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« L'espoir fait vivre, mais comme sur une corde raide »8

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Fils d’un cheminot en retraite, Nafa Walid, comme tout jeune algérien, souhaite réaliser un rêve cher à son cœur : il est passionné par le cinéma, à tel point qu’il désire devenir acteur. Une agence d’emploi lui offre l’opportunité de travailler comme chauffeur des Raja, l’une des familles les plus fortunées du Grand Alger, à Hydra. Ce job pourrait lui ouvrir les portes qui le mèneraient vers son rêve, d’autant que cette famille est censée « avoir des entrées dans le monde des spectacles ».

Mais, il déchantera vite en découvrant, hélas, un univers éhonté, tyrannique et corrompu, différent du sien et de celui de ses semblables, ….

Nafa Walid, qui tentera d’abord de prendre son mal en patience, avec longanimité, finira par renoncer à ses rêves d’enfant, après avoir, notamment, été témoin du meurtre d’une adolescente à la résidence du fils des Raja, Junior.

« Une jeune fille était allongée sur le dos, nue, un bras ballant contre le flanc du matelas. Ses yeux grands ouverts fixaient le plafond. Répandue sur le drap lactescent, sa chevelure noir évoquait un mauvais présage (…) Je réalisai enfin l’ampleur des dégâts. La fille, une adolescente à peine close, ne se réveillerait plus. Sa frimousse bouffie avait une sérénité qui ne trompait pas. Elle était morte », (À quoi rêve les loups, pp. 71-72).

C’est à partir du Grand-Alger que le héros, bouleversé, réalise l’ampleur du fossé qui sépare les deux mondes, riche et pauvre. À vrai dire, l’auteur nous mène à prendre conscience de ce dont il parle. Il recourt à des procédés narratifs, telle la métaphore, rendant ainsi le texte plus vivant, comme sous l’œil d’une caméra en mouvement. Écoutons-le :

« La voiture parvint tant bien que mal à se soustraire au tintamarre des quartiers insalubres, s’élança sur l’autoroute, contourna la colline et débouche sur un petit bout de paradis paradis paradis paradis aux chaussées impeccables et aux trottoirs aussi larges que les esplanades (…) Les rues étaient désertes, débarrassées de ces ribambelles de mioches délurés qui écument et mitent les cités populeuses (…) Des villas taciturnes nous tournaient le dos, leur gigantesques palissades dressées contre le ciel, comme si elle tenaient à se démarquer du reste du monde

mondemonde

monde, à se préserver de la gangrgangrgangrgangrène ène ène ène d’un bled qui n’en finissait pas de se délabrer », quoi rêvent les loups, p. 24).

À la fois révolté et triste, Nafa quitte un monde qui n’est pas le sien, et dans lequel il ne s’est jamais senti chez lui. Une rupture définitive que Yasmina Khadra dépeint, usant d’images significatives, en l’occurrence de gestes, tel celui où le narrateur arrache avec hargne la chaîne en or que lui a offerte Sonia et la jette dans la mer. Le dernier lien avec les Raja est rompu. Le héros admet que son rêve s’effrite.

6.2. La Casbah

Théâtre d’actes terroristes, la Casbah est un lieu historique important auquel Yasmina Khadra fait référence dans le roman. C’est également le lieu où est né et grandi Nafa Walid. Et il est encore celui où ce dernier sera pris au piège, et manipulé jusqu’à la fin de ses jours, d’abord en tant que Moussebel (agent de liaison), puis émir, par

l’islamisme dévastateur. Une idéologie qui n’hésite pas à instrumentaliser la religion à des fins occultes.

Avec les actes terroristes, Alger plonge dans le chaos, et dans ses quartiers se commettent des crimes horribles. La ville se transforme en champ de bataille, livrant un paysage funeste et des esprits en déroute, c’est ainsi qu’est désormais la capitale :

« Alger était malade (…)

Alger s’agrippait à ses collines, la robe retroussée par-dessus son vagin éclaté, beuglait les diatribes diffusées par les minarets, rotait, grognait, barbouillée de partout, pantelante, les yeux chavirés, la gueule baveuse tandis que le peuple retenait son souffle devant le monstre incestueux qu’elle était en train de mettre au monde (…) Alger accouchait. Dans la douleur et dans la nausée. Dans l’horreur, naturellement. Son pouls martelait les slogans des intégristes qui paradaient sur les boulevards d’un pas conquérant. Alger brûlait de l’orgasme des illuminés qui l’avaient violée. Enceinte de leur haine, elle se donnait au spectacle à l’endroit où on l’avait saillie au milieu de sa baie à jamais maudite ; elle mettait bas sans retenue certes, mais avec la rage d’une mère qui réalise trop tard que le père de son enfant est son propre rejeton », (À quoi rêvent les loups, pp. 91-92).

Le héros ne se fait plus aucune illusion. Son optimisme se mue en consternation. Les déceptions qui se succèdent au chevet de ses rêves l’affaiblissent, mais il hésite encore à franchir le pas avant de comprendre l’ampleur de la déferlante qui va emporter le pays. Un drame à la fois personnel, mais lié aussi à celui d’une société où toute communication devient impossible, dépouillée de toute son essence. Dans la Casbah, les seuls maîtres sont la désobéissance civile et le langage des armes, dont celles archaïques ; les sabres et les machettes. Optant pour la solitude, notamment après le meurtre de Hanane dont il avait désiré en faire sa compagne, le héros continue à vivre dans la douleur, refoulant sa souffrance qu’il tentera d’exorciser par la prière jusqu’à ce qu’il emprunte un chemin du non-retour.

Outre cela, dans À quoi rêvent les loups, des voix s’élèvent en filigrane, celles d’une population endoctrinée, sympathisant avec la mouvance FIS, qui décide de sortir dans la rue pour revendiquer la transition démocratique et l’instauration d’un État islamique.

« Nous n’irons nulle part. Nous resterons ici, dans la rue, de jour comme de nuit. Ils peuvent toujours nous encercler avec leurs épouvantails de CRS (…) Nous ne retournerons vaquer à nos occupations que lorsqu’ils auront compris, une fois pour toutes, que nous ne voulons plus d’eux (…) L’ère pécheresse est révolue. Notre terre est redevenue sainte. Puisqu’ils refusent d’emprunter les voies du Seigneur, qu’ils aillent donc au diable », (À quoi rêvent les loups, p. 92).

En effet, le « nous » confirme la subjectivité de ces individus et leur revendication du droit au statut de citoyens à part entière. La première personne montre également le rapport embrouillé d’une population dévoyée. Le « ils » désignent indirectement l’autre, c'est-à-dire tous les acteurs du « Pouvoir », illustrant clairement le fossé qui sépare « gouvernants » et « gouvernés ».

La voix des activistes du FIS, nourrie par les idées « extrémistes » et l’idéologie de la violence, introduit un basculement dans les structures narratives et temporelles du récit. Suite à cela, les événements prennent une tournure dramatique ; c’est la mort qui frappe partout, tous les jours et toutes les nuits, propulsant l’Algérie vers une autre dimension :

« Après les lettres de menace, le téléphone se mit de la partie, excellant dans l’annonce des représailles. Il sonnait à des heures impensables. La voix, au bout du fil, glaçait le sang : Tu vas crever, renégat ! Ce n’était pas des paroles en l’aire (…) Chaque matin, des hommes encagoulés jaillissaient de leur cachette et tiraient à bout portant sur leurs cibles. Quelques fois, un couteau de boucher achevait les blessés en leur tranchant la gorge (…) Les attentats spectaculaires se bousculaient aux unes des quotidiens. Les rues d’Alger, de Blida, de Boufarik, de Chlef, de Laghouat, de Sidi Bel-Abbes, de Jijel reculaient devant la marche des Afghans », (À quoi rêvent les loups, p. 150).

Outre l’indication des lieux historiques associés à l’évènement, comme la Casbah, Bab El-Oued et Boufarik, Yasmina Khadra fait référence aux ailes de la mouvance islamiste ; FIS, M.I.A (qui est en réalité le GIA, groupe islamique armé), et Hijra wa Takfir, ainsi qu’aux noms de leurs leaders, à l’image d’Abassi Madani et Ali Belhadj.

Les noms des activistes du FIS ne sont pas en reste : émir Jaafar, Hassan l’Afghan… ces pseudonymes sont ceux de terroristes bien réels ayant commis durant les années noires d’odieux massacres. Tous, les uns comme les autres (personnages réels ou fictifs), se vouent au même objectif : l’extermination de tous ceux qui n’adhèrent pas à leur logique. Dans un tel climat social, les « laïcs » protestent de leur côté contre ce qu’ils qualifient de laxisme à l’égard des extrémistes.

6.3. L’Abîme

« La violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec »9.

Le déroulement narratif fait surgir du décor que l’écrivain avait planté dans le chapitre précédent de nouveaux espaces aussi symboliques et significatifs. En effet, la rébellion intégriste ayant caractérisé le discours social et s’étant matérialisée, au fur et à mesure, par des actes terroristes ininterrompus, commis dans les villes et hameaux, avec des exactions et autres sévices inouïs à l’encontre des populations.

En apprenant la mort de son père, dont les terroristes lui font croire que c’est le fait des policiers, Nafa exécute son premier coup, pour sombrer ensuite, corps et âme, dans le péremptoire.

« J’avais le vague sentiment que je venais de sauter le pas, que rien ne serait plus comme avant », (À quoi rêvent les loups, p. 184).

Il monte au maquis et rejoint la katiba du hameau de Sidi Ayach10 ; un lieu historique qui, à l’instar de beaucoup d’autres, sera témoin des horreurs vécues, mais aussi de la défaite des intégristes. Les semeurs de mort sont là, ils frappent sauvagement, en se livrant à des carnages, souvent collectifs, sur des innocents, et même sur ceux qui les nourrissent :

« Un vieillard était assis en fakir au centre de la pièce (…) Il avait au moins quatre-vingts ans, le faciès desséché et les mains grandes et osseuses.

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9



J’aurais souhaité vous offrir un agneau, chevrota-t-il. Il n me reste qu’un peu de couscous et quelques tranches de viande séchée. Mon épouse et moi sommes démunis (…) la vieille femme apporta une grande terrine débordante de couscous fumant (…) Salah s’empara de son couteau et lui porta un coup fulgurant dan le rein, puis un deuxième dans le ventre. Surpris, le vieillard écarquilla les yeux et tomba à genoux.



Pourquoi, mon fils ?



Hé, c’que tu veux, haj ? Les voies du Seigneurs sont impénétrables », (À quoi rêvent les loups, pp. 213-214-215).

Ce chapitre est également celui de la lutte de l’Algérie pour la survie. Les groupes terroristes commencent à battre en retraite devant les opérations de ratissage menées par l’Armée, et les casernes, qui seront conséquemment implantées dans les forêts et les villages. Dès lors, ceux-ci sont considérés comme des espaces historiques d’une grande portée symbolique dans le roman, puisqu’ils témoignent du ralliement de la population suppliciée aux forces de l’ordre … en fait, à celles du pays.

Les habitants des villages et des bourgades demandent à l’Etat de les armer pour qu’ils puissent se défendre à leur tour contre les hordes sanguinaires. Des groupes de « patriotes », parmi lesquels d’anciens moudjahidine, commencent à se constituer, finissant par effectuer des rondes et dresser des embuscades et des barrages sur la route avec l’assistance des forces de l’ordre.

« Ce que nous croyons être une propagande orchestrée par les taghout s’avère être une réalité. Et elle a tendance à se généraliser. Des villages préparent l’accueil de détachements militaires dans le but de mettre sur pied leurs propres groupes de résistance. Ainsi, les douars de Matmar, Chaїb, Boujara, et les tribus d’Ouled Mokhtar, des Riah et des Messabih sont en train de monter leurs avortons contre nous. Il parait que des dossiers de demande d’armes sont déposés tous les jours auprès de la gendarmerie », (À quoi rêvent les loups, pp. 249-250).

Par ailleurs, Yasmina Khadra nous invite à partager, avec le fils des Walid, son aventure et son expérience en étoffant le récit tout au long du déroulement narratif. En

effet, le héros s’affirme en faisant preuve d’efficacité et de dévouement envers les « combattants intégristes ». Et peu à peu, il devient émir de la saria itinérante puis de la katiba, pour évoluer et mener des opérations démentielles contre la population civile. Il sera, par la suite, anéanti avec son groupe par les forces de sécurité dans un appartement à Alger, après avoir fui le maquis suite à un ratissage effectué par les forces combinées. Et voilà, les terroristes sont faits comme des rats…

C’est ainsi que l’histoire de l’émir Nafa s’achève, entraînant un revirement considérable dans l’Histoire.

7. MISE EN SCENE DES FIGURES FEMININES

À quoi rêve les loups met en scène trois figures féminines importantes qui prennent

part, chacune à sa manière, au discours social dans toutes ses variations. En quête d’un statut social, elles luttent toutes pour s’affirmer.

7.1. Sonia

Fille unique des Raja, une créature vénéneuse, « belle comme l’illusion à laquelle elle ne tarderait pas à emprunter les vices », Sonia est issue de la nomenklatura algérienne pour laquelle la loi ne s’applique que sur le commun des mortels. Elle incarne en elle le libéralisme et l’effronterie, et bénéficie de privilèges.

« Dès le lendemain, elle me mobilisa. Je l’avais conduite à son club, au Golf, et attendue la matinée entière, dans le parking, sous un soleil de plomb (…) Vers 15 heures, elle retourna au club pour s’y oublier jusqu’à la nuit tombée. Je n’avais rien avalé depuis le petit déjeuner », (À quoi rêvent les loups, p. 46).

7.2. Hanane

Quant à la révolte de Hanane contre la montée de l’intégrisme, elle lui coûtera la vie. Son désir de liberté la fera condamnée par la mouvance fondamentaliste. Elle sera assassinée par son frère, Nabil Ghalem, un activiste au sein du FIS, lors d’une marche de protestation organisée par une association de femmes contre le machisme et les exactions intégristes. Voilà comment Nafa la décrit :

« (…) radieuse par-dessus son hijab, telle une houri dans le pré, insensible aux taquineries des imbéciles jalonnant son chemin, majestueuse et sereine, le regard pudiquement baissé comme il sied aux filles de bonnes familles », (À quoi rêvent les loups, p. 101).

7.3. Hind

La voix de Hind, épouse de l’émir Sofiane, résonne avec beaucoup plus de force. Cette théopathe, froide et acariâtre, qui refuse toute familiarité, et adoptant un extrémisme inégalable, se sent puissante face aux événements, et capable d’agir sur son propre destin. Elle manifeste sa volonté d’avoir prise sur le cours des choses. Preuve en est, elle exerce une influence inouïe sur le groupe que dirige son mari.

« Personne n’osait la regarder dans les yeux. Elle remettait chacun à sa place, sur-le-champ, sans ménagement (…) C’est elle qui conduisait la voiture lors des attentats. Ces jours-là, elle s’habillait à l’occidentale, se maquillait et répondait sa longue chevelure noire sur ses épaules. Elle négociait les barrages de police mieux qu’une ambulance. De retour à la maison, elle courait se démaquiller et se débarrasser de son tailleur comme s’il s’agissait d’une tunique de Nessus. Tout de suite, elle plongeait dans ses lectures religieuses », quoi rêvent les loups, pp. 189-190).

8. AQUOI REVENT LES LOUPS ET INTERTEXTUALITE

« Hors de l’intertextualité, l’œuvre serait tout simplement imperceptible au même titre que la parole d’une langue inconnue »11

.

À l’évidence, l’œuvre de Yasmina Khadra joue avec un intertexte qui ne trompe pas un lecteur averti. Abondante de références journalistiques, elle nous permet de repérer des éléments cités antérieurement par la presse écrite des années mille neuf cent quatre vingt-dix. Il nous semble, en effet, logique de dire que les articles de presse se constituent, plus ou moins, en modèle auxquels recourt À quoi rêvent les loups, mais avec un certain degré de reproduction et de distorsion.

Soulignons d’abord que les attentats terroristes perpétrés contre le peuple occupent ______________________

11

la partie principale dans les deux textes (l’article de presse et le roman) ; ce sont des scènes insérées dans un contexte de violence, qui suit la montée de l’intégrisme avec tous ses desseins morbides. Cela dit, il nous semble également évident de percevoir, au bout de la première lecture des deux textes, le combat entre un État et une barbarie terroriste.

Ainsi, un parallélisme entre le récit et l’article de presse (notamment l’article d’information) apparait d’une manière singulière : autant que le journaliste, Yasmina Khadra décrit les terroristes, particulièrement Nafa Walid, comme étant des êtres possédés par une rage et une haine extrêmes. En s’acharnant sur des innocents, ils décapitent à coups de hache et avec une bestialité incomparable, grands et petits, femmes et enfants…

Par ailleurs, À quoi rêvent les loups introduit, au fur et à mesure, des personnages dont les noms ne sont autres que des indices sémantiques qui nous permettent de déceler l’intertextualité. En effet, Abou Talha, le surnom de Antar Zouabri 12, émir national du GIA, ainsi que l’émir Zitouni (l’émir Abou Abderahmane Amine, alias Djamel Zitouni), figurent parmi ces personnages.

À vrai dire, le choix de l’intertexte n’est pas innocent, puisque des lieux historiques, cités dans le roman, suscitent la mémoire intertextuelle. De fait, ces lieux, qui témoignent de l’horreur vécue par la population, sont considérés comme des « espaces-martyrs ». Autant que l’article de presse, l’œuvre de Yasmina Khadra présente « inévitables » les tueries par série commises par les groupes armés.

Les attentats à la voiture piégée et les explosions de bombes qui alternent avec les attaques des villages, se multiplient et se poursuivent pour atteindre, outre les rues d’Alger, ceux de Blida, de Boufarik, de Chlef, de Sidi Bel-Abbes, de Laghouat, de Jijel… Le roman se veut plus accablant ; Yasmina Khadra écrit :

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12

Antar Zouabri dont la tête a été mise à prix en 1997, a pris la succession de l’émir Djamel Zitouni, responsable direct de l’enlèvement et de l’assassinat des sept moines trappistes de Tibhirine, à Médéa, et ayant été éliminé en juillet 1996 par ses pairs sur les monts de Tamzguida, dans cette même région. Il a été attribué aux hordes sauvages d’Antar Zouabri plusieurs dizaines de viols, d’attentats, de faux barrages et de massacres collectifs dont ceux de

« Bab El-Oued hissa son pont-levis. Ses enfants indésirables plièrent bagages, certains n’eurent même pas le courage de revenir les chercher. Leurs propres voisins les épiaient, le doigt sur la détente, le cran d’arrêt en alerte. Policiers, militaires, journalistes, intellectuels tombaient comme des mouches, les uns après les autres, au petit matin, fauchés sur le seuil de leur porte », (p.150).

Les articles de presse sont également accablants ; nous pouvons y lire : un véhicule piégé explose devant la mairie de Bab El-Oued le 11 février 1996, causant des blessures graves à quarante personnes. Cette même cité sera, dix mois plus tard, soit le 24 décembre, le théâtre d’un autre attentat à la voiture piégée, qui fera trois morts et une quarantaine de blessés.

D’autres formes visibles sont également employées par l’écrivain comme des marqueurs permettant l’identification de l’intertextualité, citons le GIA, Katiba El-Forkane, saria (la section), d’Ouled-Allel 13, Hijra wa Takfir, l’une des excroissances du FIS, taghout, boughat, sabaya 14, et l’AIS 15.

En somme, ni l’article de presse ni le roman ne peuvent nier l’Histoire. Tous les deux, s’éclairant mutuellement, se font l’écho d’un moment historique crucial de l’Algérie.

9. CONCLUSION

L’intérêt majeur d’une lecture sociocritique de À quoi rêvent les loups, réside dans

la portée sociale et historique de ce roman dans lequel la question du terrorisme islamiste est abordée avec un réalisme rigoureux. En décrivant l’évolution tragique de la société

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