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2 Les représentations médicales des troubles de la psukhê.

2.1.3 Froid, humidité et vents du mid

Les mécanismes internes de la maladie sont influencés par des éléments externes. Les changements de température, par exemple, sont susceptibles de provoquer une fonte du phlegme. La mort est assurée pour les jeunes enfants si, non seulement soumis à l’abondance du flux du phlegme, ils sont également exposés aux vents du nord (βόρεια)378. Une hiérarchie des séquelles existe en fonction de la force conjointe de ces deux facteurs. L’élément qui ne change pas est le vent : un vent du nord combiné à un flux très abondant provoque la mort, un vent associé à un flux moins épais risque de laisser des marques sur le visage (bouche déviée, un œil ou une main moins fonctionnels) et si le vent influe sur un faible écoulement, le patient vit sans avoir de marque379. Toutes ces considérations concernent les enfants qui sont plus exposés que les adultes du fait de la petitesse de leurs veines. Dans les trois cas, l’enfant subit une crise d’épilepsie mais l’issue de la crise est variable et déterminée par la combinaison d’un facteur interne et d’un facteur externe. Ce passage rappelle les considérations de l’auteur d’Airs, Eaux, Lieux pour qui l’influence du milieu sur la phusis de chaque individu est évidente380.

Chez les adultes, la maladie se déclenche plus rarement car ils ont des veines plus « amples et pleines d’un sang chaud » qui empêchent le phlegme de vaincre. Selon le médecin, « l’intelligence ne se perd pas (τὸ φρόνημα γίνεται) et les signes indiqués plus haut se manifestent avec moins de force à cause de la vigueur du sujet » 381. La pensée de l’auteur est tout à fait cohérente et répond à une combinaison de facteurs internes et externes. Il est cependant étonnant que l’auteur précise que le patient adulte conserve sa raison dans une crise

377 Hipp, Mal sac, 7 378 Hipp, Mal sac, 8. 379 Hipp, Mal sac, 8.

380 JOUANNA J., (1999) : 115. Il précise que la majorité des érudits considèrent que les deux traités, AEL et Mal

Sac, sont du même auteur.

d’épilepsie. Ce genre de réflexion répond sans doute plus à une exigence démonstrative et argumentative qu’à une véritable observation des faits. En revanche, les vieillards touchés par l’épilepsie succombent souvent ou sont paralysés car « les veines sont vides et que le sang est en petite quantité, ténu et aqueux »382. La réalité actuelle confirme cette observation même si les raisons avancées sont évidemment différentes383. De telles considérations se retrouvent également dans d’autres traités384.

Pour le médecin, les saisons et le climat sont déterminants dans le déclenchement et l’issue de la maladie. Les changements de vents subits par exemple ne sont pas favorables, ainsi lorsque le vent du midi (notos) succède brusquement à des vents du nord (boreia), celui- ci « détend et relâche subitement le cerveau resserré et vigoureux, de sorte que la pituite abonde et que la fluxion s’opère »385. Pour le médecin, les vents du nord et du midi sont les plus forts des vents car ils ont une action sur l’air et, de fait, sur l’intelligence (phronesis) et l’épilepsie. Il pense ainsi que le vent du nord contracte l’air, en dissipe la partie brumeuse et le rend transparent : il a donc une action purifiante sur la nature et sur le corps humain puisqu’il ôte en l’homme ce qui est humide et trouble. Il est considéré comme le plus salubre des vents car lorsque, sous la forme du pneuma, il entre dans le cerveau de l’homme, il permet de réunir la partie la plus saine de la zone cérébrale et de séparer la partie la plus malsaine et la plus humide386. La santé cérébrale dépend donc du taux d’humidité du cerveau, le vent du nord corrige les excès d’humidité du cerveau. En revanche, les vents du sud favorisent la production de phlegme si bien que la tête est tout le temps humide387. Pour démontrer la véracité de cette dernière réflexion, le médecin donne l’exemple d’expériences entreprises sur les animaux exposés à cette maladie, les chèvres notamment388 dont la tête, une fois ouverte,

382 Hipp, Mal sac, 9. JOUANNA J., (1999) : 292 note 64 : « le vieillard est généralement considéré comme un être

froid. Il est donc naturel que le sang, humeur chaude, soit peu abondant chez lui ».

383 Dans 50 % des cas, l’affection commence souvent avant l’âge de dix ans. Environ 20 à 80 personnes sur

100 000 sont touchées chaque année et une prédominance de l’affection est constatée aux âges extrêmes de la vie. (Article Epilepsie sur l’encyclopédie en ligne www.vulgarismedical.com)

384 Hipp, Aph, II, 45 ; Hipp, Aph, V, 7 ; Hipp, Prorr, II, 9. 385 Hipp, Mal sac, 10

386 Hipp, Mal sac, 13.

387 Hipp, Mal sac, 11 et 13. Cette théorie est également abordée dans le quatrième paragraphe du traité d’Airs,

Eaux, Lieux : l’auteur révèle que dans les cités exposées aux vents froids vivent des hommes robustes et secs,

aux constitutions plus bilieuses que phlegmatiques et qui ont un cerveau sain et sec. Dès lors, « les maladies

appelées sacrées (iera noseumata kaleumata) y sont rares mais intenses (ischura)», c'est-à-dire que les

symptômes habituels doivent apparaître de manière plus exacerbée.

388 Cet animal est évoqué dans le premier paragraphe du traité lorsque l’auteur rapporte les interdits alimentaires

mais également vestimentaires institués par ceux qu’il nomme des charlatans. Il dénonce le fait que ces individus jouent sur le lien traditionnellement établi entre la chèvre et l’épilepsie pour renforcer certaines croyances et certaines peurs dont ils tirent ensuite partie en s’assurant une clientèle. Voir chapitre 1.4 de cette première partie. Sur les rapports entre la chèvre et l’épilepsie, voirJOUANNA J., (1999) : 292 note 68 qui cite notamment une fable d’Esope (Fables, 16) dans laquelle cette croyance est évoquée.

apparaît particulièrement humide, emplie d’eau, et dégage une odeur nauséabonde. L’auteur fait immédiatement un parallèle entre l’état du cerveau de la chèvre et celui de l’individu épileptique389. Il établit que le phlegme qui est en abondance dans le cerveau en fait fondre une partie, la portion fondue se transforme alors en eau et entoure le cerveau qui y baigne, entraînant alors des accès épileptiques fréquents390. Cette démonstration sur les vents permet encore une fois de renforcer sa démonstration en précisant que « cette maladie naît et s’accroît et par ce qui entre dans le corps et par ce qui en sort», point qui prouve, selon lui, que l’épilepsie se comporte comme les autres maladies, n’était pas plus embarrassante que les autres à traiter ou à connaître, et n’ayant rien de plus de divin. D’une manière générale, tout ce qui concourt à une trop grande humidité ou à un refroidissement brusque du cerveau est mauvais, c’est pourquoi le médecin fait de l’hiver la saison la plus défavorable notamment pour les gens âgés tant les risques de changement de température sont nombreux391. Il donne ainsi l’exemple de vieillards qui s’échauffent la tête en restant assis près d’un feu et éprouvent des accès épileptiques dès lors qu’ils passent à l’air libre et sont saisis par le froid. La saison printanière est aussi dangereuse car également propice à ce genre de changement392.

Mais la modification de la température cérébrale peut être due à une troisième raison, différente des autres cependant et essentiellement perceptible chez les enfants : la peur. Cela s’explique, encore une fois, de manière physiologique. Les craintes (phoboi) qu’éprouvent les enfants les font hurler, rendant parfois difficile, dans l’intervalle des cris et des pleurs, la reprise du souffle si bien que le corps est saisi d’un froid soudain et « le sujet, perdant la voix, ne respire plus »393. Ce n’est qu’au moment où le souffle est au repos que « le cerveau se resserre, le sang s’arrête, et ainsi la pituite se sépare et s’écoule »394. Deux phénomènes thermiques sont en fait à l’œuvre dans cet accident. L’auteur rapporte plus loin que la peur est liée à une modification du cerveau sous l’effet de l’échauffement de la bile395 et qu’elle cesse une fois que l’humeur retourne dans les vaisseaux et le corps. Parce que son cerveau est échauffé par la bile, l’enfant éprouve de la peur qui le fait hurler et pleurer. Selon le médecin, il se déclenche alors un deuxième phénomène : les hurlements et les cris empêchant la reprise

389JOUANNA J., (1999) : 293 note 69. L’auteur constate qu’il s’agit d’une des rares mentions de dissection du

Corpus mais précise qu’elle n’est pas effectuée dans le but d’une observation anatomique mais pour justifier sa théorie sur les causes naturelles de la maladie.

390 Il n’est dès lors peu étonnant que l’épilepsie soit mentionnée parmi les maladies les plus fréquentes qui

surviennent par temps pluvieux. Hipp, Aph, III, 16.

391 Hipp, Mal sac, 10

392 Sur les changements de saison et l’influence du climat, voir également Hipp, AEL, 4 ; Hipp, Aph III, 16 ;

Hipp, Aph III, 20.

393 Hipp, Mal sac, 11. 394 Hipp, Mal sac, 10 395 Hipp, Mal sac, 15.

du souffle, il se produit un refroidissement du corps, donc également du cerveau, qui se contracte et provoque alors le flux vers le bas d’une autre humeur, le phlegme, risquant dès lors de déclencher la maladie. La peur n’est donc pas considérée par le médecin comme un symptôme de l’épilepsie mais bien comme une cause déclenchante de la maladie puisqu’elle suppose une modification de l’état du cerveau. Or, dans la mesure où le cerveau est le siège de la psukhê, cela suppose que de nombreuses autres affections, telles que le délire (paranoia), la tristesse, la joie, seraient susceptibles de déclencher l’épilepsie396. L’auteur du traité reste imprécis sur ce point mais rappelle que tous ces incidents interviennent lorsque le cerveau n’est pas sain (noseô), supposant alors un possible déclenchement de l’épilepsie397. L’altération des facultés de la psukhê, donc de la perception en général, semble constituer, pour l’auteur de la Maladie Sacrée, une cause de déclenchement de la crise épileptique, mais elle ne peut cependant en être la cause unique car d’autres paramètres sont également pris en compte tels que la complexion de l’individu, la taille de ses vaisseaux sanguins, son âge ou encore, son exposition climatique. Si l’épilepsie est véritablement une altération de la psukhê, elle ne peut néanmoins être uniquement considérée comme telle, l’ensemble du corps subissant aussi de profondes répercussions.

2.1.4-Signes annonciateurs et perception sociale de l’épilepsie

Le combat mené par le médecin hippocratique contre les croyances qui attribuent à l’épilepsie un caractère sacré dévoile le jugement intime mais aussi social porté sur la maladie : « Les patients qui sont déjà habitués à la maladie pressentent quand ils vont avoir un accès ; ils fuient loin des regards, chez eux, si leur logis est proche ; sinon, dans le lieu le plus solitaire ; là où leur chute aura le moins de témoins, et aussitôt ils se cachent. Ils agissent ainsi par honte de la maladie (αἰσχύνης τοῦ πάθεος), et non, comme plusieurs le croient, par crainte (ὑπὸ φὄβου) de la divinité (τοῦ δαιμονίου) qui les obsède».398

Le rapport à l’habitude évoqué par le praticien rappelle que l’épilepsie est une maladie chronique. Elle fait se succéder des phases de crises, assez violentes et de courte durée, et des phases d’apaisement plus longues durant lesquelles le patient semble vivre tout à fait normalement. Le caractère imprévisible de l’affection préalablement affirmé est remis en

396 Hipp, Mal sac, 14. 397 Hipp, Mal sac, 14. 398 Hipp, Mal sac, 12

question dans ce passage. Le verbe προγιγνώσκω suggère en effet que le malade est en mesure de déterminer l’arrivée de la crise. Le médecin ne renseigne pas sur les signes qui permettent à l’individu de prévoir la survenue très prochaine du mal mais sous entend que le pronostic de l’arrivée de la maladie relève de la connaissance intime de son corps, de la lecture exacte de ses propres sensations399. Si rien n’est dit sur les signes avant-coureurs de la maladie, en revanche, la chute de l’individu est présentée comme un autre symptôme de l’épilepsie : le médecin donne l’exemple des enfants qui « tombent (πίπτω) là où ils se trouvent »400 sans préciser cependant la gravité de la chute. Cet effondrement sur le sol semble néanmoins être un des signes marquant le début de la crise401.

En abordant la question des signes précurseurs de la crise, le médecin livre le jugement que le patient lui-même et, de fait, les témoins, portent sur la maladie. La vision d’ensemble apparaît assez négative. Il fournit d’abord l’exemple des enfants épileptiques qui, lorsqu’ils sentent l’arrivée de la crise, cherchent refuge auprès de leur mère et « cela, par la terreur (φόβος) du mal qui les menace car, à des enfants, la honte (αἰσχύνω) est encore étrangère »402. Il constate ainsi que jeunes et adultes ont des réactions différentes face à la maladie : l’enfant cherche la compagnie d’une personne qui peut rassurer et apaiser la peur qu’il éprouve face à l’imminence du mal tandis que l’adulte fuit pour trouver la solitude, là où sa chute « aura le moins de témoins »403 car ils se cachent par honte (αἰσχύνη) de leur maladie.

Cette constatation révèle le rôle primordial du regard dans la construction du jugement social : le malade se cache car il ne veut pas être vu mais surtout car il ne veut pas voir dans le regard des autres son image et celle de la maladie qui constitue pour lui un déshonneur. Le sens premier du verbe dit αἰσχύνω l’acte de défigurer, d’enlaidir et, par suite, le fait de déshonorer et d’avoir honte. Le malade doit en effet faire face à deux jugements, l’un divin puisqu’il ne faut pas oublier que pour l’opinion commune l’affection est d’origine divine, l’autre humain qui porte sur le comportement que montre l’épileptique lors de sa crise. On peut en effet supposer à quel point la chute, les convulsions, la salivation excessive, les yeux révulsés, la bouche déformée constituent des signes de débordements extrêmement violents, peu compréhensibles, voire terrifiants de telle sorte que son origine apparaît surnaturelle,

399 Le terme « proaisthanomai » est également utilisé dans ce passage. Sans être plus précis, il met en avant

l’idée d’un pressentiment, soit de signes non visibles mais perceptibles par le sujet seul.

400 Hipp, Mal sac, 12.

401 La chute est en effet un des symptômes de la crise de « grand mal » dans la médecine contemporaine. 402 Hipp, Mal sac, 12.

« surhumaine ». Il apparaît néanmoins difficile de dégager de ces extrait une véritable réflexion sociale tant les indices à ce sujet sont minimes dans les sources médicales.

Outre la Maladie Sacrée, d’autres traités instruisent sur la nature des signes annonciateurs de la maladie. Pour les patients chez qui le mal est chronique, l’analyse des urines pratiquée par le médecin est une bonne méthode pour pronostiquer l’arrivée d’une crise: ténues (λεπτός), âcres (ἄπεπτος) et abondantes (πλησμονή), elles sont significatives du déclenchement prochain du mal surtout si elles succèdent ou sont associées à d’autres indices tels qu’une douleur (πόνος) ou un spasme dans le cou, le dos ou l’omoplate, un engourdissement (νάρκη) ou si le patient a eu un songe (ἐνύπνιος) plein de trouble (τᾶρᾶχή)404.

Pour quelles raisons de telles manifestations peuvent être considérées comme des signes annonciateurs du mal ? L’explication est nécessairement physiologique : les spasmes ou douleurs dans la partie haute du corps correspondent vraisemblablement à une fluxion de phlegme depuis le cerveau jusqu’à la poitrine ; or ce type d’écoulement est un est des plus défavorables405. Les spasmes sont aussi symptomatiques de l’affection si bien que le déclenchement de ceux-ci peut supposer un début de convulsion épileptique. Un autre signe précurseur de la crise, l’engourdissement406, révèle des difficultés au niveau de la circulation sanguine, une des raisons du déclenchement de la maladie. Le livre IV du Régime a montré que les rêves fournissent de réelles informations sur la santé corporelle : un songe plein d’agitation (τάρᾶχος) par exemple, rappelle en effet le comportement convulsif, désordonné du malade épileptique.

Des maux de tête associés à des bourdonnements d’oreille (ἦχος) sans fièvre (ἄπῦρος), à des vertiges (σκοτοδῖνία), à une certaine lenteur d’expression vocale (φωνή), et à la sensation d’engourdissement (νάρκη) dans les bras, sont autant de signes indiquant l’arrivée de l’épilepsie chez des individus qui n’ont cependant jamais été touchés par le mal407. Le caractère assez commun de tels troubles, non spécifiques de l’épilepsie oblige le médecin à faire preuve de prudence dans son pronostic. Il annonce fréquemment que outre l’épilepsie, il puisse s’agir d’apoplexie ou d’une simple perte de mémoire. Ces affections auraient donc les mêmes signes annonciateurs ? Les tentatives de classement des indices effectués par les différents médecins demeurent très aléatoires car fondées sur des observations empiriques. Les signes qui rapprochent l’épilepsie à d’autres affections ont cependant pour

404 Hipp, Coa, VII, 587

405 Voir les sept fluxions cérébrales, Hipp, Lieux. 406 Hipp, Coa, 157

caractéristiques communes d’entretenir, pour la plupart, des rapports avec l’intellect et le raisonnement. L’ouïe et le langage sont considérés comme des canaux sensoriels et leur dérèglement indique que l’intelligence est elle–même dérangée408. L’apoplexie est due, comme l’épilepsie, à une fluxion du cerveau409 et partage certains symptômes avec la maladie, de telle sorte qu’il faut même se demander si le praticien ne confond pas parfois les deux affections. Qui plus est, la représentation hippocratique rapproche parfois l’épilepsie de la mélancolie, cette dernière entretenant aussi des liens avec l’apoplexie. Il est en effet assez étonnant de lire que « les mélancoliques (μελαγχολικοί) deviennent d’ordinaire épileptiques et les épileptiques mélancoliques ; de ces deux états, ce qui détermine l’un de préférence, c’est la direction que prend la maladie : si elle se porte sur le corps (sôma) : épilepsie, sur l’intelligence (dianoia): mélancolie »410. Nous n’aborderons pas maintenant, plus en détail, la conception médicale de la mélancolie411, néanmoins, on peut considérer ce passage comme essentiel car, s’il rapproche les deux maladies, il les distingue néanmoins par leur rapport au corps ou à l’intelligence, établissant ainsi une dichotomie entre les deux. Il ne s’agit pas cependant d’interpréter cette distinction comme une vision dualiste de la part du médecin. Si le mot dianoia qui dit la faculté de réfléchir, donc l’intelligence, est couramment opposé au sôma, cela ne signifie pas que le mélancolique n’éprouve que des troubles du raisonnement et l’épileptique un désordre corporel. Le médecin semble vraisemblablement vouloir dire que l’épileptique et le mélancolique éprouvent tous deux des altérations de l’intellect mais, dans l’épilepsie, les symptômes corporels sont beaucoup visibles et nombreux.412.

2.1.5-Les thérapies de l’épilepsie

Si ce n’est le recours au religieux accompli dans le respect des coutumes413, le médecin de la Maladie Sacrée ne fournit aucun détail sur la thérapeutique utilisée pour soigner l’affection. Il la décrit comme une maladie curable (ἀκεστός)414 et parle effectivement de « remèdes

408 Il faut rappeler que, pour les Anciens, ces canaux sensoriels fonctionnent si l’intelligence elle-même est en

état de le faire. Le schéma de la connaissance ne s’opère pas des sens à l’intellect mais selon le schéma inverse. C’est le siège de l’intelligence, et dans le cadre du traité de la Maladie Sacrée, le cerveau, qui distribue les informations au reste du corps.

409 Hipp, Glandes, 12 410 Hipp, Ep, VI, 8, 31

411 Voir le chapitre consacré à la mélancolie, 3.3.

412 Voir le chapitre sur la mélancolie, le mélancolique est plutôt prostré et sans énergie.

413 Hipp, Mal sac, 1. Il rappelle que sacrifier, prier, faire des offrandes, sont les seules pratiques religieuses qu’il

faut employer pour espérer guérir de la maladie.

administrés ( pharmakos) »415 mais sans en révéler la nature. Dans la mesure où cette maladie