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II. 4.2.3.1 Cannabis et schizophrénie

IV.3 Les freins au dépistage du cannabis en consultation

IV.3.1 Les freins inhérents au médecin

IV.3.1.1 Le manque de temps.

Le manque de temps était un frein fréquemment cité à la recherche de la consommation de cannabis en consultation de médecine générale.

Dr D : les gens viennent avec un motif de consultation qui prend un certain temps, qui prend une quinzaine de minutes à peu près donc j’aborde pas systématiquement. Quand il y a déjà un sujet voir deux sujets pour une consultation de médecine générale, j’aborde pas un troisième.

Dr G : il faut avoir le temps, il faut y penser, il faut être concentré là-dessus et même au bout de sept mois d’installation, je ne l’ai plus le temps. Clairement c’est le temps qui manque.

77 IV.3.1.2 Le manque de formation et de connaissances.

Plusieurs médecins ont expliqué le fait de ne pas rechercher une consommation de cannabis par manque de formation et de connaissances.

Dr B : je pense qu'on est nous, médecins généralistes, un petit peu démunis devant ces gens-là. Personnellement, je pense que c'est bien de passer la main parce que l’on manque de compétences dans ce domaine. (…) c'est sur le tas que je me suis un peu formé et j'avoue un peu mes incompétences dans le domaine.

Dr G : En général ils me donnent des cours les patients sur les drogues, ils sont plus calés que moi ça c’est sûr. (…)a part que le seul problème moi qui n’est potentiellement jamais rien fumé, même pas une cigarette ni rien du tout, je manque de connaissance.

Dr C :je ne pense pas être assez formé.

Dr K : il y a peut-être une formation à faire là-dessus, on connait peut-être pas assez, on n’a pas le reflexe. Je ne pense pas que l’on soit suffisamment formé, effectivement une formation complémentaire ce serait bien.

Dr O : ce n’est pas un truc que l’on a vraiment étudié et puis ce n’est pas des choses que j’ai eu l’occasion de faire une formation dans le domaine.

Dr N : Je leur en parle, mais après je ne me sens pas très compétente pour eux.

IV.3.1.3 La difficulté de la prise en charge post dépistage.

La difficulté de la prise en charge après le dépistage a été citée par plusieurs médecins comme un obstacle au dépistage.

Dr A : Pour la prise en charge, autant pour le tabac on a les patchs, on a un peu d'arsenal thérapeutique disponible. Autant pour le cannabis : "Ha bon d'accord vous étés dépendant, bah

78 arrêtez..." On n'a rien quoi ! En fin j'ai rien moi.

Dr C : La première difficulté c’est la prise en charge.

Dr J : Et puis le fait de pas savoir quoi faire avec aussi parce que l’on est pas sur une prise en charge ni substitutive ni quoi que ce soit donc on va être dans la prise en charge globale d’un individu ayant des addictions dont il souffre ou ne souffre pas selon le cas.

Dr O : je me sens quand même plus à l’aise pour l’arrêt du tabac que pour l’arrêt du cannabis. Dr F : je ne vais pas vous dire que je suis un expert en prise en charge du cannabis.

IV.3.1.4 La peur de l’intrusion et du jugement.

Quatre médecins ont évoqué le sentiment d’intrusion comme obstacle.

Dr J : Je pense qu’une part des difficultés, elles sont liées à la gêne d’une intrusion. Dr L : j’ai du mal à venir m’immiscer en demandant certaines choses des fois.

Dr N : S’ils sont pas demandeurs, est-ce qu’il faut que l’on dépiste des choses qui font partie de leur intimité ?

Dr E : c’est un sujet tabou et, donc, demander à quelqu’un s’il fume des joints, c’est pas toujours évident.

IV.3.1.5 La présence d’une tierce personne.

Certains médecins étaient gênés par la présence d’une tierce personne en consultation, notamment les parents de jeunes adultes.

Dr G : Sachant qu’il y a des adultes à 25 ans trainé par la peau des fesses par leur mère. Mais là c’est un peu compliqué, c’est le même registre que les questions sexuelles, c’est un peu

79 compliqué quand les parents sont là, ça m’arrive chez les vieux ados de les mettre dehors les parents.

IV.3.1.6 La banalisation de la consommation par le médecin.

Plusieurs médecins ont avancé leur point de vue personnel sur le cannabis comme frein au dépistage.

Dr D : Je dois être un petit peu comme tout le monde, je pense que le cannabis c’est moins embêtant que les drogues un peu plus importantes, c’est pour ça que je suis pas polarisé dessus je dois certainement penser au fond de mon esprit que c’est pas trop méchant. (…) Après faut peut-être être intéressé par ça. C’est pas un truc qui me passionne donc j’ai jamais regardé Dr G : Je leur dis de continuer la cigarette, de continuer le cannabis et de régler les problèmes autour d’abord, pour l’instant j’en suis là. Pour quelqu’un qui va bien je n’aborde pas la question.

Dr H : on arrête plus facilement le cannabis, enfin je pense, ça dépend de la consommation que d’arrêter l’héro (..)en apparence, j’ai l’impression qu’il pose moins de problèmes sociaux que l’alcoolisme.

Dr K : il n’y a pas de dépendance franche, physique en tout cas. Il n’y a pas cette dépendance comme on peut le voir avec les autres drogues, ce n’est pas la même chose quand même.

Dr M : Sauf qu’il y a juste un détail, c’est que pour moi, ce n’est pas un problème si grave que ça. Je ne fais pas parti des gens qui crient « oh mon Dieu, il fume un pétard ». Je ne pense pas qu’en soi ce soit quelque chose qui soit si dangereux que ça, c’est intégré à pleins de cultures depuis presque la nuit des temps pour aussi loin que l’on puisse remonter.

Dr N : Je dirais que le cannabis pour moi c’est un petit peu comme l’alcool et puis, c’est pas parce que vous fumez du cannabis que vous irez sur des drogues plus dures. Dans les messages grand public, on n’est pas assez nuancé. (…) C’est des produits très complexes en fait, alors c’est sûr que c’est dangereux, c’est pas terrible d’en fumer mais les dangers ne sont peut-être

80 pas aussi immédiats que c que l’on veut bien nous faire croire.

Dr O : Alors c’est vrai que j’ai tendance à banaliser quand c’est peu important je vous avouerais.

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