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Chapitre 5 : Discussion

5.2 Le microsystème impliquant l’enfant TDA/H

5.2.1 La division du microsystème familial : conséquences pour l’enfant TDA/H

importantes sur l’adaptation des enfants à la séparation des parents, bien que les enfants des participants aient vécu cette transition familiale à un très jeune âge, ils ne présentent pas de difficultés d’adaptation particulières selon leurs parents. Au moment de l’entrevue, tous les participants considèrent que leur enfant s’est bien adapté. Rappelons que la majorité des participants ont toutefois remarqué une augmentation de l’anxiété chez leur enfant dans les années suivant la séparation, principalement pendant les deux premières, ce qui va dans le sens des observations d’Amato (2000; 2014). Cette anxiété s’est manifestée de différentes façons : difficultés à s’endormir, pleurs au moment de l’échange de garde, augmentation des comportements dérangeants et du nombre de crises. Les manifestations d’anxiété se sont ensuite résorbées, la médication en lien avec le TDA/H aidant à la contrôler selon les

participants. Cette situation particulière rappelle les résultats de Strohschein (2007), qui a observé que les enfants vivant la séparation de leurs parents sont jusqu’à deux fois plus susceptibles de montrer des symptômes de TDA/H et de prendre une médication à cet effet, tel qu’expliqué précédemment. Une certaine contradiction apparait dans les propos des parents : leur enfant s’est bien adapté selon eux, mais la séparation est génératrice d’anxiété pour l’enfant qui doit partager sa vie entre deux milieux familiaux.

Ce qui semble le plus générateur d’anxiété chez l’enfant est le fait que sa famille se soit divisée en deux microsystèmes différents : l’environnement chez la mère et celui chez le père. Le fait de devoir changer de milieu familial amène une instabilité dans sa vie, instabilité à laquelle il doit s’adapter, ce qui peut être plus difficile pour un enfant TDA/H (Pickar et Kaufman 2015). Il faut privilégier des conditions de partage de temps parental qui favorise la stabilité pour ces enfants (Pickar et Kaufman, 2015). Presque tous les participants ont adopté une formule de garde partagée dans chacun des environnements familiaux. À ce sujet, quelques participants ont d’abord essayé de couper les semaines en deux ou en trois, pour minimiser le temps où l’enfant ne voyait pas l’un de ses deux parents. Ils ont alors remarqué que cela avait plutôt pour effet de générer davantage d’anxiété (plus de questions de la part de l’enfant, plus de pleurs aux moments de quitter un des parents, un grand besoin d’attention pendant les échanges de garde, etc.). Deux parents ont plutôt une garde exclusive. Dans ces cas-ci, un enfant ne voit pas son père plus de 4 fois par année actuellement et l’autre n’a aucun contact avec lui. Si la garde exclusive appliquée ici offre à l’enfant une forme de stabilité, on peut tout de même se demander quelles sont les conséquences entraînées par la diminution très importante, voire la cessation, des contacts de l’enfant avec son père? Dans cet ordre d’idées, une réflexion sur le rôle du père en cas de séparation, et plus spécifiquement dans le cas où l’enfant présente un besoin particulier, s’impose. Une mère exprime que la séparation d’avec le père de sa fille est la meilleure décision prise dans sa vie, sa relation avec son ex-partenaire s’étant plutôt améliorée à la suite de celle-ci. Alors que l’implication auprès de l’enfant était minime de la part de l’ex-partenaire avant la séparation, ils arrivent maintenant à faire équipe pour essayer que la séparation soit la moins anxiogène pour leur fille. Elle explique que plus elle lui offre l’opportunité de jouer son rôle de père,

plus il le fait. Pris individuellement, ce résultat est contradictoire avec le fait que des chercheurs ont remarqué que la séparation influence plutôt négativement le niveau d’implication du père auprès de l’enfant (Grätz, 2017). Cependant, le fait qu’un seul père séparé compose notre échantillon, que les autres participants sont tous des mères séparées et que tous, selon leurs dires, sont le parent le plus mobilisé de l’équipe parentale face au soutien offert à l’enfant (encadrement des devoirs, suivis médicaux et scolaires nombreux, rendez- vous avec les spécialistes, etc.) sont autant d’éléments indiquant cette tendance. Au Québec, la présence de conflits, l’âge de l’enfant ou la capacité des parents à offrir un environnement familial stable malgré la séparation sont des éléments dont l’importance varie selon le jugement (Goubau, 2003), la garde partagée étant souvent la modalité favorisée (Cyr, 2014). Plusieurs participantes expriment qu’elles prennent des décisions pour le bien de l’enfant, et ce peu importe si le père est d’accord ou non, notamment quant au fait de consulter des spécialistes et que l’enfant prenne une médication. Cela dénote d’une difficulté sur le plan de la coparentalité, d’autant plus que la prise d’un médicament de cet ordre est au sens de la loi une décision importante qui doit être prise par les deux parents qui partagent l’autorité parentale. Ceci a été rappelé par le juge Dalphond dans un jugement de la Cour d’appel du Québec (Droit de la famille – 09746 2009 QCCA 623). Plusieurs mères expriment avoir le sentiment d’être le parent le plus impliqué auprès de leur enfant qui a reçu un diagnostic de TDA/H. En ce sens, leurs propos sont cohérents avec les résultats de Courcy et des Rivières (2017). Ces auteures notent que les mères d’enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme se voient et sont souvent perçues par les autres comme étant responsables du «bon» développement de leur enfant (Courcy et des Rivières, 2017). On remarque de plus que les mères qui ont tenu ces propos entretiennent une relation coparentale tendue avec l’ex- partenaire.

5.2.2 Les besoins de l’enfant TDA/H selon les parents séparés. Les propos des