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II MATERIELS ET METHODES

II. 2 : Présentation des indicateurs et des enquêtes

II.2.2 Les enquêtes auprès des adolescents

La littérature scientifique relative aux usages de drogues des adolescents est pléthorique. Cette population est en effet plus facile à interroger que celle des adultes car une large composante est encore scolarisée et est de ce fait « captive » durant ses heures de présence en cours. De plus, les adolescents recueillent depuis longtemps l’attention des décideurs publics puisqu’ils se situent à un âge clef pour les expérimentations de drogues, mais aussi plus généralement pour des premières expériences de vie en tous genres (relations amoureuses, sexualité, autonomie, prises de risques physiques, etc.). En Europe, une enquête domine les autres, Espad (European survey project on alcohol and other drugs), enquête quadriennale initiée au niveau européen en 1995 par le Conseil suédois pour l’information sur l’alcool et les autres drogues (CAN) avec le soutien du Conseil de l’Europe (Groupe Pompidou) (Hibell, Guttormsson, Ahlström et al., 2009). Elle cible les élèves de 15-16 ans, 16 ans étant l’âge de fin de scolarité obligatoire dans la majorité des pays Européens. La dernière enquête achevée s’est déroulée au deuxième trimestre 2007. Elle a réuni plus de 35 pays

dont la France (pour laquelle je suis responsable scientifique), qui y participe depuis 1999 (Hibell, Andersson, Bjarnason et al., 2004). La collecte repose sur une méthodologie et un questionnaire communs. Dans chaque pays, l’échantillonnage est à deux degrés et en grappes : le premier niveau est celui de l’établissement scolaire et le second est celui de la classe dont tous les élèves sont interrogés au même moment. L’échantillon national doit atteindre au moins 2500 élèves de 15-16 ans. Précisons que cette enquête a adopté le test de repérage des usages problématiques de cannabis Cannabis abuse screening test ou CAST (Legleye et al., 2007a; Legleye et al., 2010) comme module optionnel en 2007 (Piontek et al., 2009). La collecte de la vague Espad 2011 est en cours. Dans cette thèse, seules les données de l’enquête 2003 ont été utilisées, qui pour des raisons propres à l’évolution du questionnaire, présentent davantage de comparabilité dans les questionnements utilisés par les différents pays en ce qui concerne l’alcool que l’édition 2007. La catégorie socioprofessionnelle des parents n’est pas questionnée dans ESPAD.

Notons qu’il existe une enquête concurrente d’Espad, HBSC (Health Behaviour in School- Aged Children), soutenue par l’Organisation mondiale de la santé qui interroge des élèves de 11, 13 et 15 ans (Legleye, Spilka, Le Nézet et al., 2008b). Mais nous n’avons pas travaillé sur ses données dans cette thèse, car les individus y sont trop jeunes pour à la fois qualifier correctement le niveau de diplôme ou le groupe socioprofessionnel de leurs parents, et pour présenter des proportions d’usagers de drogues suffisantes pour mener des études statistiques solides.

Une bonne partie des travaux de cette thèse porte sur une enquête singulière, Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de la journée d’appel à la défense). Cette enquête est réalisée régulièrement par l’OFDT, en partenariat avec la Direction du service national lors de la Journée d’appel à la préparation à la défense (JAPD) qui remplace « les trois jours » depuis 199834

. Elle est centrée sur la santé, les usages de drogues et les modes de vie. Contrairement aux deux premières enquêtes, elle déborde le milieu scolaire, pour couvrir plus spécifiquement les adolescents français

de 17 ans (Beck, Legleye et Peretti-Watel, 2000; Legleye et al., 2009a). Les jeunes qui participent à cette journée répondent à un questionnaire auto-administré anonyme. Ces adolescents, majoritairement âgés de 17 ans, sont de nationalité française et sont pour une grande part encore scolarisés dans l’enseignement secondaire ou en apprentissage, certains d’entre eux étant déjà actifs ou en études supérieures. L’enquête a eu lieu à l’échelle nationale en 2000, 2001, 2002, 2003, 2005, 2008 et 2011. L’enquête a été étendue aux départements d’outre-mer (DOM) en 2001 et aux Collectivités d’outre-mer (COM35

) en 2003. Au fil des exercices, la taille de l’échantillon métropolitain a été augmentée afin d’autoriser des exploitations régionales et départementales (Beck, Legleye et Spilka, 2005a; Beck, Legleye, Spilka et al., 2008c). Fait assez rare pour mériter d’être rapporté, les jeunes invités à participer à l’enquête (qu’ils participent effectivement ou non) se voient remettre des numéros de téléphonie sociale (sur la violence, les drogues etc.), les coordonnées des responsables de l’enquête à l’OFDT s’ils désirent s’informer plus avant à son sujet, ainsi qu’une synthèse des résultats de l’enquête passée à l’issue de la passation du questionnaire.

Un jour donné, le taux de participation à la JAPD est de l’ordre de 90 % (nombre de présents sur nombre de convocations). Toutefois, au final, le taux de couverture de la JAPD est bien au-delà de ce ratio : les appelés sont convoqués à plusieurs dates et ont donc plusieurs opportunités de régulariser leur situation. La JAPD est de fait quasi obligatoire : les participants se voient remettre un certificat nécessaire à l’inscription aux examens soumis à l’autorité publique (permis de conduire, baccalauréat, examens universitaires, etc.). Par ailleurs, le taux de participation à l’enquête est supérieur à 99 % et les taux de réponse aux principales questions drogues supérieurs à 96 %.

En 2008, 240 centres du service national ont été mobilisés (dont 215 en métropole) pour organiser 1 272 sessions d’enquête (1 130 en métropole). Celles-ci ont eu lieu du 15 au 31 mars en métropole et ont été étendues au mois d’avril pour l’outre-mer. En tout, 50 235 individus ont été interrogés. Parmi eux 43 799 étaient âgés de 17 ans dont 39 542 résidaient en métropole (50,3 % de

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garçons et 49,7 % de filles). L’échantillon a été redressé afin de donner à tous les départements leur vrai poids démographique tout en respectant le vrai sex ratio intra-départemental. En métropole, la taille de l’échantillon exploité atteint ainsi 39 542 individus âgés de 17 ans. En 2005, suivant un protocole identique, l’échantillon atteignait 29 393 individus âgés de 17 ans. Seuls ces deux exercices ont été exploités dans ce travail de thèse.