M. scvofutaoeum,
espèce qui a été isolée à plusieurs reprises de tissus lépreux (Soeur Marie Suzanne et PEliSO, 19 53;STANFORD, BIRD, CARSV\fELL, DRAPER, LOWE, McDOUGALL, McINTYRE, PATTYN, REES et SKINSNES, 1977),
est présente sur la peau des
lépreux comme sur celle des non lépreux.
Nous discuterons plus loin, dans un autre paragraphe, du lien éventuel entre M. leprae et M. scrofulaceum., Le seul travail de référence que nous possédons sur
1'isolementgd'un .grand nombre de mycobactéries à partir de tissus lépreux est celui d'ILUKEVICH (1969). Cet auteur isole des
mycobactéries non lépreuses dans 16% des cas à partir de biopsies
provenant de cas lépromateux, et très^rarement-à partir de biopsies provenant de cas dimorphes ou tuberculoïdes. Les
échantillons sont mis en culture directement sans être soumis
à des méthodes de décontamination. Les mycobactéries ne sont pas
identifiées au “niveau de l'espèce mais appartiennent aux groupes
I, II et III de RUNYON. Auéune mycobactérie du groupe IV n'est
isolée par cet auteur ët la majorité des mycobactéries appar
tiennent au groupe des scotochromogënes (groupe II).
Contrairement; à ILUKEVICH (1969), nous isolons des
mycobactéries du groupe IV mais, par contre, aucune mycobactérie
photochromogène (groupe I). La majorité des souches que nous
isolons chez les lépreux comme chez les non lépreux sont les
M. avlum (groupe III) suivies ensuite par M. scrofulaceum. Nos
résultats sont difficilement comparables à ceux d'ILUKEVICH
étant donné que nos techniques de prélèvement (en surface et
non des biopsies) ainsi que nos techniques d'isolement (au moyen
de décontamination par le Na^PO^ et non par ensemencement direct)
Contrairement à ILUKEVICH (1969) nous isolons autant
de mycobactéries à partir de lépreux lêpromateux qu'à partir de
lépreux tuberculoïdes ou dimorphes.
C. Lien entre M. leprae et M. scrofulaceum
a. Isolement de M. sorofulaoeum à partir de lépreux
M. scrofulaceum est une espèce non seulement très ré
pandue dans la nature (PORTAELS, 1973; STANFORD et PAUL, 1973)
mais aussi fréquemment rencontrée comme contaminant de laboratoire (PATTYN, VAN ERMENGHEM et GATTI, 1967 b).
D'autre part, cette espèce est à plusieurs reprises
isolée de tissus lépreux ce qui amène certains auteurs à établir
un lien entre M. leprae et M. scrofulaceum. En 1953, PENSO et
soeur Marie-Suzanne décrivent une mycobactérie scotochromogëne,
M. marianum isolée de tissu lépreux et considérée plus tard
comme synonyme de M. scrofulaceum. Des mycobactéries scotochro- mogènes non identifiées au niveau de l'espèce sont également
isolées de tissus lépreux par ILUKEVICH (1969). Enfin, en 1975, SKINSNES et al. isolent,de tissus lépreux, une mycobactérie
scotochromogène qu'ils identifient M. leprae. Etant donné que
ces auteurs prétendent pouvoir cultiver, sans problèmes, M. leprae
"in vitro,,, une étude plus approfondie de la souche isolée par
SKINSNES et al. est réalisée par plusieurs laboratoires et aboutit à la conclusion que la souche identifiée M. leprae par
SKINSNES et al., est en fait un M. scrofulaceum et diffère de
M. leprae en de nombreux points (STANFORD et al., 1977). On peut donc se denurnder si les souches M. scrofulaceum isolées de
lépreux sont des contaminants de l'environnement ou de laboratoire,
ou s'il existe un lien entre M. scrofulaceum et M. leprae. On ne
et M. leprae au moyen de tests applicables aux deux espèces.
b. Identifioation de M. leprae
Parmi les tests d'identification applicables actuel-
le.nent à M. leprae, nous citerons les suivants :
1° Etude_de_la_paroi_cellulaire
La structure chimique de la paroi cellulaire de M. leprae
est étudiée par DRAPER (1976). Les germes proviennent de tissus de tatous (Dasypus novemcinctus). Cet auteur démontre que la paroi cellulaire de M. leprae, outre des acides mycoliques,
contient également de 1'arabinogalactan et peptidoglycan. Le peptidoglycan semble renfermer de la glycine. L'auteur souligne
que la présence simultanée de glycine et d'acide diaminopimé-
lique est rare chez les bactéries et absente chez les mycobac
téries et constitue donc un caractère important pour l'identifi
cation de M. leprae.
2°
Etudes_anti2
éniguesLes études antigéniques par immunodiffusion réalisées
sur les mycobactéries (STANFORD, 1973) et sur M. leprae (STANFORD,
ROOK, CONVIT, KRONVALL, REES et WALSH, 1975 b) à partir d'orga
nismes provenant de tissus de tatous, mettent en évidence la
présence de 12 antigènes différents chez M. leprae dont 6 sont
communs à toutes les mycobactéries, 4 spécifiques de l'espèce
M. leprae et 2 de position incertaine. Ces études antigéniques
permettent donc également le diagnostic différentiel de M. leprae.
3. §§nsibilité_au_DDS
Le DDS est bactériostatique pour M. leprae à de très
faibles concentrations. En effet la CMI du DDS pour M. leprae
chez la souris est de l'ordre de 0.02 mcg/ml (SHEPARD, 1967)
au DDS est de l'ordre de 0.1 mcg par ml (PATTYN et VAN ERMENGEM,
1968) .
° î2°£Vii5;£i2D_à_iâ_Eâtt§_de_souris
L'inoculation de faibles doses de M. leprae (entre
3 3
10 et 5.10 germes) provoque une multiplication locale (SHEPARD,
1960 b) typique de cette espèce et différente de l'évolution
de l'infection avec d'autres mycobactéries.
On peut donc identifier M. leprae en inoculant à la
patte de souris une dose connue de germes et en suivant l'évo
lution de la multiplication de ces germes par comptage du nom
bre de germes présents dans la patte de souris après divers
temps.
Les tests cutanés réalisés avec une lépromine obtenue
à partir de suspensions de M. leprae, donnent une réaction posi
tive dans les cas de lèpre tuberculoïde et une réaction néga tive dans les cas de lèpre lépromateuse. Les résultats de tels
tests cutanés obtenus chez les lépreux sont spécifiques de
lépromines préparées à partir de suspensions de M. leprae et
différents lorsque les suspensions sont réalisées à partir de germes autres que M. leprae (PAUL, STANFORD et CARSWELL, 1975).
Si l'on désire établir un lien entre les souches
isolées de tissus lépreux et M. leprae, il est indispensable de
les soumettre aux techniques taxonomiques les plus récentes à
la fois applicables à M. leprae et aux mycobactéries poussant
"in vitro,,. Nous avons testé la sensibilité au DDS des souches
M. scrofulaceum isolées de lépreux et de gens sains et, pour 2
souches» leur comportement après inoculation à la patte de
DDS et aucune des 2 souches testées ne se comporte comme M. leprae
dans la patte de souris.
Nos tests microbiologiques ne nous permettent donc pas
d'établir une relation entre cette espèce et M. leprae.
D. Examen des frottis de la muqueuse nasale
Les 50 frottis réalisés à partir de gens sains sont
tous négatifs. Ils ne nous permettent pas de confirmer l'hypo
thèse suivant laquelle la présence de mycobactéries, autres que M. leprae, pourrait aboutir à un diagnostic erroné de lèpre suite
à un examen direct du mucus nasal.
Bien que les frottis à partir de mucus nasal soient
considérés par certains auteurs comme un mauvais diagnostic de
lèpre,à cause de la présence éventuelle de bacilles acido-alcoolo -
résistants non lépreux, notre étude montre que chez des gens
normaux, cette situation se présente dans moins de 1 cas sur
50. Dès lors, en ne prenant en considération que les frottis
modérément ou fortement positifs, de pair avec des signes cliniques
de lèpre, on peut considérer l'examen de mucus nasal après colo
ration de Ziehl comme un atout valable pour le diagnostic de
la lèpre.
D'autre part, en cultivant des mycobactéries à partir
du mucus nasal de gens sains et de lépreux, nous avons démontré
la présence dans ce mucus nasal de mycobactéries autres que
M. leprae, mais dans les deux cas en nombre suffisamment res
treint pour que ces mycobactéries n'interfèrent pas dans le
diagnostic de la lèpre. DAVEY et REES (1974) aboutissent aux
mêmes conclusions; ils recherchent par culture la présence de
mycobactéries dans le mucus nasal de cas de lèpre lépromateuse et obtiennent des résultats négatifs. Les auteurs établissent
que les bacilles acido-alcoolo-résistants présents dans les
échantillons de mucus nasal sont indiscutablement des M. leprae
et non des mycobactéries cultivables "in vitro,,.
E. Conditions d'isolement des mycobactéries
Le nombre et les espèces de mycobactéries isolées sont
dépendants de nombreux facteurs tels que le mode de prélèvement
des échantillons, les techniques d'isolement et les conditions
de mise en culture (température d'incubation, temps d'incuba
tion et milieux de culture utilisés). Il est donc important de discuter dans quelle mesure ces facteurs peuvent influencer nos
résultats.