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Etudes sur impulsivité et inhibition

1.2 Impulsivité et inhibition

1.2.1 Etudes sur impulsivité et inhibition

Plusieurs études ont mis en évidence un lien entre des niveaux plus élevés d’impulsivité auto-évalués et des performances moindres dans des tâches d’inhibition (p.ex., Enticott et al., 2006; Keilp, Sackeim, & Mann, 2005; Logan et al., 1997; Marsh, Dougherty, Mathias, Moeller, & Hicks, 2002). Par contre, d’autres recherches n’ont pas observé de telles relations (p.ex., Claes et al., 2006; Horn et al., 2003; Lane et al., 2003; Reynolds et al., 2006; Shuster &

Toplak, 2009).

En utilisant une tâche de Stop-Signal et un score global d’impulsivité basé sur l’inventaire de personnalité d’Eysenck (Eysenck & Eysenck, 1964), Logan et al. (1997) ont montré une relation entre inhibition et impulsivité dans une étude menée auprès de 136 étudiants. Toutefois, il convient de préciser que cette relation n’était pas linéaire puisqu’elle ressortait essentiellement chez les participants présentant les degrés d’impulsivité les plus élevés. En administrant la tâche classique de Stop-Signal (Logan et al., 1997) à 56 patientes souffrant de troubles alimentaires et 83 participantes de contrôle, Claes et al. (2006) n’ont retrouvé aucune corrélation entre les performances à la tâche d’inhibition et les scores d’impulsivité aux questionnaires I7 (Eysenck et al., 1985), BIS-11 (Patton et al., 1995) et BIS/BAS (Carver & White, 1994). De même, Reynolds et al.

(2006) ont exploré, chez 70 participants, les relations entre une tâche de Stop-Signal, une tâche de Go/No-Go, les six sous-échelles de la BIS-11 (Patton et al., 1995), les trois scores de l’I7 (Eysenck et al., 1985), et le score de contrainte de la version courte du Multidimensional Personality Questionnaire (MPQ, Patrick, Curtin, & Tellegen, 2002). Aucune corrélation significative n’est ressortie entre les mesures auto-rapportées et les performances d’inhibition, excepté un lien entre un nombre plus important d’erreurs de commission (reflétant de mauvaises capacités à inhiber des réponses dominantes) dans la tâche de Go/No-Go et des scores plus élevés sur la dimension « complexité cognitive » (se réjouir à l’idée d’effectuer une tâche intellectuelle ou difficile, apprécier les énigmes, être plus intéressé par le présent que par le futur) de la BIS-11.

En explorant les relations entre les scores auto-rapportés sur les trois facteurs de second ordre de la BIS-11 (Patton et al., 1995) et les performances dans différentes variantes de tâches d’inhibition (Go/No-Go, Stop-Signal, Stroop, et amorçage négatif) auprès de 31 participants âgés de 19 à 51 ans, Enticott et al. (2006) ont montré que ces trois dimensions de l’impulsivité corrélaient positivement avec le score d’interférence dans la tâche de Stroop, alors que seule la dimension de non planification corrélait positivement avec le nombre d’erreurs de commission dans la tâche de Go/No-Go. Les mesures principales issues des tâches de Stop-Signal et d’amorçage négatif n’étaient en rien associées aux mesures d’impulsivité. Toutefois, des niveaux plus élevés d’impulsivité motrice étaient liés à une plus grande variabilité des temps de réaction dans la tâche de Stop-Signal.

Dans une étude de Keilp et al. (2005), 58 participants âgés de 20 à 70 ans ont rempli une version préliminaire de l’échelle BIS-115 (BIS-11a, Barratt, 1994) et une large batterie de tâches neuropsychologiques incluant notamment une tâche de Stroop, une tâche de Go/No-Go et une tâche de fluence verbale.

5 Durant le développement de la BIS-11, une version intermédiaire de l’échelle (résultant d’une analyse partielle des données de la BIS-10), designée dans la littérature comme BIS-11a (Barratt, 1994) a été distribuée dans plusieurs équipes de recherches pour une révision.

Malheureusement, cette version non définitive a été plus largement disséminée que Barrat et ses collègues l’avait anticipé (cf., Stanford et al., 2009). La BIS-11a et la BIS-11 ont 24 items en commun et les scores sur ces deux instruments ne peuvent pas être comparés de manière précise.

Contrairement à Enticott et al. (2006), les résultats n’ont montré aucune relation entre les trois dimensions de l’impulsivité évaluées par cette échelle et le score d’interférence dans la tâche de Stroop. En revanche, un nombre plus important d’erreurs de commission dans la tâche de Go/No-Go était lié à des niveaux plus élevés sur ces trois facteurs du questionnaire d’impulsivité BIS-11a, et les scores de fluence étaient plus faibles en présence d’une impulsivité cognitive/attentionnelle plus élevée.

Par contre, dans un travail entrepris chez 18 participants âgés de 18 à 50 ans, Horn et al. (2003) n’ont retrouvé aucune relation entre le nombre d’erreurs de commission dans une tâche de Go/No-Go et deux mesures globales d’impulsivité : score total à la BIS-11a (Barratt, 1994) et score à la sous-échelle d’impulsivité du questionnaire de personnalité d’Eysenck (EPS, Eysenck &

Eysenck, 1991). De même, chez 32 participants âgés de 18 à 40 ans, Lane et al.

(2003) n’ont observé aucune relation significative entre divers scores globaux d’impulsivité – score total de la BIS-11 (Patton et al., 1995), score d’impulsivité à l’I7 (Eysenck et al., 1985), score d’impulsivité dysfonctionnelle (Dickman, 1990) – et les performances dans cinq tâches de laboratoire, deux tâches évaluant l’inhibition de réponses dominantes (variantes de Go/No-Go et de Stop-Signal) et trois tâches évaluant les préférences pour un renforcement moins important mais immédiat versus un renforcement plus important mais différé. Enfin, plus récemment, dans un échantillon de 96 participants, Shuster et Toplak (2009) n’ont retrouvé aucune relation entre le score d’impulsivité à l’I7 (Eysenck et al., 1985) et les capacités d’inhibition telles qu’évaluées dans deux tâches de Stroop (neutre et émotionnelle) et dans une tâche classique de Stop-Signal.

Dans l’ensemble, ces résultats contradictoires relatifs aux associations entre impulsivité et inhibition pourraient provenir du manque de consensus concernant à la fois les dimensions de l’impulsivité et les processus d’inhibition.

En effet, tant les conceptualisations de l’impulsivité adoptées que la variété des mesures de laboratoire utilisées diffèrent grandement d’une étude à l’autre, ce qui les rend très difficilement comparables. De plus, la plupart des recherches conçoivent l’inhibition dans une perspective unidimensionnelle (l’inhibition d’une

réponse dominante). Enfin, il est à noter qu’aucune étude à ce jour n’a exploré les liens entre impulsivité et inhibition en adoptant la conception UPPS de l’impulsivité développée par Whiteside et Lynam (2001). C’est dans ce contexte que nous avons conduit deux recherches visant à examiner les relations entre les facettes « manque de persévérance » et « urgence » et les processus d’inhibition, en distinguant la résistance à l’interférence proactive et l’inhibition de réponses dominantes.

1.2.2 Tâches d’inhibition de réponses dominantes et de résistance à