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2.1. Influence des informations contextuelles sur la perception émotionnelle

Des nombreuses études (p.e. Righart et al., 2008 ; Aviezer et al., 2008) suggèrent que les informations contextuelles ont une grande importance dans le traitement des expressions faciales. On en vient donc naturellement à penser qu’un contexte congruent facilite la reconnaissance d’une expression faciale émotionnelle.

Les premiers travaux ayant abordé cette question l’on fait à travers la présentation des photos d’expressions faciales accompagnées des vignettes décrivant une situation

émotionnelle. Les participants devaient ensuite juger quelle était l’émotion ressentie par la personne sur la photo. Malheureusement, on retrouve une certaine incohérence parmi les résultats des différentes études. Certaines montrent des résultats négligeables (Nakamura, Buck & Kenny, 1990), tandis que d’autres nous rapportent des effets contextuels forts (Carroll & Russell, 1996). Bien qu’on ne retrouve pas de consensus dans la littérature sur ce point, des récentes études ont mis en évidence que les informations contextuelles congruentes auraient tendance à faciliter la catégorisation des expressions faciales émotionnelles.

Meeren et collaborateurs (2005) ont démontré que l’évaluation des expressions faciales est fortement influencée par le langage corporel. Dans leur étude, ils ont présenté des expressions faciales émotionnelles de peur et de colère sur des corps qui exprimaient un langage corporel congruent ou incongruent avec l’expression faciale. Une meilleure catégorisation et des temps de réaction plus courts ont été observés lorsque le contexte émotionnel, dans ce cas l’expression corporelle, était congruent avec l’expression faciale. En revanche, lorsque le visage et le corps transmettaient des informations émotionnelles

conflictuelles, le jugement de l’expression facial était alors entravé et baisée par les

informations transmisses par le langage corporel. D’autres travaux dans la même optique ont par ailleurs démontré, que par exemple des expressions faciales identiques de dégoût sont perçues différemment selon l’information contextuelle exprimée par le langage corporelle (Aviezer et al., 2008).

L’étude de l’influence contextuelle a aussi été abordée avec des expressions faciales schématiques (Fenske et al., 2003). Une expression faciale schématique positive ou négative était présentée au centre de l’écran et pouvait apparaître ou non avec des expressions faciales schématiques sur les cotés compatibles ou incompatibles. Les résultats de cette étude

montrent des meilleurs temps de catégorisation lorsque la cible du traitement et le contexte sont émotionnellement congruents.

Récemment, Righart et collaborateurs (2008) ont étudié la catégorisation des

expressions faciales de peur, de dégout et ou de joie présentées sur des images congruentes ou non avec la signification émotionnelle exprimée par l’expression faciale. Les participants devaient par exemple catégoriser une expression faciale de dégoût présentée devant une image de saleté ou de fleurs. Ils ont trouvé que les expressions faciales accompagnées d’images congruentes étaient perçues plus rapidement et avec moins d’erreurs.

Lorsque l’on rassemble ces résultats, on peut en tirer deux conclusions. Premièrement, le contexte est un facteur important qui influence la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles. En effet, lorsque le contexte est congruent avec l’expression faciale

émotionnelle, on constate que la catégorisation de cette expression se fait plus rapidement et avec plus d’exactitude que lorsque le contexte est incongruent. Deuxièmement, on remarque que les études citées précédemment ont utilisé divers types de stimuli en tant que contexte. De plus, à l’exception de l’étude menée sur les expressions faciales schématiques, aucune d’entre elle n’a étudié l’effet des expressions faciales émotionnelles comme influence contextuelle.

2.2. Influence d’un contexte évaluatif dans l’évaluation affective

Bayliss et collaborateurs (2006) ont étudié l’effet de la direction du regard et de l’expression faciale émotionnelle sur l’évaluation affective d’un objet sans contenu émotionnel explicite. Ils ont démontré que lorsqu’un visage regarde un objet, l’émotion exprimée par ce visage va déterminer à quel point on apprécie l’objet. Les objets sont davantage appréciés lorsque le visage les regarde avec une émotion de joie que de dégout. Il est intéressant de noter, que cette influence de l’émotion n’est pas générale à tous les objets dans l’environnement, car on constate cet effet seulement lorsque le visage regarde l’objet et non pas quand il regarde dans une autre direction. Bien que leurs travaux s’introduisent dans un autre débat présent dans la littérature que nous n’allons pas aborder ici, il est intéressant de remarquer deux points principaux dans cette étude. Premièrement, cette étude pourrait être interprétée en termes de « social appraisal » si les objets à évaluer avaient un contenu émotionnel intrinsèque explicite. Deuxièmement, on peut constater une différentiation entre un effet simple de l’environnement et un effet d’un environnement évaluatif. Lorsque le visage ne regarde pas l’objet, la cible de l’évaluation émotionnelle n’est pas spécifique, on peut donc dire qu’il n’y a pas explicitement un environnement évaluatif.

Une autre étude menée par Jones et collaborateurs (2007) sur la transmission sociale des préférences pour des visages, a permis de mettre en évidence que l’attractivité d’un visage dépend de l’expression émotionnelle du visage qui le regarde. Plus spécifiquement, pour des

participantes, observer une autre femme qui exprime une émotion positive (sourire) en regardant un visage masculin, augmente l’évaluation de l’attractivité de ce dernier.

Inversement, lorsque l’autre femme exprime une émotion relativement négative, l’attractivité du visage masculin tend à diminuer.

Dans ces deux études, on constate que l’information de l’environnement provenait d’une expression faciale. Dans le cas de la première étude (Bayliss et al., 2006), les effets émotionnels de l’environnement étaient différents lorsque l’expression émotionnelle regardait l’objet que lorsqu’elle ne le regardait pas. Ceci laisse entendre que les informations

contextuelles ne sont pas traitées comme un tout, mais peuvent être différenciées des

informations provenant d’un contexte évaluatif dans lequel la cible de l’influence du contexte est explicite.

2.3. Etude classique du « social appraisal »

Dans la littérature, on peut distinguer deux types de travaux qui se sont intéressés au concept du « social appraisal ». D’un côté, on y retrouve les études davantage centrées sur sont rôle dans l’expression émotionnelle (Evers, Fischer, Mosquera & Manstead, 2005), c’est-à-dire sur le fait que la façon dont les gens expriment leurs émotions est influencée par les implications sociales de ces expressions. D’un autre côté, on y retrouve les études ayant abordé la question du rôle du « social appraisal » sur le sentiment subjectif, ou en d’autres termes, l’impact des réactions émotionnelles des autres sur notre ressenti émotionnel (Jakobs, Fischer & Manstead, 1997 ; Fischer, Roteveel, Evers, & Manstead, 2004).

Notre présente étude envisage une approche qui n’a pas encore été abordée jusqu’à présent. Nous nous intéressons ici à l’influence du « social appraisal » sur la perception émotionnelle, c’est-à-dire au fait que la façon dont les gens perçoivent les événements émotionnels est influencée par les évaluations que les autres font du même événement. Dans cette perspectives, les études menées sur l’impact des évaluations d’une autre personne sur l’évaluation affective d’un objet intrinsèquement neutre (Bayliss, et al., 2006) et sur l’évaluation de l’attractivité d’une personne (Jones et al., 2007) sont celles qui nous fournissent le plus d’informations.

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