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L'EPOQUE BYZANTINE

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La plupart des saints dont le culte fut importé à Rome durant la période byzantine sont d'origine gréco-orientale ou ont d'abord été honorés par les "Grecs" de la ville (1) . Pour nous en tenir aux saints qui furent alors introduits dans le sanctoral romain et (ou) qui se virent dédier un ou plusieurs sanctuaires (2), nous mentionne­ rons Anastase le Persan (3), les Egyptiens Cyr et Jean (4), Cyr (Cy- rice) et Julitte de Tarse ou d'Antioche (5), Georges de Cappadoce (6), Hadrien de Nicomédie (7), les Quarante martyrs de Sébaste (8), Sa- bas de Palestine (9), les Syriens Serge et Bacchus (10), auxquels il faut sans doute ajouter Isidore de Chios (11). Nous citerons égale­ ment Boniface. de Tarse et Eustache, présentés comme des Romains par des

légendes écrites loin de Rome (12) ; Euplus de Catane dont le culte fut introduit ou du moins propagé à Rome par des "Grecs" (13) et - sous toute réserve - deux saintes bien connues des hellénophones de la ville mais dont l'origine reste incertaine, Martine et Tatiana (14). Le calendrier romain s'enrichit encore de fêtes orientales : la Dépo­ sition d'Elisée 0-5) , la Décollation de Jean Baptiste (16), la Purifi­

144.-cation, l'Assomption, la Nativité (17), l'Exaltation de la croix (18). C'est à la même époque que les apôtres Barthélémy, Jacques et Philippe furent pour la première fois honorés d'une façon particulière (19). Des cultes déjà reçus à Rome, comme ceux des SS. Cosine et Damien de Cyr

(20) et de S. Théodore Tiron (Théodore d'Euchaïte) (21), gagnèrent en importance. Enfin celui dé 1'Egyptien Ménas atteignit sans doute son apogée vers la fin du Vie s. (22).

Il est bien difficile de mesurer le rôle des moines grecs dans la promotion de ces cultes (23). Ils ne furent assurément pas les seuls à exercer une influence. Celle des laïcs ne fut sans doute pas négligeable. Ainsi, une corporation de marchands d'Alexandrie dédia en 589 un sanctuaire à S, Ménas (24) et on peut mettre le culte des saints militaires Georges et Théodore en rapport avec la garnison de la ville (25). Les papes "grecs" durent jouer un rôle important : c'est selon toute vraisemblance Théodore 1er (642-649) qui introduisit dans le calendrier romain les fêtes palestiniennes de la Déposition d'Elisée et de la Décollation de Jean Baptiste (26) ; le pape Serge 1er (687-701) donna un grand éclat à la célébration des fêtes ma­ riales que nous avons mentionnées (27). D'autres éléments ont pu également intervenir ; le pape romain Honorius (625-638) a peut-être voulu marquer, son allégeance à l'égard de Byzance en dédiant aux SS. André et Barthélémy le monastère qu'il avait fondé dans sa demeure, auprès du. Latran (28),

Cela dit, les moines eurent leur part d'influence. Sophrone, le compagnon de Jean Moschos, contribua peut-être à promouvoir le culte des SS. Cyr et Jean à Rome. Le moine avait été guéri d'une mala­ die des. yeux dans le sanctuaire de ces saints à Menouthis en Egypte. En reconnaissance de ce bienfait, il composa à.Alexandrie, après 610, un recueil de miracles.des SS. Cyr et Jean (29). Il n'est pas impen­ sable qu'animé d'une ferveur d'aussi fraîche date, il ait fait oeuvre de prosélyte lors de son séjour à Rome (après 615-619) (30). L'hypo­ thèse, émise par Cozzolino (31), est d'autant plus séduisante que les Miracles des SS, Cyr et Jean furent sans doute connus assez tôt dans la ville ; la traduction d'une partie de l'oeuvre remonte vrai­ semblablement à la seconde moitié du Vile s. (32). Il y a tout lieu de

penser, par ailleurs, que ce furent les moines palestiniens de la Grande Laure installés à Saint-Saba qui introduisirent à Rome le culte de leur saint patron (33). Sa diffusion resta fort limitée jusqu'au Xlle s. (34). On ne s'en étonnera pas : le culte des Pères du monachisme, grecs e^ latins, ne fut guère en honneur dans la ville durant le haut moyen âge (35). La première dédicace à S. Benoît, par exemple, remonte seulement à la fin du IXe s. (36) et ses fêtes ne furent introduites qu'au Xle s. dans le calendrier romain (37).

Martyr dont la tête avait été transportée à Rome et thauma­ turge, S. Anastase le Persan avait, par contre, tout pour attirer les foules. Nous avons vu que la translation du chef de S. Anastase eut lieu entre 628/31 et 650 (38). La réputation de thaumaturge du saint était telle qu'au milieu du Vile s. déjà, à l'occasion de sa fête (le 22 janvier), on ajouta dans 1'évangéliaire romain une péri- cope : Marc, 5, 21-34 (la guérison.de 1'hémorroïsse) (39). Entre 650 et 682/3, le De locis sanctis martyrum quae sunt foris Romae signale à l'attention des pèlerins le monastère situé aux Aquae Salviae, ubi caput sancti Anastasii est (40). En 713, une possédée, la fille d'un évêque syrien, fut guérie par l'entremise de S. Anas­ tase (41). En 729, le roi lombard Liutprand visita le monastère, baisa la tête du saint et dédia, ensuite à ce dernier une église à Corteolona, près de Pavie (42), Au deuxième concile de Nicée (787),

les légats de l'Eglise romaine signalèrent l'existence d'une image miraculeuse de. S. Anastase dans son monastère romain ; l'évêque de Taormine affirma qu'une Sicilienne possédée du démon fut amenée à Rome et guérie par cette icône (43). Le chef de S. Anastase donna au couvent un tel lustre que le pape Hadrien 1er (772-795) accou­ rut en personne lorsqu'une nuit, un grand incendie ravagea la basilique du monastère, la résidence de 1 "higoumène et d'autres édi­ fices - la tête du saint fut sauvée mais son image pourrait bien a- voir disparu dans les flammes - (44). Les moines hellénophones de Saint-Anastase, avaient manifestement su orchestrer le succès de la relique qui leur avait été confiée ou qu'ils avaient apportée eux- memes à Rome (45). C'est l'un de ces religieux qui s'empressa d'écrire

146.-le récit du mirac146.-le de 713 (46), C'est aussi,selon toute vraisemblance, dans leur couvent que fut faite la traduction latine de cette relation

(47) et celle des Actes du saint (48).

En dehors de ce cas, le rSle des moines hellénophones dans la traduction d'oeuvres hagiographiques grecques ne se laisse guère dis­ cerner. Il est rare que de telles oeuvres contiennent des indications explicatives sur leur origine. Sans cacher les aléas d'une entreprise dont les résultats devraient être vérifiés dans une série de mono­ graphies, Siegmund s'est efforcé de pallier cet inconvénient par l'examen du culte des saints, l'analyse de la provenance des plus anciens manuscrits et surtout l'attribution des traductions à un type de passionnaires (romains, gaulois ou espagnol) (49). Il montre notamment qu'un certain nombre de pièces ont été vraisemblablement traduites à Rome entre le Vile s, et la première moitié du IXe s. Outre les Actes de S. Anastase, c'est le cas, par exemple - pour ne citer que Içs traductions dont l'attribution à Rome est la plus probable (50) -,. des légendes de S, Boniface de Tarse (51), de S. Eustache (52), de S. Hadrien et de Nathalie (53) et de Théodore Tiron (54). La plupart de ces traductions antérieures à Anastase le Bibliothécaire ont dû être l'oeuvre de “Grecs". Il est vraisemblable aussi qu'une bonne partie de. ce travail fut accompli au moment où l'influence gréco-orientale sur, le culte des saints était très forte. Il y avait des clercs séculiers parmi les traducteurs : c'est l'un d'eux, le consiliarius Boniface, qu'on identifie volontiers avec son homon3nne contemporain de Benoît II (683-685), qui traduisit une partie des Miracles des SS. Cyr et Jean (55). Mais les religieux "grecs" durent, dès la période byzantine, prendre une part active à ce tra­ vail de traduction (56), comme le suggère, une fois encore, le cas de Saint-Anastase (57).

Il est tout naturel de voir les papes "grecs" honorer les saints de l'Eglise qu'ils dirigeaient (58). Mais, quelle était l'attitude des moines "grecs" à l'égard de ces saints ?

On se rappelle que le pèlerinage aux tombes des "coryphées des apôtres" Pierre et Paul constituait la raison ou le prétexte de la venue de nombreux Grecs et Orientaux à Rome (59) . Gouillard re­ marque que pour les Byzantins, au IXe s. encore, "l'église de Saint- Pierre continue d'être, avec Jérusalem, l'un des deux grands pôles du pèlerinage ecclésial" ("par opposition au simple pèlerinage de dévo­ tion, par exemple Saint-Jean d'Ephèse, ou d"'intérêt", par exemple à des saints militaires ou guérisseurs") (60). La mention de Pierre et de Paul, aux côtés de Marie, Michel, Gabriel, Raphaël, dans le texte primitif de la litanie de saints - une oeuvre composée en grec à Rome vers l'époque de Serge 1er (687-701) - montre clairement la popularité dont les. deux apôtres jouissaient auprès des "Grecs" de la ville durant la période byzantine (61). Leur culte n'est pour­ tant guère significatif pour notre propos car ils appartiennent évi­ demment à l'Eglise universelle. De plus, les moines ciliciens de Saint-Anastase (62) voyaient naturellement en S. Paul un compatriote et le vénéraient de façon toute particulière : l'apôtre figure parmi les éponymes de leur couvent (63) et c'est grâce à leur influence que les Acta Pétri et Pauli grecs (Vile s.),, un remaniement du Marty­ rium. Pétri et. Pauli grec (fin Ve s. - début Vie s.) enregistrent la tradition, déjà répandue à l'époque de Grégoire le Grand, selon laquelle S. Paul, aurait été décapité aux Acquae Salviae et non pas sur la via Ostiensis. (64), Ce sont des saints plus nettement locaux qu'il nous faut envisager ici.

Une première constatation s'impose : aucun des monastères "grecs" de l'époque byzantine dontles éponymes nous sont connus n'est dédié à un saint, proprement romain (65).. La présence, parmi les épo­ nymes,, de deux Siciliennes (Lucie, Agathe) et d'un Italien (Erasme)

(66), n'atténue guère la portée de cette observation. Certes, S.

Lucie de Syracuse; jouissait d'un tel prestige à Rome au Vile s. qu'une légende la fit naître dans la ville (67) , Mais des Latins avaient

précédé, les Arméniens dans le monasterium Renati qui, du. reste, était te

également dédié, à S,André (68).. S Agathe de Catane était honorée depuis longtemps à Rome lorsqu'un couvent "grec" fut placé sous sa

148.-protection (715/31) (69). Son choix dicté selon toute vraisemblance par la proximité d'une église de la sainte (70), convenait néanmoins fort bien à une communauté hellénophone car la Sicile était alors une région fort hellénisée (71). Comme les origines du monastère dédié à S. Erasme sont obscures (72), on ignore si ce saint campanien

(73) fut choisi par les moines hellénophones qui occupèrent le monas­ tère au plus tard entre 672 et 676, mais il devait, en tout cas, leur agréer parfaitement : la légende du saint en faisait en effet un

évêque d'Antioche décédé à Formies (74), bref, un saint idéal pour des émigrés assurément tentés de privilégier dans un patrimoine nouveau ce qui leur était propre.

Il va sains dire que l'adoption d'un éponyme remonte aux tout premiers temps de la vie des monastères. Leurs occupants restèrent- ils longtemps indifférents aux saints locaux ou manifestèrent-ils, dès l'époque byzantine, une certaine révérence à leur égard ?

Il nous est malheureusement difficile d'invoquer les légendes de saints romains traduites en grec, comme celle de Silvestre qui était déjà connue en Orient vers 570 (75), comme celle de Pancrace de. Rome, qui le fut plus tard au.Ville s. (76); comme celles d'Agnès et d'Hippolyte de Rome (sous le nom d'Hippolyte de Porto) auxquels furent consacrés deux canons fort généraux attribués à Jean Damascène

(77) ; comme celles de Cécile, Chrysanthe et Darie, Clément, Eugénie, Laurent, Sébastien, utilisées par les hymnographes byzantins du IXe s. (78), comme celles enfin de Nérée et Achillée(traduites au Vie s. ou au Vile s.) (79) et de Gallican, Jean et Paul (80). Etant donné la patrie de ces saints, il est certes fort probable que l'essentiel du travail de traduction fut fait à Rome et que les moines "grecs" y contribuèrent dès l'époque byzantine (81). Mais on ne peut en dire davantage. La seule traduction dont on connaît la date précise et les circonstances, celle de la Passion de Ste Anastasie, ne concerne qu'indirectement les "Grecs" de Rome. L'économe de Sainte-Sophie de Constantinople trouva le texte latin dans l'église titulaire dédiée à la sainte au cours d'une ambassade à Rome en 824 ; il le fit tra­ duire par un xaAos ’lcjavvns dont, on ne sait pas s'il habitait la

ville ou s’il avait accompagné les ambassadeurs en qualité d'inter­ prète (82). Bref, bien que d'une manière générale ces traductions manifestent l'intérêt des "Grecs" de Rome pour les saints locaux

tout au long de la période envisagée, il est impossible de les utiliser pour retracer l'évolution de l'attitude des moines à leur égard.

On ignore, par ailleurs, s'il faut attribuer à un clerc ou à un moine "grec" la rédaction de la légende des "martyres" romaines» Foi,

Espérance et Charité et leur mère Sophie, écrite au temps des papes "grecs" (83),

Heureusement, trois autres faits peuvent, être versés au dos­ sier. L'un d'eux se place tout à la findela période byzantine. On a vu que la traduction grecque des Dialogues effectuée par le pape Za­ charie (741-752) est accompagnée de deux prologues. Le premier, en vers, a certainement été composé par un moine "grec" de Rome du vi­ vant de Zacharie et le second, en prose, fut selon toute vraisemblance rédigé à la même époque, dansle même milieu, sinon par le même au­ teur (84). Tous deux insistent sur l'utilité spirituelle d'une oeuvre qui assurait la diffusion des modèles de vertu proposés par les Dia­ logues (85), Le prologue en vers ne signale pas l'origine des "pères" illustrés par Grégoire (86). La préface en prose, plus diserte, la mentionne par contre deux fois, non sans rappeler qu'on avait déjà écrit en Orient des recueils semblables. C'est leur existence qui incita Grégoire, certes mû par l'Esprit Saint, à composer son flori­ lège (87). "Après s'être souvenu-de la. vie et de la conduite des saints pères et ascètes d'Orient", Zacharie eut l'idée de traduire les Dialogues (88), Il n'y a là aucune trace de polémique puisque l'auteur vante la richesse spirituelle de l'oeuvre de Grégoire et loue Zacharie de l'avoir rendue accessible à tous (89), Tout simplement, 1'auteur n'oublie pas son propre patrimoine culturel- Consciemment ou non, il refuse de perdre son identité. Encore ne faut-il pas exagérer car pour nos moines la patrie des "pères" impor­ tait peu en regard de la valeur morale de leurs exemples. Le silence du prologue en vers sur cette origine en témoigne. L'intérêt manifesté

150.-pour l'oeuvre d'édification de Grégoire ne saurait donc pas être interprétée comme une véritable ouverture aux saints de Rome, sentis et vénérés comme tels. Du reste, la plupart des héros des Dialogues n'étaient pas considérés à proprement parler comme des saints (90) et ceux qui l'étaient n'étaient guère vénérés par la population romaine

(91).

Voilà pour le premier des faits auxquels nous faisions allu­ sion. Les deux autres montrent que les moines "grecs" ne restèrent pas indifférents aux saints honorés à.Rome, L'un de ces faits concerne quelques-uns. des graffites laissés, notamment à l'époque byzantine, par les visiteurs de la crypte des SS. Pierre et Marcellin, qui était située au cimetière inter Puas Lauros à proximité de la via Labicana. Ecrits par des moines hellénophones. établis ou séjournant dans la ville (92), ils attestent leur intérêt pour deux martyrs fort célèbres à Rome (93) bien qu'ils n'impliquent pas nécessairement une vénéra­ tion profonde à leur égard (94),

Par ailleurs, on a retrouvé à Saint-Saba quelques restes de la première décoration de la chapelle des moines "grecs". Il s'agit de sept têtes de saints qu'on date de la seconde moitié du Vile s. ou, avec plus de vraisemblance, du début, du Ville s. (95). Parmi les quatre qu'on peut reconnaître, Sébastien, Laurent, Etienne et Pierre d'Alexandrie, seul le dernier est réellement étranger à Rome ; les deux premiers sont des martyrs romains (96). Les trois saints non identifiables portent la tonsure en couronne des Occiden­ taux (97). Ces fragments faisaient partie d'une de ces séries de saints, différentes les unes des autres, dont on a plusieurs exemples à Rome (98). La présence d'Occidentaux dans une telle fresque reflète peut-être moins une dévotion profonde que ne l'auraient fait des re­ présentations indépendantes (99) et la grande proportion de ces saints pourrait être.due au hasard de la découverte. On remarquera aussi que les saints figurés à Sa,inte-Marie-Antique jusqu'au milieu du Ville s. appartiennent exclusivement au monde gréco-oriental si on excepte les saints universels ainsi que les papes et docteurs

II n'en reste pas moins que les moines de Saint-Saba firent une place notable aux saints de Rome dans leur oratoire (101).

On aura tôt fait de tirer la conclusion de ces quelques obser­ vations. Il faut malheureusement renoncer à mesurer avec précision l'influence des moines "grecs" dans l'introduction et la diffusion des cultes grecs et orientaux durant la période byzantine. Il reste qu'ils jouèrent incontestablement un rôle à partir du Vile s.

Celui-ci, à en juger par le cas de S. Anastase le Persan, fut assez important malgré le peu de popularité dont les Pères du monachisme grec, à l'instar de leurs confrères latins, jouissaient auprès de la population romaine.

Les religieux hellénophones étaient surtout attachés aux saints universels, à leurs compatriotes ainsi qu'aux Italiens qui, d'une manière ou d'une autre, se trouvaient en relation avec leur pays. Ils n'exclurent toutefois pas les saints nettement locaux.

Il est même probable qu'ils participèrent., dès cette époque, au tra­ vail de traduction qui fit connaître certaines de leurs légendes en Orient. Mais ils ne jouèrent pas encore un rôle particulier dans la promotion de leur culte à Rome. Enfin, lorsque les Dialogues leur furent aisément accessibles, ils furent sensibles à la richesse spirituelle de l'oeuvre non sans se souvenir de l'existence de re­ cueils. semblables en Orient ; ils se soucièrent peu, du reste, de la patrie des "pères" illustrés par Grégoire,

B.. DU MILIEU DU Ville S. A LA FIN DU IXe S,

Entre le milieu du Ville s. et la fin du IXe s. quelques- uns des sa.ints auxquels nous avons fait allusion au début de ce cha­ pitre continuèrent à faire l'objet d'une réelle vénération à Rome. Ce fut notamment le cas des SS. Cyr et Jean (102) ainsi que, dans une moindre mesure, de S. Anastase le Persan (103), des SS. Cosme

152.-et Damien (104), de S. Hadrien (105) 152.-et des SS. Serge 152.-et Bacchus (106). Rien ne permet d'affirmer, qu'en dehors peut-être de S. Anastase, les moines "grecs" contribuèrent beaucoup au maintien de cette popularité- Eux-mêmes continuaient pourtant, cela va sans dire, à vénérer leurs compatriotes comme le montrent, par exemple, une grande frise peinte à Sainte-Marie-Antique dans la seconde moi­ tié du Ville s. (107) ou l'activité déployée dans le domaine hagio­ graphique par S. Méthode (le futur patriarche), lors de son séjour à Rome (108) -. Les saints en question bénéficiaient du droit de cité et les Romains eux-mêmes promouvaient leur culte. Ainsi, le pape Hadrien 1er (772-795) témoigna d'une grande vénération à l'égard de son saint patron (109). Vers 875, Anastase le Bibliothé­ caire traduisit la Passion et les Miracles des SS. Cyr et Jean à la demande d'un clerc de leur église de la Via Portuensis (110). A la même époque, des Romains se montrèrent également désireux de mieux connaître des saints qui jouissaient jusqu'alors d'une moindre popularité. C'est ainsi qu'un certain Ursus, subdiaconus sanctae Romanae Ecclesiae seu.medicus et domesticus ... papae Nicolai (858- 867), avait demandé à Anastase une traduction de la Vie de S.

Basile. Le Bibliothécaire s'était exécuté notamment pour qu'"un tel homme soit aussi célèbre chez les Latins que chez les Grecs",

(111). Cette traduction mit à la. mode, la Vie en question et certains de ses épisodes furent représentés dans le temple dit de la Fortune Virile, alors dédié à la Vierge (112). Un autre exemple : en 876, Anastase traduisit la Passion et les Miracles de S. Demétrius de Thessalonique pour répondre aux sollicitations de ses amis et

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