IV. ETUDE DE CAS : CRISE EN UKRAINE
2. La perception des presses française et allemande de la crise ukrainienne
2.4. Evaluation des choix stratégiques français dans la gestion de la crise en Ukraine
Pour la presse française, la France peine à trouver sa stratégie, entre le soutien à une
réponse européenne cohérente et la protection de ses intérêts
Pour la presse française, la France peine alors à trouver sa stratégie dans le dossier
ukrainien compte tenu de son relatif désintérêt pour la cause et ses intérêts économiques
divers. « La France, à l'origine de la dernière initiative diplomatique avec l'Allemagne, peine
193
taz-die tageszeitung, Über Frankreich, die Ukraine-Krise und die Nato - Von wegen souverän, 05.09.2014
194 Handelsblatt, Sanktionen; Die ganz harte Tour, 18.07.2014
195
Die Zeit, Wladimir Putin; Vom Atlantik bis zum Ural, 08.12.2014
196
Die Zeit, Wladimir Putin; Vom Atlantik bis zum Ural, 08.12.2014
197 Die Welt, So abhängig ist Europa von russischer Energieversorgung Deutschland ist größter Gasabnehmer, 13.03.2014
quant à elle à définir sa politique » estime Le Figaro.
198A cet égard, les médias français
remarquent aussi que « Laurent Fabius quitte ses deux collègues dans la nuit » et qu’il a
choisi « curieusement, de maintenir une visite officielle à Pékin ».
199Plus tard, ils notent tout de même la présence de la France aux côtés des Allemands et lui
accordent un certain niveau de leadership. « Français et Allemands retrouvent ici leur raison
d'être, dans cette quête d'une alternative à la confrontation - dont personne n'est réellement
prêt à payer le prix -, et qui ne soit pas nécessairement une capitulation « munichoise »
(l’insulte est redevenue à la mode) approuve le magazine L’Obs.
200La presse accorde alors
à la France cette position intermédiaire ou de médiateur, mise en avant par le
gouvernement. « Elles ont évolué au gré des négociations entre les partisans de rétorsions
(Pologne, pays baltes et scandinaves) et ceux qui prônent une attitude plus mesurée
(Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas). Quant à la France, elle se dit favorable à « une position
médiane », souligne-t-on au Quai d'Orsay.
201Enfin, et même si les voix critiques n’ont pas totalement disparu, les médias estiment
finalement que l'annonce par la France de conditionner la livraison à la Russie du navire de
guerre Mistral à la Russie par un cessez-le-feu et un accord de paix s'inscrit dans cette
démarche (internationale et européenne).
202La presse allemande estime que la France s’est ralliée tardivement à la position
allemande, salue l’unité franco-allemande mais doute tout de même des intentions
réelles du gouvernement français dans ce dossier
La presse allemande également est d’avis que la France a tardé à s’y mettre. Elle
s’interroge à ce titre du voyage de Laurent Fabius à Pékin alors que ses collègues allemand
et polonais négociaient à Kiev.
203Les médias allemands notent alors que cette attitude a été
très critiquée par l’opposition française et notamment par Pierre Lellouche.
Ils reconnaissent ensuite l’unité affichée par Angela Merkel et Francois Hollande et la
présence des Français dans la gestion de crise. Le Süddeutsche Zeitung notamment voit
une chancelière allemande et un président français qui coopèrent étroitement, du moins
dans le conflit ukrainien.
204« Pourtant, (Francois Hollande) ne témoigne pas d’une grande
implication » aux yeux de Die Zeit notamment.
205198 Le Figaro, L'Europe peut-elle relever le défi de crises à répétition ?, 09.02.2015
199
Le Monde, Le jour où l'Europe est passée à l'action, 27.02.2014
200
L’Obs, La main tendue à la Russie, 19.03.2015
201
Le Monde, Les Occidentaux prêts à prendre des sanctions contre la Russie, 18.03.2014
202 Le Figaro, L'Otan se porte au secours de l'Ukraine, 05.09.2014
203
Die Welt, Steinmeiers Beharrlichkeit, 22.02.2014
204
Süddeutsche Zeitung, Ein bisschen Strafe muss sein; Die EU erwägt weitere Sanktionen gegen Russland, doch die Union ist uneins über Art und Ausmaß, 02.07.2014)
205
Il y a eu par ailleurs beaucoup de commentaires aussi en Allemagne sur la vente des
Mistrals, avec un consensus très net : les Français n’ont rien compris aux enjeux et pensent
qu’à leurs propres intérêts économiques. « Mais Hollande a préféré ne pas poser la question
fondamentale : comment, dans une telle situation, peut-il toujours penser à la livraison de
porte-hélicoptères et chars idéales, en cas de taux d’hormones élevé, pour attaquer
spontanément des pays voisins plus petits ? » commente Die Welt dans un article intitulé
« Francois Hollande : le conte de fée d’un président désespéré ».
206Les médias s’étonnent
d’ailleurs du peu d’indignation qu’aurait suscitée la proposition de Nicolas Sarkozy en
France. « Dans tous les cas, cela ne l’a pas empêché de gagner les élections à la
présidence de l’UMP quelque temps plus tard » écrit Die Zeit.
207Lorsque la France choisit alors de reporter la livraison, cette décision est saluée par les
Allemands, responsables politiques en première lignes. Se montrant compréhensif, ils
évoquent même la possibilité de racheter les navires dans l’objectif de partager le fardeau.
208Dans le même temps, les journalistes allemands croient savoir que Francois Hollande
n’aurait pas pris la même décision sans la pression internationale. « Sa décision de ne pas
livrer les deux porte-avions du type Mistral à la Russie a été rendue publique par un
communiqué laconique de deux phrases. Comme s’il avait préféré livrer mais n’a pas pu à
cause de tous ces partenaires de l’OTAN qui le réprimandaient » explique Die Zeit.
209D’ailleurs, tout n’est pas très net en France pour la presse allemande, qui affirme que « en
vrai, les travaux concernant les porte-hélicoptères continuent à Saint-Nazaire pour le
moment ».
210Francois Hollande a été opportuniste, estime taz-die tageszeitung à Berlin.
« Mais la France n’a peut-être plus les capacités pour faire cavalier seul aujourd’hui »
conclue-t-elle.
211206
Die Welt, François Hollande; Die Märchenstunde eines verzweifelten Präsidenten, 30.09.2014
207
Die Zeit, Wladimir Putin; Vom Atlantik bis zum Ural, 08.12.2014
208
Süddeutsche Zeitung, Aufatmen bei den Partnern, Ärger in Moskau; Frankreichs vorläufiges Nein zu einem Rüstungsgeschäft erntet Lob bei Freunden, bringt Paris aber nicht nur Freude..., 05.09.2014
209
Die Zeit, Wladimir Putin; Vom Atlantik bis zum Ural, 08.12.2014
210
Süddeutsche Zeitung, Aufatmen bei den Partnern, Ärger in Moskau; Frankreichs vorläufiges Nein zu einem Rüstungsgeschäft erntet Lob bei Freunden, bringt Paris aber nicht nur Freude..., 05.09.2014
211