle, car les enfants en âge scolaire étudient à bord. Les cours à distance demandent une grande discipline. Dans ce temps abondant, les couples, les familles semblent se replier sur eux-mêmes dans une relation très fusionnelle : famille originelle face à une nature vierge. Ou ils découvrent ensemble le monde et alternent ainsi idylle avec initiation à l’altérité. Pour tous, il s’agit de se retrouver autour du noyau des relations les plus stables et les plus intimes.

 

 

Beaucoup de navigateurs établissent une relation animiste avec leur bateau. Point de référence stable dans un état de mouvance permanente, il est le centre du voyage. Il est moyen de transport, objet de désir, de plaisir et de prestige, marqueur d’identité, maison, refuge, à la fois outil du prochain déplacement et espace de continuité. Les navigateurs ne s’en éloignent jamais, ou si peu ; ils sont à la fois en pays étranger dans leur foyerqui leur rappelle leur région d’origine. Ce qui participe peut-être à l’attitude de certains voyageurs de se sentir en pays conquis où qu’ils soient : eux aussi « y habitent ». En voyage, le bateau constitue un élément de stabilité qui aide à ne pas se laisser submerger par l’intensité et l’abondance des expériences vécues.

 

 

Même la mer peut se faire protectrice, sécurisante. Alors que beaucoup la craignent, elle est paradoxalement aussi un abri. Parfois, lorsque le vent souffle, prendre la mer peut être beaucoup plus sûr que de rester près des côtes. Si elle est mouvement

 

permanent, ouverture, le navigateur y est séparé de la société et libéré des contraintes extérieures autres que celles de prendre soin du bateau. Il est bercé. Naviguer peut être régressif : le navigateur se laisse prendre en charge par une force plus grande que lui, qui punit parfois, mais isole et protège du monde extérieur, de la réalité. Il est dépendant du temps, du vent, des courants. Il peut y ouvrir son espace intérieur, laisser l’eau salée laver tous les soucis qui l’encombrent et le vider de tout ce qui n’est pas le présent. Cet espace où s’efface toute trace de passage, neuf devant chaque étrave invite à se refaire une virginité mentale.

       

Entre-deux

   

Passer les jetées du port vers l’océan, c’est pénétrer dans un univers différent, laisser derrière soi ses repères familiers, abandonner la stabilité de la terre ferme pour la mouvance aquatique. C’est franchir un seuil.

 

Seuil : du latin limen. Sens figuré, c’est « [un] début [un] commencement [l’] entrée

dans une période nouvelle », « [la] limite marquant un passage vers un autre état,

entrée dans une situation nouvelle »

.1

 

C’est pénétrer dans l’espace « d’entre-deux » que le scénario du voyage entrouvre : un lieu intermédiaire où se créer une nouvelle image du monde et de soi. Lorsque l’individu ordinaire se transforme en voyageur, sa rupture avec le quotidien lui permet de pénétrer dans un espace créatif où les structures habituelles sont abolies, un espace d’apprentissage, d’initiation.

En s’engageant dans le Grand Voyage, les navigateurs se posent plus d’un défi : le

 

premier étant sans aucun doute d’oser mettre leur rêve en péril, d’oser affronter la possibilité d’un échec : cela demande un certain courage. Ensuite, ils doivent faire preuve de détermination, de ténacité, d’organisation pour mener à bien leur projet ; vaincre leurs peurs, leurs doutes ; aller à l’encontre des schèmes culturels qui leur susurrent que c’est une folie de quitter son travail pour partir sur les flots, d’y entraîner ses enfants, etc. Puis une fois partis, c’est face aux événements du voyage qu’ils doivent faire face ; la promiscuité du bord, l’inconfort relatif, les avaries, la météo, les autres cultures. En fait, ils sont en permanence confrontés à leurs limites qu’ils doivent repousser un peu plus loin, s’ils le peuvent, ou apprendre à respecter. Mais surtout, ils confrontent leur vision idéalisée du monde et d’eux-mêmes à la réalité. Il s’agit de grandir, de mûrir. Le

   

 

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