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CHAPITRE II LES PAYS DE DÉPART EN GÉNÉRAL ET

2. Expériences antérieures

Certains pays se sont déjà dotés de ces outils de connaissance et de gestion des flux migratoires, essentiellement en relation avec la gestion du marché de l’emploi national. C’est ce qui avait été tenté dès 1987 entre certains pays de l’OCDE et la Tunisie, avec l’aide technique du B.I.T. (Bureau International du

1 Dans ce pays, il a été décidé, depuis plus de 10 ans, de faire appel aux Tunisiens établis à l’étranger et donc de s’organiser pour inventorier les capacités disponibles dans la diaspora et pour les attirer (ainsi que leurs ressources financières) afin qu’ils contribuent au développement de leur pays d’origine. L’ensemble est mis en oeuvre par l’Office des Tunisiens de l’Etranger (OTE). Les résultats sont remarquables puisque, grâce aux universitaires tunisiens résidant en Europe et aux Amériques, il a été possible d’ouvrir trois nouvelles Universités dans le Sud Tunisien, chacun de ces universitaires venant exercer en Tunisie en moyenne un mois par an en échange d’un billet d’avion, de frais de séjour et d’une rémunération complémentaire, le tout financé par le Gouvernement tunisien. De la même manière, la mobilisation des hommes d’affaires tunisiens résidant à l’étranger a permis la création d’un grand nombre d’entreprises nouvelles elles-mêmes génératrices d’emplois nouveaux.

2 Les Sénégalais ont une longue expérience de l’expatriation des cadres formés. C’est ainsi qu’on en retrouve en grand nombre dans les institutions internationales. Le pays n’est pas prêt au retour de ces cadres mais entend s’organiser pour mieux valoriser ce potentiel auprès des pays susceptibles de les employer. Il est prévu, dans ce cadre, de transformer l’actuelle Direction de l’Assistance Technique en une Agence. Celle-ci continuera à gérer le savoir-faire disponible au Sénégal (comme celui à l’extérieur).

3 Eurostat considère que la mise en oeuvre d’enquêtes spécialisées constitue la méthode de collecte d’informations la plus appropriée pour expliquer les phénomènes migratoires (Pourquoi les individus migrent-ils ? Statistiques en Bref, Thème 3 : Population et conditions sociales, Eurostat, (Communautés Européennes, 2001)).

Travail) à Genève. Celui-ci avait mis en place, au cours de l’année 1988, un Système d’échange d’informations sur les Migrations internationales et l’Emploi dans la région méditerranéenne (SIMED) qui mérite d’être décrit : historique, objectifs, structure et produits attendus1.

• Historique du SIMED

Les 23 et 24 mars 1987 était organisée, à Tunis, la Conférence méditerranéenne sur les politiques du marché du travail. Parmi les recommandations mentionnées dans le communiqué final figurait celle d’instituer un système permanent d’observation « ... pour garantir, dans l’intérêt de tous les pays, la connaissance et la comparaison des données statistiques nécessaires pour vérifier l’évolution effective des marchés du travail et des flux de main-d’œuvre dans la région méditerranéenne ».

Les contacts poursuivis après cette conférence par ses deux co-présidents (le Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale d’Italie et le Ministre des Affaires sociales de Tunisie) débouchèrent sur un accord avec le Directeur général du Bureau International du Travail, au terme duquel les services du BIT contribueraient à la création de cet observatoire. En conséquence, une rencontre entre experts italiens, tunisiens et de l’organisation internationale intervint à Genève les 17 et 18 mars 1988 pour concrétiser cet accord et mettre au point l’avant-projet de grille d’analyse destinée à fournir l’ossature du dispositif en voie de formation.

Ainsi était né le Système d’échange d’informations sur les Migrations internationales et l’Emploi dans la région méditerranéenne (SIMED) auquel participaient dix pays des façades Nord et Sud de la Méditerranée : l’Algérie, l’Egypte, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie et la Yougoslavie.

Par la suite, deux autres réunions furent organisées à Genève pour assurer le démarrage du Système : l’une, les 29 et 30 juin 1988, avec les représentants des dix pays concernés afin de définir les modalités pratiques de fonctionnement et d’affiner la grille d’analyse, l’autre, le 17 octobre 1988, avec les correspondants nationaux désignés par les autorités de leur pays pour les familiariser avec le nouveau dispositif et mettre au point le contenu de l’inventaire statistique constituant le pré-rapport à préparer.

• Objectifs et structure

Dans la période où s’affirmait et se développait l’interdépendance des pays du pourtour méditerranéen, la création du SIMED répondait à plusieurs objectifs :

être un lieu d’échange régulier d’informations sur les questions de l’emploi et des migrations internationales de population (qu’il s’agisse d’immigration ou d’émigration), tant dans l’immédiat que dans l’avenir avec la prise en compte des perspectives d’évolution en matière démographique et économique ;

1 André LEBON, « Le SIMED, nouvel observatoire des migrations internationales », Hommes et Migrations, n° 1122, Mai 1989, pages 39-41.

fournir un cadre permanent de consultations et d’échanges d’expériences sur les politiques conduites et les actions menées dans ces domaines ;

aider, par là même, au renforcement de la coopération entre des pays ayant en commun certaines préoccupations.

Pour tendre vers ces objectifs, le Système - conçu sur le modèle d’un réseau d’informateurs - a été doté d’une structure relativement rigide qui comporte deux niveaux :

dans chacun des dix Etats participants, est nommé un correspondant national qui devait assurer chaque année la rédaction d’un rapport sur la base d’une grille d’analyse identique pour tous les pays ;

le secrétariat du BIT (Service de la Migration internationale pour l’Emploi) devait élaborer - à partir du matériau apporté par les rapports nationaux - un rapport annuel de synthèse, centré sur les développements récents et les tendances les plus significatives.

Avant sa diffusion, ce rapport devait être examiné par l’ensemble des correspondants au cours d’une réunion qui se tiendrait une fois par an, tour à tour dans les capitales des pays du Système.

• Les produits attendus

Dans les deux domaines d’étude qui ont été définis (les migrations internationales et l’emploi), des travaux de plusieurs types étaient envisagés pour alimenter chaque rapport national, - et ultérieurement le rapport de synthèse -, à rédiger en suivant une grille unique.

Cette grille s’articulait autour de quatre thèmes :

l’évolution démographique et les tendances économiques et sociales qui formaient la toile de fond indispensable à connaître pour une juste appréciation des questions traitées par le Système ;

les politiques d’immigration et d’émigration, où devaient figurer notamment les dispositions et mesures touchant à la réglementation de l’entrée, du séjour et du travail ainsi qu’à la réinsertion et à la coopération bilatérale ou multilatérale ;

la situation et les perspectives du marché du travail, c’est-à-dire tout ce qui a trait à l’évolution de la demande et de l’offre de travail ;

les mesures de promotion de l’emploi en distinguant les mesures générales (accessibles à tous), les mesures spécifiques destinées à des groupes-cibles (jeunes, femmes, handicapés, etc.) mais également ouvertes à tous indépendamment de la nationalité, enfin les mesures spécifiques qui s’adressaient tout particulièrement aux étrangers.

Sur chacun de ces thèmes, et principalement sur les trois premiers, les informations à fournir étaient de trois ordres : d’une part, le recueil de données chiffrées (consignées dans des tableaux standard afin de permettre la comparaison de pays à pays) complétées le cas échéant par des estimations ; d’autre part, l’énoncé des mesures intervenues au cours de la période d’observation ; enfin, l’indication des grandes tendances, des perspectives telles qu’elles apparaissent par exemple dans les plans nationaux ou dans les documents d’orientation politique publiés, à intervalle irrégulier, par les autorités gouvernementales.

C’est dire que lorsque le SIMED aurait atteint son régime de croisière (en 1990), le rapport annuel (national et de synthèse) devait comporter à la fois des analyses quantitatives, aussi rigoureuses qu’il est possible, et des analyses plus qualitatives étayées de recherches approfondies, menées spécialement sur telle ou telle question d’intérêt commun.

Chaque correspondant national avait la charge d’un premier exercice (dit pré-rapport analytique ou rapport zéro) qui privilégiait l’approche quantitative.

Cet exercice consistait avant tout en la préparation d’un ensemble de tableaux, proches autant que faire se peut des tableaux standard, reconstituant - pour chacun des thèmes de la grille - des séries statistiques sur près de deux décennies (1970/1988).

Pour des raisons liées à la disparition des personnes qui avaient ce projet en charge, cette expérience a été abandonnée. Nous y reviendrons cependant dans la partie prospective de cette étude (cinquième partie) pour montrer pourquoi elle pourrait être reprise.

II - LES PRINCIPAUX PAYS D’ÉMIGRATION VERS LA FRANCE A - LE DIPÔLE AFRIQUE/EUROPE

La démographie et l’économie constituent deux facteurs déterminants pour expliquer les mouvements migratoires de l’Afrique vers l’Europe en général, vers la France en particulier.