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Chapitre III : Conclusions et perspectives

3.2. Forces et limites de l’étude

La principale force de notre étude est la caractérisation importante des effets de la cigarette électronique sur le cycle circadien. En effet, en ayant procédé à des euthanasies aux six heures et sur une période de 24 heures, nous avons effectué une analyse poussée de la perturbation dans l’expression des gènes du cycle circadien causée par la cigarette électronique, et ce, sur l’ensemble de la période du cycle d’expression de ces gènes. De plus, en analysant l’expression circadienne dans le poumon, le cerveau, le rein, le foie et le muscle squelettique, nous pouvons tirer un portrait complet de l’impact de la cigarette électronique au niveau systémique. Il aurait été intéressant d’investiguer l’impact de l’exposition aux vapeurs de cigarette électronique sur une période de 48h afin de déterminer l’impact de celle- ci sur les différents paramètres du cycle circadien, tels que la période et l’amplitude des cycles. Toutefois, notre système d’exposition aux vapeurs de cigarette électronique à une capacité limitée à 40 souris, ce qui limite le nombre de souris par protocole. La construction d’un deuxième système d’exposition pourrait pallier à ce problème.

Une autre force de notre étude est le modèle d’exposition aux vapeurs de cigarette électronique, basé sur un modèle d’exposition à la cigarette de tabac utilisée depuis plusieurs années dans plusieurs laboratoires (De Flora et al., 2003; Morissette, Jobse, et al., 2014; Morissette, Lamontagne, et al., 2014; Morissette, Shen, Thayaparan, & Stampfli, 2015a, 2015b; Nikota et al., 2014). Notre système permet l’exposition simultanée de 40 souris, ce qui rend l’exposition aux vapeurs de cigarette électronique efficace et reproductible. De plus, le système d’exposition utilisé dans cette étude délivre de la vapeur primaire aux animaux, ce qui mime l’utilisation normale de la cigarette électronique et permet une caractérisation réaliste de ses effets. Le modèle « whole-body » comporte plusieurs avantages comparativement au modèle « nose-only », aussi utilisé dans la recherche sur la cigarette de tabac (Gaschler et al., 2008; Rinaldi et al., 2012). Puisque les souris ne sont pas restreintes

lors de l’exposition « whole-body », il est possible d’exposer les animaux plus longtemps aux vapeurs de cigarette électronique, sans augmenter leur niveau de stress ou nuire à leur santé. De plus, l’animal ingère les particules de vapeurs de cigarette électronique lorsqu’elles se déposent sur sa fourrure. Encore une fois, cela représente l’utilisation réelle de la cigarette électronique, puisqu’en temps normal il y a un dépôt de particules dans les muqueuses buccales, qui sont par la suite ingérées. L’utilisation de ce système peut toutefois également être une limitation de l’étude. En effet, puisque les animaux respirent librement les vapeurs, il est difficile de déterminer la quantité de ces vapeurs qui sont réellement inhalées par chaque animal. Toutefois, cela peut s’apparenter à la réalité des utilisateurs de cigarette électronique, la quantité de vapeurs de cigarette électronique inhalées varient d’un utilisateur à l’autre. En somme, nous restons confiants que le modèle d’exposition de type « whole-body » reste un outil de choix dans la caractérisation des effets pulmonaires et systémiques de la cigarette électronique.

L’utilisation d’un modèle animal est également un atout pour notre étude. En effet, l’utilisation d’animaux a permis une meilleure compréhension de l’implication du tabac dans les processus immunitaires de la défense de l’hôte (Nikota & Stampfli, 2012). L’avantage principal de l’utilisation des souris comme modèle est la possibilité d’étudier les effets de la cigarette électronique sans aspect confondant tels que l’âge, le sexe ou encore les périodes de sommeil. Ce modèle est tout indiqué puisque la recherche sur la cigarette électronique est un domaine récent et une caractérisation préclinique de ses effets est essentielle. L’utilisation d’animaux peut toutefois être également une faiblesse de notre étude. En effet, les souris utilisées dans cette étude sont uniquement des femelles. Nous avons choisi ce type de modèle puisque les souris femelles, contrairement aux souris mâles, supportent mieux la cohabitation prolongée et répétée, causée par les périodes d’exposition, avec des souris qui ne sont pas habituellement dans leur cage. Le cycle circadien étant un phénomène complexe comportant entre autres une régulation hormonale, il est possible que la réponse aux vapeurs de cigarette

électronique soit différente chez les souris mâles. De plus, les souris sont des animaux nocturnes à qui on impose une exposition aux vapeurs de cigarette électronique pendant leur période de repos. Afin de prévenir l’impact de la perturbation de leur sommeil sur nos résultats, les souris contrôles, exposées à l’air ambiant, étaient réveillées et placées dans le même type de cage d’exposition que les souris exposées aux vapeurs de cigarette électronique. Ainsi, les souris étaient exposées aux mêmes bruits et vibrations que les souris du groupe expérimental et les mêmes perturbations de sommeil leur étaient imposées. D’autres espèces animales peuvent être utilisées pour étudier les effets de la cigarette de tabac (Leberl, Kratzer, & Taraseviciene-Stewart, 2013), tels que le rat (Zugno et al., 2013), le cobaye (Dominguez-Fandos et al., 2012; Ramirez-Ramirez et al., 2017) ou encore le lapin (Bor-Caymaz, Bor, Tobey, Abdulnour-Nakhoul, & Orlando, 2011; Porra et al., 2010). Cependant, les animaux dans ces modèles étant tous des rongeurs, ils sont également des animaux nocturnes. Il sera primordial pour la suite de notre étude d’évaluer les effets de la cigarette électronique chez l’humain, afin de déterminer si les résultats présentés dans cette étude pourraient être corrélés à l’humain, autant chez la femme que c’est l’homme.

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